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Accès de corporatisme supranational au Parlement européen

Publie le vendredi 27 janvier 2006 par Open-Publishing
12 commentaires

de Thibaud de La Hosseraye

Le 19 janvier, le Parlement européen a donc adopté, par 385 voix contre 125 et 51 abstentions, un rapport appelant à l’entrée en vigueur, dès 2009, de ce même projet de traité entre vingt-cinq Etats européens, lequel prétendait établir « une Constitution pour l’Europe », dont les termes ont été refusés par les peuples de France et de Hollande, c’est-à-dire de la première et de l’une des six premières nations initiatrices de l’Union européenne.

Un traité, quand il ne s’agit pas d’un ouvrage de métaphysique ou de botanique, est un contrat passé entre plusieurs Etats souverains. Pour qu’un tel contrat existe, il faut que chacun des Etats contractants ait accepté les termes du contrat. Antérieurement à cette acceptation, et quelles que soient les modalités de sa décision pour chacun des Etats, le contrat n’a pas d’autre existence que celle d’un « projet de traité ».

Imaginons, issues de 40 peuples, 40 000 personnes sélectionnées comme on voudra, parmi les plus compétentes en matière de droit international en même temps que dans tous les domaines auxquels s’appliquerait, pour ces 40 peuples, le projet en question. Imaginons que soit confiée à ces 40 000 personnes la charge de concevoir et de rédiger un tel projet de traité. Imaginons que, pour préparer ce travail, pendant une durée à déterminer, chacune de ces 40 000 personnes soit isolée, dans une petite cellule, des 39 999 autres. Imaginons qu’au terme de cette préparation, elles se réunissent pour confronter leurs textes respectifs et qu’elles constatent, avec stupéfaction, qu’elles sont toutes parvenues, à la lettre près, au même résultat.

Qui peut penser une seconde qu’elles seraient alors en droit d’imposer ce traité, même à l’un seulement de ces quarante peuples qui n’en voudrait pas ? Et qui peut penser une seconde que, confrontées au refus de ce peuple, elles seraient en droit d’en conclure : ce quarantième n’en veut pas, qu’à cela ne tienne, le traité vaudra pour les 39 autres ? L’objet de leur travail n’était-il pas de produire un texte acceptable par les 40 ? L’exclusion du quarantième serait un acte inconcevable d’agression à son égard de la part des 39 autres, exactement à l’opposé de l’intention initiale ! La seule conclusion qu’elles seraient en droit de tirer de son refus, c’est qu’elles ne sont pas parvenues à leur fin et qu’il leur reste à comprendre pour quelles raisons et à les prendre en compte en vue d’améliorer encore ce texte miraculeux.

On appelle la Bible des Septante, une traduction (une simple traduction !) de la Bible de l’hébreu en grec, effectuée, selon une certaine tradition, par 70 rabbins (seulement 70 !) dans les conditions miraculeuses que je viens de décrire. La traduction des Septante fait autorité : elle n’a pour autant jamais interdit, que je sache, selon aucune tradition, de reprendre l’aller-retour du grec à l’hébreu pour tenter un progrès dans l’intelligibilité de l’original. Elle n’a jamais prétendu, si j’ose dire, s’auto-sacraliser, en fermant définitivement la porte derrière elle. Et encore n’avait-elle pas pour objet de recueillir l’approbation de qui que ce soit d’autre que de chacun des 70 rabbins convoqués.

Dans le cas qui nous intéresse, il ne s’agit pas de n’importe quel traité, mais d’un traité qui prétend établir « une Constitution pour l’Europe ». C’est d’une part un traité, puisqu’il doit se contracter entre des Etats, et pour la plupart déjà dotés d’une Constitution ; mais puisque, d’autre part, il établit une Constitution commune à ces Etats, il suppose qu’en acceptant ce traité, chacun de ces Etats consente à modifier le type de rapports entre eux qui leur permet encore de contracter ensemble des traités. Ce qui n’est pas rien -et reste à clarifier.

La définition ordinaire d’une Constitution, c’est d’être la loi fondamentale d’une nation. En ce sens, il ne saurait y avoir de Constitution européenne, pour la simple raison qu’il n’y a pas de nation européenne. Le sens dans lequel on peut parler d’une « Constitution pour l’Europe » demeure donc à déterminer, car il ne peut être qu’absolument original. Si l’on ne précise pas ce sens, la Constitution dont on parle ne peut être que, par nature, et à terme, supranationale. Si on ne veut pas qu’elle le soit, il faut préciser, dans cette Constitution même, que l’Europe dont il s’agit est une Europe des nations et que la Constitution qu’elle se donne a pour fonction première de garantir le libre droit des peuples qui la composent à disposer d’eux-mêmes, de sorte que l’entité que constitue leur union ne soit que l’émanation du concours de leurs libertés respectives, à leur plus haut degré de diversité voulue, dans le respect des valeurs qu’elles se reconnaissent communes, puisque la devise en est « unie dans la diversité ».

Si on ne le précise pas, c’est qu’on veut que cette Constitution « et le droit adopté par les institutions de l’Union, dans l’exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, priment le droit des Etats membres » (art. 6) et cela, aussi bien pour les domaines de compétence exclusive que « partagée », pour la coordination des politiques économiques et de l’emploi que pour la politique étrangère, comme il est spécifié au titre III de la première partie, définissant lesdites « compétences de l’Union ». Ainsi, lorsque les supranationaux, pour nous convertir à leur immaculable conception de l’Europe, accusent le gouvernement de se « dédouaner » sur Bruxelles de la responsabilité de ses insuffisances, ils ne font que lui reprocher ce que légitimerait l’adoption d’un tel projet de Constitution.

Maintenant, que cette Constitution se veuille supranationale, tout en multipliant fausses portes et fausses fenêtres exclusivement destinées à créer l’illusion contraire, la preuve la plus éclatante vient de nous en être administrée par ce Parlement européen dont les ouistes nous vantaient naguère l’extension des compétences : il ne considère plus le « Traité établissant une Constitution pour l’Europe » comme un traité, c’est-à-dire entre les Etats qu’il aurait pour fonction d’unir, mais directement comme un projet de Constitution valant pour un seul et même peuple européen qui lui serait déjà majoritairement favorable, avec une écrasée minorité de deux contre, ce que l’on pourrait confirmer -après la vaste campagne d’intox très expressément programmée par le Conseil européen en juin 2005 et détaillée, en cette mi-janvier, par le Parlement- grâce à l’organisation d’un référendum commun à l’ensemble des Etats concernés dont la majorité serait décisive, sans distinction de nationalité.
On voit bien que, dans leur tête, l’Europe est déjà supranationale et que c’est pour une telle Europe, et seulement pour elle, qu’ils veulent une Constitution. Et que c’est parce qu’ils la veulent supranationale qu’ils n’en veulent surtout pas une autre que celle qu’ils nous ont déjà servie.

Nous avons là un stupéfiant exemple de dévoiement de ce corps intermédiaire qu’est un Parlement, qui finit par ne plus voir la réalité qu’il est supposé représenter qu’à travers le prisme de son propre corporatisme, en toute ignorance des principes les plus élémentaires du droit et dans une inconscience de son délire proportionnelle à l’ampleur du nombre de ses membres et des majorités qui peuvent s’en dégager.

Il est vrai qu’il ne faut rien dramatiser : le scandale, c’est qu’il n’y ait eu, parmi les députés français, que des communistes et ultra-nationalistes (pas même un socialiste !) pour s’opposer à un texte n’émettant rien de plus, après tout, qu’un avis, à savoir que le pur et simple maintien du projet de Constitution actuel, au terme du « débat » censé se prolonger jusqu’en 2009, « constituerait un résultat positif ». On en reste, pour l’instant, au « vœu pieux ». Mais c’est bien en effet d’une forme de piété inquiétante qu’il s’agit là, toute profane et prosaïquement matérielle qu’elle demeure. Propice aux visions les plus fantaisistes.

Réjouissez-vous, citoyens d’Europe, votre Constitution existe ! Nous l’avons vue descendre du supranational firmament européen, de douze étoiles couronnée, aussi intouchable que l’Alcoran. D’Estaing est son Prophète. La question n’est plus pour vous de savoir si vous en voulez ou non, mais supra-démocratiquement, de la comprendre. Et nous, ses apôtres, allons supra-démocratiquement vous l’expliquer.

De fait, nous venons d’assister à un phénomène connu, plus commun qu’on ne l’imagine, consécutif à un conditionnement de masse de populations assemblées par un commun espoir : celui de l’hallucination collective.

Quelles réactions opposer à la décision du Parlement européen du 19 janvier ?

Face au déni de droit que représente l’entêtement du Parlement européen à refuser, après le Conseil européen des 16 et 17 juin 2005, le rejet du TCE par la France et la Hollande, pour nous, simples citoyens, deux réactions s’imposent.

La première, c’est de nous mobiliser, lors des prochaines élections européennes, pour ne voter qu’en faveur des listes présentées, soit par les seuls partis dont nos députés se sont opposés à la décision du 19 janvier, c’est-à-dire le parti communiste, si on est de gauche ou si on refuse de voter de Villiers ou Le Pen, ou de Villiers si on n’est pas un électeur du Front National, soit pour une liste qui se serait expressément constituée sur le principe de la caducité du TCE -en sachant que ce mouvement a toutes les chances de s’étendre à l’ensemble des peuples européens.
Observons, du reste, que la majorité des 385 voix du 19 janvier représente, malgré tout, un recul de 23% sur les 500 qui s’étaient prononcés en faveur du projet de Constitution.

Mais le signe le plus fort que nous puissions adresser à l’ensemble des institutions européennes contre leur commune prétention à une ratification forcée de ce texte, c’est précisément notre Constitution qui nous le permet, en nous dotant du droit d’élire notre Président au suffrage universel direct.

Il faut que nous soyons bien conscients que toutes les élites européistes sont suspendues à notre échéance de 2007, dans l’espoir avoué que l’ordre de nos priorités nationales et une certaine réputée indifférence aux questions européennes conduiront les Français à l’inconséquence d’élire un chef d’Etat qui serait disposé, comme a déclaré l’être, lors de ces débats, Nicolas Sarkozy, à passer par la seule Assemblée Nationale pour adopter la part proprement institutionnelle du Traité, toute sa partie économique n’ayant pas à être mise en cause puisqu’elle fait déjà l’objet de traités antérieurs (C’est donc à la fois présumer que nous ne nous serions opposés qu’à celle-ci, tout en la maintenant et en nous retirant tout de même le droit, pour plus de précaution, de nous prononcer spécifiquement sur le reste ! Voilà qui éclaire d’un jour assez cru l’idée sarkozienne de la démocratie et du suffrage populaire).

Notre seconde réaction doit donc être de n’élire à la Présidence qu’un candidat qui se sera engagé, en termes explicites, à refuser de contourner d’aucune façon la décision référendaire du 29 mai, c’est-à-dire à se conformer à l’alternative qu’elle ouvre : soit de renoncer à une Constitution européenne, soit d’accepter que le projet qui nous en a été présenté cesse enfin de l’être comme le nec plus ultra du possible, une perfection non moins surnaturellement incorrigible que les Tables de la loi mosaïque et cela, comble du grotesque, alors même que certains de ceux qui ont eu à y travailler ont le bon sens et le minimum de décence ou de lucidité de le reconnaître, dès à présent, modifiable et améliorable, comme toute œuvre d’origine, malgré tout, humaine.

Il faut mettre un terme à cette prétention bouffonne de nous faire croire qu’on ne saurait en déplacer une virgule (sic : Isabelle Bourgeois, entendue le 23 janvier sur I-télé) sans en bouleverser la signification de fond en comble, tout cela s’appuyant sur l’argument d’autorité que ce serait l’infiniment improbable compromis de vingt-cinq points de vue en tout divergents : ou bien c’est le cas, et il est nécessairement suspect, ou bien il serait nettement moins improbable si on voulait bien s’en tenir aux lignes de convergence et prendre une fois pour toutes en compte la diversité des libertés nationales en jeu, comme je le suggère dans le texte précédent.
Mais la vérité, c’est que c’est précisément ce qu’on ne veut pas, parce qu’on ne veut qu’une certaine Europe qui se trouve être celle dont nous ne voulons pas.

C’est pourquoi le plus simple et le plus sûr, c’est, en définitive, de voter pour un candidat qui se sera clairement prononcé, en s’en expliquant, à la fois pour un oui à l’Europe et un non à cette Constitution et dont nul ne puisse douter que ce non procède, en effet, d’un oui qu’atteste son engagement européen.

C’est le véritable enjeu de la prochaine présidentielle et il n’est que temps de réaliser la puissance que cette élection confère à notre exigence démocratique et républicaine (sujet sur lequel je compte revenir, en particulier dans un tout prochain texte, pratiquement achevé).

Thibaud.delahosseraye@wanadoo.fr

www.ineditspourlenon.com

Messages

  • Thibaud,

    Il peut très bien exister une constitution s’adressant à plusieurs peuples. Bien des états dans le monde sont confrontés à des constitutions s’adressant à la multiplicité des peuples qui les composent.

    Egalement, bien que nous disposons d’une constitution nationale, les traités, et l’application de ceux-ci depuis une vingtaine d’année à l’échelle de l’Union Européenne, ont introduit toute une série de règles communes qui enlevent des élements essentiels de souveraineté des états qui composait l’Europe.
    La question du TCE doit s’apprécier dans ce cadre, et l’enlevement des attributs ordinaires de souveraineté nationale depuis une vingtaine d’années a participé d’un mouvement qui précede le texte incriminé.
    Le TCE en celà est un essai d’homogénéisation des règles préalables construites par traités, et effectivement (mais nous le savions depuis longtemps malgrés les mensonges réitérés de nos ouistrillons locaux, du PS ou de l’UMP) une tentative d’établissement d’une constitution.

    Depuis longtemps, le fonctionement de l’Union Européenn par traités cache une hypocrisie profonde qui cherche à camoufler et dissimuler qu’on n’a plus affaire à des traités mais à des règles de fonctionements d’un espace européen qui engagent l’essentiel de la vie des citoyens. L’extraction du champ démocratique (du moins l’indirection décisive de l’expression démocratique sur ces lois de fonctionement européennes est un affront au principe démocratique) de ces règles a fait stupeur dans les populations, quand, celles-ci compilées en un seul bréviaire ont été proposées aux populations.

    Nous savons maintenant que des règles de débat équitables et respectueuses des règles de la démocratie dans l’esprit et le concret, et des referendums dans tous les états européens, auraient conduits le TCE à être balayé d’Europe. A part le Luxembourg, même un état comme l’Espagne n’aurait pas voté pour en découvrant qu’on lui avait caché une partie décisive du texte (vous signez en bas de la feuille, et je ne vous montre pas les chapitres qui precedent...)..

    Et effectivement, tant dans l’absence de respect de la démocratie comme dans le soutien à un texte qui injurie les grands principes de fonctionements démocratiques construits sur deux cent ans de batailles, le PS, l’UMP et l’UDF sont totalement disqualifiés et il faut rappeler sans cesse dans quoi ils ont trempé, ce qu’ils ont defendu et ce qu’ils continuent de faire.

    Les règles de fond du TCE, inclues dans les traités européens précedents, continuent de se mettre en oeuvre avec les ravages que l’on sait dans les populations européennes. D’autres buldozers anti-sociaux, anti-democratiques et destructeurs, sont mis en ligne en permanence à l’échelon européen. Quand le TCE ne passe pas, on le tire enarrière et on le vends à la découpe, par appartements, montrant en celà que l’injure à la démocratie est chevillée au corps de ceux qui dirigent l’UE.
    Des essais de remises en selle de la circulaire Bolkenstein, à la soumission à des interets externes à l’UE , anti-européens, sur les brevets, des batailles sur l’OMC où l’UE se retrouve supporter + déterminé de la loi de la jungle obligatoire (qui interdit que les états ou groupes d’états se definissent des règles protectrices de leurs populations) que les autres, etc.

    Les partis donc qui soutiennent ouvertement en Europe cette orientation doivent donc être montrés du doigt tant qu’ils n’auront pas rompus clairement avec leur orientation anti-democratique et anti-sociale.

    Et je partage donc avec Thibaud, la necessité de mettre à l’indexe, dans les échéances à venir les partis ayant soutenu le TCE et mis en oeuvre les principes sous-tendants celui-ci (traités , etc) jusqu’à ce qu’ils reviennent là dessus, reviennent sur leur tentation anti-democratique.

    Un Sarkozy, par exemple, ne peut pas, ne doit pas être élu.

    Pour autant, nous ne pouvons pas nous cacher les choses sur la question européenne. Et la réponse démocratique necessaire ne peut s’abstraire de la question de savoir si nous voulons un état européen ou revenir aux états constitutifs de l’UE.
    Ce sont deux orientations profondement differentes extremement lourdes de consequence sur l’avenir.
    Revenir aux états précedents c’est revenir sur une monaie commune, revenir sur la circulation des personnes en Europe, revenir sur une confrontation et un mélange de plus en plus importants des peuples européens, revenir sur l’integration economique. Pas d’état sans monaie. La plupart des états dans le monde qui ont abandonné leur monaie ont en même temps abandonné leur souveraineté, allant au devant de terribles soubresauts economiques et sociaux.
    Revenir donc aux états d’origine c’est immediatement revenir sur l’Euro et le principe d’une BCE.

    Par contre , l’autre logique d’opposition au TCE qui désire garder le principe d’une Union Européenne comme état federal (ou une Union de républiques) doit logiquement déterminer une constitution, des règles communes, des lois communes , conserver une monaire commune....

    Et donc préciser les articulations démocratiques, les avancées nécessaires de transparence et de contrôles des populations sur les orientations et les lois, les fonctionements concrets appliquanr cette souveraineté.

    C’est également proposer des règles fiscales homogènes ne concourant pas au dumping fiscal, des protections sociales ne concourant pas au dumping social, des outils remettant sous contrôle démocratique l’économie (services publics quand celà est necessaire, choix de favoriser tel ou tel secteur économique, etc)...

    Il n’est pas possible donc d’être federaliste sans demander un SMIG européen aligné sur le plus haut des états (sinon cet état verra ses smicards avoir une chûte de leurs revenus, en l’occurence les Luxembourgeois), par exemple. Il n’est pas possible de ne pas avoir une fiscalité qui ne soit pas européenne quand les frontières sont ouvertes comme actuellement. L’exemple de l’Irlande pompant artificiellement des capitaux européens par sa faible fiscalité (de l’argent gagné et produit ailleurs, transféré en Irlande grace à la libre circulation de l’argent, avant d’être exfiltré vers un autre continent....) est édifiant et conduit à une Europe champ de bataille où les régions européennes jouent à s’appauvrir les unes les autres pour dépecer les voisines.
    Le naufrage du Portugal à ce petit jeu (pour lequel nos ultra-liberaux sont d’une discretion de violette) montre un bon éleve de l’état light mener sa population dans la catastrophe.

    L’interet public se met alors au service de l’interet des grands groupes financiers et industriels, la démocratie ploie les genoux, se soumet à des organisations privées planifiées et ne fonctionant pas sur des principes démocratiques . Opposer autre chose à celà, le fond est là, le choix est là.

    Il n’y a pas donc d’Europe possible qui ne se fasse sans une avancée démocratique et sociale soumettant l’économie à son empire. Non pour brider les initiatives des uns et des autres pour créer des richesses nouvelles (sociales, environementales, morales, culturelles, matérielles, financières, etc) mais justement pour defendre celles-ci des groupes financiers géants anti-democratiques les bridant.
    Le danger vient de ces grands groupes qui se sont abstraits du territoire et ne sentent plus de responsabilités envers celui-ci (qui les a nourrit, fait naître et enrichi) et non d’un risque bureaucratique d’état exclusif.

    Le dernier choix que je fais, plutôt que de revenir aux états constitutifs, c’est d’aller de l’avant.
    Le corollaire donc à ce choix c’est de batailler pour que les grands principes politiques défendus puissent l’être en Pologne comme France, en Espagne comme à Chypre, en Turquie comme en Roumanie, en Grande-Bretagne comme en Finlande, en Russie comme en Belgique, au Danmark comme en Grèce, de l’Algérie à l’Islande, du Maroc à la Litianie (à dessein je ne respecte pas les frontières diviseuses mises en avant par nos anti-democrates et xenophobes).

    Mon attention sur les batailles politiques à venir, qu’elles soient électorales ou autres, se portera donc avec cette dimension européanéiste, afin de trier les mouvements et partis.

    Copas

    • Je souhaite apporter ma contribution en proposant une autre approche de la problématique soulevée.

      J’ai l’impression que nous sommes face à deux logiques donc deux discours qui ne se situent pas sur le même plan.

      D’un côté, nous avons le discours des détenants du Pouvoir qui s’évertuent à mettre en place un cadre garantissant la pérénité de leur système (capitaliste) en enlevant au peuple (seule autorité légitime représentant le contre-Pouvoir) les moyens d’exercer sa volonté.
      Donc dans une démarche anti démocratique.

      De l’autre, nous avons des réponses (des propositions ou arguments) qui s’inscrivent dans le cadre qui se veut démocratique au sens idéal du terme (puisqu’il n’existe pas de modèle au sens moderne).

      Nous sommes donc en face d’un dialogue de sourds.

      Pour les premiers, tous les moyens sont bons (même illégaux, amorals, etc.)
      Pour les seconds, nous devons respecter des règles qui sont inapplicables dans la réalité de notre société.

      Je ne suis pas partisant d’un affrontement ouvert.

      Je cherche simplement à comprendre ce qui se passe et ce qui se joue en ce moment.

      geabel

    • En réponse (trop rapide) au premier texte de Copas, je crois qu’une priorité, pour les majoritaires du 29 mai (et la remarque vaut également pour moi), c’est de ne pas se laisser piéger par le faux débat sur lequel on voudrait les voir se diviser, entre fédéralisme et souverainisme : nous sommes tous fédéralistes, si c’est pour une Europe fondée sur le principe dynamique d’un maximum d’égalité, non pas simplement des sexes, ni devant la loi, ni des chances, mais des libertés, donc des conditions, et souverainistes nous le sommes tous également, si ce que fédère l’Europe, ce sont effectivement des Etats dont la légitimité se tire de leur souveraineté nationale (art. 3 de la Déclaration de 89, en préambule de notre Constitution) et cela dans le respect du droit, au sens où le reconnaît une République.
      Ces deux garde-fou nous sont indissociablement nécessaires et ils sont très heureusement complémentaires, sans préjudice d’une évolution, sur le long terme, vers un possible peuple européen : le souverainisme, en ce qu’il nous retient de lâcher la proie pour l’ombre, en comptant éventuellement sur le jour où il n’y aura plus que des inconsistances à unir pour nous contraindre à l’Union dans l’inconsistance, et le fédéralisme, pour ne cesser, nous particulièrement, de là où nous sommes, en France, de défendre et de dynamiser une Europe républicaine et (c’est-à-dire) sociale.
      Et non seulement de là où nous sommes : aussi et surtout, et d’abord, là où nous sommes –d’où la nécessité, en retour, de continuer de veiller à ce qu’il nous faut garder, pour cela, de souveraineté : la même qui, de fait et de droit, nous a seule permis de frapper de péremption l’ex-projet de TCE. Une souveraineté dont il est moins question que jamais de concéder aujourd’hui la plus ou moins hypocrite ou désormais cynique remise en cause au nom de traités antérieurs dont nous venons justement de refuser de constitutionnaliser ce qu’on persiste à nous présenter comme l’inéludable, et surtout définitive, synthèse.
      Pour ce qui est des possibilités de modification du projet de constitution ouvertes par la caducité du TCE, je ne peux que recommander la lecture du limpide opuscule (75 pages) de Jacques Généreux (rédigé dès avant le vote hollandais) : Sens et conséquences du non Français (au Seuil). Voilà un vrai socialiste qui s’inscrit dans la perspective du fédéralisme et dont le réalisme économique et politique ne contredit en rien la fidélité à ses principes.

    • Pardon d’avoir simplement omis de signer mon texte précédent (daté du 31 janvier 2006 à 23h18, Posté par 82.***.233.***).

      Thibaud de La Hosseraye

  • C’est formidable à lire impérativment les deux articles :

    *Thibaud pour la partie légaliste de la constitution Européenne
    * Copas pour la partie projet politique de l’Europe

    Puis on imprime on relit et on cogite bravo et merci

    Nicole

  • à faire circuler partout aussi :)

    j’ai cru comprendre autour de moi que ce n’était pas encore assimilé le fait de choisir clairement
    à la présidentielle un candidat du NON (pourvu qu’il y est ce candidat). c’est la chose la plus importante à faire passer au prés de ceux qui ont dit non.

  • Après réflexion, j’ai réfléchi sur nos élus et j’ai regardé de plus près ceux qui veulent une VIEME république
    1°- camp du OUI
    * M. BAYROU : sa VIEME république serait de donner plus de pouvoir au Président élu sans majorité absolue (3 caditats pourraient rester en liste au 2EME tour)- suppression du 1ER ministre-le parlement mieux représenté et pouvoir augmenté.

    * M. SARKOSY : sa VIEME république serait plus de pouvoir au Président-suppression du 1ER ministre
    role du parlement inchangé

    2°- CAMP DU NON (pour l’instant)
    * M. MONTEBOURG : sa VIEME république serait un régime primo-ministériel : le 1ER ministre est le véritable patron du gouvernement et le parlement renforcé étend son controle sur le gouvernement

    Donc ;, lorsque vous entendez les trois options, on comprend très vite les positions et roles que veulent jouer ces personnes dans l’Europe.
    Qui donne les directives politique à Bruxelle qui y trone : Les Présidents
    Si le TCE tel qu’il est rédigé , est ratifié définitivement Bayrou, et surtout Sarkosy ont raison , à quoi servirait un 1ER ministre puisque les directives viendrait de Bruxelle.
    Il est vrai BAYROU n’ose pas encore aller jusqu’au bout en donnant plus de pouvoir au Parlement(cela rassure) et Montebourg étant resté au PS doit etre déjà entrrain de remanier sa VIEME.
    Sarkosy lui il a tout compris et se moque des états d’ame, il est Président, fait passer sa VIEME République, et vite fait bien fait entérine le TCE par le parlement.
    Et le peuple français , loin des questions Européennes pour une élection Présidentielle se retrouve le bec dans l’eau avec une politique et une économie dirigée par qui à votre avis

    Je comprends maintenant pourquoi le silence est total sur des projets politiques , pourquoi des programmes ne commencent pas à éclore, parceque nos politiques savent très bien à quelle sauce nous allons etre manger alors pourquoi se décarcasser.

    Mais le plus triste c’est que l’on nous balade avec des lois et directives qui :
    soit préparent 2009, privatisations, nouveaux contrats, fiscalité
    soit nous détournent de l’arbre qui cache la foret : colonisation, polygamie, sécurité etc..

    Finalement j’ai comme la vague impression que tous nos politiques ne revent que d’une chose faire partie du pouvoir mais à Bruxelle quittent à sacrifier : les peuples.

    Nicole

    • “Depuis la formidable victoire du 29 mai 2005, où un projet de société inspiré du modèle américain du chacun pour-soi a été rejeté, les principaux acteurs de cette victoire semblent frappés d’impuissance. NOU N’AVONS PAS LE DROIT DE DECEVOIR“.” C’est ce que dit en préambule l’excellent Raoul Marc JENNAR (voir sur son site URFIG) dans la tribune de l’hebdo Politis et il continue “la gauche de gauche, la gauche redicale a perdu l’initiative enfermée qu’elle est dans des rivalités anachroniques, parce que la dynamique unitaire reste davantage une opportunité circonstancielle qu’un incontournable moyen de créer un autre rapport de force.”

      Cette gauche de gauche déçoit terriblement.

      “S’il n’y avait la fameuse proposition Bolkestein, on a le sentiment que la question européenne ne serait plus qu’un sujet parmi tant d’autres, alors que c’est de la manière dont se construit et fonctionne l’UE que proviennent les politiques nationales de démantèlement des conquêtes” démocratiques et sociales. (...)

      “La suite du NON,nous la laisons à ceux qui proclament, un peu partout en Europe et même en France, qu’il faut « sauver la Constitution eropéenne ».”

      “Dans la cohérence avec le rejet d’un TCE qui construit une société ultralibérale, il faut exiger la révision des traités existants. (...)”

      “La gauche de gauche a perdu son temps à nourrir des illusions et à attndre l’issue des débats au sein du PS. Depuis, ce parti, en cela fidèle à l’attitude qui fut tjs la sienne depuis la mort de Jaurès, a privilégié le socialisme d’accompagnement. Et LA GAUCHE RADICALE S’INCLINE, accepte la restauration de l’hégémonie du PS sur l’ensemble de la Gauche et semble renoncer, malgré les appels de la base, à la constitution d’un contrepoids crédible à la gauche du PS.

      La gauche redicale se prépare, une nouvelle fois, à organiser son impuissance en « témoignant »
      de sa diversité. (...)”

      Alors, camarades Besancenot, Buffet, Bavay et les autres (tiens d’ailleurs on entend plus parler des Mélanchon, Dolez, Filoche, etc...tous rentrés dans le rang après la fameuse synthése) on la joue perso ? A trop décevoir Billancourt, vous vous préparez de mauvais jours.

    • Il s’agit moins de proposer que de poursuivre sur l’élan de la campagne du NON de gauche.
      Or, il semble bien et cela n’a pas dû échapper à ta vigilance, que chacun du PC à la LCR est en train de se replier en adpotant la posture du attendre et voir.
      Beaucoup de choses sont relatées(certes en résumé) dans cet article (celui de Jennar) : SANS CANDIDATURE UNIQUE DU NON DE GAUCHE c’est le peuple de gauche ayant voté NON que nous allons décevoir : alors retroussons nos manches pour éxiger de ces partis qu’ils se rassemblent pour impulser une autre dynamique à gauche. Ce que constate Jennar, qui a pris une part très active à la victoire du NON, c’est que ce soufflet (pourvu que cette victoire ne soit pas que cela) est en train de retomber.
      Allons-nous assister, comme en 2002, à une candidature PC, LCR, PS qui finira par la candidature unique du candidat du PS (au second tour) rejoint par le PC.
      Ma proposition tient plus en ce que je ne veux pas voir, ce scénario là, le pire à mes yeux et l’assurance d’une débacle de la gauche de gauche assurée.
      “M. qu’est-ce que tu proposes”, tu n’as pas l’air de prendre la mesure de la déception qui se profile.

      Ali

    • Je prends l’exacte mesure et fait pression de tout ce que je peux pour que ça avance et je te félicite de ta volonté similaire.

      J’éprouve une exaspération comparable à celle de Jennar sur ce qui se passe. Depuis le début....
      Car je pense que le potentiel de transformation dans un sens plus humain de cette société est énorme.

      Ma question était donc de savoir si tu avais des propositions particulières pour faire bouger les diverses boutiques .

      Copas

    • La balle va être sous peu dans le camp du PC ? OK !
      Dans quel camp va-telle rebondir ? La candidature de M. G. BUFFET ou...la proposition d’une candidature unique (qui peut parfaitement être extérieure au PC...) pour porter le NON de gauche ?
      Encore une fois il s’agit moins de "proposer" que de bouster les appareils afin qu’ils ne commettent pas l’erreur (j’allais dire fatale) qui consisterait à nous couper pour longtemps cet électorat des partis de gauche. Comment fédérer tous ces mouvements à la gauche de la gauche ?
      La réponse ne peut être, aujourd’hui, que dans les partis organisés, tels la LCR, le PC, les Verts du NON.
      La réponse de la LCR est en demi-teinte, quelle va être celle du PC ? Ne pas heurter le PS dans l’espoir de négocier quelques places pour les élections ultérieures ?
      Il reste à "proposer" d’interpeller haut et fort le PS sur des questions essentielles afin de montrer qelles sont ses limites et partant lui signifier que nous refusons de reconnaître son hégémonie. Cependant vois-tu, à moi seul, je n’ai pas la prétention de proposer plus que ce que je peux faire mais qui n’est et ne sera pas, de toute évidence médiatisé, alors que les élus du PC le peuvent bien davantage ? Le feront-ils ?

      Allons nous laisser le non en désuétude et l’initiative au seul PS ?