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Licenciements collectifs sans précédent

Publie le mercredi 25 juin 2003 par Open-Publishing

Licenciements collectifs sans précédent des
intermittents

L’industrie culturelle est florissante : des
multinationales de la communication, de
l’entertainment et du loisir aux institutions
culturelles subventionnées par l’Etat (la luxueuse
vitrine qui expose, exporte et vante la rareté,
l’exceptionnelle diversité de ses créateurs ). Cette
industrie vit et prospère de l’engagement, de
l’implication, de la pensée, des affects de milliers
d’intermittents et de précaires. Mobiles. Flexibles.
Corvéables. Dociles. Disponibles. Infatigables.
Il faut savoir qu’il existe aussi un autre secteur
hétéroclite, d’autoproductions, d’expérimentations,
d’explorations libérées des contraintes immédiates de
rentabilité et de productivité. Des lieux
subventionnés ou pas dans lesquels nous œuvrons tous,
à différents moments, souvent sans argent, et où nous
inventons des formes de vie qui, si elles ne
s’épuisent d’elles-mêmes, finissent par apparaître et
nourrir à leur tour de forces vives parfois
subversives le marché avide d’innovation de
l’industrie culturelle.
Intermittents/intermutants, nous voyageons souvent
d’un pôle à l’autre de ces secteurs d’activité et de
production, qui incluent aussi l’éducation nationale,
les collectivités locales, les hôpitaux, les prisons,
les maisons de retraites, les centres d’adaptation par
le travail…
Précaires parmi les précaires, mouvants au gré des
besoins, des désirs, de la nécessité de nos
employeurs, ou de nos nécessités propres, devenant
employeurs à notre tour, nous errons inlassables,
artisans de nos vies et de nos vouloirs.
Minorité pourtant visible et exposée au regard de
tous, nous sommes, aujourd’hui, comme tous les autres
travailleurs précaires, menacés de disparition en
vertu des préconisations du MEDEF qui exclurait 70
pour cent d’entre nous du régime spécifique de
l’intermittence. Si ce scénario se vérifiait, il
s’agirait du plus vaste licenciement collectif de la
période (au moins 30 000 salariés), sans même que la
question d’un plan social soit évoquée. Sous couvert
d’exception culturelle du statut, les contraintes de
la subvention et du marché étoufferont nos libertés
d’agir et de faire.
Les productions modestes seront totalement balayées.
Ce dernier refuge des conventions Unedic évacué, tout
serait permis désormais sur le front de
l’employabilité des personnes. Ce qui va disparaître,
c’est aussi une référence européenne, permettant à
chacun d’alterner des phases de formation, d’emploi,
de bénévolat, de maternité qui, objectivement,
produisent des richesses sociales.
La guerre sans merci menée par l’Etat, sa police, ses
complices, ses médias contre les plus démunis et les
plus fragiles, nous obligent à repenser à de nouvelles
formes de lutte et de résistance. Le régime de
l’intermittence n’est pas un privilège, mais un modèle
social qui, justement pourrait répondre à la question
de l’évolution du travail et son partage dans nos
sociétés. Ce statut modifiable et perfectible serait à
envisager pour tous afin que chacun puisse vivre
décemment en dehors des périodes d’activité salariée.
Un revenu garanti qui permettrait à chacun de là où il
se tient de ne pas vivre dans l’angoisse du lendemain.
Ni dans l’illusion entretenue d’un retour au plein
emploi.
Nous appelons le plus grand nombre à nous rejoindre et
organiser des révoltes joyeuses (ou pas) afin de faire
plier les décideurs.
Faire entendre nos voix et notre volonté insoumise.

COORDINATION DES INTERMITTENTS ET PRECAIRES D’ILE DE
FRANCE
Théâtre de la Colline occupé jusqu’au 26 juin - 15 rue
Malte Brun, métro Gambetta

Permanence tous les jours à partir de 13h
Tel/fax de la coordination : 01 44 62 52 51