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ATTAC : Le Figaro - un cas d’école des méthodes de certains grands médias

Publie le lundi 8 août 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

Le Figaro lance une violente charge contre Attac

COMMUNIQUÉ DU BUREAU D’ATTAC

Comme il ne se passe actuellement rien d’important ni en France (tout juste le démantèlement du Code du travail) ni dans le reste du monde (seulement l’accélération de la guerre en Irak, les menaces de crise avec l’Iran, le retrait de Gaza, etc.), Le Figaro met à sa « Une » du 5 août, sur trois colonnes, un sujet d’une brûlante actualité : « Enquête : comment Attac infiltre l’école ». L’ « enquête » se poursuit avec 4 articles couvrant une page entière et avec un éditorial intitulé « Bourrage de crânes ».

« Enquête » ? Le terme n’est pas approprié, tant les articles sont truffés d’erreurs factuelles. Les « enquêteurs » n’ont même pas pris le soin d’interroger au moins l’un des responsables d’Attac qui aurait pu répondre par des faits et des chiffres avérés aux multiples contrevérités, directes ou par citations interposées, qui font de cette « enquête » un cas d’école de désinformation.

Le Figaro, dont la hiérarchie s’était totalement engagée dans la propagande en faveur du « oui » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, au point d’ailleurs de susciter des troubles au sein de sa rédaction, que la direction voulait embrigader, affirme, pour le déplorer, que l’action d’Attac « a joué un rôle non négligeable dans le résultat du 29mai » et tire à boulets rouges sur l’association et ses responsables. Décidément, presque trois mois après le référendum, la campagne du « oui » continue !

Les 4 articles et l’éditorial portent sur deux sujets : Attac infiltrerait l’Education nationale ; l’association serait devenue de facto un parti politique qui ne penserait plus qu’à l’échéance présidentielle de 2007. Sur ces différents points, Attac va exiger de la direction du Figaro un droit de réponse. En voici quelques-uns des éléments.

1.- Ce sont bien l’idéologie néolibérale, les grandes entreprises et le Medef qui infiltrent l’école

Attac combat l’idéologie néolibérale mise en oeuvre dans les politiques éducatives menées par les gouvernements successifs. L’association s’oppose à la « marchandisation » de l’école, qu’elle prenne la forme de l’intrusion des firmes et des marques dans les établissements (comme le fameux « jeu » « Les Masters de l’économie » du groupe bancaire CIC, auquel ni Claude Allègre ni Jack Lang ni Luc Ferry ni François Fillon n’avaient voulu mettre un terme), ou qu’elle se traduise par un texte législatif (la loi Fillon) directement inspiré de la stratégie ultralibéraleeuropéenne dite « de Lisbonne ».

Attac n’ « infiltre » pas l’école. Elle compte, parmi les enseignants, des militants respectueux de la laïcité et de l’autonomie pédagogique des maîtres, mais qui sont bien placés pour mesurer les dégâts sociaux provoqués par les politiques néolibérales, et pas seulement par celles qui concernent l’éducation.

Entre autres exemples d’instrumentalisation de l’école, l’association dénonce la politique des « partenariats » public-privé. Parmi les « partenaires » officiels de l’Education nationale, on compte ainsi le Medef : directement à travers ses sections dans plusieurs départements, et indirectement, via son émanation, l’Institut de l’entreprise ; des marques (Morgan) ; des banques ; Disneyland Resort Paris ; des agences de publicité... Le ministère offre ainsi une couverture officielle à des pratiques strictement marchandes, conclut lui-même des « partenariats » et incite les établissements devenus « autonomes » et soumis à une décentralisation sans moyens à se tourner vers les entreprises.

Attac avait dénoncé en son temps la co-organisation, en octobre 2003, par l’Institut de l’entreprise et le ministère, d’une opération de propagande auprès des professeurs de sciences économiques et sociales, présentée comme une « Université d’automne » au cours de laquelle sont intervenus, sans contradicteurs, les patrons du CAC 40. Cette « université » doit tenir une deuxième session les 29 et 30 août prochain, et Attac va exiger qu’elle revête un caractère contradictoire.

Si « infiltration » de l’école il y a c’est bien par les grandes entreprises, le Medef et les gouvernements qui y ont mis en oeuvre les politiques néolibérales.

2.- Attac n’est pas et ne sera jamais un parti politique

Contrairement à ce que prétend Le Figaro, l’objectif d’Attac n’est pas de « répandre une idéologie d’extrême-gauche partout ailleurs discréditée ». Attac n’est pas une organisation d’extrême-gauche ou de quelque obédience partisane que ce soit. On comprend que, pour nourrir la copie, s’échafaudent au mois d’août mille hypothèses sur la candidature présidentielle d’un tel ou d’une telle en 2007, sur les coalitions au sein du PS ou sur les formes de recomposition de la gauche. Mais Attac n’a rien à voir avec ces supputations. Elle entend rester à l’écart de toute opération d’ingénierie, de rassemblement ou de recomposition politiques. Attac, comme elle l’a déjà rappelé à de nombreuses reprises, ne présentera ni ne soutiendra aucun candidat à quelque élection que ce soit. A cet égard, le Bureau d’Attac réaffirme sa solidarité avec le président de l’association qu’il est ridicule de mettre sur les rangs pour 2007 comme l’annonce Le Figaro. Attac est un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action et entend bien le rester.

L’action d’Attac pendant la campagne référendaire, de ses adhérents et comités locaux, amène Le Figaro à considérer que l’association « s’est comportée comme un vrai parti politique ». Et le journal multiplie les exemples : « interventions médiatiques, mobilisations des militants, multiplication des réunions publiques, distribution de tracts, participation à des meetings [.] une organisation, des militants, un réseau, des moyens et une cause à défendre ». La seule différence avec les partis ou les syndicats, selon Le Figaro, serait « l’absence, pour l’instant, de candidature aux élections ». Rappelons une évidence : ces formes d’action militantes ne relèvent pas seulement des partis politiques. C’est ce que font quotidiennement les organisations syndicales et de nombreuses associations.

En déconstruisant l’idéologie néolibérale, en combattant les mesures qu’elle inspire aux plans national, européen et mondial, et surtout en montrant que des alternatives sont possibles à ces différents niveaux, Attac se situe bien dans le débat politique, mais sur un registre différent, et non concurrent, du champ politique des partis. Elle l’a montré dans la campagne du « non », et elle va continuer à la faire dans les prochaines semaines et les prochains mois, avec les autres Attac d’Europe, en faisant des propositions précises sur le modèle social européen, sur la démocratisation des institutions européennes.

De la même manière, l’association continuera ses campagnes nationales, européennes et internationales pour, entre autres, l’annulation de la dette des pays du tiers-monde, pour l’instauration de taxes globales, contre les paradis fiscaux, pour l’éradication de la pauvreté dans le monde, pour une santé et une Sécurité sociale solidaires, contre la marchandisation et la privatisation de l’ensemble des activités humaines et donc contre l’AGCS pour des services publics de qualité et pour le plein emploi.

Même si Attac a divergé avec les partisans du « oui » socialiste au référendum, l’association souhaite avoir de bonnes relations avec le Parti socialiste, comme avec les autres formations démocratiques pour mener toutes les actions communes possibles sur les objectifs mentionnés plus haut.

Le Figaro compare de manière scandaleuse l’action de l’association à celle des sectes religieuses aux Etats-Unis, qui mènent campagne pour interdire l’enseignement de la théorie de l’évolution ; aux livres de géographie de certains pays arabes où Israël ne figure pas et est remplacé par Palestine ; ou à la Roumanie de Ceaucescu. Attac joue en réalité un rôle de salubrité publique en démontant les mécanismes des politiques néolibérales dont les résultats sont catastrophiques. Quant aux « relents anti-sémites » dont Le Figaro accuse « certains » des membres de l’association, il s’agit d’une allégation d’une extrême gravité contre laquelle Attac se réserve le droit de donner les suites judiciaires qui s’imposent.

Manifestement les 30 000 adhérents d’Attac (et non, pour l’instant, 36 000 comme il le prétend) inquiètent beaucoup Le Figaro C’est une raison supplémentaire pour appeler nos adhérents à renforcer les effectifs de l’association en appelant tous ceux qui partagent nos combats à nous rejoindre !

Pour celles et ceux qui veulent réellement savoir ce qu’est Attac, qui sont ses militants, et ce que signifie pour eux « éducation populaire », le moyen le plus simple est de participer aux deux évènements organisés par l’association à la fin du mois d’août :

 les Chemins de découverte, à Châtellerault, du 20 au 22 août ( http://www.france.attac.org/r683 ) ;
 l’université d’été, à Poitiers, du 26 au 30 août ( http://www.france.attac.org/r681 ). Contact : Matthieu 01.41.58.17.59

Attac, Paris, 6 août 2005

Messages

    • Ce n’est pas le Figaro qui attaque et ATTAC n’est qu’un morceau de la cible....

      L’attaque a démarré depuis un moment contre ATTAC au travers de son financement quand celui-ci est public, au travers des dirigeants socialistes qui se sont dressés contre la démocratie en soutenant le TCE, maintenant le Figaro applique la consigne : feu sur ATTAC !
      Et le Figaro n’est là qu’un bataillon des agresseurs...

      Mais qu’on ne s’y trompe pas, et peu importe ce qu’on pense d’ATTAC (et les militants de cette organisation auraient tord de penser être "LA SEULE CIBLE"), c’est bien au travers d’ATTAC une grande partie de la continuité du bras de fer engagé autour du referendum qui se continue, la phase là étant d’essayer de morceler, affaiblir, les courants, groupements, individus, partis, syndicats, etc qui se sont positionnés du côté du peuple de gauche...

      La surprenante fureur au lendemain de l’election contre Fabius de la part d’une direction socialiste (et inutile de dire que je prefere ATTAC à Fabius, n’étant nullement convaincu de la sincerité de ce dernier). posait le ton....

      Et ATTAC, comme les gens de gauche, comme les autres courants, mouvements, associations, partis s’étant battu pour l’honneur de la démocratie pendant la campagne sur le referendum doivent comprendre trois choses :

      1) La bataille autour le la politique de feu le TCE n’est pas finie, une grande partie des preceptes avancés de ce texte est déjà en application, le reste dans les starting-blocs...Pire, cette bataille n’en est qu’à ces premières escamourches...

      2) les reactions aux tentatives de diversion (les délires sécuritaires sarkozistes, les insultes anti-anglaises de la droite , etc...) et les tentatives de disloquer les courants les plus structurés du NON de gauche vont fuser...et il importe que chaque structure, courant, rassemblement agressé comprenne qu’il importe de réagir avec un minimum de sens collectif et pas en citadelle isolée attaquée. Sinon ils joueront au billard avec nos divisions.

      3) Si les prochaines élections nous remplissent d’un abime de reflexion, comme des étapes relativement en apparence insurmontables, avec des complexes d’inferiorité sur les supposées grands écuries,
      il ne faut pas oublier que nous venons de défaire les deux plus grosses + quelques chevaux légers,
      qu’il n’y a pas lieu de se laisser impressioner par les obstacles.
      En effet la voie est toute tracée, nous pouvons d’or et déjà propulser notre candidat à la présidentielle sans en connaître le nom au travers d’une bataille serrée, ouvrante et massive sur Internet, comme nous pouvons déjà travailler au programme...
      Une grande partie des gens qui ont voté pour le OUI ont voté par ignorance du contenu et sous le formidable chantage, les mensonges et l’utilisation de médias de concessions d’état... Il y a donc là de grandes marges de maneuvre pour élargir le champ encore +...

      Nous devons le faire
      nous pouvons le faire...

  • Question infiltration et ingérence, le Figaro ferait mieux de se documenter et de dénoncer (entre autres) : l’envoi du bréviaire de Luc Ferry à tous les enseignants ou celui, plus récemment, de fascicules à la gloire de l’Europe et du TCE, tout cela aux frais de l’Etat.

    Quant à l’idéologie que Le Figaro dénonce chez les enseignants, n’est-elle pas plutôt dans leur camp ? Que dire de la volonté de supprimer les Sciences Economiques (qui apportent trop de réponses à des questions que ces censeurs ne voudraient pas voir posées) pour les remplacer par des cours de "gestion" et que dire des coupes claires ou omissions graves effectuées ces dernières années dans certains manuels (d’Histoire, en particulier) ?

    Que dire aussi de l’article 4 de la loi du 23 février, qui exalte « le rôle positif » de la France outre-mer ?

    J’en oublie.

    Jamais n’a-t-on vu autant de désinformation, de censure ou de propagande à l’Education Nationale que depuis que les ultra-libéraux sont au pouvoir.
    La prochaine étape (après la régression que constitue la loi Fillon) sera-t-elle d’imposer d’enseigner le créationisme, comme aux US ?

    Le Figaro serait pour, nul doute.