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TOUTES LES PRISONS SONT LAIDES

Publie le dimanche 30 octobre 2005 par Open-Publishing
6 commentaires

Les mots France, français, française qui figurent dans le rapport authentique ont été ici abusivement remplacés par Cuba, cubain, cubaine...

de Maxime Vivas

1) Un rapport dénonce l’état des prisons cubaines.

(Reuters) octobre 2005. Les 185 prisons cubaines sont dans un état de surpopulation et d’hygiène dramatique pour les détenus, des conditions qui sont aggravées par la politique du gouvernement, estime l’"Observatoire international des prisons" (OIP) dans un récent rapport.

"La dégradation de la situation des prisons résulte de choix politiques", a estimé Patrick Marest, délégué national de l’OIP, lors de la présentation de ce rapport.

Le taux de suicide en détention (115 morts en 2004) est 6,4 fois plus élevé que la moyenne cubaine, les soins médicaux sont insuffisants, voire inexistants, alors que 70% à 80% des détenus souffrent de troubles psychiatriques et qu’un tiers sont toxicomanes à leur entrée en prison, souligne le rapport.

Les incidents collectifs ont augmenté de 155% en cinq ans et la violence, qui devient monnaie courante en prison, est de plus en plus sanctionnée par des placements en quartier disciplinaire (le "mitard"), procédure jugée arbitraire par l’OIP.

L’organisation non gouvernementale estime que le gouvernement cubain a tort d’axer sa politique sur un recours accru à l’incarcération.

La population carcérale cubaine était de 57.163 personnes au 1er octobre pour 51.144 places, soit un taux d’occupation de 112%. En 2002, le gouvernement avait annoncé un programme de construction de 30 nouvelles prisons d’ici à 2007.

TOUT CE QUE VOUS VENEZ DE LIRE EST (PRESQUE) VRAI, sauf que les mots France, français, française qui figurent dans le rapport authentique ont été ici abusivement remplacés par Cuba, cubain, cubaine qui n’ont rien à voir dans cette étude (sinon, Le Monde nous aurait averti). C’est de notre beau pays des Droits de l’Homme qu’il s’agit.

2) Les Etats-Unis restent la plus grande prison du monde.

(AP) 27 juin 2005. Avec deux millions de détenus, soit 714 prisonniers pour 100.000 habitants, les Etats-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé du monde, devant la Russie et le Belarus, selon les chiffres publiés par le « Centre international des études carcérales » de l’université londonienne King’s College.

Les Etats-Unis occupent la première place de ce classement depuis l’an 2000.

Sur les neuf millions de personnes emprisonnées à travers le monde, plus de deux millions (soit 22%) sont derrière des barreaux américains.

La Russie a le taux d’incarcération le plus élevé d’Europe avec 550 détenus pour 100.000 habitants, devant le Belarus (532/100.000) et l’Ukraine (416/100.000). L’Afrique du Sud a le taux le plus élevé du continent africain (413/100.000) et le Surinam celui d’Amérique du Sud (437/100.000).

3) Conditions de vie épouvantables.

Quant au « Centre international d’études pénitentiaires », il révèle que les pires conditions carcérales du monde se trouvent notamment dans les systèmes pénitentiaires d’Europe Centrale et de l’Est et d’Asie Centrale. Les bâtiments en ruine, les conditions de vie épouvantables et les niveaux de surpeuplement choquants ont fréquemment entraîné le « Comité du Conseil de l’Europe pour la prévention de la torture » à décrire le traitement des prisonniers dans nombre de ces pays comme inhumain et dégradant. Les conditions d’incarcération font courir de terribles risques à la santé de ceux qui sont envoyés en prison.

4) Les diversions d’Averell Ménard.

L’association Reporters sans frontières, qui ne sait rien des prisons US, nous renseigne régulièrement sur celles de Cuba.

A Paris le 10 octobre 2005, devant le siège de l’UNESCO où le ministre des relations extérieures cubain, Felipe Perez Roque faisait entendre la voix des pays pauvres face aux USA, les maigres troupes de Robert Ménard déguisées en Averell Dalton tapaient sur des gamelles pour alerter la foule sur l’enfer carcéral cubain. Sur le site de RSF, un communiqué était alors assorti de sous-titres qu’on croirait écrits pour Guantanamo et Abou Ghraib « La mort, seul soulagement » et « Abus et humiliations ». Quasiment de la torture, quoi.

5) Que dit Amnesty International ?

Torture ? Plusieurs rapports des années précédentes d’Amnesty International nous renseignent. A la page « Torture, continent américain », nous trouvons 22 pays répertoriés : Argentine, Bahamas, Belize, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Equateur, USA, Guyana, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Paraguay, Pérou, Suriname, Trinité et Tobago, Uruguay, Venezuela.

Nous lisons bien : Cuba n’y est pas. Par contre (et pensons à cette fable de la paille dans l’œil du voisin et de la poutre dans le nôtre) pour l’Europe, nous trouvons une kyrielle de grands pays comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la France(1).

Sur Internet, le rapport 2005 d’Amnesty nous fournit un nombre important d’« entrées » pour Etats-Unis d’Amérique en tapant « torture », tandis que Cuba ne figure toujours pas sous cet item.

6) Certes, mais les prisons cubaines ?

Il y a fort à parier que des critiques légitimes peuvent être formulées : état des cellules, qualité de la nourriture, heures de promenades et de parloirs, relations avec les gardiens, etc. Mais pourquoi se limiter aux prisons cubaines ? A cause de leur prolifération ? Du nombre anormalement élevé de prisonniers (« Goulag tropical ») ? Sur ce point aussi, les chiffres qui suivent vont surprendre. Mais d’abord, quelques mots pour contextualiser le sujet.

Dans tous les pays du monde (et à plus forte raison dans ceux du tiers-monde), les tentations sont grandes pour une frange de la population de recourir à des expédients qui conduisent sous les verrous. Les Cubains n’étant pas des surhommes, la délinquance commune existe, stimulée par la pauvreté.

N’importe quel désoeuvré qui consent à se vendre à la Section des Intérêts Nord-Américains (La SINA) à La Havane, est assuré de percevoir un salaire confortable. Le moindre opposant qui se déclare journaliste et envoie des informations à Miami contre son pays peut être mieux rémunéré qu’un ministre cubain. Depuis des décennies, et en même temps qu’ils refusent ou limitent les visas d’entrée sur leur territoire, les USA encouragent les sorties de Cuba par piratage, pratique sévèrement réprimée dans l’île, surtout quand elle s’accompagne de prises d’otages (comme en 2003).

Compte tenu du contexte politique (volonté d’agression affichée par la plus grande puissance militaire du monde, blocus), la décontraction n’est pas de mise dans la Justice cubaine.

Pourtant, à lire le rapport du « Centre international des études carcérales », on note que le taux d’incarcération pour 100 000 habitants est plus bas à Cuba que dans nombre de pays qui ne sont aucunement soumis à une menace extérieure mortelle. Il y est de 487/100 000 (contre 714 aux USA, redisons-le), 532 aux Bermudes (possession britannique), 523 à Palau (semi colonie US en Océanie) 490 aux îles Vierges (possession US. dans les Caraïbes).

Cependant, le taux d’incarcération cubain enregistre une fulgurante ascension si l’on prend en compte l’ensemble du territoire de l’île en y incluant Guantanamo (« US tropical Goulag »). Cela n’est pourtant pas suffisant pour ravir aux USA leur titre de champion du monde, même en ne tenant pas compte de leurs prisons réparties un peu partout dans le monde, en Afghanistan, en Irak, sur des bateaux navigant dans les eaux internationales et dans des centres de torture annexes (Jordanie, Egypte, etc.) où la CIA envoie des citoyens capturés n’importe où, y compris en Europe.

7) Des journalistes au cachot(2).

En France, il existe de mystérieux Centres de redressement de l’esprit (dits aussi « Conférence de rédaction ») où nombre de nos journalistes sont conditionnés. Jetés dans le cachot noir de la soumission à l’argent, ils n’en sortent bien souvent (parés d’un bracelet électronique qui leur interdit certains déplacements) que pour se lire entre eux et se répéter. Plus les directives des propriétaires de journaux sont précises, plus nos tâcherons des médias distillent une pensée unique, des vérités tronquée, voire de purs mensonges. Pareils au chien de La Fontaine qui, en échange d’abondantes platées d’os et de maintes caresses, flatte son maître et mord le mendiant, ils oublient que leur cou est pelé par le collier clouté. Ils vantent volontiers la Liberté sans se rendre compte (hum !) que la leur se mesure au nombre de maillons de leur chaîne (déterminé en Conseils d’Administrations de multinationales).

8) Ainsi l’ombre se fait chair.

Pour terminer sur un simple exemple : un article sur les prisons dans le monde peut s’appuyer sur des rapports multiples émanant de documents officiels ou d’ONG ou bien sur un témoignage idéologiquement orienté dans le bon sens. Nos journalistes optent toujours (on trouvera quelques exceptions, mais pas dans les grands médias qui font l’opinion) pour la dernière solution, plus facile et sans danger pour leur emploi : du partial-partiel-sensationnel-émotionnel politiquement correct.

Par suite, les vérités des chapitres 2 et 3 ci-dessus paraîtront suspectes, tandis que ma tricherie du chapitre 1 sera spontanément admise par une opinion publique gavée du même discours décliné par des médias à la fois réceptives à la sainte Parole de la Bourse et auto-intoxiquées jusqu’à démontrer la véracité du proverbe chinois : « quand un chien se met à aboyer à une ombre, dix mille chiens en font une réalité ».

Cela dit, toutes les prisons sont laides.

Maxime Vivas


(1) Sur la torture externalisée par les USA, voir « Les Etats-Unis de mal empire » par Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj et Maxime Vivas, Aden éditions, septembre 2005.

(2) Sur les médias en France et dans le monde, voir également « Les Etats-Unis de mal empire ».

Messages

  • maxime
    tu deconnes à plein tube , c’est pas possible que france, francais , francaise aient été remplaces par cuba , cubain , cubaine , tu oublies que CUBA est un pays à regime communiste alors que la france est une democratie !
    Si ce que tu dis est vrai te rends tu compte des consequences :
    le chomage pour ceux dont le seul travail consiste à denigrer cuba , alors que le nombre de chomeurs en france diminue grace à de villepin !
    la ruine pour ceux dont le fonds de commerce est de salir CUBA , alors que malgré les efforts de villepin il y a de plus en plus de pauvres en france !
    non franchement maxime , ou tu as fumé , ce qui n’est pas trop grave mais a des consequences funestes , ou bien tu es devenu un agent pro castriste qui distille de fausses informations alors que reporter sans frontiere fait tout pour nous eclairer sur la réalité vraie , exacte et indiscutable de CUBA , maxime , là , tu depasses les bornes des limites !!!!
    je t’embrasse maxime et VIVE CUBA LIBRE !
    claude de toulouse.

  • Quel est le sens de cette réalité ?
    Pourquoi la vie sur terre nous donne-t-elle un tel spectacle ?
    Peut-être que tout cela est normal et mon regard ne parvient toujours pas à s’y habituer.
    Snif !
    karim

  • Merci Marxime pour ton analyse de la situation des prisons dans le monde qui met en relief les contrastes dans le traitement de l’information selon qu’il s’agit du pays ami ou du pays ennemi. Tu as sans doute pris un grand risque en remplaçant France par Cuba dans la première partie de ton article. Les préjugés étant déjà assez forts contre Cuba, il y a à parier que plusieurs, y inclu Reporters sans frontière, ne prendront même pas la peine de lire la note expliquant la "tricerie" pour alimenter leur discours anticubain de toutes ces données devenues scandaleuses et intolérables dans le cas de Cuba. J’ose espérer qu’il n’en sera pas ainsi.

    Je vais sûrement m’inspirer des informations qui ressortent des divers rapports auquel tu te réfères pour produire un document favorisant une meilleure compréhension des situations aux personnes de bonne volonté. Les autres, celles qui se confortent dans les préjugés que des gratifications monétaires rendent comme par magi plus raisonnables, ne se laisseront pas vaincre par la vérité et la justice. Comme on dit il faut composer avec ce genre d’information servile aux grands et aux puissants.

    Encore une fois, bravo pour briser le mur de l’ignorance et celui de la mauvaise foi. La vérité, un jour frappera à plein visage, comme un soleil de printemps, ceux et celles qui auront passer leur vie à la déformer et à la cacher.

    Toute information de nature à m’alimenter dans mon projet sera la bienvenue.

    oscar.fortin@gmail.com

    Bon dimanche et à la prochaine

  • Bonsoir,
    Finalement je ne suis pas tellement surprise que les prisons soient si terribles en france- il y a quelques années j’ai vu un reportage sur les prisons de lyon, on se serait cru au moyen âge ! Comment peut on faire pour faire un reportage dans une prison des états unis ?
    anne antomarchi/journaliste montréal.

  • Merci Maxime Vivas, c’est bien de conclure ton article : "Cela dit, toutes les prisons sont laides", car on aurait pu croire que tu justifiais les prisons à Cuba.
    Je suis donc en droit de penser que tu ne justifies pas non plus que le régime castriste mette en prison des opposants non violents et moins encore qu’il ait fait exécuter trois jeunes noirs qui n’avaient blessé ni tué personne.
    Et, pour finir, que tu crois aussi que tous les Cubains devraient avoir le droit à la liberté d’expression, de réunion et de circulation. Donc, que lutter pour que tus les Cubains aient ce droit ne veut pas dire qu’on approuve Bush. Au contraire, que cela veut dire que l’on est contre tous les pouvoirs.
    D’accord !
    O.A.

    • Cette intervention est révélatrice de l’efficacité du travail de dénigrement subtil que Maxime démont(r)e dans sa parodie.

      Le régime castriste est loin d’être aussi répressif que le régime gaullien (du nom de celui qui a créé la Vème république). Il y a 73 "opposants" en prison à Cuba, alors que les opposants actifs, connus et célèbres sont plusieurs centaines. Si l’on enfermait les opposants à Cuba, comment expliquer que ceux-ci n’aient jamais été inquietés ? En fait les 73 n’ont pas été emprisonnés pour leurs opinions mais arrêtés, jugés et condamnés à de la prison pour s’être faits financer et DIRIGER par une puissance ennemie (les USA) qui gère Cuba selon la Loi de guerre dans le but de renverser le système dont les cubainsn se sont dotés démocratiquement (la constitution cubaine a été ratifiée par 96% de la population, il était quand le référendum sur la Vème ?). Selon la loi française, un tel crime est passible de 30 ans de prison !!!

      Pour les 3 condamnés à mort, ils ont été condamné pour piratage des mers. Ils ont pris un bateau de touristes en otage, les menaçant d’armes et voulant forcer le bateau a traverser le dangereux détroit de Floride alors qu’il n’y avait aps assez de carburant à bord. En résumant ces personnes ont mis un couteau sur la gorge du capitaine et de touristes...françaises pour forcer le bateau à s’embarquer dans une aventure qui aurait pu tuer tous les apssagers. Cette action a eu lieu trois semaines après que les États-Unis aient formellement avertis Cuba que l’arrivée de bateaux clandestins en provenance de Cuba était considerée comme une menace à la sécurité des États-Unis, donc un prétexte pour l’invasion militaire.

      Face à cette situation et à ce chantage, Cuba a voulu passer un message fort aux pirates des mers qui mettent en danger la vie des touristes et de la population cubaine qui, quelque soit sont opinion n’a pas envie de jouer les figurants dans l’attaque de Fallujah prise 2. Il a pour cela rompu avec un moratoire sur la peine de mort qui durait depuis 3 ans. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’autres éxécutions depuis.

      Enfin, sur la liberté de réunion, elle est plus grande à Cuba qu’en France. Les cubains se réunissent très fréquemment pour discuter politique, pour débattre de tous les projets de lois qui les affecte. Régulièrement le gouvernement modifie ou abandonne des projets de loi parce que la population estime qu’elle ne les souhaite pas. La population cubaine a le pouvoir de révoquer un élu à tout moment à la majorité simple, c’est ce qu’on appellde la démocratie participative, la vraie, pas le spectacle bouffon des élections françaises.

      Ceci dit toutes les prisons sont laides et les couvre-feu une mesure dictatoriale que Cuba socialiste n’a jamais utilisée même au plus grand des activités terroristes sur l’Ile dans les années 60 et 70.

      Philippe Le Roux,
      Français de naissance,
      Québécois de résidence,
      Cubain de coeur et d’esprit