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A la Une de la presse : Aujourd’hui, le tourisme (pas zaz)

Publie le samedi 6 août 2005 par Open-Publishing

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(Cf. Le Monde. Cf. Libération)

Sommaire
 Dans un contexte économique singulièrement "contrasté"
 Un ministre part à la plage s’occuper du tourisme
 Ce qu’il convient d’en tirer vite fait à propos de l’homo economicus

1° Un contexte économique singulièrement "contrasté"

Le moins qu’on puisse dire c’est qu’en ce début de mois d’août, on peut à la lecture de la presse constater sans trop forcer que le contexte économique est "contrasté". Plus exactement contradictoire. La contradiction n’est pas ici vice structurel, erreur ou cafouillage, elle a du sens, elle remplit une fonction. une sale fonction, comme tout ce que réserve la France d’en-haut à la France d’en-bas. Il s’agit de prendre les Français pour des glands, doublement.

1er hic en effet. Les tenors spécialisés dans le crash et la cata nous ont interprété allegro depuis juillet le grand air du marasme, de l’incapacité et du déclin. Car le déclin plaît ! il se conjugue avec le thème des Français égoistes, étroits, mesquins qui ne veulent pas évoluer et campent sur des avantages acquis. Bref, les Français sont des enfants gâtés vivant au-dessus de leurs moyens, qui handicapent peut-être à mort notre chère industrie.

Or, "La Bourse salue les résultats des grands groupes français" titre Le Monde du 5.08.05. Quelque part déjà ça fait cafouilleux quand on est résolu à s’en tenir au strict pessimisme, premier hic donc.

2e hic. Nous avons un gros chômage en France que ne corrige pas, comme on le voit, la belle santé de nos grandes entreprises. Refilons le bébé aux petites entreprises qui ne veulent sans doute pas claquer une thune mais qui sont très très nombreuses. Le Gouvernement Villepin s’est donné 100 jours pour administrer au mieux ce nouveau viagra. Pour le moment, la presse bande, les employeurs et employés futurs hésitent à tenter le coup aussi.

Faut pas se décourager quant on est du gouvernement ! Breton va y mettre de l’huile de coude, il part distiller la bonne parole sur les plages.

2° Un ministre part à la plage s’occuper du tourisme

C’est que le tourisme, comme on l’oublie souvent, constitue la plus grosse industrie nationale avec en théorie d’insatiables besoins de main d’oeuvre.On ne sait pas pourquoi la France est la première destination touristique au monde, on doit seulement en noter le demi-miracle inexpliqué (Selon nous, ça ne devrait pas durer).

Car c’est pas le sourire de l’accueil qui fait le succès, pas l’hygiène et la tenue des chiottes, pas le bon-marché des prestations, pas l’universelle pizza qu’on te sert partout demi-cramée au feu de bois.

Les "3 S", à savoir Sand, Sun, and Sex, sont-ils au moins bien assurés ? le sable ok, on en a même à Paris-plage, le soleil on en a plus qu’on veut pour cet été, le sexe ça c’est une autre histoire qu’il convient d’examiner. Pour ça, lisons Libé qui s’est braquemardée sur le sujet. Les moins de 30 ans ça peut aller. Après, Libé à beau préciser que l’adultère ne fait par chance que progresser, la pratique nous montre qu’il y en a pas tellement pour tout le monde. Touristes étrangers, soyez donc prudents ! apportez avec vous votre propre matoss, vous pourrez toujours échanger s’il se révèle que vous avez de l’excédent. Mais bon, quoi qu’il en soit, Françaises, il faudrait se forcer encore un peu.

Voyez la concurrence ! La Pologne déloyale fait une publicité à tout va en ce moment pour que t’aille visiter ses beautés, elle le fait avec de jeunes plombiers musclés sur de grandes affiches et de jeunes infirmières à gros nibards qui promettent sur place de te soigner au mieux (On lit ça dans le Monde et dans Libé).

Donc le ministre Thierry Breton, conscient des enjeux et des difficultés, le ministre part à la plage. Sa "couverture" pipeau est le tourisme populaire (car il peut pas trop clairement exprimer qu’il veut que les gens bossent dans des jobs saisonniers qu’on sait si mal payés).

Le ministre commence par Houlgate, ce qui n’est sans doute pas un vrai hasard. Il n’a pas manqué de savoir que les agences de locations saisonnières là-bas t’y demandent communément des cautions égales ou supérieures à ton loyer (au cas où tu ferais des trous bien sûr dans le canapé). Il n’a pas manqué de savoir aussi que la SNCF y arrête ses trains le 28 août pour te signaler fermement que la saison est terminée et qu’il faudrait pas s’attarder, etc. etc.

Après le ministre glisse vers le midi pour t’y recommander de manger des prunes qui sont vendus pas ruineux. Il ne dit rien en revanche sur la pizza au feu de bois. On sait par ailleurs que Breton n’a pas quitté un seul instant sa cravate et qu’il ne bouffe plus de pizzas depuis 30 ans. Que va-t-on bien pouvoir sur le fond conclure de tout cela ?

3° Ce qu’il convient d’en tirer à propos de la théorie même de l’homo economicus ?

On peut en tirer beaucoup de choses pêle-mêle, mais d’entrée quatre ou cinq gros bobards conceptuels qu’on nous a communément prodigués, qui feront l’objet d’explications ultérieures plus avancées. Aujourd’hui on veut seulement résumer pour pas lasser le lecteur !

Sur le profit d’abord. La presse a parfois du bon presque de la vérité : L’éditorial du Monde du 5.08.05 fusille le profit (Cf. hic n°1) : La formule "Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain." est positivement, selon le journal lui-même, un terrible gros bobard.

Sur l’emploi. Les petites industries de main d’oeuvre créatrices d’emplois constituent peut-être bien le deuxième bobard probable dans les faits. Surtout dans le tourisme. Les emplois salariés y sont si mal payés ainsi qu’on disait que la pénurie de candidats demeure et sans doute demeurera. Excepté si on fait venir de blondes infirmières polacks à gros nibards (mais les plombiers déjà n’ont pas voulu se déranger).

Prélèvements, impôt : Ce qui en vérité intéresse le gouvernement ce n’est pas en soi que vous ayez du boulot, ce n’est nullement votre productivité, c’est de pouvoir encaisser des prélèvements de natures diverses sur vos revenus même modestes.

En définitive, en tant qu’homo economicus version 2005, l’intérêt majeur n’est pas tant que vous produisiez (ce qu’on fait moins cher ailleurs ainsi qu’on sait) c’est que vous consommiez.

Etre fauchés, être à la saturation des possibilités de consommation, tue en vérité toutes les marges d’innovations nouvelles qui pourraient se faire dans notre économie. Les postes du budget domestique que sont voiture, loyer et téléphone portable écrasent tout et sont une plaie.

Pour une vraie relance de notre économie, il va falloir décider entre nous de ce qu’on devrait premièrement et symboliquement brûler, on en parlera donc une prochaine fois si vous y consentez.

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Voir aussi, si vous êtes patient :

A la Une : La presse nationale estive jusqu’au 1er septembre, mais ... (zaz)
 http://ocsena.ouvaton.org/article.p...

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
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