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Lettre publique de la Direction nationale de la LCR au PCF

Publie le lundi 13 mars 2006 par Open-Publishing
6 commentaires

Ensemble, répondons aux espoirs du 29 mai !

Camarades et Amis,

La vie de votre parti est à la veille d’un moment important, la tenue de votre congrès. La question des mobilisations contre le gouvernement et le patronat, ainsi que la question de l’alternative, sont au centre de vos préoccupations, que nous partageons.

Résistance !

Il ne se passe pas une semaine sans que le gouvernement ou le patronat n’annonce de nouvelles attaques contre les salariés. Cette politique se traduit par un chômage de nouveau officiellement en hausse, le développement de la précarité et la baisse du coût du travail avec le CNE et le CPE, les attaques contre les chômeurs... En même temps, le gouvernement laisse libre cours aux plans patronaux de licenciements et de fermetures d’entreprises pour accroître les marges capitalistes. L’accès à la santé est toujours plus difficile avec la mise en oeuvre du plan Douste-Blazy, les privatisations et le démantèlement des services publics se multiplient (EDF, Aéroport de Paris, Banque postale, SNCM, RTM, ...). La fusion SUEZ/GDF accélère le rythme des privatisations des services publics, démontrant l’inanité des engagements gouvernementaux. Une nouvelle fois, l’ouverture du capital n’est que le premier pas vers la privatisation globale de l’entreprise. Le droit au logement est bafoué et le pouvoir d’achat de millions de salariés régresse. Les révoltes des jeunes des quartiers populaires, en novembre dernier, ont une nouvelle fois mis en lumière les discriminations et la précarité dont est victime cette jeunesse, et particulièrement celle issue de l’immigration. Les réponses pénales et antisociales du gouvernement, avec l’aggravation de sa politique sécuritaire et anti-immigrés, comme sa volonté de démanteler le système scolaire (apprentissage à 14 ans), ne font qu’accroître les inégalités et préparent de nouvelles explosions.

La question qui se pose à tous ceux qui entendent oeuvrer à la défense des intérêts du monde du travail, au progrès social et démocratique, à l’émancipation politique et sociale, est de savoir comment permettre aux luttes sociales et politiques de ces derniers mois de déboucher sur une victoire concrète des salariés, des chômeurs, des jeunes et des femmes, des travailleurs immigrés, des classes populaires. Les grandes manifestations du 10 mars et du 4 octobre 2005, celles du 7 février et du 7 mars 2006, combinées à la victoire du Non au référendum du 29 mai, indiquent les potentialités nouvelles, attestent d’un renouveau social et politique. L’un des éléments marquants de ce renouveau, qui indiscutablement y contribue, renvoie aux relations entre votre parti et le nôtre. Nous nous retrouvons de plus en plus souvent au coude-à-coude dans les luttes, et la campagne unitaire contre le TCE a été un moment fort de ce renouveau démocratique. Cela nous donne, à vous et à nous, d’importantes et nouvelles responsabilités vis-à-vis du mouvement populaire. Une nouvelle page s’est ouverte dans les relations entre nos courants politiques. Discuter de nos actions et interventions communes nécessite la clarté politique, et donc essayer de définir nos points de convergence ainsi que nos divergences et désaccords. C’est le propos de cette lettre.

Face à la droite et au patronat, la LCR met tout en oeuvre pour une offensive unitaire, sans exclusive. Il faut, sans attendre les échéances électorales, construire un front de lutte, une mobilisation d’ensemble pour mettre un coup d’arrêt à un rouleau compresseur qui détruit des droits acquis par des décennies de combat du mouvement ouvrier, qui orchestre la satisfaction des exigences patronales. La LCR est ainsi signataire de la pétition unitaire contre le CPE et partie prenante de la « structure de liaison » pour organiser, à gauche, la riposte commune à la droite. Ses militant-e-s participent à la construction de collectifs unitaires contre le CPE et le projet de loi Sarkozy sur l’immigration.

L’alternative anticapitaliste pas l’alternance sociale-libérale

Il faut mettre un coup d’arrêt à la politique de la droite, chasser le gouvernement, aujourd’hui par les mobilisations, ou, en 2007, au profit d’une alternative antilibérale conséquente, donc anticapitaliste, et pas d’une nouvelle alternance sociale-libérale.

Pour la LCR, les exigences portées depuis des années dans les mouvements de grève et la campagne du NON de gauche tracent les voies d’une claire rupture avec les politiques libérales et les orientations sociales-libérales du PS, réaffirmées lors de son congrès et dans ses récentes propositions de nouvelles baisses des « charges » des patrons pour favoriser l’emploi des jeunes !

Depuis plusieurs mois, nous avons agi pour l’unité dans l’action et engagé le débat et les rencontres pour une telle perspective qu’attendent, notamment, les militants investis dans la campagne et les collectifs du 29 mai. La LCR mène activement le débat sur cette question avec tous les militants et courants présents dans les collectifs du 29 mai, et avec le Parti communiste, notamment au sein des groupes de travail sur le programme d’une alternative, qui sont en train de se mettre en place entre nos deux organisations. De notre point de vue, des obstacles se présentent malheureusement dans cette voie unitaire. Et ceci, en particulier, avec votre souhait de rassembler la gauche du « oui » et celle du « non » sur un programme antilibéral, alors même que le PS vient de réaliser sa synthèse sous la houlette d’une direction acquise au social-libéralisme. La lutte pour un rassemblement antilibéral et anticapitaliste est incompatible avec la recherche d’accords gouvernementaux ou parlementaires sur une telle orientation. Il y a vraiment « deux gauches », « deux orientations inconciliables », l’une de soumission aux intérêts capitalistes, l’autre de résistance. Cette dernière implique de mener une politique correspondant aux besoins sociaux sans craindre de s’affronter aux intérêts patronaux. Cela impliquerait, pour un gouvernement, des choix radicaux en matière économique et institutionnelle qui permettraient la mobilisation des travailleurs pour imposer leurs choix car, nous le savons tous, les résistances réactionnaires seront fortes et déterminées. Votre participation à la réunion du 8 février de toute la gauche vient le confirmer. Cette réunion n’avait pas pour objectif principal l’union des forces de gauche face à la droite qui, nous vous le répétons, ne nous pose aucun problème. Mais bien d’amorcer comme l’exprimait clairement François Hollande, la mise en route d’une nouvelle mouture de l’Union de la gauche à vocation gouvernementale. Certes, vous voulez faire pression sur le Parti socialiste pour qu’il rompe avec le social-libéralisme. Aujourd’hui, la direction du PS, dans la continuité de la politique qui a été menée par le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002, assume sa conversion au capitalisme libéral qu’il entend, bien démagogiquement, « tempérer ». Sa principale prétendante à l’élection présidentielle vante la politique de Tony Blair comme modèle pour les socialistes français. Comment pouvez-vous à la fois préparer l’alternance avec la direction du PS et oeuvrer aux regroupements des antilibéraux conséquents ? C’est inconciliable. Un choix est à opérer.

Beaucoup regardent vers les forces politiques, syndicales, altermondialistes, mobilisées dans l’unité (en particulier dans les collectifs du 29 mai) pour le combat antilibéral et anticapitaliste lors de la campagne contre le traité constitutionnel européen, et souhaitent que nous puissions être tous unis, y compris lors des élections à venir. Cet espoir est légitime et nous le partageons.

Ce n’est pas pour nous une question de personne. Que le PCF pense que la candidature de M-G Buffet « soit un atout » est légitime, tout comme la LCR est fondée à penser qu’elle peut avoir aussi une bonne candidature. C’est une question de contenu. Nous devons construire un rassemblement unitaire sur la base d’une alternative au libéralisme, d’un programme anticapitaliste reprenant des mesures d’urgence sociales et démocratiques, d’un refus de toute alliance gouvernementale ou parlementaire avec les sociaux-libéraux, d’une perspective de transformation radicale de la société sur la base de mobilisations populaires.

Personne ne peut se résigner à la situation présente. Beaucoup dépend de votre congrès pour surmonter les obstacles, en choisissant la voie de la rupture avec le social-libéralisme, en particulier celle de la direction du PS, et en oeuvrant avec nous à l’unité des forces antilibérales et anticapitalistes, y compris par des candidatures unitaires en 2007.

Nous continuerons à oeuvrer pour lever les obstacles à la présentation de telles candidatures aux échéances de 2007, associant largement les courants et les militants partie prenante de la victoire du 29 mai, notamment ceux du PCF et de la LCR, et au-delà des milliers de militants qui combattent, jour après jour, les méfaits du capitalisme.

Nous aurons la possibilité de confronter et d’éclairer nos divergences à travers les discussions qui ont lieu entre nos directions, les groupes de travail que nous avons décidé de mettre en place, mais aussi par les discussions et confrontations nées de l’action commune entre nos militants. Il y a là, déjà, un progrès considérable dont nous nous félicitons.

Au-delà, le choix de l’unité se ferait au bénéfice de cette alternative dont la jeunesse et les travailleurs ont besoin, et qui s’est déjà tant fait attendre !

Tous ensemble !

Le 9 mars 2006, Ligue Communiste Révolutionnaire

Messages

  • Comment faire pour rapprocher les positions :-pour changer les choses, la rue ne suffit pas, il faut aller au pouvoir
     pour aller au pouvoir, dans une démocratie occidentale, quoiqu’on en pense, il faut être majoritaire
     pour être majoritaire, il est illusoire de penser que c’est possible sans les sociaux-libéraux
     donc la question qui n’est pas posée, c’est celle du rapport de force interne à la Gauche,dans son ensemble
    Si les sociaux-libéraux sont dominants, c’est le retour de la Gauche plus rien, c’est l’echec assuré. Il ne faut pas participer au pouvoir et combattre la politique libérale qui continuera à s’appliquer, comme si la droite reste au pouvoir
    Mais n’est-il pas possible d’envisager que la majorité des citoyens à gauche choisissent le camp de l’anti-libéralisme, qui n’est pas très éloigné de l’anti-capitalisme. alors on vera si les sociaux-libéraux seront prêts à participer à un gouvernement ou ils dseraient minoritaires (on pourrait leur donner les ministères des personnes agées, de la décentrailsation culturelle, de la pêche...)
    Il faudrait bien sûr que le Peuple reste mobilisé et vigilant !
    Alors, la LCR peut-elle dire : Nous irons au pouvoir si dans une majorité de gauche, les idées anti-libérales sont dominanteset le PCF : nous ne participerons pas au pouvoir si dans une majorité de gauche, les idées libérales sont majoritairesCa n’empêche pas de combattre les mauvais projets et de soutenir les bons
    Mais ça permettrait de constituer le front commun anti-libéral que beaucoup de nous attendent, avec un projet et des candidatures communes à la présidentielle,
    C’est à cette condition qu’une réelle dynamique peut s’enclencher, comme contre le TCE, et permettre que ce projet soit majoritaire à gauche

    Daniel, CAP à gauche, Thonon

  • qu’est -ce que le pouvoir politique ? QUID des pouvoirs financiers ???? .

    IL faudrai t relire ou lire les bouquins sur sur l’économie participaliste , les analyses libertaires sur la démocratie directe et participative ...Que pensez-vous également du film " the take "sur l’autogestion... des analyse de CHOMSKY...celles de Murray Bookchin SUR LA DEMOCRATIE MUNICIPALE et le fédéralisme libertaire ...

    Malheureusement ou heureusement après tout ,j’ai plus de questions que de réponses .
    Le socialisme libertaire est souhaitable ...façe au désordre capitaliste comment s’y en approcher ?

    AMITIES

    Els@dauphin .

  • A mon avis la candidature unitaire n’a de sens, de légitimité et de crédibilité que si elle est portée par l’organisation majoritaire, essentielle et centrale de ce rassemblement, c’est à dire le PCF. De part son poinds militant, ses moyens logistiques et matériels, ses élus, son influence, il est le seul à pouvoir mettre sur orbite une candidature de rassemblement. Les autres organisations existent, certes, mais n’ont tout au plus que quelques centaines, quelques milliers d’adhérents. La LCR est, après le PCF et ses 135000 adhérents, la plus grosse des organisations présentes dans la dynamique du 29 mai, et elle ne compte que 3000 adhérents... La raison doit l’emporter sur le côté partisan. La LCR et les "petites" organisations du NON doivent se ranger derrière Marie-George Buffet pour porter les valeurs qui nous ont fait nous réunir le 29 Mai, et ce d’autant plus que c’est le PCF qui a organisé, structuré la campagne référendaire du NON, qui a donné les moyens d’existence dans la campagne à ces organisations qui sans lui n’auraient jamais pu avoir ces moyens (temps de parole à la télé, dans les meetings, locaux pour les réunions, etc.).
    On constate cependant que la dynamique du NON ne saute pas de joie à cette idée. Cela s’explique clairement et simplement parce que ces organisations drainent avec elles de nombreuses personnes très méfiantes à l’égard des partis politiques. A fortiori à l’égard du PCF qui reste, quoi qu’on en dise, un grand parti. Et bien qu’il ait servi un peu d’agence de moyens au service du reste du mouvement du NON, il paraît incompréhensible (si ce n’est pour des motifs partisans que rejettent ces fameux militants "non partisans") qu’il n’y ait pas de renvoi d’ascenseur vers le PCF, que la gauche du NON ne se montre pas loyale à son égard. L’ingratitude et la tentation de minorer l’influence et le role du PCF dans la dynamique du 29 Mai existent bel et bien. Je crois qu’il faut mettre les points sur les i, et accepter de reconnaitre qu’objectivement, le PCF et sa secrétaire nationale Marie-George Buffet sont les plus légitimes pour incarner les candidatures de rassemblement en 2007, aux présidentielles et aux législatives.

    • " Je crois qu’il faut mettre les points sur les i, et accepter de reconnaitre qu’objectivement, le PCF et sa secrétaire nationale Marie-George Buffet sont les plus légitimes pour incarner les candidatures de rassemblement en 2007, aux présidentielles ."
      Ala condition unique , que le congrés du PCF , se prononce pour un programme antiliberal , incarné par des anti liberaux .
      Je dois dire que je me sents plus prés aujourd’hui de la direction de la LCR que de celle du PS , et un accord entre ces deux organisations , PCF + LCR , pourrait entrainer par une dynamique nouvelle et une volonté forte , un grand nombre de citoyens de gauche , dont des electeurs du PS . C’est vrai que la candidature de MGB me parait la plus justifiée , et qu’un succés de cette candidature sur les bases precitées , ouvrirait la porte à des candidatures uniques aux differentes elections suivantes .
      Un succés ne veut pas pour autant dire une victoire , et ce que J. DUCLOS a fait contre POHER et POMPIDOU , pourra se refaire entre Royale et Sarkosy .
      Le succés du linskpartei en allemagne , s’il n’a pas empeché la constitution de la grande coalition , (je ne crois pas qu’on en soit là en france ) a permis de créer un pole d’attraction à gauche , et la situation en france me parait etre plus favorable que celle de nos camarades allemands .
      claude de toulouse ,
      militant du PCF .

    • La place du PCF est mportante dans le champ politique actuelle, ainsi qu’elle la été dans la campagne référendaire du 29 mai. Le problème essentiel n’est pas celui là car on pourrait aussi rappeler les sondages depuis plusieurs mois : 3 % d’intentions de vote pour MG Buffet, 4 % pour A Laguiller et 6 % pour O Besancenot. Le problème est bien le positionnement du PCF vis à vis de la politique libérale ou social libérale du PS. Les élus du PCF sont près à une alliance plus ou moins ouverte, avec le PS pour être réélu. C’est la réélection des élus qui détermine la position politique du PCF vis à vis du PCF. Cela devrait être le contraire. Le poids des élus est important dans le PCF. Il y a 135 000 inscrits, moins d’adhérents, moins de cotisants et dans les 50 000 votants dans la préparation du congrès, nous avons plus de 15 000 élus. J’espère que je fais un procès d’intention, j’espère me tromper. Mais je suis sûr que tant que le PCF cultivera les ambiguités actuelles, il ne pourra y avoir de candidature unitaire. L’autre exemple est l’absence des responsables du PCF (malgré la signature du PCF) dans les groupes de discussion de la fondation Copernic, ainsi que l’enterrement des collectifs du 29 mai par certains élus du PCF, dont des prises de position publique relayée par la presse.
      Daniel..

    • C’est pas bon de comparer le nombre d’adhérents du PC et celui de la LCR, la définition de l’adhérent n’est pas du tout la même dans les deux organisations.

      Comparons ce qui est comparable....
      Si c’est utile....

      Là je ne vois pas beaucoup l’interet de l’affaire, tout le monde sait que la difference n’est pas celle exprimée par ces décomptes.

      Perso, je prefererai que Besancenot soit au PC et candidat à la présidentielle....
      Celà aurait pu être avec un peu plus de vigueur dans la reconstruction du PC et un peu plus de finesse dans la politique de la LCR,

      Et à condition que les uns et les autres n’aillent pas au gouvernement pour gérer le système tranquillement.

      Et c’est là pour moi qu’est le point important...

      Ouais,

      c’est celà,

      Besancenot candidat du PRC français !

      Mais, faudra bien le construire ce parti de la refondation de la gauche !

      Copas