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Le référendum algérien : pour pardonner ou pour oublier ?

Publie le lundi 3 octobre 2005 par Open-Publishing

Alors que l’ensemble de l’appareil politico-médiatique algérien s’est mobilisé pour envoyer les Algériens voter oui, de nombreuses voix s’élévent dans le pays pour dénoncer le manque total de débats contradictoires pendant la campagne. Mr Saadi, chef de file du parti RCD, ancien candidat à la présidentielle algérienne, se plaignait encore hier de n’avoir pu s’exprimer sur les ondes pendant ce scrutin. Comme avant chaque élection importante le Président Algérien s’employa donc à museler la presse et les partis d’opposition.

Alors que les chiffres officiels ont annoncé prés de 80 % de participation, de nombreux spécialistes s’interrogent sur les conséquences d’un vote massif pour le oui.

Face à cette fausse unanimité, on est en droit de s’interroger sur les conséquences d’un vote massif pour le oui. Sur le terrain de nombreux Algériens sont prêts à pardonner et n’ont pas attendu ce vote pour le faire. Depuis plusieurs années déjà, dans les villes et les régions qui ont subi le terrorisme des années 90, la vie a repris son cours et la paix civile l’a emporté malgré tout. Alors à quoi à bon inscrire dans les textes ce qui est déjà présent dans les faits si ce n’est pour Mr Bouteflika et le collége de militaires qui l’entoure de prendre soin à ce qu’aucune information mettant en cause le régime puisse être divulguer un jour.

Derrière cette loi qui est faîte " pour tourner la page ", n’assiste t-on pas à un véritable tour de passe passe qui empêcherait quiconque à l’avenir de s’interroger sur les tenants et les aboutissants de cette tragédie, qui viserait tout bonnement à accuser celui qui cherche à savoir, de remettre en cause le vote de ses compatriotes et de nuire à cette paix chèrement acquise. Après ce vote que vont devenir ces milliers de disparus, véritable énigme, qui reste comme une plaie béante dans tous les cœurs de toutes les mères algériennes.

Mr Bouteflika a semble-t-il tirer les leçons de l’histoire récente de certaines anciennes dictatures, comme le Chili, où Mr Pinochet et certains généraux se sont vus rattraper par la justice de son pays après des décennies d’impunité. Il nous avait déjà habitué dans les années 70 à partir avec la caisse, cette fois-ci, il semblerait qu’il s’apprête à s’envoler avec les souvenirs...

Nicolas Lalande
directeur du site Elkalam.com
http://www.elkalam.com