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Le poisson pourrit toujours par tête : le cas français (pas zaz)

Publie le lundi 14 novembre 2005 par Open-Publishing

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Crise d’abord dans "24 heures chrono", crise ensuite dans les banlieues : nous étions déjà inquiets pour les Etats-Unis depuis la saison 3, nous le sommes pour la France maintenant. Bien sûr, ça "flottait" sous Bush, mais avec le président David Palmer on ne sait plus du tout à présent où les choses vont aller, même si Jack Bauer garde apparemment la situation under control. En France, il faut le constater, nous sommes dans un scénario très similaire depuis plus de 18 jours.

Résumé des précédents épisodes : le président Chirac résistera-il à la bourrasque ? Nicolas Sarkozy (Ti pon ! ti pon ! ti pon !) restera-t-il l’homme-lige de la lutte ès crame urbaine des bagnoles et maternelles ?

En guise de contre-feu intelligent, Jacques chirac a invoqué à la télé l’égalité des chances républicaine : la première mesure conséquente de ce gouvernement sera de donner un vrai métier à tous les "sauvageons" qu’on spécialisera avec profit dans la préparation du boudin blanc, le rempaillage des chaises, la vitrerie, le moulage-rémoulage, le fritage des frites et le roulage manuel du bon coucous-merguèzes...

Oui, car il faut le savoir, la France est présumée diablement égalitaire en matière éducative et sociale. c’est son point super fort. Si c’est vrai, il va falloir vachement la réveiller et lui faire boire une grosse dose de café pour l’exciter.

Sauf que, dans les faits, ce n’est pas vrai. Aussi loin qu’on remonte, la France n’a jamais été le moins du monde égalitaire. En vérité, comment a-t-on réussi à faire accroire aux Français qu’ils vivaient dans un monde qui aurait cette visée ? tout l’effort du pays depuis toujours a été de fabriquer des officiers supérieurs.

A l’issue de la Révolution française il a fallu un siècle et trois révolutions supplémentaires (1830, 45 et la Commune) pour qu’on file aux ploucks l’enseignement primaire obligatoire, un demi-siècle en plus pour que les ploucks accèdent au secondaire, deux décennies encore pour qu’ils entrent dans le supérieur.

Nos dirigeants ont joué le containment puis le contournement : Qu’importe que les ploucks soient à l’université, du moment que l’aristocratie disposait encore pour elle des Grandes écoles : HEC, Normale sup, Centrale, Science po, etc, etc. vous en connaissez la litanie. Les Grandes écoles sont les pourvoyeuses-maquerelles qui permettent par leur label de ventiler les gros fromages et les pactoles (le jeu y est officiellement démocratiquement ouvert, un plouck transfuge s’en sort une fois tous les 20 ans : au total c’est pas gênant.)

Prenez Sciences po Paris : vous y rajoutez le monopole nouveau de la formation des journalistes en France, le monopole invraisemblable de pouvoir inviter madame Condolezza Rice ! vous trouvez ça un tant soit peu normal ?

Les grandes Ecoles sont essentielles au système dans la répartition ponctionnaire des ressources et des valeurs. Le poisson France a fini par pourrir par la tête. Dans cette société discriminatrice, inégalitaire et du mépris, pour dire les choses comme elles sont, tout est bon pour ceux qui ont de préserver leur acquis contre ceux qui n’ont pas. Les classes administrative, politique, entrepreneuriale, artistique, intello refilent à leurs gniards et gniardes leurs prébendes accaparées.

Le plus prosaïque s’ajoute au plus sophistiqué. Vous avez pu voir dans un téléfilm, voici quelques jours, jouer à la fois le père, la fille et le fils, vous avez même entrevue la fille d’un Premier Ministre.

Oui, quelque chose est pourri dans le royaume où nous vivons.

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA (et pour la démocratie avancée)
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