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La revanche sur le virtuel

Publie le dimanche 2 octobre 2005 par Open-Publishing

de Al Faraby

Nous nous sommes donnés rendez-vous à la librairie Avicenne du cinquième parisien, face à Jussieu et à l’Institut du monde arabe.

Les accolades et les yeux grands ouverts comme pour bien fixer l’image de l’autre et probablement la comparer avec l’imaginaire... et les sourires qui trahissent une grande joie.

J’ai [encore] compris que les êtres humains ont besoin de se voir, même s’ils se connaissent.

Le concret, il n’y a que cela de vrai.

Alors que nous échangions, que nous racontions nos petites histoires et anecdotes, j’étais taraudé par cette idée. Je m’amusais donc à regarder autour de moi tous les rayons bourrés de livres qui montent jusqu’au plafond, comme les marches d’une échelle à la pensée. Celle qui monte, soutenue par les livres.

Alors, je me suis repris en rectifiant : "Il n’y a pas que le concret de vrai !"
Et au cours de cette escapade intime, je me suis interrogé : "Qu’en pense Avicenne ?"

Il faudra que je me penche sur la question...

Dehors, tout doucement, la nuit tombe accompagnée d’une pluie fine. Bientôt il fera noire et la "nuit blanche" pourra envahir Paris. Ce sera partout la fête.

Alors je pense à Gaza, à Bagdad... dont les nuits blanches sont signes de massacres, de tueries, de deuil et de douleur. Je m’interroge : "Ne sommes-nous pas là ce soir pour empêcher cela ?"

Je regarde dehors.

Abou Dalal vient d’arriver. Il porte Salma, Surprise, elle a les yeux grands ouverts et fixent tour à tour, tout le monde et chacun. Soudain, nos regards se croisent et ses petites lèvres s’étirent d’un grand sourire. Du haut de ses sept mois de mémoire, elle m’a reconnu !

Je m’interroge : "Quels sont mes signes distinctifs ? Quelle image se fait-elle de moi ? Y-a-t il seulement ce qu’elle perçoit de concret ? Qu’en est-il de ce qu’elle ressent ?"

Toutes ces questions bousculent mon esprit en une fraction de seconde. Le temps qu’il faut pour que je serre contre moi ce corps d’enfant chaud et vivant, qui inspire confiance.

Je pense à Gaza, à Bagdad ... et à tous les enfants qui ont peur.

Il est bientôt 20 heures, d’autres invités arrivent ... Ahmed, Jean-Pierre, Younes, Zaynab, Badia, Marie-Christine, Souheil, Rim, sont partis...

Salma aussi !