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Blair a mis son peuple en danger

Publie le samedi 16 juillet 2005 par Open-Publishing
8 commentaires

Alors que le vibrion de l’UMP joue une nouvelle fois sur la peur en nous annonçant de nouvelles mesures anti-terroristes, suivi par l’auguste vieillard élyséen désormais à sa remorque, Seumas MILNE dans un article publié le 14/07 dans "The Guardian" remet les choses en perspective.

de Seumas Milne traduction de Valere

Durant les tristes jours qui ont suivi les attentats de Londres, la plus grande partie de la classe politique et des médias britanniques s’est distinguée par un refus obstiné et dangereux de regarder la réalité en face. De la même manière que l’on était catalogué antipatriote aux US après les attaques de 2001 sur New York et Washington lorsque l’on évoquait un lien avec la politique américaine au Moyen-Orient, ceux qui ont relevé la connexion évidente entre les atrocités de Londres et le rôle des Britanniques en Irak et en Afghanistan ont été dénoncés comme traîtres.

Et quiconque mettait en question l’écho de Tony Blair aux propos sentencieux de Bush sur le 11 septembre affirmant qu’il s’agissait d’un assaut contre la liberté et notre mode de vie a été traité comme un apologiste de la terreur.
Mais si dans les cas américain les attaques ont pu constituer un choc, les attentats de Londres constituent un des évènements le plus évidemment prévisible de l’histoire moderne britannique.
Depuis que le Premier Ministre à souscrit à la guerre de Bush au terrorisme, on nous a dit et répété qu’une attaque en Grande Bretagne était une certitude et nous avons eu toute les occasions de nous préparer à l’inévitable. Tout au long des guerres d’ Afghanistan et d’ Irak il existe une suite d’avertissements dignes de foi au sujet du stimulant certain qu’elles apporteraient aux groupes terroristes du type Al-Qaïda. La seule surprise fut que les attaques aient été aussi longues à venir.

Mais quand George Galloway, nouvellement élu au parlement - dont on peut penser qu’il a quelques connaissance sur le sujet puisqu’il a conquis sur la question irakienne une substantielle majorité travailliste dans une circonscription londonienne largement peuplée de musulmans- déclare que les Londoniens ont payé le prix d’un « acte méprisable » du fait de la carence du gouvernement à prendre en compte ces avertissements, il est accusé par le ministre de la défense, Adam Ingram, de « tremper sa langue empoisonnée dans une mare de sang ».
Hier le leader libéral-démocrate Charles Kennedy était sur la sellette pour une nouvelle tentative de remise en question de ce consensus étouffant. Même Ken Livingstone, qui a lui même mis en garde contre le danger que constituait pour Londres l’invasion de l’ Irak, affirme maintenant que les attentats n’ont rien à voir avec la guerre, ce dont-il ne croit visiblement pas un mot.

Une semaine après le drame de Londres des propos officiels comme venus d’un autre monde se répandent à nouveau, lorsque les ministres et les commentateurs expriment leur étonnement que des musulmans anglais joueurs de cricket aient pu devenir des kamikazes, tandis que Tony Blair dénonce « une idéologie du mal » ; la vérité est qu’aucune condamnation du mal ni aucune auto proclamation de vertu n’arrêtera les attaques terroristes à l’avenir.
Le respect des victimes de semblables atrocités est supposé exclure toute discussion ouverte sur leurs causes et de leurs conséquences alors que c’est précisément là qu’un débat honnête est le plus nécessaire.

Le mur de silence aux US après le carnage bien plus important du 11 septembre a permis à l’administration Bush de s’engager sur une voie qui a été un désastre total. Et on a peu le sentiment qu’à Londres l’attitude officielle reflète l’humeur beaucoup plus incertaine de la rue.[...].
Mais c’est une insulte aux morts que d’induire en erreur le peuple sur les raisons essentielles qui alimentent la colère mortelle des communautés musulmanes dans le monde entier.

La première pièce de désinformation colporté depuis longtemps par les champions de l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan est qu’ Al-Qaida et ses partisans n’ont aucune revendication recevable ou négociable ; qu’ils sont en fait motivés par la haine de la liberté et du mode vie occidentaux ; que leur idéologie islamiste vise à une domination totale. La réalité a été clairement résumée cette semaine dans un débat entre l’éditorialiste de la BBC Andrew Marr et un spécialiste en sécurité Frank Gardner resté infirme à la suite d’une attaque d’Al-Qaida l’année dernière en Arabie Saoudite. Etait-ce la réelle diversité du melting pot de Londres que les extrémistes trouvaient si choquante qu’ils ont voulu tuer des civils innocents dans la capital britannique se demandait Marr. Ce n’est pas cela a répondu vivement Gardner beaucoup plus familier de la pensée d’Al-Qaida que beaucoup. Ce qu’ils trouvent choquant ce sont les politiques des gouvernements occidentaux et plus spécialement la présence de troupes étrangères en pays musulmans et notamment en Irak et en Afghanistan.
L’objectif principal de la campagne inspirée par Al-Qaida, comme l’expriment régulièrement ses déclarations, est le retrait des troupes US et occidentales du monde Arabe et Musulman, et la fin du soutien à l’occupation israélienne de la terre palestinienne ainsi que celui aux despotes engraissés au pétrole de la région. Ce sont ces objectifs qui unissent une écrasante majorité de musulmans au Moyen-Orient et ailleurs et donnent à Al Qaida et ses alliés l’occasion de recruter et d’agir d’une manière que leur conservatisme religieux extrême ou leurs rêves de restauration du califat ne leur permettrait jamais.
De même Ben Laden demandait dans sa vidéo de l’époque des élections US : si c’était la liberté de l’occident que nous haïssions pourquoi ne frappons nous pas la Suède ?

La seconde ligne de désinformation développée par les supporters du gouvernement depuis les attentats est que ceux-ci n’ont rien à voir avec l’ Irak. Le député travailliste Tony Wright a insisté sur le fait qu’une pareille idée n’était pas seulement un non-sens, mais un dangereux non-sens. Blair a avancé que puisque les attentats du 11 septembre ont précédé la guerre d’Irak, l’agression ne pouvait pas être le déclencheur. Il est parfaitement vrai que le ressentiment des musulmans au sujet de la Palestine, du soutien occidental aux dictatures et des conséquences de la première guerre d’Irak - troupes US en Arabie et sanctions meurtrières contre l’Irak - était déjà profond avant 2001 et a alimenté la campagne d’Al Qaïda des années 90. Mais ce qui visait les USA et non pas la Grande Bretagne n’est devenu un objectif qu’après le soutien de Blair à la guerre au terrorisme de Bush. L’Afghanistan a fait une probabilité d’une attaque terroriste sue la Grande Bretagne ; l’Irak en a fait une certitude.

Nous ne pouvons bien entendu être sur du poids exact des motivations qui ont conduit 4 jeunes kamikazes à frapper, mais nous pouvons être certain que le bain de sang déchaîné par Bush et Blair en Irak, où un 7 juillet à lieu chaque jour, n’en était pas la moindre. Ce qu’ils ont fait n’est pas né à la maison mais a été créé par un ressentiment planétaire contre la domination et l’occupation des pays arabes sous la conduite US.

Les terroristes devaient être condamnés pour des attaques contre des civils qui ne sont ni moralement ni politiquement défendables. Mais le premier ministre, averti par les services de renseignements des risques induits par le recours à la guerre, est également responsable d’avoir exposé sciemment son propre peuple au service d’une puissance étrangère. Les restrictions sécuritaires et la campagne pour déraciner « l’idéologie du mal » que le gouvernement a annoncé hier n’éteindrons pas la menace. Seul un engagement Britannique pour mettre fin à son implication dans l’occupation sanglante de l’Irak et de l’ Afghanistan est susceptible d’y parvenir.

http://politics.guardian.co.uk/terr...

Messages

  • ben voila ! impeccable !!

    Le Guardian c’est pas Le Monde ni liberation

    ils n’ont de semblable que le papier

    et ce seumas milne c’est pas colombani ni july

    le premier essaye de penser quand nos 2 pantins ne pensent qu’à leur panse

  • Mouais, le peuple britannique s’est aussi mis en danger lui-même. C’est tout de même bien lui qui a réélu Blair.

    Que sont devenues les énormes manifestations anti-guerre ? Qu’elles soient devenues inutiles une fois la guerre déclenchée, peut-être, mais pourquoi ne pas les avoir traduites en bulletin de vote ?

  • Eh oui, les Britanniques ont élu Blair faute de mieux. Et avec des élections à un seul tour de scrutin, c’est le vote utile obligatoire.
    A droite, c’était la droite, comme chez nous (avec un programme à la Blair, de toute façon, avec un peu plus de ci ou moins de ça). Quant au « liberal party » (à gauche), c’est l’éternel troisième, les britanniques, en grande majorité, ne semblant toujours pas prêts à opérer un virage à gauche.

    Restait donc le mitigé cochon d’inde.

    Précision : le “Guardian” est un quotidien qui paraît du lundi au samedi et qui est relayé, le dimanche, par The Observer".

  • Tony Blair de plus en plus confus.

    Il y a environ deux ans et demi, il s’est prêté à tous les mensonges, pour tenter d’impliquer l’Irak dans le terrorisme international.
    Or, aujourd’hui, alors que ses troupes occupent ce pays, offrant ainsi à tous les fanatiques un motif légitime pour se faire exploser n’importe où dans le Royaume, il s’égosille pitoyablement pour clamer que les récents attentats de Londres n’ont aucun lien avec ce qui se passe en Irak.
    A moins d’avoir la mémoire très courte, comprenne qui pourra.

    Une responsabilité de l’I.R.A. n’étant plus crédible, c’est donc une fois de plus Al Qaida qui est montré du doigt. Al Qaida qui est aussi désigné comme responsable principal des horreurs commises sur le sol irakien occupé par la coalition.
    Autrement dit : ce sont les mêmes, mais il n’y a pas de lien entre-eux !!! Faut oser ! Non ?

    Après tout, si on considère que le Royaume-Uni est en guerre, les attentats de Londres ne sont qu’une péripétie répondant à l’occupation illégitime d’un pays qui jusque là n’avait causé aucun tort à sa Gracieuse Majesté et à ses sujets.

    Tony Blair croit donc pouvoir décréter la paix , après avoir ordonné l’invasion et l’occupation d’un état souverain pour des motifs totalement infondés.

    Si la coalition veut réellement la paix, elle ne l’obtiendra que lorsqu’elle aura combattu et vaincu les vrais ennemis de la paix. Mais il lui faudra, pour cela, suivre d’autres pistes que celle, obsessionnelle, de l’or noir. Y compris en son sein.

    Je pense qu’entre l’axe du mal et celui du bien, il doit y avoir une petite place pour un axe de la raison.
    Sauf impardonnable naïveté de ma part.

    JiPi