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Le Parti communiste français revendique 7 000 nouveaux adhérents depuis janvier

Publie le samedi 8 octobre 2005 par Open-Publishing
10 commentaires

de Sylvia Zappi

Ils ont pris place timidement dans une grande salle de la fédération du Parti communiste de Seine-Saint-Denis à Pantin. Adhérents depuis quelques jours ou quelques mois, ils étaient conviés à une soirée de formation. Comme les 7 000 autres nouveaux militants que le PCF assure avoir recrutés depuis janvier.

Bénéficiant de l’effet campagne contre la Constitution européenne, le PCF attire donc à nouveau. Ces recrues sont plutôt jeunes ­ en majorité trentenaires ­ et "en quête de sens" , explique-t-on, place du Colonel-Fabien, au siège du parti.

Après la période noire du lendemain de la défaite d’avril 2002 ­ le PCF revendiquait seulement 125 000 encartés ­, les effectifs sont remontés à 138 000 adhérents. Le parti en comptait toutefois le double dix ans plus tôt.

Jonathan est venu parce qu’il trouve que "le parti pose de bonnes questions". Ce comédien de 27 ans s’est inscrit voici deux semaines via le site Internet du PCF. "Sur tous les sites de gauche visités, c’était le plus coloré, vivant et plein de publicités de journaux", explique le jeune homme, qui avoue que "le rouge est -sa- couleur préférée". N’ayant jamais milité auparavant, il a été initié à la politique par son frère, étudiant à Sciences Po et qui "a lu tout Karl Marx".

Habitant à Saint-Ouen, une municipalité communiste, le PCF lui semble également le "plus efficace" dans sa politique culturelle municipale. "Je n’aime pas trop son discours anticapitaliste, je ne comprends pas trop ce que ça veut dire", admet Jonathan, qui vient plutôt chercher "des amis pour discuter politique".

Mohammed (36 ans), lui, a été séduit quand la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, est venue soutenir une grève de la faim dans son usine. Ouvrier chez DHL, la société de courrier express, à Roissy, il se revendiquait jusqu’alors "naturellement de gauche mais apolitique". Le délégué CGT attendra encore quelques mois pour prendre sa carte au parti. Après une action à la Romainville, une pâtisserie industrielle "où les ouvriers travaillaient dans des conditions moyenâgeuses", il est interpellé par la police. Et libéré sur intervention du PCF.

"J’en ai eu plein les yeux comme un enfant. J’ai compris que la seule action syndicale ne suffisait pas", raconte-t-il. Du parti, il dit apprécier les valeurs humanistes, la défense des immigrés ­ "comme aucun parti ne l’a fait" ­ et les "actions concrètes sur le terrain".

C’est au soir du 29 mai, après la soirée électorale et la victoire du non au référendum, que Muriel a pris sa décision. Présidente d’une régie de quartier à Montreuil, fonctionnaire au Trésor public, cette mère de 49 ans avait animé un collectif du non sur son lieu de travail. Mais elle manquait de formation, d’un discours politique "sérieux" . "Je me sentais trop légère", admet-elle.

Elle trouvait les communistes montreuillois "ouverts", "en parfaite harmonie avec ses idées d’égalité et de fraternité". Et, plus important encore à ses yeux, "sans volonté de pouvoir". Depuis, Muriel sent que son engagement l’a changée : "Je vais plus au bout des choses", assure-t-elle.

Ahmed est venu "par révolte". Ouvrier chez PSA-Peugeot-Citroën, ce fils d’immigré djiboutien avait toujours voté communiste mais il ne voulait pas s’engager au-delà de son mandat syndical à la CGT pris en 2001 .

"SUR NOS PLATES-BANDES"

Quand, voici six mois, un autre délégué l’a invité à une réunion politique, il s’est laissé entraîner, pensant aller écouter le PCF. Il s’est retrouvé au milieu de militants de Lutte ouvrière.

"Ils parlaient de communisme, collaient au parti tout en le critiquant", se souvient-il, encore "estomaqué". "J’ai réagi en adhérant -au PCF- le lendemain : je ne supportais pas que d’autres groupuscules marchent sur les plates-bandes du Parti communiste." Depuis, il a fait du recrutement son dada. "Il ne faut pas abandonner les portes des usines à la LCR ou à LO. Pour convaincre les ouvriers, il faut leur expliquer qui sont les vrais communistes", continue le nouveau militant, qui dit avoir "feuilleté pas mal de brochures pour assurer".

"Le PCF, c’est ringard", s’est entendu répondre Elise quand elle a dit à sa mère qu’elle s’était inscrite sur le site Internet des communistes. La lycéenne de 17 ans est pourtant persuadée que c’est le parti qu’il lui faut après avoir répondu à "Polytest ", questionnaire qui vous dit "de quel parti vous êtes le plus proche" : Elise avait "le profil PCF". Elle a donc acheté L’Hum anité , l’a lu avec plaisir : "Je trouve ça drôle et pertinent sur l’analyse du capitalisme."

La lycéenne raconte qu’elle aimerait que "les choses changent vite, mais c’est peut-être un rêve de petite fille". Et explique qu’elle veut s’engager parce qu’elle en a "marre de cette société". Elise prendra sa carte dès qu’elle aura rencontré le secrétaire de section d’Aulnay-sous-Bois. Malgré les railleries de sa mère.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Le Monde, journal, centre-droit, a publié cet article, cela ne m’étonne guère : il a utilisé les exemples les plus stupides afin de ridiculiser et discréditer le sérieux de la vague d’adhésion au PC. Des personnes qui adhèrent suite à un test, par influence, etc ... mais pas par motivation profonde. Des personnes sectaires (qui considèrent que le seul vrai parti communiste, c’est le PCF), des personnes creuses et superficielles, qui adhèrent à un parti comme on achète un paquet de pâtes, en ironisant sur l’anti-capitalisme, en n’en comprenant pas le sens et en le considérant comme un rêve de jeunesse, une chimère.

    Bref, un portrait des adhérent-es au PC absolument ridicule pour un article orienté qui fera bien rire les réacs de tous poils.

    Eïnte.

    • On peut bien sûr se dire que cette vague d’adhésion dans des partis de gauche va dans le sens souhaitable d’une repolitisation de la société, certes.... Mais pour moi une question essentielle demeure, celle de la DEMOCRATIE interne à ces organisations. Souvent la tentative d’émancipation se heurte à la confiscation de la parole par le "professionnel" de la politique, le porte-parole institué, et le militant de base s’échinera à tracter, convaincre, coller..... tandis que les décisions les plus importantes se prendront sans lui. Sans parler des difficultés à définir un projet claire de société : social-démocrate ??? anticapitaliste ???? réformiste radical ??? révolutionnaire ????? anti-libéral ??? généralement à défaut d’idées on reste dans une confusion peu salutaire.

    • j’y réfléchi moi aussi... , mais j’ai toujours du mal à rentrer dans une organisation... Trop de déceptions... à l’UNL ,la FIDL, SOS RACISME, L’UNEF... (des organisations que je déconseille fortement !!!). Je me demande si la solution ne passe pas aussi et surtout par la décroissance de notre économie. Étant délégué syndical "CGT" dans mon entreprise, je mesure la difficulté des personnes à "décoloniser leur imaginaire" ( Serge Latouche ! ) autant chez les militants "de bases" que chef les "têtes". Je remarque que l’on s’enferme dans une réflexion qui ne prend pas en compte la donnée environnementale... Un réflexion qui considère les ressources de la planète comme illimités ou qui sont toujours dans cette croyance de la "technique" et de la "science" pour remédier aux problèmes que nous sommes en train de créer par notre niveau absurde de développement et de consommation ( au détriment de 80 % de la planéte !! ) ... D’autres formes de développement existent ...et ne sont pas forcément économique...

      Je suis tombé dans mes reflétions militantes sur une réflexion qui remet directement en cause la croissance économique de nos société occidentales, par une "décroissance soutenable" de celle-ci afin d’arriver, ( et d’urgence !! ) à un niveau de vie qui respecte , l’écosystème , la biodiversité, la nature... et surtout qui laisse aux générations futures les mêmes chances que nous.

      Est ce que ces organisations PCF et LCR auront le courage d’avoir cette réflexion et d’avoir ce travail sur eux pour, remettre en cause leurs modes de travail, adopter la " simplicité volontaire" et arriver à la "convivialité"... ?

      J’en doute ... mais je considére que le combat doit etre aussi politique ... en changeant absolument notre manière de faire et de vivre son engagement politique... en donnant du sens aux choses.

      " vivre simplement pour d’autres puissent simplement vivre " et " changer en soi ce que l’on veut changer autour de soi "

      guevara

    • Je comprends les interrogations posées. Je suis aussi CGT, et j’ai adhéré à ATTAC pour faire de la politique autrement. Je ne fais pas de pub pour mon association, mais je suis sur que cette association pourrait correspondre à ce que tu cherches.

      Cordialement.

      André

    • Intéressant, le PCF... dans son domaine de compétences : le capitalisme, appelé aujourd’hui libéralisme.

      Mais de là à adhérer... reste un lourd passé :

       démocratie interne ? (le stalinisme, non merci)

       racisme ?

      Et un lourd présent : les préoccupations écologiques sont, si elles existent, peu mises en vedette.

      La truie qui doute

    • si tout est bon dans le cochon c’est moins vrai dans la truie............ ; ;
      on peut reprocher beaucoup de chose au PCF mais de racisme.... camarade truie un petit effort et un epu de sérieux..

  • Je trouve plutôt réjouissant qu’un parti de gauche comme le PCF renforce ses rangs, qui plus est avec de nouveaux militants à la recherche d’un véritable engagement. Cet élan, cette envie d’agir révélés le 29 mai constituent une occasion unique de faire avancer la question du regroupement de la gauche. Qu’attendent véritablement ces nouveaux adhérents au PCF ? A lire leur témoignage, ils souhaitent visiblement participer à une démarche d’ouverture.
    En Allemagne, en Italie, la gauche a compris l’intérêt de la mise en commun des idées et des forces. Chez nous il manque quelqu’un pour en prendre concrètement l’initiative.

    Valérie