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Antagonisme, danger !

Publie le mercredi 5 octobre 2005 par Open-Publishing

de Bernard Lallement

Le rendez-vous en deviendrait presque une banalité. Chaque rentrée sociale emporte ses cortèges de défilés et de revendications sur fond de grèves.

Le cru 2005 voit donc le monde du travail battre de nouveau le pavé, par centaine de milliers, avec à l’ordre du jour : pouvoir d’achat, salaire, retraite et service public, soutenu par 72 % des Français, selon un sondage BVA Dans le même temps, à l’Assemblée nationale, le Premier Ministre, Dominique de Villepin, bat la mesure et donne le "la" de l’action gouvernementale : "Nous serons au rendez-vous de la croissance. La France est debout. Elle travaille. Elle avance et elle gagnera."

La veille, sur LCI, Laurence Parisot avait prévenu : « les entreprises voudraient bien augmenter les salaires mais elle n’en ont pas les moyens aujourd’hui, car la croissance est atone...

(Elles) sont surtaxées, dans aucun pays elles ne supportent des prélèvements aussi élevés que chez nous. Il faut leur donner plus d’air » non sans avoir regretté que « le libéralisme ne joue pas à plein » dans notre pays. Dans l’après-midi ; merguez et brochettes était au rendez-vous du pique-nique syndical organisé devant l’une des sociétés que la patronne du Medef dirige : Optimum, leader des portes de placard (çà ne s’invente pas !)

Selon les économistes la croissance devvrait être revue à la baisse, mais les entreprises du CAC 40 feront des profits record cette année.

Hewlett Packard va créer 500 emplois au Costa Rica et ses salariés français ne comprennent toujours pas le plan social leur tombant sur le dos et dont on parlait déjà en ... 2003.

Les organisations syndicales, par la voie de Jean-Claude Maily, Secrétaire général de FO, réclament des réponses précises à leurs revendications. Il y a quelques jours, le syndicat des travailleurs corses détournait un navire de la SNCM pour se faire entendre.

Peu avant le scrutin référendaire, Jean-Pierre Raffarin avait exprimé la nécessité de « retricoter » le tissu social. Hélas, il était bien tard et nous n’en sommes plus là. Car force est de reconnaître que la fracture sociale, à la réduction de laquelle Jacques Chirac avait entendu consacrer son premier mandat, n’a cessé de croître au point de devenir une irréductible béance.

Pourtant, le Conseil de l’Europe a beau jeu de rappeler que « Les dernières années ont conduit à une prise de conscience de l’importance de la cohésion sociale en tant que condition essentielle pour la sécurité démocratique et du développement durable. Des sociétés divisées et inégalitaires sont non seulement injustes mais incapables de garantir la stabilité à long terme. Il est de plus en plus reconnu que les gouvernements doivent avoir pour objectif non seulement de contribuer au développement économique, mais également au développement des sociétés ; le développement économique non accompagné de développement social génèrera tôt ou tard de sérieux problèmes. Actuellement, beaucoup de personnes sont en réalité exclues des bénéfices du progrès social et économique »

Mais dans le patchwork sociétal que nous traversons, des mondes continuent de se croiser sans jamais s’entendre.

Danger !

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