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Après le référendum : médias et démocratie ...(3)

Publie le mercredi 29 juin 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

Avec Jacques Cotta, Journaliste, Instigateur de la pétition "Le "non" censuré dans les médias, ça suffit !"

EMISSION DU 24 MAI 2005

« Il est 21h... 59 min... et 55sec ... voici maintenant notre estimation IPSOS des résultats de ce référendum : les français rejettent... » [Cris de joie...]

Jacques Cotta : Moi, je trouve que c’est une boucle assez sympa, votre cri...

Pascale Fourier : Là, en l’occurrence, le montage est particulièrement monstrueux. On n’est pas chez Daniel Mermet, on n’a aucun moyen... -c’est un montage ordinateur de Pascale, qui laisse largement à désirer... Mais on ne voulait pas vous priver de tous ces petits mots de Dominique Strauss-Kahn, d’Emmanuelli, Cavada, Montebourg et Sarkozy, que vous avez reconnus, puis le fameux cri de joie effectivement...

Jacques Cotta : Oui, c’est pas mal de le faire revenir comme ça... Absolument... La joie collective, c’est toujours agréable.

Pascale Fourier : On en a été peut-être un peu spoliée justement ces derniers temps. Alors, non seulement on a été spolié de notre victoire, en tous les cas de l’expression de la victoire du « non », mais en plus de ça, vraiment, j’ai l’impression... Parce que les médias ont quand même senti qu’il y avait une pression qui montait contre eux juste avant le référendum -mais décidément, tout à l’heure, vous n’avez pas vraiment répondu à ma petite question- vraiment, j’ai l’impression qu’ils me disent : « Ma petite chérie, tu n’as absolument pas le droit de nous critiquer », vraiment pas le droit.

Jacques Cotta : Si... Tout le problème est de savoir comment les questions sont formulées, à mon avis. Je ne crois pas que les médias soient opposés à la critique. En tout les cas je parle de ce qui fait les médias : je parle des journalistes, je parle des gens qui travaillent, je parle des gens qui essaient de donner un contenu aux choses. Je crois qu’ils sont ouverts, il n’y a aucun problème, qu’ils sont prêts à s’entendre critiqués, et ils sont prêts y compris à en discuter, et à y répondre. Je parle de ceux-là parce que les médias, c’est aussi une oligarchie financière, politique, qui en a la main-mise. Ça a été pendant le référendum l’expression politique d’un clan, et c’est vrai que pour ceux-là la critique est à mon avis plus compliquée. Mais, encore on va y revenir à travers la presse écrite, je voudrais vous en dire un mot.

Avant de dire un mot là-dessus, je crois... Prenez par exemple le Service Public. Il y a des émissions qui existent, il y a des gens qui sont nommés pour ça, qui sont les médiateurs. Alors, ça peut faire sourire. Mais, non, moi, je connais des gens qui bossent là- dedans. Ce sont des gens qui travaillent très sérieusement. Ce sont des gens qui reçoivent un certain nombre de récriminations, un certain nombre de questions, qui les étudient, qui essaient de les travailler, qui essaient d’y apporter des réponses. Vous me direz : « C’est limité. » Oui, mais ça existe. C’est déjà le premier point. Et la deuxième chose, vous me direz : « Qu’est-ce que ça change ? » Alors, là, c’est une autre question. C’est sans doute la question peut-être la plus importante. C’est que, effectivement, on a eu le sentiment que les médiateurs ont fait leur boulott, des choses ont été dites à l’antenne, et on a eu le sentiment que ça n’a pas changé grand-chose. Ce qui veut donc dire que la question est sans doutes plus profonde ; elle est plus ancrée. Et la question, je pense, est qu’on est maintenant dans le cadre de la restructuration médiatique, c’est-à-dire que c’est vrai qu’il y a des interactions entre les groupes financiers, qui ont des intérêts particuliers, et qui ont des intérêts très précis, très importants. L’organisation des médias eux-mêmes, leur structuration, là c’est beaucoup plus difficile à faire bouger. D’ailleurs d’un certain point de vue, les journalistes peuvent avoir envie de discuter d’un certain nombre de questions et de se remettre en cause. C’est vrai que la chape, le poids financier qui existe peut, à certains moments, leur interdire, ou les freiner dans ce type de velléités.

Cela étant, j’ai entendu tout à l’heure vos réactions : il y a Montebourg qui dit une chose, et bon, ce n’est pas faux, mais à la fois, je pense que c’est, si vous voulez une vision assez politique des choses, qui à mon avis les prend à la surface. Quand il dit : « Les français, le 29 mai, ont fait irruption dans le processus de la construction européenne ». Bien sûr, c’est vrai, le vote n’est pas indifférent : il change la donne sur le terrain de la construction européenne. Il me semble que les français, ce n’est pas là-dessus qu’ils ont fait irruption d’abord. Ils ont fait irruption dans les processus de développement démocratique, d’expression dans notre propre pays. Ç’est ça qui me semble important ! Moi j’en reviens à cela, cela me semble absolument fondamental ! C’est-à-dire qu’il y avait un vote légitime, il y avait un vote possible, il y avait un vote intelligent, et les français, comme nous le savons, qui sont obtus, qui sont fermés, qui ne comprennent pas, ils ont dit, après avoir terriblement étudié ce dont il s’agissait, ils ont dit : « Eh bien non, pour nous, c’est « non ». » Ça c’est très important. Ça, c’est une réappropriation démocratique de leur propre vie et de leur propre expression. Pour moi, c’est ça une des grandes leçons de ce référendum : ça a été cette capacité collective à résister à un rouleau compresseur considérable. Parce qu’on parle des médias, mais je ne sais pas, rappelez-vous.... :ça a été des affiches 4 par 3, ça a été les livrets propagande dans les lycées, ça a été... on a tout eu. On a tout eu. Ils nous ont tout dit. Ils sont tous montés au créneau. Et les français, eux, ils ont dit, sans effet d’annonce, sans expressionà la hauteur des moyens financiers qui étaient en face, ils ont dit : « C’est non. » Et ils ont été sur le « non » jusqu’au bout. Et ça, ça me semble, vraiment, très important, du point de vue des processus démocratiques, et de ce qui s’est joué le 29 mai.

Pascale Fourier : Justement, ce « non », normalement, portait justement un sens. Du moins était porteur d’interrogations : sur l’Europe qu’on veut construire, mais aussi éventuellement sur la place de la nation, de l’Etat, sur le libéralisme... Est-ce que le fait que les médias actuellement -peut-être que ça va changer, on ne sait jamais, on peut toujours espérer...- est-ce que le fait que les médias actuellement.... moi, j’ai l’impression d’une espèce de chape de plomb sur ce « non » qui disparaît peu ou prou. Vous disiez tout à l’heure que le rôle du journaliste, c’était justement d’analyser une situation. Or justement, en passant sous le tapis l’analyse de cette situation, le sens de ce « non », est-ce que ce n’est pas aussi une spoliation de la démocratie -c’est peut-être un peu fort, mais- est-ce que ce n’est pas mettre en cause, prendre un risque avec la démocratie, alors même que, justement, c’est le reproche qui était fait aux partisans du « non » ?

Jacques Cotta : Moi, je crois que la question même de démocratie, ça a d’abord été la question centrale du problème européen... si on veut revenir sur l’analyse du vote. Les partisans du non, se sont raconté une histoire un peu. Parce que rappelez vous, beaucoup on dit : « Si on vire la partie III du traité constitutionnel, la I et la II pourquoi pas ? ». Il me semble que non, justement. Il me semble que le contenu du vote, ça a était de dire, la I et la II, ça ne marche pas. Pourquoi ça ne marche pas ? Tout le monde l’a compris, et je pense que ça était un des éléments les plus forts : moi j’ai vu un petit peu en travaillant, dans mon boulot, ou bien alors en me baladant, en discutant, bon, comme vous, comme tout le monde, en allant boire un café, dans un troquet, en discutant avec les gens, en faisant, en fait ce que nous faisons dans notre métier, et en le faisant en plus de façon passionnée comme citoyen, dans la période exceptionnelle qu’on a vécu : les gens qu’est-ce qu’ils disaient ? Je pense qu’ils avaient bien compris, ça. Ils disaient qu’en fait l’édifice, la construction européenne qu’on était en train de mettre en place, bafouait un principe élémentaire : c’était leur souveraineté, leur droit à leur pouvoir, leur capacité à décider de leurs propres affaires. Ils avaient compris qu’en fait, c’était une espèce de monstre tentaculaire, qui déniait leurs principes élémentaires démocratiques d’expression et de décision. Et le gros moteur du non, il est là, il n’est pas ailleurs. Alors, c’est intéressant parce que je pense que c’est lié à cette réaction, et à la façon dont les citoyens ont pu ressentir le traitement médiatique de l’affaire. Il y avait une correspondance quasi absolue, quasi parfaite, entre un des aspects qui justifiait le rejet de ce projet constitutionnel du 29 mai, et la façon dont c’était relaté : le traitement dans notre propre pays par nos propres médias. Et je pense que la question de la démocratie a été centrale. Ça a été une question de fond, dans cette histoire. Alors, je pense qu’on l’a retrouvé et c’est dans doute une des questions auxquelles nos concitoyens sont le plus attachés. Et à juste titre, parce que quand même ce n’est pas n’importe quoi, la démocratie, c’est quand même une des valeurs qui nous permet de vivre ensemble. Qui n’est pas secondaire, qui est quand même fondamentale. Et c’est vrai que quand on sent que certains s’amusent et jouent avec... ça ne va pas !Il y a une voix qui s’élève, et ce n’est pas mal : il y a eu 55% des français qui ont dit ce qu’ils en pensaient.

Pascale Fourier : C’était donc « Des sous... et des Hommes » en compagnie de Jacques Cotta, qui est journaliste, et qui anime... il va me le dire :

Jacques Cotta : Alors c’est un site. C’est tout simple, vous allez sur Internet, vous tapez les www traditionnels : http://www.info-impartial.net/ ... Et puis là-dessus, vous trouvez toutes les infos que vous voulez, vous pouvez y écrire, vous pouvez même rejoindre ce réseau qui est en train de se constituer, et en cherchant -il y a un petit formulaire dans un coin, vous le trouverez- Enfin, bref, en avant !!...

Messages

  • " Alors c’est un site. C’est tout simple, vous allez sur Internet, vous tapez les www.traditionnels : http://www.info-impartial.net/ ... Et puis là-dessus, vous trouvez toutes les infos que vous voulez,"
    Non, on y trouve rien du tout, car l’adresse est fausse !

  • Tout à fait d’accord, ce "Non" est avant tout guidé par la défense de la démocratie que cette Constitution attaquait comme jamais cela ne s’est vu ces 50 dernières années. Nos aïeux se sont battus pour obtenir ces pouvoirs démocratiques, c’est un héritage, c’était les trahir que de signer un chèque en blanc à une Europe qui voulait imposer une politique durant des dizaines d’années.

    Pour nombre d’entre nous, c’était insupportable et c’est pourquoi nous sommes nombreux, même parmi ceux qui sont habituellement discrets dans leurs intentions de vote, à nous être mobilisés dans notre travail, dans notre famille, avec nos amis pour échapper à ce piège. Et le fait que les médias nous entraînent aussi dans cette nasse n’a finalement fait que renforcer notre détermination. Et ce sont nous, les quidams galvanisés, qui avons fait gagner le Non. Et nos plus grandes aides ont été Internet (là oui, on pouvait discuter et fourbir nos arguments) et ces comités pour le Non qui ont su montrer l’existence d’une alliance inter-partis convaincante.

    Je pense toutefois que le Non était potentiellement porteur de 70% des votes. Oui, il y a bien 15% des électeurs qui ont cédé au matraquage des médias et à la hargne des Jospin, Hollande, Sarkozy, Bayrou, Lang & Cie, car ils sont nombreux ceux qui ont confiance en ces journalistes et hommes politiques et une confiance, ce n’est pas facile à rompre...

    Par contre, inversement, quand elle est rompue, et c’est le cas pour nombre d’entre nous, c’est pratiquement irréversible. Sauf à des élections locales, ne nous demandez plus de voter pour Mamère, Liepitz, Lang, Aubry, ou autre Hollande, ceux là sont rayés, mieux vaut voter pour Besancenot ou Dupont-Aignan. Ils ont voulu dilapider l’héritage de nos ancètres, c’est impardonnable, ce sont des traîtres à notre démocratie. On a parlé de 1789, hé bien, oui, l’esprit de 1789 était là.

    ap