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Lyon : occupées successivement, l’ANPE de Vaise (9e arrdt) et celle de Villeurbanne

Publie le dimanche 21 août 2005 par Open-Publishing
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Jeudi 18 août, des chômeurs et de salariés ont occupé successivement l’ANPE de Vaise (9e arrdt) et celle de Villeurbanne.

Cette action, baptisée « Lâchez-nous la grappe », avait pour but de
donner un autre écho à la campagne de convocations menée conjointement
par l’ANPE et le Conseil Général. Fin juillet, l’ANPE a adressé à 4 600
personnes au RMI une « invitation » afin de faire connaitre les
vendanges et les inciter à accepter une offre (ou plus).

Vers 8 h 30, l’ANPE de Vaise ouvre « une porte », chaque personne
convoquée doit présenter le courrier reçu ; d’autres fournées sont
prévues toute la journée. Un peu plus tard dans la matinée, nous
entrerons malgré le refus de la direction, il est hors de question que
cela se passe de façon confidentielle !

Les présents : le directeur d’agence, son patron (le directeur
départementale de l’ANPE), plusieurs agents de l’ANPE ainsi que des
personnes du Conseil Général en charge de l’insertion dont sa
responsable. Malgré notre entrée plutôt houleuse, nous suivons une
présentation murale de l’opération durant dix minutes : le Beaujolais
c’est où ? les bonnes raisons de faire les vendanges, combien ça
rapporte, les différents postes offerts (...).

Plusieurs personnes interviendront à l’issue de cette surréaliste
présentation : des questions sont posées comme les conséquences d’un
refus de faire les vendanges ou de ne pas se rendre à la dite
convocation... Il n’y aura pas de réponses sérieuses ou rassurantes.
Puis, les convoqués devront remplir une fiche de candidature pour les
intéressés, les autres seront invités à motiver leur refus...

L’occupation se poursuivra une demi-heure malgré les appels du directeur
à quitter les lieux.

L’après-midi. Vers 14 h 30, de nouveau les chômeurs entreront en action
en se rendant à l’ANPE de Villeurbanne (Charpennes). La résistance sera
un peu plus musclée mais malgré cela, nous pénétrerons à l’intérieur.
Même discours que le matin. En fin d’après midi, nous quittons les lieux
avec au moins la certitude que ce que nous dénoncions à une réalité,
c’est même peut être pire !

Le RMIste a des droits et des devoirs : répondre aux convocations,
accepter un petit boulot au lieu de rester « oisif » et inutile et
éventuellement peut être sanctionné s’il n’obéit pas promptement. Ca
c’est le point de vue du directeur départemental de l’ANPE... Nous voilà
rassuré, il y aura bel et bien des suspensions de RMI et des radiations
pour celles et ceux qui refuseront les petits boulots !

Cette remise au travail revêt un caractère obligatoire et
essentiellement cette remise au travail se fait de façon coercitive, à
savoir : il faut accepter les boulots de merde payés des miettes sous
peine d’être puni, un chouette laboratoire pour expérimenter le salariat
précaire, les salariés en poste n’ont qu’à bien se tenir !

L’on a pu se rendre compte durant cette journée d’un niveau élevé
d’infantilisation des institutions en direction des RMIstes (des
chômeurs en général) : l’autonomie et la capacité d’être, de faire sont
attaquées fontalement par les institutions (que ce soit l’ANPE, le
Conseil Général).

Les RMIstes convoqués réagissent souvent assez mal à ces situations
(convocations par exemple) : beaucoup considèrent qu’ils sont assez
grands pour aller chercher une offre de vendangeurs à l’ANPE s’ils le
souhaitent, être convoqué est souvent mal vécu, cela implique une
violence sociale supplémentaire au vécu de misère au RMI. Beaucoup nous
ont fait part de leur refus, leur rejet des petits boulots, de
l’impossibilité d’avoir un projet professionnel, de pouvoir le faire
aboutir (l’accès à la formation par exemple).

Ce type d’opération est organisée avec le soutien des institutions de
l’État dans un cadre bien particulier : « faire les vendanges c’est
remettre le pied à l’étrier, se redonner une chance de travailler, de
s’en sortir... » (mots entendus ce jeudi matin à l’ANPE de Vaise). Les
RMIstes ne sont dupes, c’est du bla-bla-bla, de la précarité
supplémentaire !

Dans la présentation, on pouvait voir une diapo indiquant que « faire
les vendanges c’est travailler en position courbée », gageons que les
RMIstes se batailleront pour refuser de courber l’échine face à ces
méthodes de remise au travail forcé !

Un participant.

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