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Intermittents, directs hier soir

Publie le vendredi 4 juillet 2003 par Open-Publishing

Nous avons eu droit à deux interventions, hier soir, en direct sur la 2 et
la 6, en faveur des intermittents du spectacle. En voici les textes,
faites-en bon usage (le deuxième est nettement plus intéressant).

Hier soir, les intermittents devaient se rendre sur le direct de Drucker,
pour le centenaire du Tour de France, sur la place de l¹Hôtel de Ville.

Jean Voirin, secrétaire général de la CGT spectacle :

" Voilà... Depuis maintenant des semaines, les artistes, les techniciens et
les réalisateurs, ainsi que les ouvriers qui travaillent par intermittence
expriment leur inquiétude à propos de leur avenir professionnel et plus
largement à propos de nos capacités à produire de la culture. Le 26 juin
dernier, un accord a été signé au sein de l¹Unedic par des organisations
minoritaires qui remettent gravement en cause leur existence même. Selon le
chiffrage même de l¹Unedic, ce sont 23% d¹entre eux qui risquent, si cet
accord est agréé par le gouvernement, d¹être exclus de toute assurance
chômage. Selon nos chiffrages, ce sont plus de 35% qui seraient contraints
de quitter leur métier. Alors... je sors à l¹instant même de négociations
avec le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon ; je réitère mon appel
 : il est temps... il est temps de sortir de cette situation, il faut que cet
accord, qui est un mauvais accord, et y compris qui remet en cause les
spécificités de nos professions ; il est encore temps de se remettre autour
de la table, de renégocier afin d¹assurer la survie de nos professions et
celle de la culture dans ce pays. J¹en appelle donc à Jean-Jacques Aillagon
et à Fillon, nous sommes disponibles à tout moment, il est encore temps...
Je rappelle que, à compter du 8, nous appelons à ue grève générale
reconductible et il faudra bien que le gouvernement prenne ses
responsabilités. Nous ne prenons personne en otage, ce sont les
professionnels qui sont pris en otage par cet accord qui casserait nos
professions et qui casserait y compris nos capacités à produire et à créer
dans ce pays. "

2e intervention, Benjamin Castaldi (A la recherche de la nouvelle star, en
direct sur M6), qui avait dit un mot en faveur des intermittents la semaine
dernière, laisse volontiers la parole à deux membres des Précaires associés
de Paris, un homme que nous appellerons H et une femme que nous appellerons
F, désolée, je n¹ai pas entendu leurs noms :

F : Merci de soutenir les intermittents.
B. Castaldi : Ils vous soutiennent hein... [Applaudissements du public]
H : " Le gouvernement s¹est trouvé une nouvelle cible. Après les chômeurs de
Danone, MetalEurop, Daewoo et Advantis, après les esclaves de Mac Do et de
Frog, après les décentralisés de l¹Education, après les retraités sans
retraite, avant les RMAstes, de nouveaux salariés sont mis sur la touche.
F : Le Medef et trois syndicats minoritaires, CFDT, CFTC et CGT [Erreur de
l¹intervenante, il s¹agit bien entendu de la CGC, la CGT étant un syndicat
majoritaire dans le spectacle] ont signé le 27 juin un accord qui saccage le
système des assurances chômage des artistes et techniciens de l¹audiovisuel
et du spectacle.
H : Les intermittents du spectacle travaillent, ils cotisent, et dans ce
cadre-là, ils perçoivent des allocations dans les périodes de chômage, comme
tous les autres salariés. Mais leur métier ne fonctionne que de contrat en
contrat, à durée déterminée, avec employeurs multiples, ils sont par essence
intermittents et précaires. L¹indemnisation de chômage compense alors cette
flexibilité et cette disponibilité, elle permet aussi aux artistes d¹écrire,
de répéter et de préparer des spectacles. 50% des salariés du spectacle ne
perçoivent pas d¹indemnités car ils n¹atteignent pas le seuil fatidique des
507 heures et une bonne part des autres touchent moins que le SMIC.
F : Cet accord que le gouvernement s¹apprête à agréer exigera de travailler
plus pour être indemnisé moins longtemps, voire plus du tout pour un tiers
des intermittents du spectacle. Il ne correspond en aucun cas à la
spécificité de nos pratiques, il exige une régularité de l¹emploi
incompatible avec la discontinuité de nos pratiques professionnelles.
H : Cet accord désastreux va précariser plus encore ceux qui ont déjà du mal
à vivre de leur métier. Les employeurs qui profitent véritablement de ce
système, productions ou chaînes audiovisuelles rémunérant comme
intermittents des gens qui travaillent à l¹année, pourront continuer en
toute impunité car rien dans cet accord n¹est prévu pour empêcher les abus
de cette nature.
F : Précariser des artistes et des intermittents, c¹est interdire
l¹expression culturelle et artistique, empêcher la création, tuer la
richesse culturelle, aliéner les consciences.
H : Cet accord n¹est pas là par hasard. Il s¹inscrit dans un système
économique mondial qui vise à nous soumettre tous aux lois du marché. Le
régime des intermittents est la base possible de droits nouveaux pour tous
les précaires. C¹est pour cette raison essentielle qu¹il est remis en cause
à ce jour.
F : Les théâtres se mettent en grève, les tournages sont arrêtés, les
festivals annulés, c¹est un avant-goût du paysage qui risque d¹être le nôtre
demain si nous ne luttons pas ensemble aujourd¹hui.
H : Nous appelons à la mobilisation du plus grand nombre, une assemblée
générale aura lieu demain [vendredi 4/07] à la Grande Halle de La Villette,
à 14h00. Merci.
F : Merci. "