Accueil > Irlandais de Guingamp : faisons le point

Irlandais de Guingamp : faisons le point

Publie le dimanche 6 novembre 2005 par Open-Publishing

Vous avez peut être oublié, pas eux !

Deux ans après qu’est devenue l’affaire des « Irlandais de Guingamp » ?

Le mardi 4 novembre 2003, à 6 heures du matin, la Division Nationale Anti-terroriste (D N A T) intervient chez 5 personnes à Guingamp.

A peine l’information diffusée et le nom des personnes concernées connu, c’est un choc dans le milieu socioculturel local.

Chacun appelle ses amis pour savoir s’ils sont touchés par les arrestations. Après les perquisitions de leurs domiciles respectifs les personnes interpellées sont immédiatement transférées à Rennes et mises en garde à vue.

Mercredi 5 novembre, après l’affolement de la veille, les familles, leurs amis et les associations concernées par les arrestations se concertent et décident d’organiser le soir même un rassemblement de protestation devant le commissariat. 200 manifestants et beaucoup de CRS sont présents, l’ambiance tendue. Rendez-vous est pris au même endroit, à la même heure le lendemain puis tous les soirs jusqu’à leur libération. Après la manifestation, un comité de soutien se met en place.

Dans la soirée, on apprend que deux personnes sur les cinq viennent d’être libérées.

Le lendemain jeudi 6 novembre : cinq cents personnes se rassemblent devant le commissariat toujours dans le calme. Nous apprenons que les trois dernières personnes concernées ont été transférées de Rennes à Paris. On sait déjà qu’à l’issue de leur garde à vue, qui se termine le samedi à 6 heures, elles seront présentées au juge d’instruction anti-terroriste Gilbert THIEL.

Vendredi 7 novembre : la mobilisation quotidienne prend de l’ampleur : 800 personnes.

Samedi 8 novembre, à partir de 9 heures, les trois derniers gardés à vue sont présentés au juge. Pour deux d’entre eux cela se passe au palais de justice de Paris. Pour le troisième, hospitalisé à l’hôtel Dieu à la suite d’un malaise sérieux, le débat contradictoire aura lieu à l’hôpital. Le juge, le substitut du procureur et son avocat « se sont transportés » dans sa chambre alors qu’il était encore sous perfusion. Le juge décidera de les mettre en examen mais de les laisser en liberté sous contrôle judiciaire. Le substitut du procureur (1) représentant de l’accusation voulait les placer en détention.

Ils seront libérés les uns après les autres, le dernier devra attendre une autorisation du chef de service de l’hôpital où il avait été transféré pour la fin de sa garde à vue. Ils seront de retour à Guingamp le soir à 20 heures 42 à la gare où 300 personnes les attendent.

Une nouvelle fois la raison d’Etat avait frappé en Bretagne. En voulant donner des gages de bonne volonté à AZNAR et BLAIR (2), les dirigeants français ont méprisé une partie de la population qui se trouve à l’extrême ouest de l’hexagone en les traitants de bouseux malfaiteurs. Souvenez-vous, dès le mardi et cela avec la complicité d’une partie des médias qui ont une nouvelle fois jeté la présomption d’innocence aux orties en publiant les noms des gardés à vue et la photo de l’un d’entre eux. Heureusement que devant l’absurdité et les incohérences des accusations et la forte mobilisation spontanée le ton a changé dès le lendemain. .

Trois semaines plus tard, le samedi 22 novembre, cinq mille personnes venues des cinq départements bretons apporteront leur soutien aux trois mis en examen.

Deux ans après, où en sommes nous de cette affaire ?

En deux ans, chacun d’entre eux a été entendu deux fois, par le juge d’instruction trois petits quarts d’heure à chaque fois. Autant dire que la justice très pressée de les accuser au mois de novembre 2003 l’a été beaucoup moins pour confirmer les accusations ou les laver de tous soupçons pendant tout ce temps.Et puis le juge Thiel a annoncé qu’il avait clos l’instruction et le dossier a été transmis au procureur qui devra dire s’il faut poursuivre ou pas.

Pendant toute ce temps la justice leur a infligé une condamnation de fait : le contrôle judiciaire. A un degré moindre suivant l’individu. Aujourdhui, l’un d’entre eux, Bernard le Gac est toujours contraint de se présenter à la gendarmerie deux fois par mois. Il n’a toujours pas le droit de voyager à sa guise puisqu’il ne peut pas quitter l’hexagone. Des contraintes qui les empêche de reprendre une vie normale, d’oublier les accusations qui ont été portées contre eux publiquement sans l’ombre d’une preuve. Le plus dur pour eux c’est l’attente angoissante de l’issue de cette affaire. Deux ans qu’ils attendent sans savoir à qu’elle sauce la justice va les accommoder.

Une nouvelle fois une justice très spéciale a fabriqué son « association de malfaiteur dans une entreprise terroriste » puisque c’est pour ces motifs qu’ils ont étés mis en examen : Les accusations qui ont été portés contre eux le 4 novembre 2003 n’ont jamais été démontrées ni infirmées.

Il faut aujourd’hui mettre un terme à cette parodie de justice et tout faire pour que cette trop longue attente s’arrête.

(1) Le substitut de la quatorzième section anti-terroriste s’appelle Monsieur Fabrice BURGAUD. Au mois de novembre 2003 il vient d’être nommé à ce poste après sa « prestation » ( multiplications des détentions abusives comme magistrat instructeur) dans l’affaire d’OUTREAU avec le résultat que l’on connaît.

(2)Une des premières dépêches d’agence de presse (mardi 4 novembre) écrit que la Bretagne est la plaque tournante du terrorisme européen et cite notamment l’IRA et ETA