Accueil > Film des evenements de l’assassinat de Oudai et Qoussai...

Film des evenements de l’assassinat de Oudai et Qoussai...

Publie le vendredi 1er août 2003 par Open-Publishing

Film des evenements de l’assassinat de Oudai et Qoussai fils de saddam

Assassinat

Voici ci-dessous le film evenement de l’assassinat des deux de fils de Sadam
Hussein par
les militaires americains :

Oudai et Qoussai Hussein

Voici comment sont morts les deux fils de Saddam. Enquete sur une execution.

1. La trahison

Mossoul, mardi 1er juillet 2003. Une BMW grise stationne sur le trottoir le
long d’une grosse villa
sans grace de trois etages, ceinturee de colonnades au style babylo-stalinien
si prise en Irak.

Trois hommes et un adolescent en descendent, vetus de simples habits civils,
se dirigent vers le
portail et sonnent. Nawaf al-Zaydan, le proprietaire de la villa, ouvre et
ne peut reprimer un sursaut.

Malgre leurs barbes hirsutes, il reconnait immediatement Oudai et Qoussai,
les deux fils
de Saddam, accompagnes d’un garde du corps du nom d’Abdoul Samad et du fils
aine de
Qoussai, Mustapha, 14 ans. Il les fait aussitot entrer et les installe dans
deux vastes chambres
du deuxieme etage : " Je n’avais pas le choix ", dira-t-il plus tard.

A 46 ans, cet homme affable doit tout ou presque au dictateur dechu et a sa
famille. Sa fortune dans l’import-export, ses deux maisons de Mossoul, son parc
automobile, son prestige local. Certes, Nawaf et son frere Salah ont fait
quelques semaines de prison en 2002 pour avoir proclame un peu fort qu’ils
etaient apparentes a Saddam - ce qui est faux - et terrorise le voisinage. Mais cet
incident a ete vite oublie.

Les fugitifs prennent donc leurs quartiers et s’eternisent. Apres tout,
Mossoul n’est
pas une ville reputee pour ses sympathies baasistes, rien a voir avec Tikrit
ou Ramadi. Meme si les sunnites y sont majoritaires, on est ici au
Kurdistan, et ce n’est pas dans cette region que la Task Force 21 de l’armee americaine
chargee de traquer Saddam et ses fils concentre en priorite ses recherches.

De plus, la villa de Nawaf al-Zaydan est idealement situee : au nord-est de
la ville, le long d’une route a quatre voies tres frequentee, entouree de
terrains vagues sur trois cotes, loin des regards indiscrets des voisins.

Nul d’ailleurs ne remarque rien, si ce n’est que Nawaf effectue un peu plus
d’achats que d’habitude au supermarche du coin et ne prend plus le frais le
soir, sur le pas de sa porte, assis sur une
chaise en sirotant un the. Pendant trois semaines, deux des trois hommes les
plus recherches
d’Irak vivront ici sans mettre le nez dehors, le doigt sur la gachette de
leur kalachnikov.

A l’evidence, ils n’avaient nulle part ou aller.

Faisaient-ils confiance a leur hote ? N’avaient-ils pas d’autre option ?
Pensaient-ils que Nawaf respecterait cette regle d’or des tribus irakiennes
qui veut que l’on ne trahisse pas celui que l’on heberge ?

Esperaient-ils un renvoi d’ascenseur pour services rendus ? C’etait oublier
un peu vite l’appat du gain. Pour 30 millions de dollars de mise a prix, 15
pour chacun des deux fils, le vrai-faux cousin autoproclame de Saddam Hussein
va trahir. " Cela ne nous etonne pas, soupire un voisin.

Avant la guerre, sa maison etait pratiquement une annexe du Baas, mais des
que Mossoul est tombe, le 11 avril, Nawaf a plante un drapeau kurde sur son
balcon, histoire de ne
pas etre pille. Il n’a toujours ete qu’un opportuniste. " Est-ce lui qui, le
lundi 21 juillet au soir,
prend contact avec une patrouille americaine pour signaler la presence de ses
" invites" ?

Sans doute. Toujours est-il que le lendemain matin, a 9 heures, Nawaf
al-Zaydan quitte son domicile avec sa famille, direction le Casino, une aire de jeux
et de restauration sise sur les bords du Tigre.

A 9 h 30, il revient chez lui et en ressort au bout de cinq minutes. On le
reverra quelques heures plus tard, tranquillement assis a l’arriere d’un Humvee
 vehicule tout-terrain en service dans l’armee US -, devisant sereinement
avec un officier americain.

Depuis, Nawaf, son frere, sa femme et ses enfants sont caches quelque part,
sous la protection de l’envahisseur...

2. L’assaut

Mardi 22 juillet, 10 heures. Une compagnie de la 101e division aeroportee
americaine, soit deux
cents hommes, prend position autour de la villa. Depuis l’aube en fait, un
double cordon - GI’s et policiers irakiens - " securise " discretement le
quartier. Cette fois, c’est la grosse artillerie.

Au sol : une vingtaine de Humvee equipes de missiles antitanks Tow, de
lance-grenades Mark 19 et de mitrailleuses de 50 millimetres. Dans l’air : des
helicopteres d’attaque Apache, Kiowa et Delta, et des avions A-10 " tueurs de
chars ". Au megaphone et en arabe, un interprete irakien delivre les sommations
d’usage : " Rendez-vous, vous etes cernes. Sortez un drapeau blanc. Mettez les
mains sur la tete. " Rien ne bouge.

A 10 h 05, premiere tentative des GI’s. Une vingtaine de soldats penetrent a
l’interieur du batiment et commencent a grimper les marches qui menent au
premier etage. Un feu nourri de kalachnikovs les accueille.

Quatre sont blesses. Fin du premier assaut. A 10 h 30, les Humvee
tirent sur la villa une salve de grenades, et les helicopteres, une volee de
roquettes.

Des coups de feu sporadiques s’echappent du deuxieme etage ou les trois
hommes et l’adolescent se sont barricades. Suit une longue pause. A 11 h 45,
nouvelle preparation d’attaque : Kiowa et Delta arrosent litteralement la maison.

A 12 heures, deuxieme tentative de penetration. Cette fois, les Americains
atteignent le premier
etage, mais la resistance est toujours aussi acharnee. Nouvelle retraite.
Nouveau bombardement :

dix missiles Tow, vingt grenades et un feu nourri de mitrailleuses
liquefient le second etage.

A 13 h 20, les GI’s penetrent pour la troisieme fois dans le batiment. Alors
qu’ils atteignent l’etage fatidique, une silhouette se dresse dans la
penombre au milieu de trois cadavres et tire une balle avant d’etre abattue. Si l’on
en croit les propos tenus par le general americain

Sanchez devant les journalistes a Bagdad, au lendemain de l’assaut, le
dernier a mourir ce jour-la, celui qui tira l’ultime rafale, serait Mustapha, 14
ans, le fils de Qoussai...

3. L’execution

Les quatre corps sont aussitot retires des gravats, fourres dans des body
bags et expedies vers
la morgue americaine de l’aeroport de Bagdad. Plusieurs ex-dignitaires du
regime Saddam en detention, dont son secretaire Abid Hamid Mahmoud al-Tikriti,
sont amenes sur les lieux aux
fins d’identification.

Tous sont formels : il s’agit bien des depouilles des deux freres. Un medecin
membre du Conseil de gouvernement transitoire, le Dr al-Roubai, le confirme
egalement.

Les cadavres sont passes aux rayons X, les dossiers dentaires des deux
Hussein sont compares
avec ceux des morts, une autopsie est pratiquee...

Reste que si les Americains n’ont aucun doute sur l’identite de leurs
victimes, il n’en va pas de meme de l’opinion irakienne. Donald Rumsfeld lui-meme
prend donc la decision de rendre publics les cliches des cadavres, le 24 juillet.

Le meme Rumsfeld, on s’en souvient, avait proteste avec une extreme virulence
contre la chaine de television qatarie Al-Jazira qui avait eu l’audace,
pendant la guerre, de diffuser les
images de soldats americains morts au combat...

Ou seront enterres Oudai et Qoussai, morts a 39 et 37 ans ? Leur mere Sajida,
qui vit quelque
part dans la banlieue de Bagdad, et leurs deux soeurs ont-elles ete ou
seront-elles autorisees a
voir leurs cadavres ?

Nul ne le sait, cette prescription incontournable de la religion musulmane
qui veut que les funerailles aient lieu dans les heures qui suivent le deces
ayant d’ores et deja ete violee. Reste que l’essentiel n’est pas la.

Si nul ou presque ne pleurera ces hommes dont le passe, souvent effroyable,
est connu de tous les Irakiens, la facon dont les Americains ont procede a
leur execution a quelque chose de choquant.

" Notre mission est claire en ce qui concerne les individus-cibles " explique
le general Sanchez : " Find, fix, kill or capture " [" trouver, fixer, tuer
ou capturer "] - en l’occurrence, on a cherche a tuer, pas a capturer.

Les Americains connaissent pourtant la methode, eux qui avaient obtenu la
reddition du dictateur panameen Manuel Noriega, en janvier 1990, apres un siege
de quatorze jours. Il suffisait, apres avoir encercle, d’attendre. Mais sans
doute George W. Bush avait-il besoin, d’urgence, d’un succes a proclamer.

Saddam Hussein sait donc a quoi s’en tenir : le simple fait que l’Amerique
lui ait
declare la guerre a fait ipso facto du dictateur irakien un execute en sursis.

Il n’est plus question de tribunaux internationaux, encore moins de justice
exemplaire, mais de la simple loi du " Wild West " chante par Will Smith.
Desormais prive de ses fils, le rais dechu poursuit son errance.

Lui qui toute sa vie s’est comporte comme un fugitif, lui qui depuis
longtemps ne passait guere plus de dix heures de suite au meme endroit par peur des
attentats et des assassinats, lui qui ne dormait jamais dans ses palais et
cultivait l’art du deguisement, a pour cela quelques predispositions que ne
possedaient ni Oudai ni Qoussai, eleves dans le luxe et la facilite.

Saddam ne manque pas non plus d’argent : tout recemment, les Americains ont
saisi 9 millions de dollars en liquide dans l’une de ses fermes, et l’un de
ses neveux s’est fait pincer avec, dans son attache-case, 800 000 dollars en
grosses coupures.

Reste la trahison contre laquelle, a moins d’etre seul, on ne peut rien -
surtout lorsqu’elle est retribuee. Une fois " fixe "par les Americains, que fera
Saddam Hussein ? Pas moins que ses fils sans doute, avec, comme ultime
recours, le suicide.

Francois Soudan.