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Un métallurgiste dans la Gauche européenne. "Le parti démocrate ouvre des espaces à gauche"

Publie le samedi 18 février 2006 par Open-Publishing
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Zipponi, un candidat "qui n’est pas inscrit"

de C.C. traduit de l’italien par karl&rosa

"Mais la raison de mon choix t’intéresse vraiment, ou tu veux faire un article réglo ?". La prémisse de Maurizio Zipponi, que je connais depuis plus de vingt ans, depuis qu’il était actif parmi les "glorieux" métallurgistes de Brescia - qui avaient rencontré à l’époque un combattant exceptionnel, Claudio Sabattini - est provocatrice mais elle n’est pas incongrue. Elle sert à prévenir les doutes et les réserves de ceux qui se demandent aujourd’hui - en présence d’une compétition qui arrive même parmi les mouvements, de personnes qui souhaitent prendre place dans des endroits plus officiels, de parti, institutionnels - quel sens cela a d’abandonner une expérience difficile mais significative dans le conflit capital travail, comme celle des métallurgistes, pour choisir un parti, même de gauche, avec ses dynamiques internes tout à fait différentes.

Sur cette grille se développe la conversation avec Maurizio Zipponi, confirmé, juste en décembre, secrétaire de la Fiom-Cgil de Milan, aujourd’hui candidat "externe" dans les listes de Refondation communiste. "Je ne suis pas inscrit au PRC", précise-t-il, mais par cette candidature "on m’a offert la possibilité de participer à la phase de constitution d’un nouveau sujet politique : la section italienne de la Gauche européenne, un processus dans lequel je me mets en jeu avec d’autres, des associations, des mouvements, des individus, un processus constituant". Zipponi rappelle combien de fois des sujets différents mais unis se sont déjà retrouvés pour tenter quelques nouvelles formes de "constituante politique" plus larges, entraînant au-delà des partis singuliers : il y a toujours eu "la FIOM aussi, il y avait Il Manifesto..., et jusqu’à présent on n’y est pas arrivé". Je me souviens que souvent c’était justement Rifondazione, qui se disait intéressée, à se soustraire pour réaffirmer ses logiques de parti. Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ?

Beaucoup de choses changent, insiste Zipponi, mais aujourd’hui nous sommes obligés de remettre au centre de la politique non pas le "problème" mais la réalité d’un conflit en acte qui pose problème à la représentation politique. "Je parle pour moi et j’amène dans ce projet un parcours qui, de la défaite à la Fiat des années 80 aux luttes de Melfi, à Terni, à la pratique des contrats préliminaires de la Fiom, jusqu’à ce dernier contrat national - une conquête après des années où le contrat des métallurgistes semblait pouvoir être effacé - est une expérience parlant de souffrances, de tant d’amertume, de peu de victoires, mais qui est arrivé à reconstruire une subjectivité effacée, c’est-à-dire un point de vue autonome dans les processus de transformation du travail et de la société".

C’est une revendication, au nom des métallurgistes de la Fiom, d’une présence réelle dans les conflits du travail et en même temps dans les mouvements - depuis le forum de Porto Alegre, en Italie depuis le premier mouvement contre le G8 à Gênes en 2001 : "donc l’histoire des métallurgistes parle à tout le monde de recomposition d’une représentation sociale et nous posons depuis longtemps le problème d’une représentation politique". Mais en écartant toute solution du passé : aujourd’hui, "des mouvements, des individus, porteurs de leur caractère partiel et de leur expérience propres ne peuvent pas être contraints dans un parti structuré, il faut une formation ouverte, où l’on puisse être avec des appartenances doubles et cela me semble possible dans le parti de la Gauche européenne".

Pour ceux qui acceptent, venant de la Fiom, l’ "idée est d’y amener le travail comme clef pour interpréter les processus de changement". Mais nous sommes en Italie : que pense Zipponi du "programme" de l’Unione ? "Je pense qu’il a besoin du conflit social. Ce qui m’intéresse ce ne sont pas les 300 pages, mais comprendre si dans le jeu qui s’ouvre on peut conquérir une médiation plus avancée, ayant au centre la lutte à la précarité de la vie et du travail. Je regarde les résultats". Et comment voyez-vous le jeu entre Ds et Margherita vers le ’parti démocrate’ ? "Je ne me permets pas de porter des jugements sur les processus internes de partis singuliers, mais sur leurs choix. Je dis seulement qu’un parti démocrate libéral en Italie serait une nouveauté, mais une nouveauté qui ouvre des espaces à gauche, comme c’est en train d’arriver dans toute l’Europe.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • De nombreux points de convergence, dans l’analyse d’une situation en Europe (et non un seul regard d’un pré carré national) , sur des espaces énormes ouverts à gauche, sur les articulations possibles pour la création de nouveaux partis de gauche englobants et souples dans leur montée en puissance...

    La compréhension que les espaces à gauche, sont en fait des espaces "sociaux", de classe (nous avons vu l’incroyable vote de "classe" du 29 Mai 2005 en France, jamais il n’y avait eu une telle homogénéité du vote des travailleurs en France depuis des dizaines d’années), même si cette situation ne predurera pas tout le temps (on voit les maneuvres en France de recherche d’une virginité cosmétique du PS vis à vis des travailleurs)...

    L’ami là met le doigt sur cet espace ouvert, qu’il perçoit à sa façon dans la particularité de la puissance persistante du mouvement social en Italie malgrés les défaites communes aux travailleurs en Europe, mais que nous percevons au travers d’une multitude d’indices en France alors que le mouvement sociale y est beaucoup plus à genoux.

    Il met le doigt sur la possibilité de créer des partis de gauche de type nouveau, plus souples et moins caporalisés, il tresse un des chemins pour y arriver...

    Question en suspens :
    Je trouve persistantes des difficultés, en France comme en Italie, à trancher par un peu + de férocité les liens avec la gauche libérale...
    Occupper l’immense espace social qui s’est ouvert necessite un peu + de cannonage du liberalisme de gauche.
    Il ne s’agit pas de faire des exces de radicalisme (c’est peut-être le mauvais souvenir de ces exces en Italie ?) mais de ne pas aller, par exemple, à des elections avec d’abord un processus de primaires à gauche, même si on peut, à tel ou tel moment, choisir ce qui permet d’ejecter l’horreur berlusconnienne...

    Très interessante contribution,
    L’avenir de la gauche est à gauche...pas à droite...

    Copas