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Chirac intervient au sujet du CPE, et après : éloge institutionnel ou abus de pouvoir ?

Publie le samedi 1er avril 2006 par Open-Publishing
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de ichlo

La promulgation en loi du texte sur le Contrat première embauche amputé de ses deux épineux problèmes liés aux conditions des motifs du licenciement, "cas de rupture du contrat", n’enlève en rien et tiens sous silence une autre approche traductrice de l’affirmation de l’inégalité des chances contenue dans les modifications des indemnités selon la période où le contrat a été rempli, de la prise en compte de l’ancienneté pour le versement d’allocations remaniées.

Nous constatons l’entêtement à vouloir porter atteinte aux droits des travailleurs, qui plus est s’ils sont jeunes et alors qu’ils travaillent à taux de rendement plus élevés que leurs aînés, qui ferait presque dire aux instances de l’emploi : "à primo arrivant sur le marché du travail, prime moindre" !

Aux jeunes donc de voir leur niveau de vie baisser dorénavant enfoncé par un CPE à rallonge et de sentir s’éloigner, à défaut d’être définitif, les espoirs de contrats à durée indéterminée toujours repoussés par les mises en avant de périodes d’essais devenues de plus en plus longues. Aux limites du pouvoir d’achat, la jeunesse en prend plein la figure... Mépris annoncé à un corps social - la jeunesse - sous contrôle parental ou en liberté de penser, établissements clos sur eux-mêmes de l’intérieur ou ouverts à la réflexion...

Les deux modifications proposées témoignent d’un projet en demi teinte. Deux modifications ne suffisent pas, il faudrait en rajouter une troisième, une quatrième et peut-être même une cinquième. Au hasard on pourra toujours s’estimer heureux qu’ils n’aient pas touché aux congés payés qui dans la foulée pourraient être divisés par deux... Ramené à un an, le titulaire du CPE se verra aussi raccourcir sa période de vacances à plus que deux semaines... A projet contredit, mesures conséquentes !

Les bons côtés du CPE affichés par le Président de la république n’en sont pas forcément et la solidité de l’entente syndicale, unie d’un appui étudiant marqué, entament tous deux au quart de tour la poursuite d’un bras de fer sans a priori. A charge supplémentaire l’évocation du maintient des bourses aux étudiants mentionné par Villepin ne sachant plus quoi mettre en avant il y a peu pour valider les contradictions de son projet - et ceci jusqu’à ce qu’ils trouvent du travail - masque une fois de plus, tenant compte qu’il s’agit le plus souvent de bourses de précarité, une certaine volonté de maintenir des filtrages à l’embauche dans les situations où l’étudiant est encore pris en charge par l’Etat auquel cas les patrons pourraient en supplément ne pas éprouver le besoin d’embaucher un jeune encore boursier et lui conseiller d’ajouter un complément à sa formation ou se spécialiser dans tel ou tel secteur...

Quant aux prétendues égalités des chances, elles ne concernent que l’équipe patronale et la cellule des entrepreneurs. Ce sont des conceptions d’égalité des chances à l’embauche profitables à moindre coût pour l’employeur dominant des jeunes concernés et consternés qui se voient destinés à une meilleure exploitation avec en retour une solvabilité amoindrie en cas de mise à pied par rupture du contrat. Combattre contre la laisse et le collier concernerait alors d’autres dompteurs, fouettant à leurs oreilles les prémisses d’une grève générale annoncée, édictant une radicalisation qui finira bien par en devenir une et qui cependant n’en est pas une puisque la lecture du projet CPE n’est qu’une relecture des abus d’exploitation liés aux dominations engendrées par le grand capital et la petite entreprise, une relecture où les revendications mises en avant touchent au respect de la condition du jeune travailleur dépossédé de son militantisme s’il ne cadre pas avec les objectifs de son employeur. Ainsi pour travailler quand on est jeune il deviendra préférable d’être de droite, une manière très institutionnelle d’enterrer à jamais les envies et les besoins de la présence politique et effective d’une gauche qui refuse de disparaître derrière la nécessité d’un apaisement qui soulève plus de questions qu’il n’en résout.

Messages

  • Le CNE est passé au mois d’août dernier comme une lettre à la poste, alors, étape suivante : le CPE. A mon humble avis, ce sont des tests de résistance.
    L’objectif réel (ce ne sera jamais suffisamment répété) est de casser le droit du travail.
    Très prochainement, la génération du baby-boom va partir en retraite et laisser des postes disponibles qu’il faudra pourvoir et ceux qui prendront la suite devront être taillables et corvéables à merci !
    C’est cela le souhait du medef mais l’ampleur surprenante de la révolte de la jeunesse a mis à mal le déroulement du programme.
    Cependant, restez vigilants car il est prévu un "Grenelle" alors ne vous laissez pas rouler par les briscards de la politique.