Accueil > Latifa discriminée, Latifa humiliée…

Latifa discriminée, Latifa humiliée…

Publie le vendredi 4 juillet 2003 par Open-Publishing
2 commentaires

Le Ministère du Travail vient de confirmer le refus de l’Inspection du Travail du licenciement de Latifa Abed, déléguée syndicale CGT de Maxi-livres et militante du Réseau Stop Précarité, en reconnaissant de fait la discrimination syndicale.

RAPPEL DES FAITS.
Pour éliminer définitivement Latifa Abed, 37 ans, mère de 2 enfants, déléguée syndicale CGT hyperactive des magasins Maxi-livres, la direction de cette chaîne de plus d’une centaine de points de vente en France, n’a pas hésité, 15 jours avant la Noël 2002, à fermer le magasin que Latifa avait elle-même ouvert 13 ans auparavant dans le Centre commercial de Montreuil - juste en face du Siège national de la CGT - au prétexte fallacieux d’une soudaine non rentabilité.

S’en est suivi pour l’interessée, et pour ses collègues vendeuses sacrifiées sur l’autel de la répression, un licenciement économique dont elle a toujours contesté le bien-fondé, suite à des propositions de reclassement bidon, la licenciée devenant au passage licencieuse. En effet, dans des tracts émanant…des bureaux de la direction, Latifa se retrouvait accusée, en cas d’acceptation de reclassement, de menacer l’emploi des salariés dont elle serait amenée à prendre le poste selon les termes de la loi !

RÉSISTANCE.
Ces 4 salariées ne se sont jamais laissées faire et malgré les tentatives de division et les pressions de toutes sortes dont elles ont été l’objet, elles sont toujours restées solidaires et unies.

Se sont enchaînées grève de plus d’un mois, occupation de leur magasin, manifestations dans le Centre commercial et au-dehors, actions communes avec les grévistes d’Arcade et de Mcdo, pétition, soutien de nombreuses personnalités ( dont O.Besancenot, A.Laguillier, JP Brard… ), concert, articles de presse. Autour d’elles, s’est rapidement constitué un comité de soutien composé de militants de différentes étiquettes (CNT, CGT, SUD, LCR, etc…). Elles ont en outre bénéficié de l’appui du Réseau Stop Précarité dont Latifa est une membre active.

On ne peut que regretter l’attitude de la Fédération CGT Commerce puisqu’au-delà des déclarations d’intention, les deux trois jours de mobilisation et d’indignation passés, aucune action cohérente n’a été intenté par la Fédération pour empêcher ce désastre et entraver le cours des choses alors que ça se passait juste de l’autre côté de la rue. Mais cela n’étonnera plus personne.

Comme pour le conflit Mcdo, le dossier de Latifa est directement suivi par le Service juridique de la Confédération CGT, la Fédération Commerce se révélant incapable de prendre en charge concrètement leur défense, ce qui laisse entier le mystère sur son utilité et sa raison d’être.

DOMMAGE POUR LA DIRECTION DE MAXI-LIVRES.
Rapidement, l’inspection du travail refusait le licenciement de Latifa, reconnaissant le fait de discrimination syndicale. La direction n’avait plus d’autre choix que d’entamer un recours auprès du Ministère du Travail pour casser la décision de l’inspection.

Entretemps, Latifa se morfondait chez elle, étant, selon les propres termes du PDG de Maxi-livres, "assignée à résidence". Moins les avantages afférant à son emploi, tickets-restaurant, primes etc…- une procédure aux Prud’hommes est en cours à ce sujet - mais recevant régulièrement à son domicile privé les consignes de vente et le matériel publicitaire à afficher dans les rayons ! La direction a poussé le cynisme à l’envoyer, seule, durant cette période, en formation de techniques de vente !

Cependant, depuis que Latifa n’a plus de poste de travail, elle continue inexorablement à se rendre à toutes les réunions de défense des salariés, au grand dam de la direction - et des élues CFDT - qui pensait en avoir fini avec elle.

Malgré ses appuis haut placés, notamment dans le PAF, en lien direct avec le Cabinet du Ministre, la direction de Maxi-livres a lamentablement échoué dans son recours. Tellement le dossier était accablant, le Ministre n’a même pas souhaité y donner suite. Le refus de l’Inspection du Travail s’en trouve dès lors confirmé. Et la discrimination syndicale.

Merci Fillon.

Au-delà du cas de Latifa, c’est la collectivité des salarié-e-s qui est menacée. Ce n’est qu’une victoire de plus dans une longue bataille…
A suivre…

Comité de soutien à Latifa / 4 juillet 2003

soutienlatifa@voila.fr ou 06 83 56 34 57