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Italie : l’antifascisme militant et l’antifascisme banalisé

Publie le vendredi 17 mars 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

de Enrico Campofreda Traduit de l’italien par karl&rosa

Corso Buenos Aires, le Boulevard commercial milanais, soumis à une guérilla urbaine par les jeunes des centres sociaux qui occupent la rue contre les nostalgiques défilés funèbres (autorisés par la Préfecture de Police) de l’allié de Berlusconi, Fiamma Tricolore. Cela se passe à moins d’un mois des élections, dans une ville médaille d’or de la Résistance, qui exposa le cadavre du duce à la fin d’une tragédie cherchée avec acharnement pendant un quart de siècle par le soi-disant "homme du destin". Quelques marchands et citoyens "modèle" se montrent "fâchés" envers les manifestants et essayent de les agresser après qu’une police hyper - répressive effectue plus de 40 arrestations. Tout cela parce que le samedi commercial du village a été compromis et avec lui la certitude de la recette. L’opposition, jusqu’à Refondation, se démarque en soutenant n’avoir rien à partager avec les violents.

Chacun raisonne sur les effets, personne sur la cause : les lugubres drapeaux d’un passé criminel que des malheureux du Troisième Millénaire baladent au cri de "Heil Hitler" en faisant le salut romain. Et alors est-ce que ce sont les jeunes antifascistes des centres sociaux qui sont violents ou est-ce que ce sont ceux qui ne descendent pas dans la rue pour éviter le meeting fasciste, même sans la nécessité d’endommager un McDonald qui deviennent inattentifs ou lâches ? L’antifascisme n’a jamais été verbeux. Pendant le fascisme, sur le front libéral aussi, on distinguait clairement l’esprit de véritable opposition de Gobetti des mielleuses prises de distance d’un Benedetto Croce, qui taxait la première dictature du XX siècle en Europe de "maladie de l’esprit". Que l’antifascisme ne se faisait pas par les mots l’apprirent à leurs frais tant de militants socialistes : en suivant le réformisme de Turati, qui jacassait de ne pas accepter les provocations des groupes de choc fascistes, ils finissaient rôtis dans les Maisons du Peuple incendiées par les disciples de Farinacci.

L’antifascisme n’a pas été banalisé ni pendant la lutte de Libération, comme la leçon partisane l’a montré, ni dans les années suivantes, pendant la recrudescence noire qui du gouvernement Tambroni arrive à la stratégie de la tension. Une période pendant laquelle le mouvement ouvrier et estudiantin gardait par la militance dans la rue la praticabilité politique des lieux publics ensanglantés par les groupes de choc fascistes d’Almirante et de Fini et des associations parallèles nourries par les Renseignements Généraux, protégées par les protecteurs de l’ordre, couvertes par la Démocratie Chrétienne. On ne doit pas oublier les centaines de morts, de Piazza Fontana au rapide 904. L’antifascisme de ces années-là ne se faisait ni ne pouvait se faire par les mots, il fallait une présence ponctuelle, décidée, ferme même si elle conduisait parfois sur un terrain violent.

La violence de ceux qui se défendent n’est jamais comparable à celle de l’agresseur et les campagnes antifascistes de jadis et les nouvelles qui devront redémarrer défendent les individus et la collectivité de ceux qui, exclus de l’Histoire, ne proposent à nouveau que des pratiques de fanatisme anciennes et catastrophiques. L’asile politique aux fascistes, pour lequel certains braient aujourd’hui ? Mon œil. Son droit politique le fascisme l’a perdu en entraînant le Pays vers la ruine et ce passé ne peut et ne doit pas revenir. Jamais. Même la Gauche réformiste des années Soixante-dix admettait qu’on ne pouvait pas regarder en arrière, alors que maintenant elle baisse la garde en parlant de dignité des "garçons de Salo’" et d’autres sottises anti-historiques. Il faut bien garder en mémoire les principes par lesquels l’Histoire a condamné inexorablement le nazi fascisme.

Si samedi ce centre-gauche, tout entier - des socialistes aux communistes - avait fait appel au peuple, à ses militants, à ses électeurs et à ses sympathisants, Corso Buenos Aires aurait été envahi par la vague démocratique qui veut changer l’Italie. Laquelle aurait pu, éventuellement, lancer des fleurs plutôt que des cailloux aux fascistes et aux CRS. Avec une mobilisation de masse, aucun jeune aurait incendié des poubelles et les misérables militants de la Fiamma Tricolore n’auraient même pas mis le nez dehors. L’Unione toute entière, avant de prêcher et de blâmer, devrait réfléchir sur son manque à accomplir une tâche prévue par la Constitution Républicaine, selon laquelle "La réorganisation sous n’importe quelle forme, du parti fasciste dissous, est interdite".

C’est le manque gravissime, au-delà de l’insoutenable vide politique de ces heures, de Prodi et de ses alliés.

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=12850

Messages

  • À MEDITER...

    À méditer d’autant plus que chez nous aussi les fafs se réveillent et s’agitent comme on peut le voir à l’occasion du mouvement anti-CPE...
    La droite en difficulté s’appuie dessus pour mener à terme ses desseins...
    Et nous aussi on devra réagir fermement plutôt que laisser lâchement le terrain à ces nostalgiques de la terreur noire ou brune...

    NOSE

  • Le patron de Co-Findustria ne peut pas être le représentant de la coalition centre gauche italienne. En 1948, 11 industriels nazis échappèrent à la condamnation. L’Italie ne peut oublier le rôle des castes industrielles et financières dans la sélection inconditionnelle des hommes, des femmes, des familles ( " Si c’est un Homme " de Primo LEVI ).
    Plus d’égalité dans votre combat politique italien !!! Plus de syndicalisme !!!
    STOP aux mains tendus de l’extrême droite. STOP aux mains de " l’ordre de la force bleue ".

    Le 17 Mars 2006
    Saludos de Izquierda ( saluts de gauche ), Vladi GARCIA,
    FRANCE - Zone NON AGCS