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Les Américains se mobilisent pour la fin de la guerre

Publie le mardi 27 septembre 2005 par Open-Publishing

de Paul Falzon

Entre 100 000 et 300 000 manifestants à Washington, environ 200 000 à San Francisco : les défilés contre la présence des troupes américaines en Irak ont connu samedi un succès inégalé aux États-Unis depuis le lancement de l’offensive sur Bagdad en mars 2003. Cette réussite est une nouvelle démonstration du fossé grandissant entre l’administration Bush et l’opinion publique : 59 % des Américains considèrent aujourd’hui que l’attaque de l’Irak était une erreur. Ils sont aussi 63 % à souhaiter le retour des 140 000 soldats engagés par les États-Unis dans ce pays.

« Ramenez les troupes à la maison »

« Bring the troops home now », ramenez les troupes à la maison, les slogans entendus à Washington ont exprimé cette lassitude face à un conflit qui a fait, en deux ans et demi, un peu moins de 2 000 victimes parmi les troupes américaines, et des dizaines de milliers de morts, surtout civiles, côté irakien. La personnalité la plus médiatisée du défilé était Cindy Sheehan, la mère d’un soldat tué en Irak qui s’est rendue célèbre, cet été, en campant devant le ranch de George Bush pour lui demander le retour des troupes. « Pas une personne n’aurait dû mourir, pas une de plus ne doit mourir », a-t-elle déclaré. « Il faut un mouvement populaire pour arrêter cette guerre [...], faire contrepoids à ce gouvernement criminel qui agit hors de tout contrôle », a-t-elle souligné, en se félicitant de la vaste mobilisation de samedi et de l’évolution de l’opinion publique.

D’autres personnalités avaient fait le déplacement. Le révérend Jesse Jackson, figure du mouvement progressiste noir, côtoyait ainsi la chanteuse Joan Baez, l’actrice Jessica Lange ou encore l’ancien candidat de la gauche écologiste à la présidentielle Ralph Nader. Directement en ligne de mire des manifestants, George Bush a quitté la capitale fédérale peu avant le défilé, officiellement pour suivre les développements de l’ouragan Rita dans le sud des États-Unis. « Il est significatif qu’il ait quitté la ville, commentait au New York Times l’un des organisateurs de la manifestation, William Dobbs. Cela prouve qu’il tourne le dos au mouvement pacifiste, qui représente une majorité d’Américains aujourd’hui. »

Après la gestion très critiquée de l’ouragan Katrina et la polémique sur l’affaiblissement de l’État opéré par les néoconservateurs, George Bush a semblé à nouveau fragilisé, cette fois donc sur sa politique en Irak. Certains manifestants ont fait le lien entre les deux dossiers, expliquant que le coût astronomique de la guerre avait siphonné les autres budgets, surtout ceux consacrés aux classes sociales les plus fragiles : « De La Nouvelle-Orléans à l’Irak, arrêtons la guerre aux pauvres », proclamait une pancarte. Une autre disait : « Faites des digues, pas la guerre », sur le modèle du « faites l’amour, pas la guerre » dans les années soixante-dix contre la guerre au Vietnam.

« Ça a l’air de tourner comme au Vietnam

La comparaison entre les deux conflits est aujourd’hui plus pertinente que jamais. « Ça a l’air de tourner comme au Vietnam : au fur et à mesure que le temps passe, de plus en plus de gens s’interrogent », a constaté un manifestant cité par l’AFP.

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