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L’Italie, alliée des Américains en Irak, se sent une "cible privilégiée"

Publie le dimanche 10 juillet 2005 par Open-Publishing

de Jean-Jacques Bozonnet, ROME

"En attendant notre tour". Le titre de cet éditorial de La Stampa reflétait bien l’état d’esprit de l’opinion italienne, vendredi 8 juillet, au lendemain des attentats de Londres. "La prochaine fois, ce sera notre tour , a écrit Marcello Sorgi, le directeur du quotidien. Après Madrid et Londres, inut ile de le dissimuler, il y a l’Italie, avec sa capitale romaine, centre névralgique de tant de rencontres internationales ; un pape comme Benoît XVI qui aime l’Europe ; les cités d’art pleines de touristes ; Turin où se tiendront les Jeux olympiques d’hiver en 2006" .

Cette conviction est partagée par Silvio Berlusconi. Le chef du gouvernement italien a reconnu, vendredi, en conclusion du sommet du G8 à Gleneagles (Ecosse), que la présence d’un contingent italien en Irak faisait de son pays une "cible privilégiée" .

Le communiqué revendiquant les attentats demandait à l’Italie et au Danemark de retirer leurs troupes. Un autre message, publié vendredi sur Internet par une organisation islamiste se réclamant d’Al-Qaida, avertissait Rome, "capitale des infidèles" , que "les lions de la guerre sainte en Europe sont prêts à lancer des attaques violentes contre le gouvernement collaborant avec les croisés, les Américains, les enne mis de Dieu, du prophète et des musulmans" . Comme à chaque alerte, la presse italienne a fait état de chiffres impressionnants : 16 000 policiers et militaires seraient réquisitionnés pour veiller sur 14 000 sites à risques dans la Péninsule.

RETOUR DES TROUPES EN VITESSE

"Au moment où la violence fait de nouveau irruption, nous devons contrôler notre nervosité et l’affronter avec la force de la loi et les règles de la démocratie" , déclarait Beppe Pisanu, le ministre de l’intérieur, qui a réuni le Comité national pour la sécurité. Vendredi, les rues de la capitale, où déambulaient de nombreux touristes, ne laissaient paraître aucune tension.

Le débat sur la présence des troupes italiennes en Irak n’a pas tardé à rebondir, relancé par un membre du gouvernement Berlusconi, le ministre des réformes, Roberto Calderoli. Ce dirigeant de la Ligue du nord, formation xénophobe membre de la coalition de centre droit, a réclamé "le retour des troupes, en vitesse" . Les alliés de la majorité ont objecté que "ce serait une fuite devant la terreur" . Silvio Berlusconi a maintenu un discours de fermeté : "Nous devons accomplir nos engagements, nous ne pouvons abandonner le travail en cours , a-t-il déclaré en Ecosse. Nous opérerons, comme je l’ai déjà annoncé, un retrait partiel de 300 soldats en septembre" .

La question est d’autant plus d’actualité que le parlement s’apprête à délibérer, le 18 juillet, sur le financement de la mission pour six mois supplémentaires. Avec 3 125 hommes, l’Italie est la quatrième force militaire étrangère en Irak.

La gauche radicale a rappelé son exigence d’un "retrait immédiat" . Les responsables du centre gauche refuseront aussi de voter le financement, mais prônent "un retrait progressif".

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