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Irak : "Visa pour l’image"

Publie le mardi 6 septembre 2005 par Open-Publishing

Photographie de Patrick Baz présentée à Visa pour l’Image à Perpignan montrant le casque troué d’un soldat irakien le 3 avril 2003 à Bagdad.

Festival International du photojournalisme - Perpignan. Jusqu’au 11 septembre 2005

de Al Faraby

L’Irak, au coeur de l’actualité la plus sombre, hante la 17e édition de "Visa pour l’image", festival international de photojournalisme avec six expositions sur le sujet.

De son expérience irakienne, le photographe russe Yuri Kozyrev travaillant pour Time Magazine, dit s’être "déplacé de ruine en ruine et d’une tragédie humaine à l’autre". Il affirme avoir "pris des centaines, si ce n’est des milliers de clichés montrant la misère humaine, le dénuement, la tragédie et la mort dans cette guerre, sans vraiment découvrir qui est le bon et qui est le vertueux".

Il y a des images d’avant avril 2003, chute de Saddam Hussein : homme fumant le narguilé dans la rue ou combats de coqs, puis l’après. Images terribles du quotidien, comme ce cercueil taché de sang porté sur l’épaule. La légende indique qu’il vient de servir et va être réutilisé pour un autre mort. Une autre montre un enfant de 12 ans, gravement brûlé, qui a perdu ses deux bras.

L’Américaine Lynsey Addario, 31 ans, a réalisé un reportage sur les blessés américains, publié dans le New York Times magazine en mars 2005. Univers de souffrance, chirurgical, ces photos racontent cinq jours dans un hôpital d’une base.

L’une montre en gros plan un crane suturé. Désespoir et lassitude se lisent sur les visages des jeunes soldats, mais malgré tout, "ils sont très fiers de servir leur pays. Dans leur tête, ils ont une mission", Elle parle de "gâchis", "pour rien".

En Amérique, Paul Fusco (Magnum), 75 ans, a suivi les enterrements de soldats et montre leurs familles "confrontées à une vérité amère, à des pertes intolérables, à la douleur, au désespoir". "C’est ma voix", dit celui qui se dit "en colère" contre l’administration Bush.
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Photographie de Patrick Baz présentée à Visa pour l’Image à Perpignan montrant le casque troué d’un soldat irakien le 3 avril 2003 à Bagdad.

Maurizio Lima, Brésilien, 30 ans, pour l’Agence France-Presse (AFP) raconte ses 7 mois en Irak en trois séjours. "Malgré la situation de guerre, tout le temps, il a essayé de se centrer sur le peuple irakien dans sa vie quotidienne", même lorsqu’il a été "embedded" avec l’armée américaine. Un petit garçon étreint son chien. Au début, on ne remarque que son sourire. Il lui manque un bras. Un autre, aveugle, brûlé au visage, montre, devant son regard mort sa photo d’identité d’avant ou, moment de tendresse, rend visite à sa grand-mère.

Maurizio Lima estime que "nous (les photographes) pouvons changer la situation avec notre tâche. Si je peux contribuer à quelque chose pour les Irakiens, ce serait formidable".

Les affres du quotidien sont au coeur du travail de Jérôme Sessini, 37 ans : des femmes squattent des bâtiments désaffectés, récupèrent la ferraille. A l’hôpital de Bagdad, Safia, 12 ans, blessée par un obus, meurt. Ses parents éplorés, sont debout devant le lit aux draps souillés. Deux petits pieds dépassent.

Le franco-libanais Patrick Baz de l’AFP regrette que Visa ne présente pas le travail des journalistes locaux. "C’est un monde de blancs", déplore-t-il. Il n’y a pas le regard des Irakiens sur l’Irak, alors que ce sont eux qui fournissent le quotidien, font la une des journaux".

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Légende Photo : Photographie de Patrick Baz présentée à "Visa pour l’Image" montrant le casque troué d’un soldat irakien le 3 avril 2003 à Bagdad.

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