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DADVSI : Lettre ouverte à Monsieur Eddy Mitchell

Publie le samedi 7 janvier 2006 par Open-Publishing
33 commentaires

de Roberto Di Cosmo

Cher Eddy Mitchell,

Vous faites partie, avec les autres artistes signataires d’un document qui réagit à deux amendements au projet de loi DADVSI votés il y a quelques jours par nos députés, d’un univers français de la musique et du cinéma qui m’a accompagné pendant des longues années, et que j’aime.

Comme, je le crois, la presque totalité des Français, je ne ferais rien qui puisse mettre en danger l’existence d’une culture cinématographique, musicale, et artistique en général, qui nous donne, à tous, cette nourriture de l’esprit qui nous est si indispensable. Et pour cela, je crois fermement que l’on doit permettre aux artistes d’êtres rémunérés convenablement.

Et pourtant, je fais partie des 130.000 personnes qui ont signé la pétition lancée par EUCD.INFO contre le projet de loi DADVSI.

Je fais partie de ce 75% de Français qui sont favorables à la mise en place d’une licence globale sur Internet.

Je fais partie de ceux qui ont applaudi le courage et l’indépendance des députés qui ont dépassé les clivages partisans pour voter, la nuit de ce 21 décembre, les amendements 153 et 154 au projet de loi DADVSI qui ouvrent la porte au libre échange des oeuvres numériques, moyennant une juste compensation des ayant droit.

Oui, ces mêmes amendements qui vous ont fait parler d’ expropriation des droits d’auteur sur Internet.

Y a-t-il là une contradiction profonde dans ma position, une schizophrénie latente qui me pousserait à exproprier les biens de quelqu’un que j’aime ?

Comme les 13500 artistes signataires d’un appel paru il y a quelques jours, je ne le pense pas.

Je crois au contraire que, avec les autres signataires de votre texte, vous êtes en train, sans le savoir, de faire le jeu de sociétés qui, prétextant défendre vos intérêts, s’occupent surtout des leurs, au dépens des vôtres.

Concédez moi quelques minutes de votre temps, et je vais essayer de vous expliquer pourquoi vous devriez remercier votre vaste public qui vous aime, et soutient la licence globale, et vous méfier des puissants lobbys qui vous enrégimentent dans une campagne à base de police informatique contre vos propres concitoyens.

Rassurez vous, je ne vais surtout pas vous faire encore un grand discours creux, comme on en voit beaucoup trop en ce moment, sur les deux philosophies qui s’affrontent face à la révolution numérique : je serais beaucoup plus concret, en vous montrant avec les chiffres fournies par vos propres maisons d’éditions où se trouve votre intérêt, et celui de vos collègues.
Le marché traditionnel de la musique en France : qui y gagne, et combien

Monsieur Mitchell, les maisons de disques vous ont convaincu que la mise en place du projet de loi DADVSI faite dans les termes actuels, qui permettent aux géants du logiciels d’avoir une mainmise totale sur les échange d’information sur Internet, va préserver vos droits, alors qu’une idée qui vous a été présentée comme complètement farfelue, la "licence légale sur internet", vous réduirait à la misère.

Rien n’est moins sûr, et j’imagine que sur un sujet d’une telle importance vous êtes prêt à investir quelques minutes de temps pour vérifier ce que l’on vous dit.

Pour comprendre les enjeux actuels, et savoir où se trouve votre intérêt économique, il faut que vous découvriez, vraiment, pour chaque euro dépensé par un de vos fans, combien vous touchez à la fin du mois.

Ce n’est pas si facile que cela, vu la complexité des contrats et l’opacité du système, mais dans votre cas, il vous suffit d’éplucher patiemment les contrats vous liant avec votre maison d’édition : dans ces quelques dizaines de pages, perdus dans le charabia juridique, vous devriez trouver une sorte de tableau indiquant vos droits sur les CD ou DVD vendus. Cela ressemble à peu près à ceci : jusqu’à 100.000 copies, vous touchez x% du prix de vente net hors taxe, entre 100.001 et 500.000 copies, vous touchez y% (avec y un peu plus grand que x), et au delà de 500.000 copies, vous touchez z% (avec z un peu plus grand que y).

Comme x, y et z varient d’un chanteur à l’autre et d’un disque à l’autre, mieux vaut regarder la situation moyenne des artistes en France dans ce qui suit.
La répartition du prix des CD ...

En se basant sur des chiffres qui ont circulé dans différents dossiers parus dans la presse grand public, et confortées par le rapport du CSPLA (quoique ce rapport ne parle que des données de 2002, largement obsolètes), il semble que les auteurs, compositeurs, éditeurs, artistes, musiciens et interprètes reçoivent à peu près 14% du prix de vente ttc, la grande distribution empocherait 18%, l’État 16.4% alors que les maisons de disques gardent un peu plus de 50%.

Donc, quand un musicophile dépense 31 euros pour votre dernier coffret, vous touchez, avec les autres ayant droit, à peu près 4,34 euros, les restants 26,66 euros étant perdus pour vous.
... limite les revenus des artistes ...

Autrement dit, avec ce mode de fonctionnement de l’industrie du disque, vous êtes condamné, avec vos collègues, à faire dépenser à vos fans qui veulent vous faire vivre en vous payant des droits d’auteur, six fois plus de ce que vous touchez.

C’est dommage, parce que cela vous pose un gros problème, et je ne parle pas d’un problème éthique, juste d’un problème financier : à ces prix là, votre public qui vous aime ne risque pas d’acheter beaucoup de coffrets dans l’année !

En effet, le budget des ménages dédié aux loisirs et à la culture est déjà le plus gros poste de dépenses après le logement et la nourriture, et selon une étude récente publiée aux Etats-Unis les dépenses des ménages dans ces activités n’ont cessé d’augmenter depuis 1968, en progressant plus vite que les salaires : il est fort raisonnable de se demander si l’on n’a pas simplement réussi à vider les poches des citoyens au point qu’ils soient obligés de faire des choix entre aller au cinéma et télécharger la dernière sonnerie branchée.

Si ce seuil est atteint, et on peut bien commencer à y croire, cela veut dire que les revenus pour les artistes sont condamnés à plafonner (comme indiqué par une statistique publiée par le SNEP ) aux revenus tirés par la vente, en moyenne, de 6 albums, 6 singles et 4 DVD par an à chaque acheteur, ce qui revient à 14% de 1,4 milliards d’euros (le chiffre previsionnel pour 2005), i.e. 196 millions d’euros.

Rappelez-vous bien ce chiffre, parce qu’avec le mode de distribution traditionnel vous (je veux dire l’ensemble des artistes, et pas seulement français) ne toucherez pas un centime de plus de votre public.

Laissez-moi dire cela encore plus clairement : criminaliser la copie peut certainement changer la répartition du budget loisir des ménages entre les différents biens culturels, mais cela ne fera pas augmenter l’enveloppe globale depensée par les ménages.

Le public, privé de copie privée, se retrouvera alors culturellement plus pauvre, mais les artistes ne seront pas plus riches pour autant.
... DADVSI peut faire perdre au moins 43 millions d’euros par an aux artistes

Or, les mauvais conseillers qui vous entourent vous poussent à soutenir de votre poids le projet de loi DADVSI : ce projet de loi punit plus sévèrement celui qui utilise un logiciel libre pour lire un CD de musique rendu incompatible avec son lecteur par des astuces techniques douteuses que l’on appelle DRM, que ceux qui diffusent des vidéos pédophiles. Cela est fait dans le but de rendre impossible ou très risqué le contournement des instruments de contrôle de l’information mis en place par les géants du logiciel d’outre-atlantique, mais on vous fait croire que c’est en réalité pour protéger vos droits d’auteur.

Je suis certain qu’on s’est bien gardé de vous expliquer que ce projet de loi pose les bases de la destruction de la liberté individuelle dans la société de l’information, le contrôle de masse des usages culturels, la concentration monopolistique des multinationales du logiciel et du contenu, la criminalisation des individus, et l’entrave à cette recherche en informatique qui est primordiale pour que la France garde sa place dans le peloton de tête de l’économie numérique, pour ne pas parler de certains amendements scélerats arrivant même à proposer de détruire les logiciels libres qui sont au coeur de l’Internet.

J’imagine qu’on n’a pas jugé intéressant de vous signaler que ces DRM ne sont pas un cadeau du ciel, mais des outils techniques qui ont un coût (et les géants des logiciels s’en frottent déjà les mains), et ce coût viendra forcement en diminution de vos revenus : le public n’accepterait pas facilement d’acheter des CDs bridés à un prix plus élevé que celui des CDs d’antan.

Je crois qu’on a oublié aussi de vous signaler qu’une partie importante de vos revenus (à peu près un cinquième) vient aujourd’hui d’une redevance sur les supports vierges au titre de la copie privée (privée, cela inclut le droit de donner une copie de mon album préféré à qui bon me semble, tant que ce n’est pas à usage commercial). Savez-vous que si ces DRM venaient à être imposés par la loi DADVSI, votre public serait bien fondé à en demander la suppression ? En effet, si un DRM empêche la copie, il n’y a plus copie privée, et sans copie privée, il ne peut y avoir de redevance sur la copie privée, quoi que puissent en dire les lobbystes dans les couloirs du palais.

Savez vous que cette redevance a rapporté en 2004 plus de __87 millions d’euros__ ? Savez vous que, sur cette redevance, la part des auteurs, artistes et interprétes est d’un peu plus de 50% ? (1). Cela veut dire que, si le DADVSI passe, vous pouvez rester assuré de perdre au moins 43 millions d’euros par an, (un cinquième des revenus des auteurs, artistes et interprétes), du simple fait de la mise en place des DRM.

Donc, au fait, ce texte DADVSI que vous soutenez ne fera rien d’autre que maintenir l’ancien système de distribution, avec les artistes réduits à voir seulement 14% de ce que leur public débourse, et de plus, condamnés à perdre sûrement 43 millions d’euros par an contre la vague promesse de meilleurs revenus grâce à l’empêchement des copies privées.
... alors que la licence globale leur en rapporte presque 200 ! ...

Par contre, la licence globale sur Internet permettrait au public de réaliser son souhait d’entendre pendant l’année bien plus de 6 album, 6 singles et 4 DVD musicaux, sans vous obliger à trouver un moyen d’augmenter le salaire moyen des ménages. Avec 9 millions de foyers connectés à Internet, et avec un prix de 4 euros par mois, que les internautes sont prêts à payer si on arrête de les criminaliser et on leur laisse la liberté culturelle qui vient avec les échanges de pair à pair, cela rapporterait 432 millions d’euros, dont 216 millions directement aux artistes. Et cela ne ferait qu’augmenter avec la multiplication des abonnements internet haut-débit (2).

Si vous ajoutez la redevance pour copie privée, cela fait 216+43 = 259 millions reversés aux artistes, donc bien plus de tout ce que les artistes gagnent avec le système traditionnel.

Est-ce que vous voyez ce que ce chiffre signifie ?

Cela signifie que, loin de mettre les artistes aux chômage, la licence globale sur Internet est capable de leur garantir un revenu de substitution plus important que celui obtenu aujourd’hui au bout de longues et exténuantes négociations avec les maisons d’édition.

En d’autre termes, même si tous les internautes qui payent la licence globale arrêtaient complètement d’acheter des CDs et des DVDs, les artistes non seulement ne perdraient rien, mais auraient un bénéfice financier supplémentaire significatif.

Cependant, toutes les études, dont la plus récente date d’il y a seulement quelques semaines, montrent qu’en réalité les plus gros copieurs de musique en ligne sont aussi ... les plus gros acheteurs de CD et DVD !

Donc il se peut bien que la licence globale ne vienne pas en substitution, mais en complément des revenus traditionnels des artistes.

Ça veut dire que, au contraire des DRM qui risquent fort de vous faire perdre au moins 43 millions par an de redevance pour la copie privée, la licence globale sur internet pourrait carrément doubler vos revenus dans les prochaînes années, monsieur Mitchell...
Ne vous trompez pas d’ami.

Alors pourquoi la conspuer ? pourquoi insulter les députés qui, en un sublime instant de lucidité, ont su dépasser les clivages partisans pour proposer un système qui va dans l’intérêt de tous ?

Vous avez maintenant la possibilité de cueillir le fruit de la révolution numérique, en respectant un public qui risque de ne pas aimer qu’on le criminalise injustement, et en préservant les libertés individuelles qui seraient mises à mal par les DRM (3).

Bien sûr, les maisons d’éditions, qui vous ont fait croire pendant longtemps être vos amies, vont perdre de l’argent au passage, mais vous, les artistes, vous allez en gagner beaucoup.

Or, je sais bien qu’en ce bas monde il y a plein de gens à l’esprit borné qui sont prêts à piétiner les droits des autres si cela leur rapporte, mais dans votre cas, et celui des autres artistes signataires de ce texte qui s’oppose à la licence globale, cela serait une des rares occasions où j’aurais vu quelq’un qui en fait des mains et des pieds pour y être de sa poche.

Alors, s’il vous plaît, Monsieur Mitchell, prenez le temps de réfléchir à vos intérêts, et vous verrez que le public est votre ami, et que la licence globale est le plus beau cadeau qu’il pourrait vous faire.

(1) Les règles précises de ce calcul sont énoncés dans le CPI, et reprises dans le rapport de la SORECOP. On peut estimer à 37,5% la part de auteurs, 18,75% la part des artistes-interprétes, 18,75% la part des producteurs et 25% les actions en faveur de la culture. Dans le reste de l’argumentaire, j’ai gardé donc à peu près 50% pour la "création", tous acteurs confondus.

(2) Une étude Mediamétrie recente estime que 35,5 % des foyers sont connectés à Internet, et la croissance est très rapide : je vous laisse faire vos calculs, vous verrez que des beaux jours vous attendent, si vous soutenez la Licence Globale.

(3) Avez-vous vu le film "Viva Zapatero" ? savez vous que l’émission censurée qui est au coeur de ce film a pû être diffusée aux Italiens essentiellement par Internet ? savez vous que les DRM pourraient permettre d’interdire cette diffusion ? êtes vous à faveur de la censure, Monsieur Mitchell ?

(*) Il y a une certaine confusion dans l’usage de termes comme "licence légale" et "licence globale" : pour plus de détails, voir le site de l’APA ; cela ne change pas l’analyse économique que vous trouvez ici, mais le moment venu, il faudra prendre en compte ces aspects.

http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo/...

Messages

  • Bravo pour cette remarquable démonstration, qui, je n’en doute pas, intéressera non seulement Eddy Mitchell (qui est quelqu’un que j’estime également) mais aussi tous les profanes, dont je suis.

    J’ajouterai qu’avec le projet de loi DAVSI, les artistes dépendront uniquement de leur maison de disques qui peut décider du jour au lendemain de ne plus éditer leurs œuvres, sous prétexte d’ « air du temps », de manque de demande et donc de non-rentabilité. J’ai cru comprendre que des signataires-défenseurs de ces amendements avaient subi une telle mésaventure.

    Quant aux artistes non « estampillés » ils n’auront plus aucune possibilité de se faire entendre si une telle loi passait.
    Le formatage de la culture par des requins de la finance, l’appauvrissement du patrimoine culturel, ce n’est sûrement pas ce que veulent les créateurs qui ont eu leur chance, non ?

    Valens

  • Sur un titre téléchargé et acheté à 0,99 euro sur Internet, voici comment sont répartis les bénéfices.

    * 61 centimes vont à la maison de disque, communément appellée Major.

    * 19 centimes vont à l’Etat avec la TVA

    * 7 centimes vont à la Sacem

    * 6 centimes pour le site de téléchargement

    * 1 centime pour la communication de la transaction ( ? )

    * 1 centime pour la licence technique de gestion

    * 1 centime pour la banque ( les frais bancaires de transaction sécurisée )

    Sortons la calculette : total 96 centimes. Il reste donc à l’artiste 4 centimes d’euro.

    A moins d’être mondialement connu et de faire du volume sur les ventes, on voit mal comment peut vivre un artiste grâce à cette part qui lui revient. Un état de fait justement dénoncé et débattu actuellement dans le cadre de la loi DADVSI. Ce modèle économique et cette répartition des bénéfices vont-ils évoluer ?...

    Pour l’instant en tout cas, dur dur d’être un artiste avec les majors au dessus.

    Pierre

  • C’est pas seulement ici qu’elle doit se trouver cette letttre ouverte, mais dans tous les médias honnêtes et surtout dans la boîte aux lettres (électronique ou pas) du dit artiste. Encore faut-il que ce dernier comprenne les enjeux de ce débat, non que je veuille réduire son intelligence mais tout le monde aura remarqué actuellement l’aptitude des artistes (pas tous) à s’écraser (ce qui est étonnant dans le cas de ceux qu’on appelait à une époque "des rebelles"). Il fut un temps où les artistes (Coluche, Balavoine, Emmanuelle Béart, Lavilliers, etc...) étaient à la tête des contestations et autres mouvements pour plus d’égalité et plus de partage. Aujourd’hui il n’y a guère plus qu’un Noah pour dire ce qu’il pense et encore... il a été censuré.

    • Comme ils commencent à me pomper l’air à défendre leur bout de gras.Il fut un temps ou l’interêt général passait avant les intérêts particuliers.
      L’autre danger c’est le flicage des internautes avec des logiciels espions qui pourront dire ce que vous téléchargez,ce que vous consommez,ce que vous pensez,vos opinions politiques(sarko se frotte les mains)vos habitudes sexuelles et d’autres enore !
      Puique les "artistes"veulent jouer contre les internautes et par cela contre la,non,contre les libertés,je vais faire jouer celle qui me reste:je n’acheterais plus un seul CD et un seul DVD.
      Et peu importe si ça me prive j’en ai ras le bol,de ces donneurs de leçons ou entre le oui au référendum et les insultes contre les partisans du non,la DADVSI et autres !
      Peut être qu’ils ont intérêt au flicage généralisé ?on peu se poser la question.
      Jean Claude des Landes

    • Petite préçision:les "artistes "estampillés rebelles"ça c’est pour la galerie en général,au moment ou les salariés en prennaient plein la gueule(je pense en particulier à ceux dans le nord jetés comme des malpropres et qui menaçaient de faire sauter leur usine entre autres)de quels coté étaient ces "rebelles" ?du coté des bien-pensant !Je considére que je ne leur doit strictement rien,qu’ils vivent sans nous,s’ils le peuvent.On retrouvera le support papier pour diffuser et la musique on se rabattra sur les radios et le classique.
      Jean Claude des Landes
      ouvrier qui commence à en avoir ras le bol qu’on le prenne pour un con-sommateur

  • Il y a quand même un problème avec la licence globale : les personnes qui achètent peu de musique seront obligés de payer cette taxe avec leur abonnement internet. Ce qui était tolérable avec la taxe sur les supports vierges (puisque celle-ci est très faible et ne lèse pas les non-consommateurs de musique, ceux-ci n’achètant logiquement pas beaucoup de ces supports vierges) n’est plus acceptable avec cette licence globale dont le coût mensuel alourdit significativement le prix de l’abonnement internet. Contrairement à la taxe sur les supports vierges, la licence globale déconnecte complétement l’activité d’achat du consommateur du prix qu’il paye. Ceux qui n’achètent pas payent pour ceux qui achètent. Evitons de généraliser ce concept...
    Enfin la licence globale va engendrer un flicage accru de toutes nos connexions (je ne suis pas forçément contre mais il faut l’avoir bien en tête au moment de voter). En effet, pour que le système soit équitable vis-à-vis des artistes, il va bien falloir tracer ’qui achète quoi’ pour déterminer combien d’exemplaire d’une oeuvre un artiste a vendu, ceci pour assurer la juste redistribution du montant récolté par la licence globale.

    • Il n’y a pas besoin de savoir "QUI achète quoi", donc de tracer, mais simplement "COMBIEN a été acheté". Bien sûr ce n’est pas parce qu’il n’y a pas besoin que ça ne sera pas fait...mais ce pb n’est pas nouveau et existe déjà. Vous êtes déjà tracé sur la plupart des sites web commerciaux (ds le temps y’avait une demo sur le site de la CNIL, qui affichait tout plein de choses sur vous ct "rigolo").

      Par contre je suis tout à fait d’accord sur le fait que la licence globale pénalise les "petits joueurs" au détriment des grands. Perso je télécharge jamais rien, pas pour des raisons éthiques ou autres, mais bêtement car je n’ai pas de connection potable régulière (j’écris de chez des mais là par ex). Par contre je copie quelques CD que mes copains me passent : je paye la redevance au passage, reste assez modeste de toutes façons (je copie ce que j’aime, je suis pas collectionneur...) et, cerise sur la gateau, j’ai tendance à acheter neufs d’autres CD des musiciens dont j’ai pu copier auparavant des CD qui m’ont plu (qd je suis en fond...). Comme bien des gens je pense, ce que les Majors persistent à nier. Bref, tout ça pour dire que ça me paraît pas très juste de payer la licence globale.

      Pourquoi ne pas proposer une "individualisation des peines" : un abonnement internet globalement proportionnel au débit de l’abonné. Vous utilisez internet pour lire vos mails et poster sur bellaciao ? vous payes le prix "petit joueur", qui envoie quelques malheureux Ko de code HTML par heure. Vous êtes un collectionneur des grands hits musicaux/vidéos les plus médiatisés et éphémères ? vous payes le prix "satureur de bande passante" qui fait pleurer le voisin du dessou qui patiente 30s à chaque téléchargement de mail. Très possible qu’il y ait des effets pervers auquels je n’ai pas pensés, mais à priori ça me semble assez juste. En tout cas, inattaquable par un vrai libéral ;) (qui doit considérer la licence globale comme un avater communiste : tous égaux de fait devant l’accès à la culture ! arg !!! et encore, imaginons qu’il se trouve d’affreux rouges pour moduler le prix de la licence globale en fonction des revenus !)

      Thomas

    • Sauf qu’il ne s’agira pas juste d’un simple comptage de visite de page web ! Vu l’enjeu (redistribution du montant des taxes vers les auteurs) il va falloir que le distributeur prouve que tel titre a bien été téléchargé tant de fois. Donc il devra conserver des informations concernant les acheteurs (comme son n° de CB ou un certificat quelconque) pour les présenter à l’organisme de contrôle. C’est bel et bien qui achète quoi...

  • Moi, ca ne m’interesse pas de payer 4 euros sur mon abonnement internet, alors que je ne télécharge ni musique, ni films. Je trouve cela ahuri. Ca m’est déjà arrivé qu’on me prête quelques DVDs ou quelques CD, mais les copier, ca ne m’interesse pas. Je préfére faire mon oeuvre auprès de l’auteur et l’acheter (d’ailleurs, on trouve des CD d’occase à pas cher). Ca m’emmerde que ca engraisse la major plus que l’artiste, j’en conviens. Mais NON à l’augmentation de mon abonnement Internet.

    • Je n’ai pas non plus envie de payer 4 euros pas mois (soit une augmentation de 20% !) pour ne pas télécharger des MP3 inécoutables.
      Je paie mon écot en achetant quelques CD, et surtout en allant voir les artistes dans des petites salles.

      Mais il paraît que la licence globale sera "optionnelle et volontaire". On peut toujours essayer d’y croire.

    • Je ne crois pas qu’il s’agisse d’augmenter tous les abonnements Internet, mais d’offrir en option le téléchargement des musiques et des films moyennant une licence globale.
      Celui ou celle qui ne télécharge pas ou très peu de musiques et de films (achats à la carte sur les sites spécialisés) ne doit pas payer la licence globale. Je ne sais pas si c’est ce qui est prévu, mais ça me semble cohérent et juste : on ne paye pas pour un service dont on ne profite jamais.

    • Une des réaction disait ceci "Je préfére faire mon oeuvre auprès de l’auteur et l’acheter (d’ailleurs, on trouve des CD d’occase à pas cher)." J’ai trouvé amusant cette contradiction dans une même phrase ! Sache que lorsque tu achète un CD d’occasion, l’artiste touche 0€. Soit moins qu’en le gravant, puisque le CD utilisé pour graver est taxé ! ;-)

      Chrysostome

  • Je n’ai jamais téléchargé de musique via un logiciel gratuit, j’ai essayé une fois sur un site payant, et cela a foiré car il fallait une saloperie de confirmation pour que cela marche, et j’achète pleins de CD en étant conscient de payer surtout la FNAC que les artistes, et je dis que cet article est excellent. MERCI A L’AUTEUR.

    d’autre part, ceux qui disent qu’ils ne veulent pas payer quelques euros de plus pour l’abonnement internet n’ont pas compris que tous les prix sur des choses vitales augmentent. (eau, energie)

    l’art est non vital, mais indispensable. Vive les musiciens et vive la culture.

    jyd.

    • "d’autre part, ceux qui disent qu’ils ne veulent pas payer quelques euros de plus pour l’abonnement internet n’ont pas compris que tous les prix sur des choses vitales augmentent. (eau, energie)"

      En règle générale, quand il y a quelques euros sur une facture EDF, eau ou autres, ils correspondent effectivement à un service utilisé directement ou indirectement (hors remplissage de poches d’actionnaires)

      Là on nous parle d’ajouter entre 4 et 7 euros sur un abonnement Internet pour un service que je n’ai pas l’intention d’utiliser.

      Autant les rajouter sur les impôts sur le revenu de tout le monde, ça sera moins hypocrite.

    • "En règle générale, quand il y a quelques euros sur une facture EDF, eau ou autres, ils correspondent effectivement à un service utilisé directement ou indirectement (hors remplissage de poches d’actionnaires)"

      Car il est possible de quantifié la consommation dans ces cas précis.
      il est difficile de dupliquer un litre d’essence ou un KW/Heure d’electricité...

      Pour le téléchargement, c’est sans espoir car des logiciels permettront toujours de faire des téléchargement gratuits. C’est juste une histoire de gains pour les grosses boites, qui paniquent en imaginant leur manque à gagner si le téléchargement gratuit est officiel.

      Le même type de problème apparait pour la distinction entre FORFAIT et prix à payer pour une quantité REELLEMENT utilisée d’un article (ou service).

      donc le même raisonnement est à faire pour :
       la téléphonie (on paie un forfait pour le téléphone + la durée de communication)
       l’énergie aussi : vous payez toujours un forfait EN PLUS de la consommation réelle.

      Raisonnement donc incorrect et peu rigoureux si on est contre le téléchargement gratuit.

      En fait , c’est la démagogie du "tout gratuit" apparent qui est en cause.

      Et effectivement, je serais assez pour une solution plus juste :
      impot direct proportionnel sur revenu pour financer tous les services.
      comme cela, on aurait des services publics gratuits (energie, eau) , le droit de dupliquer (comme avant) et le devoir de payer les artistes.

      les forfaits et TVA sont des prélevements injustes, car indépendants des revenus de ceux qui achètent, et comme le prouve l’auteur de l’article, qui ne profite pas à celui qui fait reellement le travail.

      jyd.

    • achète des cd d’occasion, il y a un choix énorme de sites et de titres, tu feras des économies et n’engraisseras pas les maisons de disques.

    • "Autant les rajouter sur les impôts sur le revenu de tout le monde, ça sera moins hypocrite."

      quoi ? faire des artistes d’"affreux fonctionnaires" ! on en a pendu pour moins que ça !

      th

  • Moi je n’apprécie pas Eddy Mitchell : mauvais chanteur, acteur médiocre et plus que présomptueux.

    Et je n’ai pas accepté qu’il ait parlé de la Corse comme d’une île peuplée de crétins.

    Preuve qu’il n’est pas bien intelligent lui-même.

  • Les majors du disque et les éditeurs sont contre l’idée de la licence globale , ils brandissent l’épouvantail et prédisent la mort de la création , si l’amendement devenait loi .

    Comme ils criaient quelques vingt et trente ans plus tôt à propos de la licence légale pour la radio , ou encore de l’enregistrement des cassettes audio et vidéo …
    Ils ont sollicité une taxe sur tous les supports vierges , cassettes audio , vhs , cd , dvd et disques durs ...

    Aujourd’hui , ils veulent encore des sous , plus de sous …

    Les peines encourues pour le téléchargement P2P sont de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende .
    Sinon il nous faudra sortir nos planches à billets et les fabriquer la nuit .

    Dans tous les cas de figures , nous risquons la prison ...

    Jean

  • La licence globale apparaît comme le dernier rempart face à la stratégie de fermeture , par une poignée d’industriels , souhaitant contrôler les accès aux oeuvres , en limiter les utilisations , et percevoir une rémunération fixée unilatéralement .

    Le Ministre de la Culture en fait un combat personnel , c’est le " Don Quichotte " des temps modernes face à la troisième révolution industrielle l’Informatique .

    Renaud Donnedieu de Vabres , plutôt que de chercher l’apaisement et l’intérêt général soutien l’industrie du disque .
    Il propose à l’Assemblée Nationale d’adopter un projet de loi absurde et injuste , la riposte graduée , une répression moyenâgeuse …

    L’avenir est au P2P , c’est l’accès à la connaissance et à la diversité culturelle .

    Il s’agit d’innover et de fonder le P2P comme une nouvelle source de rémunération .
    Le P2P va peu à peu accéder à une légalisation inévitable partout dans le monde …

    Jean

  • MOI , je suis CONTRE une surtaxe (de quelque nature que ce soit) sous prétexte que certains téléchargent des trucs « illicites ».

    Et si tout le monde se met à réclamer son écot (presse écrite, et autres), en prétendant que tout est "gratuit" pour l’Internaute, on en arrivera au même point que la redevance télé où on paie une somme énorme mais où on n’a aucune voix au chapitre et où ce sont les multinationales, les marchands d’armes et autres producteurs privés qui se remplissent les poches avec des programmes décérébrants, des animateurs bouffis d’orgueil et ignares et qui censurent les voix "discordantes".

    Et j ‘aimerais comprendre :

    QUI met ces productions à disposition sur Internet dont certaines ne sont même pas encore sorties officiellement ? N’est-ce pas eux, à la base, les « criminels », qui apparemment diffusent le produit sous le manteau ?

    Pourquoi trouve-t-on sur le marché légal tout ce qu’il faut pour lire les CDs et autres (du matériel toujours plus performant et plus cher, d’ailleurs). Un peu comme si on vendait en kit et à la portée de n’importe qui tout le matériel nécessaire pour ouvrir sans peine une porte blindée ou un coffre-fort ;

    Pourquoi, malgré l’évidence que ce ne sont pas les internautes (au contraire) qui freinent l’achat de CDs et DVDs, persiste-t-on à vouloir imposer cette surtaxe ?

    Arrêtons de nous laisser culpabiliser, criminaliser : je lis dans ce forum « moi, je veux bien payer qqs euros de plus pour .. ». Mais combien a-t-on d’ores et déjà investi ne serait-ce que pour avoir accès à Internet ? Et combien investissent les internautes-téléchargeurs pour copier et écouter ce qui était à disposition sur des sites ? Et qui empoche cet argent ? Seraient-ils maintenant au bord de l’asphyxie ? Et si ça l’est, ce n’est pas notre problème.

    Alors cessons de répéter, comme on veut nous le laisser croire, que c’est gratuit. A-t-on calculé au moins combien cela coûte par an d’avoir Internet, ses services et tous les produits annexes ? Mais on veut encore et encore se servir de nous comme vaches à lait.

    Et Internet, ce n’est pas, loin de là, comme on voudrait nous le laisser croire, qu’une boîte à téléchargement. c’est une encyclopédie colossale accessible à tous, une source d’information inestimable.
    Pour l’instant. A force de taxes et de mainmise des multinationales, cela deviendra une boîte vide de sens. L’information sera payante et contrôlée par les pouvoirs politiques et financiers. Comme à la télé, à la radio et dans les journaux.

    Ce n’est sûrement pas cela que nous voulons, non ?

    Valens

  • s’apres ce que j’ai cru comprendre les major prennent bcp d’argents pour "sponsoriser" de nouveaux artistes (enfin c’est ec qu’elles disent)
    les maisons de disque n’ont jamais autant vendu de disque que cette année, alors je me demande bien où sont les pertes ....

    comme le dit cet article nos portes monnaies ont bien un fond alors nous ne depenseront pas plus quoi qu’il arrive !!!!
    je suis absolument contre l’idee de devoir passé obligatoirement par tel ou tel lecteur media parceque la major qui m’a vendu le support a passe un accord avec telle ou telle boite, c’est tout betement hallucinant , j’utilise des logiciel gratuit sur le net( pas seuleuement parceque c gratuit mais aussi parceque les gens qui les font s’investissent personnellement pour en faire des outils performants)

    je ne me voi pas aller en prison pour avoir untiliser un freeware !!! la radio qui diffuse les derniere chanson n’a pas tué l’industrie de la musique au contraire c devenu l’outil de propagande qui nous enfonce les musique ds la tete jusqu’a ce que nous allions les acheter

    donc je dit que des telechargement libres sont une bonne chose et j’approuve l’idee de license globale

  • Quel est le réseau aux normes internationales le plus important au monde ?

    L’électricité ? Les chemins de fer ? NON

    Les TELEPHONES.

    Et bientôt, on pourra les interconnecter SANS passer par INTERNET.
    Ce réseau CONTIENDRA internet.
    Et les échanges seront complètement cryptées à la volée...
    Ce sera le véritable point à point (peer to peer - P2P)

    Je connais la personne qui développe ce produit et nous espérons le mettre sur le marché cette année. Le logiciel qui est un OS complet, fait 150 ko).

    Et cet informaticien, même si il est parmi les meilleurs, ne doit pas être le seul à travailler sur ce type de produit.

    Salut les lois liberticides ;-)

    Skblllz

  • Et si “Lèche-bottes-rock & blues”, précisait combien il lui reste après piratage ?

  • Pauvres eddy mitchell, sardou et consorts qui risquent de se retrouver sur la paille ! Non franchement, de qui se moquent-ils ? On serait sensés les plaindre, peut-être ?
    Ce sont curieusement les plus friqués qui montent aux créneaux. Les petits artistes, eux, ne semblent pas trop se plaindre : normal, car le peer to peer leur permet aussi de se faire connaitre et ca ramène du monde à leurs concerts.
    De toutes manières, ces connards de crooners de salons peuvent dormir tranquilles : même gratuits, leurs disques, on n’en veut pas. Leur culture fast food est enfin mise sur un pied d’égalité avec les artistes qui ne passent pas à la radio toutes les cinq minutes. Je crois que c’est encore ca qui doit leur être le plus intolérable.

  • Pauvres artistes qui crèchent en haut de l’avenue Foch, squattent des bureaux dans le triangle d’or des Champs Elysées et qui crient famine.

    Tiens, ça me rappelle un chanteur qui dans les années 70 monnayait les séquences de dédicaces dans des magasins de fringues en demandant 5000 balles en liquide pour les deux heures passées…

    Le téléchargement est responsable de ces pratiques toujours en court ?……