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Mourir pour gagner

Publie le vendredi 22 juillet 2005 par Open-Publishing

Causes des attentats-suicides

Entrevue avec Robert Pape, professeur à l’Université de Chicago qui a étudié tout les attentats-suicides depuis 1980. (Traduction de l’américain)

RP : Cette compilation d’informations crée une nouvelle vision des motivations aux attentats-suicides. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, le fondamentalisme islamique n’est pas fortement lié aux attentats-suicides. Le groupe ayant exécuté le plus d’attentats-suicides au monde ne vous est sûrement pas familier : Les "Tigres Tamouls" au Sri Lanka.

 Donc si le fondamentalisme Islamique n’est pas nécessairement la clé derrière ces groupes, quelle est-elle ?

RP : Le fait primordial est que les attaques-suicides ne sont pas tant guidées par la religion que par un objectif stratégique clair : contraindre des démocraties modernes à retirer leurs forces militaires du territoire que les terroristes considèrent comme leur patrie (NDT : ou terre natale ("homeland")). Du Liban au Sri Lanka en passant par la Tchétchénie jusqu’à la West Bank, toutes les campagnes majeures d’attentats-suicides (plus de 95% de tous les attentats) avaient pour objectif central de contraindre un État démocratique à se retirer.

 Si vous ignorez les facteurs causals, quel poids mettriez-vous sur le rejet culturel de l’Ouest et quel poids mettriez-vous sur la présence de troupes américaines en terre musulmane ?

RP : Les preuves montrent que la présence de troupes américaines est clairement un facteur pivot conduisant les attentats-suicides. Si le fondamentalisme Islamique était le facteur pivot, alors nous devrions voir les quelques plus grands pays fondamentalement Islamiques, comme l’Iran avec ses 70 million d’habitants (trois fois la population de l’Iraq et trois fois la population de l’Arabie Saoudite) figurer parmi les groupes les plus actifs dans l’attentat-suicide contre les États Unis. Cependant, il n’y a jamais eu d’attentat-suicide d’al-Quaeda venant d’Iran, et il n’y a aucune preuve qu’il y en ait eu en Irak en provenance d’Iran.

 Ousama ben Laden et les autres dirigeants d’al-Quaeda ont aussi parlé de l’"alliance Croisés-Sionistes", et je me demande si, même si nous (NDT : nous, les Américains) n’étions pas allé en Irak, cela n’aura pas suffit à stimuler ce terrorisme. Et même si la politique avait aidé à créer un État palestinien, je ne pense pas que cela aurait apaisé les opposants les plus durs à Israël.

RP : Je n’étudie pas seulement les schémas où les attentats-suicides ont eu lieu, mais aussi les schémas où ils ne sont pas apparus. Toutes les occupations étrangères n’ont pas produit d’attentats-suicides. Pourquoi certaines en provoquent-elles et d’autres non ? Ici la religion compte, mais pas de la manière dont la plupart des gens le pensent. Dans pratiquement tous les cas où une occupation a généré des attentats-suicides, il y avait une différence de religion entre l’occupant et la communauté occupée.

 Est-ce que la prochaine génération d’attentats-suicides anti-Américains existe déjà ? Est-il trop tard pour calmer tout cela, même si l’on considère que votre analyse est correcte et que nous désoccupions l’Irak ?

RP : Beaucoup de personnes s’imaginent qu’une fois commis un nombre important d’attentats-suicides, il devient impossible de calmer le climat. L’histoire des vingt dernières années nous prouve le contraire. Une fois que les forces occupantes se retirent de la patrie des terroristes, ils s’arrêtent souvent (et souvent immédiatement).

"Mourir pour gagner : La stratégie logique de l’attentat-suicide" (Dying to Win : The Strategic Logic of Suicide Terrorism). Robert Pape

Original de cet extrait (en anglais) :

http://www.schneier.com/blog/archives/2005

http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=39553


Al-Qaïda revendique les attentats de Londres (site)
AFP 22.07.05 | 14h37

Le réseau terroriste Al-Qaïda a revendiqué vendredi sur internet les nouveaux attentats de Londres, dans un communiqué signé des "Brigades Abou Hafs al-Masri", affirmant qu’il s’agissait d’un "avertissement" aux pays qui "suivent" la politique américaine en Irak. (...)