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LE PASSÉ, LE PRÉSENT, L’AVENIR (réflexion sur un engagement politique)

Publie le lundi 31 octobre 2005 par Open-Publishing
8 commentaires

de Le Yéti

"Il y a un degré d’insomnie, de rumination, de sens historique qui nuit à l’être vivant et finit par l’anéantir, qu’il s’agisse d’un homme, d’un peuple ou d’une civilisation." - Nietzsche

Depuis que j’ai découvert Bellaciao et ses petits cousins du Net, pas une seule journée sans que je "surfe" sur les crêtes de la contestation et des politiques alternatives. Oublié les Libé, les Monde et autres Télérama de la pensée vieillissante. C’est souvent exaltant, jubilatoire, encourageant. À l’occasion, j’y vais même de mon petit mot. Comme maintenant.

Justement, je voulais vous parler d’une petite chose qui me chagrine lors de mes escapades virtuelles : cette propension qu’ont certains à se réfugier sur le passé historique, à le tordre, à l’essorer, le presser, l’écarteler pour en tirer ... Oui, pour en tirer quoi au juste ?

Qu’un quidam rappelle ou évoque un fait historique quel qu’il soit, et voilà nos contemplateurs du passé qui se ruent sur l’occasion, triturent l’événement en tout sens pour en extirper jugements et vérités définitives. Que l’un d’entre eux soit contredit par un autre, et mille nouveaux exemples corollaires seront avancés pour sauver l’opinion attaquée. Les discussions, les indignations péremptoires se poursuivent à n’en plus finir jusqu’à ce qu’on ne sache plus très bien où les protagonistes veulent en venir.

Bien sûr, c’est une banalité de rappeler qu’il faut tenir compte des leçons de l’histoire. Bien sûr, ceux qui s’acharnent à oublier ou à nier un passé délicat (les camps de concentration, par exemple) me semblent infiniment douteux, condamnables.

Mais enfin, l’excès inverse n’est-il pas tout aussi fâcheux ? Cette tendance à en appeler sans cesse à l’Histoire me paraît reposer trop souvent sur une volonté acharnée de condamner. De là à condamner toute action présente, voire même à justifier sa propre inaction, il n’y a qu’un pas que je me refuse à franchir.

Car enfin, nous vivons au présent, nous agissons au présent, pas si longtemps et généralement plutôt en meute. Or, je me fais fort de dégommer en un rien de temps la réputation de TOUS les volatiles de mon escadrille... à commencer par la mienne (de réputation) ! Qui parmi nous, n’a pas une vilénie, une erreur ou une faute passée à se reprocher ? Qu’on les reconnaisse, soit, qu’on en paie la gravité s’il le faut, soit, c’est une étape nécessaire. Faut-il pour autant transformer ces égarements, coupables ou non, en boulets ad vitam aeternam ?

Parlons du futur. Il y a fort à parier qu’il ne sera pas plus sûr, ni plus reluisant que le passé. Les êtres humains, ces incorrigibles prédateurs, finissent toujours par saccager ce qu’ils ont bâti de grandiose.

Et alors ! Est-ce une raison pour rester planter à ruminer ses aigreurs, à gratter ses plaies ou, pire, celles des autres ? Ce qui m’importe, en vérité, ce n’est ni le futur, ni les lendemains qui chantent, mais les châteaux de sable majestueux qu’on dresse au présent, avec exaltation, sans se préoccuper des vagues imbéciles de la prochaine marée. Ce qui me passionne, c’est le grandiose de maintenant, celui que l’on fabrique sans attendre, sans se préoccuper de l’éphémère, avec sa bande d’oiseaux, même éclopées, manchots ou couturés. Comme ceux qui fleurissent en ce moment sur tous les Bellaciao du monde.

Messages

  • Yéti, j’approuve à quatre mains ! Laissons le passé à nos aïeux et le futur à nos enfants, occupons-nous de notre présent, qui urge. Et ne gaspillons pas nos forces, nos talents, ni notre pouvoir à règler des petits comptes mesquins entre les diverses tendances antilibérales.

    Mais contre les marées noires du lbéralisme en folie, on ferait mieux de bâtir des châteaux en bonnes pierres, solides et solidaires. C’est possible, c’est dans nos cordes et dans nos mains. Le sable, il est dans la tête des néos-cons, et il y est bien. Les vents du changement que nous, le peuple, soufflons, se chargeront bien de l’éparpiller.

    Ce n’est pas le pouvoir que nous voulons ! C’est la possibilité de vivre en paix, ensemble, décemment, dignement et librement. Et nous l’obtiendrons.

    Absinthe

  • Certes, tu as raison "il ne faudrait pas remuer le passé dans tous les sens" ou "les plaies", appelons cela comme il nous chante mais il faut aller plus loin, il s’agit de ne pas faire la sourde oreille dès lors que des utilisations frauduleuses - et elles sont nombreuses et multiples - pour des raisons de pouvoir, d’intérêt ou de protection se taillent une part de chemin sur ces difficiles sentiers que constituent la pensée historique.

    Bla, bla, bla ? Non ! je veux dire par là que lorsque Mr Douzte Blazy fait de l’ignorance en Angleterre s’étonnant, mais alors là presque stupéfait, qu’il n’était pas au courant que durant la seconde guerre Mondiale il n’y avait pas de persécutions à l’égard du peuple juif en Grande Bretagne... Une telle lacune historique laisse présager bien des gouffres pédagogiques... Cela peut aller très loin, certains estimeront qu’il aurait fallu aider l’Angleterre à organiser des raffles comme ce fut le cas dans cette France "habituée", qu’on ne comprend toujours pas comment l’Angleterre échappât aux contraintes nazies...

    Douzte Blazy n’est peut-être pas un historien, peut s’en faut, mais le visage historique qu’il donne à la position de l’Angleterre dénote un manque de conscience sincère mais impardonnable quant à sa fonction et aux interprétations abusives que son manque de connaissance pourrait engendrer dans certains milieux français...
    Donc, il ne faut pas se tromper en histoire sans quoi nous aurons à subir des politiques au plus près du pire que nous connaissons actuellement !
    Sinon t’as raison et continues, l’expression libre est le "dazibao" de demain, camarade !

  • Cher Yéti,
    C’est un message parfait pour trouver le courage de prendre en main sa propre vie, dans toutes les petites choses du présent.
    Nous sommes tous tricotés de talents multiples et de noires faiblesses. L’histoire détricote pour défaire les noeuds et trouver le bon bout. Attention, concentration.
    Sélectionnons les bons filons de l’histoire : les droits de l’homme, la non-violence, le respect de la planète, la solidarité, l’amour, l’émerveillement.... damned ! V’la pas qu’je vire mystique !
    La Vieille Rose

    • ö vieille Rose,

      dès lors que tu parles de "noires faiblesses" tu nous replonges dans un passé si oublié que nul ne se rend compte combien il est présent dans tout, dans des hotêls-crématoires et des tonnes d’autres etc... etc...

      D’abord ! il faudrait que les mots ne nous condamnent pas au bégaiements des passés les plus cachés, qu’ils ne nous y enferment pas à perpet. Ceux qui sont des plaies non refermées... non pas parce que les porteurs de ses plaies se les grattent eux-même mais parce que chacune de nos vieilles expressions (entre autreS) rend impossible les cicatrisations.

      Inventons le langage de demain, un langage où nul ne domine l’autre, où les bonheurs ne sont pas tous blancs et les faiblesses ou les bassesses pas toutes noires...

      Les vieilles roses piquent sans le vouloir nos noirs espoirs...

      Lila Indigène de la République

    • Je ne replonge personne, chère Lila, dans ses noires faiblesses... Chacun accroche aux mots ses propres casseroles. Ma noirceur, noire soeur, ne m’empêche pas de voir le soleil. Black is beautiful, disait-on.
      On le disait d’ailleurs aussi de "small", ce qui nous ramène aux propos de notre Yéti des neiges éternelles et des légendes indélébiles.
      La Vieille Rose

  • Cher Yeti,

    Hegel disait : "L’histoire nous apprend que jamais l’homme n’apprend rien de l’histoire !"

    Et François Mitterand : " L’avenir est fait d’un long passé !"

    S’il ne faut pas vivre dans le passé, il est important de ne pas l’oublier... Ce sont ceux qui nous ont précédé qui on construit notre présent pendant des siècles....

    Actuellement, nous sommes en train, en quelques décennies, de détruire tout ce qu’ils nous avaient acquit

    Je suis à un âge où l’on vit au présent , mais je lutte pour les générations qui suivent...

    Nous retournons au 19° siècle. Quel avenir leur avons nous préparé ?

    Amicalement

    Michèle

    • Ce n’est pas le pouvoir que nous voulons ! C’est la possibilité de vivre en paix, ensemble, décemment, dignement et librement. Et nous l’obtiendrons.

      Absinthe,

      le seul Probléme que j’ai avec ca ,c’est la téorie de l’oeuf ou de la poule .
      comment sans pendre le pouvoir,pouvons nous obtenir la possibilité de vivre en paix etc ..
      devant un pouvoir qui n’a comme but que justement le contaire de tout ca ?

      Ramo’s ze clown

  • Le passé, c’est comme un rétroviseur sur une bagnole.
    C’est très utile à condition de ne pas nous empêcher de voir la route.
    Et la route, elle est devant.
    Avis à ceux qui, à force de se focaliser sur les étoiles jaunes d’hier (qu’il ne faut pas oublier) ne voient pas celles d’aujourd’hui, et pour cause : ce ne sont pas des étoiles, et elles ne sont pas jaunes.
    Comme ceux qui n’ont rien vu venir dans les années 30 et 40, nous nous demanderons un jour comment nous avons pu être aussi aveugles.
    Oublier le passé est dangereux. Mais se laisser fasciner par lui ou tenter de l’instrumentaliser peut conduire aux mêmes catastrophes.
    MC