A la Une : La presse nationale "estive" jusqu’au 1er septembre, mais (zaz)

1° Platitudes potentielles de l’été, moment privilégié

Cherchez pas trop les journalistes dans les colonnes, la presse s’est mise fortement dans son état de non-activité d’été. En conséquence, tous les journaux sortent -pour meubler- des considérations diverses, limitées, préparées à l’avance, historiques, poétiques, le plus souvent assez vaseuses pour tout dire, mais qui noircissent de la page pour ceux qui s’ennuieraient sans lire ou qui craignent le soleil pris direct dans le visage.

Parfois, pour être juste, c’est largement le meilleur de l’année. Certaines fois, le Monde nous a sorti des choses impressionnantes sur la guerre, la fin des empires, etc., cette fois-ci on arriverait pas très bien à vous dire de quoi il cause exactement, mais c’est forcément a priori quelque chose de formateur. Libé lui se commet dans l’audace : il parle du sexe à travers les âges, un truc que nous on n’oserait pas faire de peur d’être privés de diffusion par nos meilleurs amis.

Sinon, tous les journaux, entretiennent l’idée nouvelle de nous vendre des CD, des DVD, des brochures culturelles, des produits "dérivés", en accompagnement. Cette idée s’affirme, monte en puissance, ils vont bientôt nous céder contre un petit supplément des tee-shirts, des babouches, des lunettes. Ils nous fourniraient le journal avec un kilo de fraises fraiches, des pêches, une tranche de pastèque si les kiosques avaient les moyens de s’équiper en gros frigos.

Pourquoi nous priverions-nous nous-mêmes de cette stratégie pour temps d’heureux farniente ? On ne parle pas des accessoires solaires, mais des considérations "comme ça", "pour considérer". L’important de la presse c’est en effet d’abord de parler, en second lieu seulement de parler "de" quelque chose. L’été, pour la presse, tout est au fond bon. Comme à l’Opéra c’est la musique qui compte, pas le livret.

2° Un truc qui "biche", à quoi on peut songer, c’est la nostalgie, la haute qualité supposée du passé

Si ça vous plaisait de façon confirmée, nous, comme eux, on vous parlerait de la nostalgie du passé : c’est au fond l’absolument basique pour un vacancier qui visite, sur son lieu de villégiature, des potiers, des ateliers de tissus teints à la groseille, des tas de trucs faits main qui ne servent à rien

Nous on prendrait le thème très intello : "Tout se dégrade, avant on mangeait sain", c’est bio, c’est écolo, ça se vend bien : avant, les fruits étaient des fruits, les légumes de vrais légumes, etc. etc. (partie patrimoniale.)

– avec l’antithèse (mais très petite) : Dommage seulement qu’on n’ait pas pu toujours (on parle de nos ancêtres) en profiter pleinement, du fait qu’on était quand même majoritairement (nos ancètres), soit complètement rachtards soit complètement tubards.

Le Monde hier a choisi, lui, d’expliquer les drakkars des Vikings, en Normandie

On y apprend que les drakkars ne s’appelaient pas des drakkars et les Vikings pas des Vikings.

Libé de son côté a sorti dans la page Portrait une phrase de celles qui ponctuent les grandes traditions : présentement le pinard

Un truc, qui sent bon son terroir, la noblesse du produit , son prix :
– "Un oenologue ne peut faire un vin de qualité si le raisin n’est pas de qualité." C’est fameux ça ! ça peut marquer les gens pendant 20 ans.

3° Bien sûr ! tu peux , en dehors du passé, trouver toujours plein d’idées encore dans l’actualité. Les drames, l’été, ne sont pas en congés, et t’as déjà au moins les feux de forêts

Tiens Danone, cette semaine, c’était pas prévu ! ça a beaucoup interrogé les membres du gouvernement : Se tourner vers la Chine peut-être ?

Les Chinois te produisent le petit pot de yaourt au quart du prix français et le petit pot pèse chez eux plus d’un kilo.
– Tu vois si le pack de 6 serait avantageux !

Londres et les attentats, évidemment

22 juillet, un policier anglais attrape un kamikaze encore vivant dans le métro. Son équipier pressé (distrait peut-être ? ou "flegmatique", comme ils disent constamment dans le Monde ou dans Libé) l’abat aussitôt dans ses bras (les bras de l’autre)).

Conclusions techniques à l’usage des Français :
– 1° Français à Londres. Ne cherchez pas à ramasser votre briquet si vous l’avez laissé tomber là-bas dans le métro.
– 2° Français à Paris. Demandez des policiers anglais pour résoudre le problème des égarés de la ligne 4 qui passent l’hiver à retarder votre train parce que simplement ils posent des bières sur les voies.

Y a Charm el cheikh, et les phrases utiles comme on les aime (la presse et les politiques adorent les phrases à portée particulièrement concrète)

"Je recommande la plus grande prudence aux voyageurs", exprime finement Douste Blazy, ministre des Affaires étrangères après le drame de Charm el-Cheikh :
– Ben ouais quoi ! Vous asseyez pas sur une valise abandonnée bourrée de dynamite, ne liez pas conversation avec un type couleur olive qui sue toute son eau dans l’avion qui vous emporte. Ou qui a mis un cordon bickford comme lacet à ses chaussures ... Ou qui a passé 7 slips alors qu’il fait 50 à l’ombre...

4° Ok on peut aussi parler du Festival d’Avignon, de la famine ici ou là, on peut oser des titres surfaits qui accrochent pour pas grand chose. On peut tester, pister, des thèmes nouveaux : la presse, l’été, fait des galops d’essai

Tu ne sais pas forcément où le presse veut en venir, mais ... faut repérer Nous, déjà, qu’est-ce qu’on a vu ?

La France en déclin : est-ce que vous pensez que notre pays va mal ? On interroge donc le lecteur, surtout sur le modèle économique français. On perçoit tout de suite que le journal apprécierait que ça aille plutôt mal. Et dans la presse économique, ce serait même franchement bath que ça aille très très mal

Y a aussi, nouveau, le thème de la population mondiale. On sera dix milliards en 2050. Présenté positivement comme un bonheur. On ne s’étend pas tellement sur les raisons de ce bonheur, mais on pressent quand même que ce sont tous là de futurs consommateurs.

Les Chinois seront les plus nombreux. Ca n’a l’air pas mal vu non plus, du tout !

Y a encore, mais pour finir : la France, y a que des vieux. Là franchement c’est très très négatif.

Nous on s’inquiète un peu. Y aurait pas un nouveau rapport Charpin, sur le vieillissement ?

Nous, les amis, on prendrait bien vos observations désoeuvrées sur que vous voyez incidemment venir. L’été, allongés, tout est propice à réfléchir. N’hésitez pas à nous écrire. Vigilance, citoyens !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

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