Accueil > L’ EMPIRE TANGUE : est ce la fin ?

L’ EMPIRE TANGUE : est ce la fin ?

Publie le samedi 8 mars 2003 par Open-Publishing

vendredi 7 mars 2003 :

(...)Celle-ci ( la guerre irakienne ), il faut le garder à l’esprit, représente un cas complètement inédit dans l’histoire : le volume de dégâts causés par cette guerre avant qu’elle ait lieu, spécifiquement à celui dont on sait qu’il va la gagner sans coup férir avant qu’elle ne soit terminée, voilà aussi un événement stupéfiant et sans précédent.

 http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=630

16 janvier 2003

(...) L’analyse de Jim Lobe paraît tout à fait acceptable, contribuant notamment à dissiper, dans tous les cas à mettre en perspective les appréciations guerrières et impériales qui sont faites à propos des ambitions de l’Amérique depuis l’attaque du 11 septembre 2001. L’échec américain de Corée représente un sérieux revers, pour l’instant qui n’est en rien compensé par quelque chose qui ressemblerait à une victoire (du côté de l’Irak), et tout cela découvre la réalité des capacités militaires américaines. Finalement, cette hypothèse selon laquelle la réaction de repli et de protection de l’extérieur enregistrée au niveau intérieur sera transcrite dans l’évolution de la politique extérieure US par un repli isolationniste avec désengagements de forces semble assez acceptable. Il est possible qu’on en voit les prémisses indirectement et fortuitement avec le transfert de troupes US des Balkans vers le "front" autour de l’Irak ; ces forces pourraient ne pas revenir à leur déploiement initial, abandonnant un de ces engagements terrestres dont les Américains voudraient désormais être quittes.

 http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=555


Bye bye, Blackbird

14 février 2003

Le projet de retrait des forces américaines des engagements extérieurs importants datant de la Guerre froide, se précise, avec un témoignage de Rumsfeld, le secrétaire à la défense, sur le sujet, le 13 février. Il s’agit principalement de deux zones :

> L’Europe, avec un contingent déployé de 76.000 hommes (chiffre donné par Rumsfeld hier matin, assez étonnant, qui suppose que des retraits subreptices ont déjà eu lieu).

> La Corée du Sud, avec un contingent déployé de 37.000 hommes. On a commencé à parler de ce retrait, mi-officiellement, au séminaire de la Werkunde, le week-end dernier, en toile de fond des affrontements entre Rumsfeld et quelques Européens. L’attitude US est très ambiguë : les retraits sont présentés comme des mesures techniques, sans rapport avec telle ou telle querelle (celle des USA avec les Allemands). Pourtant, certaines parmi les premières appréciations évoquaient la possibilité de retraits en représailles directes du comportement allemand (anti-guerre).(..)

D’autre part, depuis la mi-janvier, des indications directes parlent de mouvements importants sur les routes allemandes et belges de forces US vers des embarquements portuaires. Il s’agit du IX Corps de l’U.S. Army, sans doute redéployé dans le Golfe ; mais la forme des déplacements, l’ évacuation des dépôts de munitions et de logistique, font croire de façon unanime que ces forces partent pour ne plus revenir.

Du côté sud-coréen, l’idée d’un retrait est précisément envisagée depuis près de deux mois, et là aussi pour des raisons politiques autant que stratégiques. La réalité est que l’argument technique ne date pas d’hier, comme il est dit ici et là de façon révélatrice ; il date de la fin de la Guerre froide. L’argument politique, lui, est tout récent : la prise de distance avec la Corée du Sud, la brouille avec l’Allemagne. A cause de cette chronologie, on avancera que l’argument politique est déterminant, contredisant la version officielle.

Quoiqu’on en veuille et dise, ce à quoi l’on assiste est l’esquisse et la préparation d’un vaste mouvement de retrait de l’Amérique. Le remplacement des forces déployées à demeure par des contingents à stationnement épisodique est techniquement acceptable et politiquement significatif. Il sera plus facile à tel ou tel pays-hôte de signifier un jour aux USA que la présence de leurs forces est indésirable. Jim Lobe, qui écrivait le mois dernier à propos d’un retour à l’isolationnisme dans le cas sud-coréen, a sans doute raison pour l’ensemble du mouvement

 http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=602


L’empire tangue

3 mars 2003

Ce week-end, la crise s’est encore "internationalisée", échappant encore plus au seul cadre de l’Irak que voudraient lui donner les Américains, et au seul domaine militaire d’une attaque de ce pays auquel voudraient la réduire les mêmes Américains.

> La Ligue Arabe a pris position contre cette guerre. Cette décision n’a pas d’effets politiques pratiques, la plupart des pays arabes concernés étant paralysés devant l’attitude américaine, notamment les projets de "remodelage démocratique" de la région, - c’est-à-dire, d’un point de vue géopolitique très concret, la déstructuration et la déstabilisation volontaire et systématique de la région (complètement dans la logique de l’ état d’esprit trotskiste de nos soi disant néo-conservateurs US). La décision de la Ligue montre simplement que ces pays sont aussi bien terrifiés par les réactions de leurs populations que par les projets US, d’ où leur condamnation théorique de la guerre. Cela ne porte pas à conséquence sur le terrain mais nul n’en attendait rien de ce point de vue ; cela ajoute un élément politique d’internationalisation.

> Le vote du Parlement turc est une décision bien plus surprenante, qui marque l’ampleur de l’hostilité du pays aux projets américains ; c’est aussi une étrange démonstration par l’absurde de la "perversité" (complètement du point de vue des intérêts US, certes) des entreprises de démocratisation américaines. Si l’"ancien régime" turc avait été en place (classe politique totalement corrompue par les réseaux américains, armée omniprésente, etc), nous n’aurions pas cette crise, tout serait propre et bien rangé. L’affaire turque se confirme comme un pas de plus dans la destruction systématique des immenses réseaux US d’influence et de corruption dans le monde. L’effet indirect puissant de ce projet américain de guerre contre l’ Irak, qui semble devenir tout court l’effet principal de la crise, est une étrange et effrayante marche à l’auto-destruction de l’immense puissance américaine. Dans son livre American Djihad, Lewis Lapham, directeur du magazine Harper’s, définit ainsi l’actuelle politique américaine, à la lumière de l’arrière-plan de la puissance américaine installée, et de ses souvenirs d’enfance (il avait 10 ans) de la victoire de 1945 : « En l’espace de six ans, nous avions acquis [en 1945 ...] une espèce de statut impérial, recueillant sous notre égide tous les vestiges de la civilisation occidentale. [... Nous avions] la certitude que le bien venait de l’emporter sur le mal, que la volonté de Dieu avait été faite sur la Terre comme au Ciel. [Aujourd’hui, l’administration GW Bush] joue aux yeux des pays du monde le rôle de l’héritier prodigue qui dilapide l’immense fortune du père ».

L’Europe se tient de plus en plus fermement impliquée dans la crise, avec la situation à l’ONU où l’opposition de l’axe Paris-Berlin-Moscou ne faiblit pas, avec une coopération irakienne à son propre désarmement qui rend l’ extrémisme anglo-américain de plus en plus irrationnel et indéfendable. Les rapports deviennent tendus, comme on l’apprend par ailleurs à propos des relations Chirac-Bush et un coup de téléphone dramatique la semaine dernière (Bush à Chirac : « President Chirac, we will not forget, we will not forgive »). Le voyage triomphal de Chirac à Alger renforce la position européenne, en justifiant encore plus la politique anti-guerre par une dimension méditerranéenne et une dimension d’apaisement des tensions avec le monde arabe.

Les positions semblent se durcir également avec le paradoxe de voir un Tony Blair se radicaliser de plus en plus, décrit dans certains cas « comme plus faucon que Bush lui-même ». Le Premier Ministre britannique se trouve complètement enfermé dans sa logique de soutien aux Américains alors que cette logique le conduit à une position elle-même absurde par rapport à ses intérêts propres et par rapport aux intérêts britanniques. Il ne reste plus à Blair que l’orgueil douteux de la solitude qui est en réalité un isolement (les américains le laisseront tomber quand il ne leur sera plus utile), et l ’affirmation nihiliste de la fidélité à lui-même, même si c’est une fidélité à une position absurde. Les images churchilliennes (Churchill-1940) de Blair, devant une Irak désarmée, impuissante, coopérant avec l’ONU, détruisant son piètre armement, et pourtant comparée à l’Allemagne nazie, deviennent tout simplement obscènes jusqu’à la nausée et insupportables pour l’intelligence.

Il y a bien d’autres aspects de cette crise, comme l’intense mobilisation du public qui continue, de façon permanente, dans des pays comme l’Espagne ou l ’Italie (surtout), accroissant la pression populaire sur des dirigeants qui ont choisi de suivre les USA. (A cet égard, le silence de Berlusconi, son absence dans les réunions du tandem Blair-Aznar, laissent à penser sur sa résolution à suivre la ligne pro-US dure. Si les avatars actuels se poursuivent, l’Italie sera une des prochaines "victimes" de l’ auto-destruction de son système d’influence par la politique américaine, avec Berlusconi tournant avec l’élégance de sa maestria sa veste d’une coupe irréprochable.) Cette crise qui se "mondialise" échappe à ceux qui l’ont sciemment, délibérément déclenchée, et qui s’avèrent plutôt être des apprentis-sorciers calfeutrés dans leurs bureaux de lobbyist de Washington. (Chickenhawks, a-t-on souvent dit des Perle, Wolfowitz et compagnie. Oui, il manque à ces bureaucratic warriors qui n’ont jamais tenu un fusil de guerre dans leurs mains un peu de l’expérience humaine que donne la guerre à ceux qui l’ont faite.) Ce qui est en jeu n’est plus l’Irak, la démocratie auMoyen-Orient, ni même le renforcement de l’empire ; à terme, ce qui est en jeu est rien moins que la destruction de l’empire et la fin de l’American Century prolongé arbitrairement dans le XXIe siècle, - le problème étant de savoir comment.(...)

 http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=624


Au tour de la Corée

7 mars 2003

L’histoire sur les chapeaux de roue, ces derniers jours. Cette fois, c’est la Corée du Sud, après l’Allemagne, qui est concernée : Donald Rumsfeld vient d’y déclarer qu’ il serait temps de réaménager le déploiement des forces US, - ce qui signifie, retirer les forces des premières lignes de contact avec la Corée du Nord, où elles se trouvent maintenant, ou bien, de façon beaucoup plus radicale, retirer ces forces de Corée du Sud.(...)

>(...)Le plus remarquable aujourd’hui est la rapidité avec laquelle des orientations très déstabilisatrices pour le statut de la puissance américaine sont très vite intégrées dans la planification et dans la politique générale US. Cela fait évidemment partie du mouvement de liquidation du legs impérial américain, par l’équipe GW, au nom, directement et indirectement, de la guerre irakienne. Celle-ci, il faut le garder à l’ esprit, représente un cas complètement inédit dans l’histoire : le volume de dégâts causés par cette guerre avant qu’elle ait lieu, spécifiquement à celui dont on sait qu’il va la gagner sans coup férir avant qu’elle ne soit terminée, voilà aussi un événement stupéfiant et sans précédent.

 http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=630

 http://fr.news.yahoo.com/030306/202/32z0g.html