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De grandes escroqueries

Publie le mardi 12 juillet 2005 par Open-Publishing

de ANGELA PASCUCCI Traduit de l’italien par karl&rosa

A ceux qui leur demandent haut et fort de changer de chemin, les G8 ont répondu hier par un chuchotement, malgré le fracas des bombes de Londres. A l’allure décidée en Ecosse, il faudra 40 ans pour effacer la dette des plus pauvres et les 50 milliards de dollars d’aide, dont la moitié est réservée à l’Afrique, arriveront confortablement échelonnés, s’ils arrivent. Cela laisse tout le temps de se serrer un peu plus la ceinture, à supposer qu’il y ait encore des trous.

La recommandation de Tony Blair à ses camarades de coffre-fort de mettre fin aux subsides versés à leurs agriculteurs privilégiés pour laisser aussi entrer dans la compétition les paysans du Sud résonne comme une plaisanterie dans la bouche de celui qui est resté bien accroché à son magot des "remboursements" européens au nom de la politique agricole des 12 avant l’élargissement. Et, de toute façon, chaque "aide" est soumise à conditions : il faudra la mériter, en démontrant avoir mis fin à la guerre, au despotisme et à la corruption. Bref, être devenus "démocratiques".

Comme qui ? Qui est si doué pour prêcher ? On se le demande, en regardant autour de soi et en effeuillant les dernières années des chroniques de guerres, africaines et autres. Cela a été encore pire - si possible - pour le paquet environnemental. On a reconnu dans le communiqué final que le bouleversement du climat est "un sérieux défi à long terme qui concerne essentiellement toute la planète".

Ce "long terme" qui sent la cécité sans remède, glace, surtout s’il est associé à l’incapacité criminelle d’établir des échéances pour la réduction des émissions polluantes bien qu’on reconnaisse, et nous nageons ici en pleine absurdité, qu’il faut agir "avec décision et urgence". Dans l’attente du cadavre de Kyoto qui passera en 2012. Mais aussi la satisfaction devant le fait que George Bush admette (avec scepticisme) que l’activité humaine fait partie des responsables de l’effet de serre (mais en attendant, les Usa, les plus grands pollueurs, ne changent pas de chemin), rappelle le Titanic.

Un compromis au rabais avec lequel les G8 essayent de gagner du temps, même si les rues ravagées de Londres signalent qu’il est grand temps de décider, parce que l’attente est un luxe que même pas les riches ne peuvent plus se permettre.

"Je ne dirais pas que c’est la fin de la pauvreté extrême, mais c’est le début de la fin", a commenté à la fin Bob Geldof, grand célébrant du Live8. Mais si une ex rock star paraphrase Churchill, les temps sont vraiment durs. La déclaration de Blair sur les Africains est elle aussi involontairement drôle : "les seuls qui puissent résoudre les problèmes de l’Afrique". Si seulement quelqu’un le leur permettait, en leur laissant le libre usage de leurs précieuses et énormes ressources. La pauvreté peut dormir sur ses deux oreilles : elle a encore de beaux jours devant elle.

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