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NANTERRE 25 juin : contribution de la LCR à la réunion nationale des collectifs pour le NON

Publie le samedi 25 juin 2005 par Open-Publishing

"Après le référendum on continue" disions-nous tous ensemble lors des meetings finaux de la campagne du "non". Dans cette période troublée qui suit la victoire du 29 mai, tout est fait pour minimiser, canaliser, différer le sens et la dynamique sociale et démocratique qui s’est exprimée lors du suffrage.

Pas un jour sans un article, sans une prise de position qui ne salisse le "non" du 29 mai en le qualifiant de nationaliste et de xénophobe. Le défendre dans ses multiples dimensions sociales, démocratiques, internationalistes : tel est l’enjeu. Quelle meilleure défense que lui donner des perspectives et des prolongements ?

C’est pourquoi nous soumettons au débat des collectifs rassemblés ce 25 juin, trois séries de propositions tentant de répondre aux urgences de la situation.
La première urgence est européenne.

Nous venons d’assister à un sommet européen de crise. Les gouvernements s’affrontent sur le plan budgétaire, mais s’accordent pour refuser l’évidence : le traité constitutionnel européen (TCE) est mort, et il s’agit désormais de rompre avec la logique qui a présidé à la construction européenne, depuis le traité de Rome, pour fonder une Europe sociale et démocratique. Pourtant, le processus « continue » et le calendrier des directives libérales n’est pas modifié. Les chefs d’État refusent d’entendre le message des peuples.

Cependant, le rejet de cette Europe, unifiée sur le plan économique, mais qui met les peuples et le monde du travail en concurrence sur le plan social et fiscal, n’a jamais été aussi fort. Après les « non » français et néerlandais, la situation est claire : il faut une autre construction européenne, sociale et démocratique, en rupture avec la construction libérale capitaliste de l’Europe. Cette Europe alternative, nous ne pouvons la construire seule. C’est pourquoi nous proposons une conférence européenne, à l’automne, qui puisse être un point de convergence et de départ, pour mener campagne sur les thèmes qui s’opposent point par point au repli nationaliste et xénophobe de l’extrême droite. Si le « non » au TCE est partout social, son expression peut être capitalisée dans beaucoup de pays (y compris en France !) par les forces ultranationalistes. D’où l’urgence d’initiatives et de propositions, qui montrent, à l’échelle européenne, que nous ne combattons pas le plombier polonais, l’ouvrier slovaque ou turc, mais un système qui exploite de façon éhontée l’ensemble des travailleurs. L’abrogation de la directive Bolkestein, et temps de travail, des directives organisant la mise en concurrence des services publics, le pacte de stabilité et l’indépendance de la Banque centrale européenne, l’exigence d’un Smic européen, de services publics européens, pourraient être, par exemple, des thèmes d’actions et de rassemblement à l’échelle européenne. Cette conférence européenne ne s’oppose pas, tout au contraire, au prochain Forum social européen. Co-organisée avec les partisans du « non » de gauche néerlandais, elle pourrait permettre sans tarder le rassemblement unitaire européen dont nous avons besoin. Face aux manoeuvres gouvernementales, il est déterminant que nous maintenions ensemble notre exigence d’un retrait complet de la constitution, un processus constituant, alliant la discussion la plus large avec l’élection d’assemblées constituantes, pour définir le contenu d’une autre union européenne, sociale, démocratique et solidaire... En dernière analyse, ce sont les peuples qui ratifieraient les propositions au suffrage universel.
La deuxième urgence concerne la vie politique française.

En nommant un tandem Villepin-Sarkozy, en lieu et place de Raffarin, Chirac, qui bat tous les records d’impopularité, s’assoit sur la légitimité populaire. Le gouvernement UMP composé des mêmes hommes (six femmes sur 32 ministres) annonce la couleur : un programme ultralibéral visant le code du travail, les services publics et le droit de grève, un programme sécuritaire et anti-immigrés, dont l’objectif est de clairement faire diversion face à l’insatisfaction sociale qui s’est exprimée le 29 mai. Lourdement sanctionnés, ils persistent. L’heure est donc à la mobilisation face à un pouvoir autiste. De quelle légitimité dispose cette équipe, qui tient son pouvoir en 2002 d’un référendum anti-Le Pen, qui a été contestée dans la rue et qui vient de perdre successivement trois scrutins électoraux ? Certainement pas celle de poursuivre le programme du Medef ou de négocier un replâtrage européen. Le président et le gouvernement ne représentent pas le pays réel, Chirac doit démissionner, l’Assemblée nationale doit être dissoute et de nouvelles élections générales convoquées. Nous proposons de mener campagne ensemble autour d’un appel reprenant ces exigences. Si une telle dissolution avait lieu rapidement, il reviendrait à nous, partenaires et forces réunies dans les comités du « non », d’offrir une alternative en véritable rupture avec le capitalisme libéral, et de tester les possibilités de se présenter ensemble.

Pourquoi, dans nos collectifs, dans le cadre de la dynamique antilibérale qui s’est largement exprimée, ne pas proposer, ensemble, des thèmes d’actions qui contestent sur le terrain social la politique du gouvernement :
 le refus de l’allongement de deux ans de la période d’essai qui généralise la précarité,
 l’exigence d’un arrêt immédiat des privatisations de services et d’entreprises publics accélérées par le gouvernement Villepin,
 une autre répartition des richesses : 300 euros d’augmentation pour tous, pas un revenu, pas un salaire en dessous du Smic,
 défendre les droits des chômeurs, le droit de grève mis à mal par le gouvernement.

Telles sont les pistes d’actions que nous proposons pour qu’ensemble nous agissions afin de bloquer les projets de ce gouvernement.
La construction d’une alternative politique est, nous semble-t-il, notre troisième urgence.

La société française rejette profondément le libéralisme, c’est-à-dire un capitalisme de plus en plus brutal et sauvage. Un immense espoir est né. Un espoir qu’il ne faut pas cadenasser par le calendrier électoral de 2007. L’heure n’est certainement pas à la préparation des échéances électorales de 2007. Elle n’est pas non plus à la composition d’une nouvelle équipe gouvernementale réunifiant les forces du « oui » et les forces du « non ». La priorité, pour la LCR, est de discuter le contenu de politiques antilibérales, d’une véritable rupture sociale et démocratique avec le système capitaliste. Car cet espoir ne peut pas être gâché par une énième alternance socialelibérale qui ne s’attaque ni à la répartition des richesses, par une fiscalité qui taxe les profits capitalistes, ni à la satisfaction des exigences sociales, comme le droit à l’emploi, en commençant par l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices. Ni même qui n’annule les contre-réformes libérales imposées par la droite sur les retraites, l’assurance-maladie, la privatisation d’EDF-GDF, la loi Fillon concernant l’École. Il faut une rupture avec les politiques menées par le capitalisme libéral. Il nous semble que la campagne du 29 mai est à la fois à la recherche et porteuse d’une telle alternative. Dans notre diversité, dans les collectifs et les meetings, des militants de différents horizons ont appris à travailler ensemble. Syndicalistes, militants de partis, altermondialistes, associatifs, un mouvement de contestation sociale et politique a agi pendant plusieurs mois et a remporté un succès. Si nous voulons poursuivre, prolonger cette victoire pour pouvoir agir ensemble, alors il faut pouvoir discuter ensemble dans les collectifs, dans les départements, les régions nationalement, sous la forme, pourquoi pas, d’états généraux contre le libéralisme.

Notre réunion a donc beaucoup d’importance, la dynamique unitaire a permis le succès le 29 mai, elle est la condition du prolongement, des perspectives et donc de l’espoir pour celles et ceux nombreux qui attendent des suites. Pour sa part, la LCR est tout à fait disponible pour agir en ce sens. Elle met ses moyens militants au service de ce projet.

http://www.lcr94.org/article.php3?id_article=472