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JO et Référendum : Même combat ?

Publie le jeudi 7 juillet 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Curieux. Assisterions-nous à un improbable retournement de situation,
de ceux auxquels on ne s’attend pas. Un retournement qui placerait
les gagnants de naguère en perdants d’aujourd’hui, les « petits » en
situation de force et les « grands » en un plein désarroi. Si ce
n’est le cas, ça y ressemble.

Prenons les deux évènements majeurs de ces derniers mois : le
référendum pour ou contre la Constitution européenne, et
l’organisation des JO 2012. Ces deux actualités n’ont en apparence
pas de points communs direz-vous, mais finalement quand on y regarde
de plus près, on peut leur trouver biens des similitudes.

La victoire des sans grades sur l’establishment

D’abord le « Oui », soutenu par l’establishment politique, économique
et médiatique, a rassemblé sous sa bannière tout le gratin de notre
beau pays : le Président de la République (très ­ trop ? ­ engagé
dans le débat), les leaders de l’UMP, de l’UDF, du PS, du patronat et
des médias traditionnels... pour le résultat qu’on connaît : un 55/45%
sans appel.

Et qu’est-ce qui a fait gagner le « Non » ? Les difficultés
quotidiennes vécues par nombre d’entre nous, notamment et
principalement l’aggravation du chômage, des inégalités et de la
précarité professionnelle, et la crainte de nos concitoyens de se
retrouver « noyés » dans une Europe élargie sur laquelle ils ont le
sentiment légitime de ne pas avoir de prises. Quand on constate que
moins de 50% des Français sont aujourd’hui représentés à l’Assemblée
nationale (qui aurait voté « Oui » à 92%), cette crainte s’avère
fondée. En effet, moins de la moitié des Français ont droit de cité
au Parlement quand on additionne les 30 à 40% d’abstentionnistes, les
15% de votants FN, les 8 à 10% de votants LCR et LO, et les 2 à 4% de
votants « petites listes » qui n’ont pas de représentants dans les
travées de l’Hémicycle.

Paris 2012 était synonyme d’exclusion !

Passons à la défaite de la candidature de Paris, soutenue par le même
establishment politique, économique et médiatique qui a rassemblé le
Président de la République (très ­ trop ? ­ engagé dans la
compétition), le Maire de Paris (PS), une armada de patrons réunie
autour d’Arnaud Lagardère et de journalistes (qui pour beaucoup
avaient vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué).

Et qu’est-ce qui les a fait perdre ? Pas le dossier technique de
Paris qui, à en croire tous les spécialistes était de très loin le
meilleur. Ce qui les a fait perdre, c’est l’incapacité de nos élites
à convaincre les membres du CIO, ce que Tony Blair, l’homme fort du
moment, a réussi à faire. Les seuls dont nous pouvons partager la
tristesse sont les sportifs (Jean-Claude Killy, David Douillet, Marie- Jo Pérec, Jean-François Lamour...) qui ont ardemment soutenu la
candidature de Paris 2012 dans l’esprit du baron Pierre de Coubertin
et de l’éthique que défendait « l’inventeur » des jeux modernes.

Malgré les promesses, il est en effet probable que les « sans grades
 » que nous sommes auraient été les grands perdants de l’organisation
des jeux à Paris : augmentation des impôts locaux, inflation
généralisée, surenchère des loyers, surenchère des prix dans
l’hôtellerie, la restauration et la « limonade » (bars et
brasseries), marché noir sur la billetterie pour accéder aux stades...
Car il est certain que le « petit peuple » de France, de Paris et de
ses banlieues n’aurait pas pu assister aux cérémonies d’ouverture et
de clôture des JO, réservées (comme ce fût déjà le cas pendant la
Coupe du Monde de football en 1998) aux seules personnes pouvant
s’acquitter d’un billet vendu à prix prohibitif sur le marché
officiel et, plus encore, sur les marchés parallèles. Une situation
que notre ami Nicrus, membre du site, résume en ces termes sur nos
forums : « Qu’elle chance, finalement, pour Paris... Imaginez
l’augmentation délirante des loyers et du mètre carré si nous avions
été choisis. Imaginez, la fuite obligée des plus modestes. Imaginez,
le Boboland transformé en Bobolympicland. Et bien tant mieux !
Revenons aux vrais problèmes. Consacrons notre énergie (ce mot mille
fois utilisé pour défendre les jeux) à combattre la pauvreté ;
consacrons cet argent (qui aurait coulé à flot presque sans limite
pour un événement de 15 jours) à rendre Paris plus salubre, plus
accueillant à tous, à de vrais aménagements pour tous les Parisiens
et ceux qui fréquentent cette ville. »

Quand un pays va mal, ça se voit !

L’organisation des JO dans la capitale aurait-elle créé des emplois ?
Certainement, mais à quel prix ? Au prix de l’exclusion de centaines
de milliers de personnes. Incontestablement ! Laissons le mot de la
fin à deux autres membres du site. Toit_de_chôme estime pour sa part
que : « De toute façon, pour moi les jeux olympiques à Londres ou
Paris, ce sera à la télé. Peu importe où ils se trouvent.... ». Quant
à Pataquès, son verdict est plus sévère : « Décidément la France a
besoin de changements, en profondeur et en façade ! Partout où nos
"élites" politiques et économiques s’engagent (référendum européen,
sommet de Bruxelles, Singapour...), on se prend une claque. Messieurs
Sarkozy et Hollande paradent à la Une de Paris-Match, et ils se
prennent un 55/45% bien sanglant. Messieurs Delanoë et Chirac
paradent à la tribune de Singapour, et le résultat est comparable. Ça
n’a rien à voir me direz-vous. Certes ! Mais quand un pays va mal,
quand un pays est "malade", ça se voit. Chirac n’a pas la tête du
winner ! Il incarne depuis quelques mois l’archétype du Loser dans
toute sa splendeur ! Il n’aurait jamais du s’engager autant sur le
référendum européen. Il est un des artisans de la déconfiture. Il
n’aurait jamais du s’engager autant sur la candidature Paris 2012. Il
est un des artisans de cette défaite. Qu’on soit pour ou contre,
Blair (aux yeux du monde) incarne une certaine modernité. Chirac est
un homme du passé. C’est le passé qui est ici sanctionné ». La messe
est dite !

Messages

  • Douillet, Killy et Lamour sont eux mêmes des membres de l’establishment (laissons de coté, par pitié, la pôôôvre Marie-Jo).
    Le raciste avéré de Coubertin, fut également un grand précurseur de l’escroquerie sportive qui consiste à proclamer des valeurs exactement à l’opposé de celles réellement en cours dans le sport de haut niveau.
    Que crêvent les JO.
    Mais ce n’est pas pour demain : ça fait 5 siècles que La Boétie à compris dans son essai sur "La servitude volontaire" tout le parti que l’on pouvait tirer de l’étrange penchant du peuple pour les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les médailles.