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Scotland Yard a perdu la tête

Publie le mardi 26 juillet 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

La police tue un "suspect" dans le métro. Il n’avait pas d’explosifs sur lui et il n’était pas non plus l’un des quatre auteurs des attentats identifiés hier. Les Brigades al Masri revendiquent l’attaque ratée de jeudi : "Nous frapperons Rome"

de LUCA TOMASSINI traduit de l’italien par karl&rosa

"Business as usual" répète le premier ministre Tony Blair, mais il est difficile de ne pas penser qu’il se réfère surtout à un raidissement ultérieur de l’inutile politique de répression inaugurée par son exécutif après le fatidique 11 septembre 2001.

En effet, les critiques aux propositions que le Ministre de l’Intérieur Charles Clarke avait formulées devant le Parlement le 20 juillet dernier, centrées autour de l’introduction de trois nouveaux crimes visant à frapper préventivement des terroristes suspects, ont été nombreuses. Des propositions accueillies et amplifiées par l’Association des fonctionnaires de police (Acpo) après une rencontre, le 21 juillet, avec Blair en personne.

Des sanctions sont prévues pour "des actes préparatoires d’actions terroristes" (dont les détails "ne sont pas connus") et pour quiconque livre ou reçoit (et ici réside la nouveauté) un entraînement à l’usage de substances dangereuses. Mais la disposition la plus inquiétante concerne l’introduction du crime d’"incitation indirecte à commettre des actes terroristes", visant à frapper (ce sont les mots du ministre) "quiconque glorifie ou justifie, bien qu’il n’y incite pas directement, de tels actes en pleine conscience que l’effet sur les "écouteurs" serait un encouragement à les commettre". Il est facile d’imaginer que des normes de ce genre représenteraient une menace sérieuse aux libertés de presse et d’opinion.

De plus, l’Acpo a soutenu la nécessité d’une longue série de modifications législatives qui augmentent le pouvoir des autorités de sûreté publique en matière de contrôles et de perquisitions, mais a surtout demandé de prolonger le temps maximum de détention d’un suspect, avant que des accusations contre lui soient formulées, des 14 jours actuels à trois mois.

Un nouveau tour de vis sur les droits des citoyens (de tous, pas seulement des étrangers) malgré l’échec voyant des mesures draconiennes adoptées jusqu’ici.

En effet, le Royaume Uni est l’unique pays européen à avoir suspendu la validité de l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit la détention de suspects sans un procès équitable. Un acte gravissime, prévu seulement en cas d’"urgence publique menaçant la vie de la nation", rendu nécessaire par l’approbation à la fin de 2001 de l’ "Anti-terrorism, Crime and Security Act", qui permettait, entre autre, au ministre de l’Intérieur d’ordonner la détention indéfinie en prison de citoyens étrangers suspects d’activités terroristes.

Seule la sentence très dure de la Cour suprême du 16 décembre 2004 (un des juges, Lord Hoffman, avait commenté que "la vraie menace à la vie de la nation ne vient pas du terrorisme mais de lois comme celle-ci") a convaincu le gouvernement de quelques modifications, contenues dans la Loi pour la prévention du terrorisme approuvée le 11 mars dernier.

La nouveauté est l’institution des dits "control orders", des décrets du ministre de l’Intérieur qui peuvent prévoir différentes formes de restriction des libertés personnelles, depuis l’interdiction de se servir du téléphone et d’Internet jusqu’à de véritables arrêts domiciliaires (pas la prison, donc), mais aussi pour les citoyens anglais cette fois. Il n’y a pas de limites à la durée de telles mesures et surtout le contrôle par la magistrature et la défense sont pratiquement inexistants. Non seulement le ministre peut utiliser toute espèce de source, même recueillie dans des Etats étrangers éventuellement sous la torture, mais il n’a même pas le devoir de livrer tout le matériel dont il a connaissance à l’unique audience de contrôle prévue. Et, avec l’excuse de protéger les sources d’information utilisées, ni l’inculpé ni son avocat ne peuvent connaître les accusations et les preuves qui les appuient.

Un véritable retour à la justice secrète du Moyen Age, au cœur de la dite Europe des droits de l’homme.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Il était une fois un grand ami du terrorisme, j’ai nommé le TCE. Militarisation, lutte préventive contre le terrorisme, un droit de vie auquel on a oublié l’astérisque signifiant que ce droit est restreint des centaines de pages plus loin...

    La mort.
    Le droit d’infliger la mort.
    Le droit de réprimer par la mort.

    Dans le cadre du TCE, la force publique autorise d’abattre quiconque s’opposerait à son "arrestation régulière".

    Un "avantage" du terrorisme, c’est qu’on peut faire dire "oui" à n’importe qui en lui faisant suffisement peur. Ce qui permettra peut-être de sauver le TCE ? Si je ne m’abuse, la "constitution" en question ne définit-elle pas la lutte préventive contre le terrorisme parmis les nécessités de la paix ? Ne donnait-elle pas les moyens d’envahir des Etats ennemis abritant des terroristes avec des moyens militaires croissants subordonnés à l’OTAN ?

    Finalement, comment quelqu’un qui a au moins porté complice des mensonges américains puis de la guerre barbare en Irak, dénoncée par Amnesty International pour ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité, pourrait-il être autant au dessus de ce genre de soupsons ? A croire que le terrorisme d’Etat est une vue de l’esprit. Le mobile parait plutôt clair et le timing serré, les attentats survenants peu après le gel du référendum anglais. Reprise dès que l’opinion publique aura basculé ?

    Je ne sais pas pour vous, mais quelques photos de gens seuls dans les transports publics ne portant même pas forcément de sac, et donc fatalement de bombe, ont du mal à me convaincre. D’ailleurs si la bombe était une bombonne abandonnée, l’auteur de l’attentat est difficilement un kamikaze, pour peu qu’il n’y en ai jamais eu à Londres. Le moyen légal par exellence de tuer est en oeuvre. Dites-vous bien que si vous ne coopérez pas immédiatement, il est nécessaire de vous abattre sur le champ, de vous "brûler la cervelle" pour que vous ne puissiez pas déclencher une bombe que vous pouvez peut-être posséder. La seule foi de l’agent est un motif suffisant pour exécuter la sentence. En clair, c’est la soumission pleine et immédiate ou la mort. Encore que vu la réputation de leurs méthodes d’interrogatoire, il vaudrait peut-être mieux qu’on ne vous attrape pas vivant.

    Je pense beaucoup à quelqu’un qui a eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, ou plutôt d’en sortir. Qui s’est senti poursuivit, qui a pris peur, qui a tenté de s’échapper et qui ne devait absolument pas se douter qu’il laisserait cette journée, là, un corps sans visage (Libé précise : 7 balles et non 5, à croire qu’il bougeait encore à la 6ème). L’électricien, qui ne s’appelait ni Tuttle ni Buttle, a eu droit à un aller simple pour Brazil.

    La situation a de quoi faire peur. Quand on adhère aux droits de l’homme, on les reconnait, on ne les émascule pas sous le nom de "Droits Fondamentaux".

    • Bien vu !
      Le terrorisme d’Etat n’est certes pas une vue de l’esprit, voyez les médias et leur propagande éhontée et servile, de surcroît le capitalisme, aux abois, a un besoin vital de trouver un nouvel ennemi.
      Dans le charabia du TCE, prétendument "illisible", ou voulu comme tel, se glisse, en douce,
      de telles insanités menant directement à l’état d’exception, à la suppression rampante des libertés démocratiques.
      Bravo encore pour la dénonciation.
      A qui profite le crime ?
      Toujours à la même clique, partout en Europe !
      Raul

    • D’accord avec les 2 posts qui precedent
      Quand le peuple a PEUR , on lui fait accepter n’importe quoipour sa securite. QU’est ce qui fait Peur:par exemple des explosions ,le sentiment d’etre envahi par les kamikases.Donc on veut la protection(et donc on nous dit qu’on fait tout pour cette securite perdue ) donc pendant ce temps on oublie les nouveaux textes qui suppriment un à un les acquis sociaux,les moyens de surveillance qui font de plus en plus d’ingerence dans nos vies et nous repriment de plus en plus et personne ne dit mot puisque c’est pour notre securite.Et puis tous ces textes qui vont faire de nos enfants des travailleurs precaireset tous ces textes qui appartiennent à la constitution et qu’on injecte petit à petit comme si le NON de notre vote n’avait pas existé et quand on regarde chez nos voisins Europeens les memes politiques ,les memes lois mises rapidement en branle....
      Le droit de tuer en cas d’insurrection .C’est quoi une insurrection ???

    • D’acord avec ce message : les kamisases sont les alliés des partisans du oui

      à bas legouvernement fachiste sarkosy villepin !

      solidarité avec les postiers de bégles !