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De très lourdes sanctions contre l’action syndicale

Publie le mardi 2 août 2005 par Open-Publishing
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de Thomas Lemahieu

Licenciement d’un contractuel, exclusions temporaires de fonctionnaires. À Bègles, la direction de l’entreprise publique cogne dur, et les syndicats s’apprêtent à riposter.

Au train où vont les choses, La Poste pourrait bien revendiquer une place au panthéon de la criminalisation de l’action syndicale... Vendredi matin, la direction régionale de l’entreprise publique en Aquitaine a annoncé, au cours d’une conférence de presse, sa décision de licencier un contractuel, d’exclure temporairement trois agents titulaires (deux pour six mois, un pour un mois), et d’en sanctionner quatre autres en leur imposant un éloignement d’office dans un rayon de 30 kilomètres.

Dénominateur commun : ils sont tous syndicalistes (CGT, SUD et CNT)... Après l’exclusion temporaire (entre trois mois et deux ans) de six autres agents titulaires, prononcée le 13 juillet dernier par le conseil national de discipline de La Poste, cela porte à quatorze le nombre de militants très durement sanctionnés pour faits syndicaux dans le centre de tri de Bègles (Gironde).

Que leur reproche-t-on au juste ? Refusant un projet de restructuration qui aurait supprimé une cinquantaine de postes de travail au centre de tri et modifié le roulement des équipes de nuit, ils bloquent le 25 mai dernier, dans le cadre d’une action syndicale et pendant une vingtaine d’heures, les représentants de la direction du site qui s’opposait à toute négociation sur ces préoccupations sociales. Pour les patrons de La Poste, il s’agit d’une « séquestration » et d’ailleurs, parmi les quatorze syndicalistes mis à pied sur le champ et désormais sanctionnés officiellement, neuf ont été mis en examen par ailleurs après le dépôt d’une plainte au pénal.

Un licenciement pur et simple « pour faute lourde » du salarié contractuel, des exclusions temporaires qui coupent les vivres à ceux qu’elles frappent (les fonctionnaires suspendus ne touchent ni salaire, ni chômage, ni aide sociale) : la direction de l’entreprise publique cogne dur contre le syndicalisme et prouve par la même occasion que, contrairement à ces affirmations récurrentes de ces dernières années, elle ne traite pas de la même façon salariés de droit privé et agents de la fonction publique... « Pour La Poste, il était primordial que la reconnaissance de faits anormaux soit sanctionnée », tente de justifier Guy Thaureau, le directeur du courrier Aquitaine-Nord.

« C’est le droit de revendiquer, de contester et de lutter qui est remis en cause en vidant le centre de tri de Bordeaux de ses principaux partenaires sociaux », écrit, dans un communiqué traduisant un « sentiment de colère et d’exaspération », Loïc Notais, secrétaire départemental des postiers CGT. Pour la fédération SUD-PTT, « ce n’est plus de la justice, ni même de la discipline, c’est de l’acharnement ! À l’heure où les dirigeants de La Poste démantèlent l’entreprise publique, privatisent le service public de proximité préféré de la population, ils répriment ceux qui tentent de s’opposer à leurs orientations ». Secrétaire fédéral de la CGT-PTT, Patrick Bourgeois accuse : « En utilisant le licenciement comme force de frappe et d’intimidation pour décourager les plus fragilisés dans leur emploi à revendiquer, c’est La Poste qui commet une faute lourde. C’est injuste et intolérable.

La CGT dénonce et condamne l’attitude de La Poste qui préfère criminaliser l’action syndicale et utiliser l’arme de la répression plutôt que la négociation. Sanctionner, et très durement, ne résoudra pas les problèmes comme la remise en cause des régimes de travail, les suppressions d’emplois à l’origine du conflit de Bègles, mais conduit à alimenter les tensions, le pourrissement des relations sociales dans l’entreprise, et la radicalisation. » Alors que la CGT et SUD réclament la levée immédiate des sanctions et organisent la solidarité financière, les 14 postiers sanctionnés vont, dans les prochains jours, déposer des recours contre les décisions de La Poste devant les juridictions administratives et prud’homales.

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