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RSF, CIA, Venezuela, dollars (suite)

Publie le dimanche 9 avril 2006 par Open-Publishing

de Maxime Vivas

RSF prétend dans Métro s’attaquer à la presse des pays riches, ne pas empocher des dollars, n’avoir pas félicité les putschistes vénézuéliens. Sur ce dernier point, je crois avoir dit lors de l’interview téléphonique : « s’est félicité ». Dont acte. C’est un problème de transcription qui n’exonère pas RSF.

1) Venezuela. Le coup d’Etat a eu lieu entre le 11 et le 14 avril 2002.

Dès le 12 avril, RSF s’adressait aux nouvelles « autorités » (ce qui revenait à les reconnaître de facto). Elle y parlait de « l’ancien président » et concluait : « Reclus dans le palais présidentiel, Hugo Chávez a signé sa démission dans la nuit, sous la pression de l’armée. » Or, Chavez n’avait pas démissionné, pour ne pas démoraliser ses partisans dans l’Armée et dans la rue. Dire le contraire était un acte hautement politique.

A Caracas, un des deux correspondants de RSF, Ewald Schwarenberg, était journaliste à El Nacional dont l’édito du 12 avril saluait le coup d’Etat comme une « victoire de la démocratie ». Par parenthèse, le 25 juillet 2004, l’ex-président Carlos Andrés Pérez, confiera à El Nacional : « Je travaille pour renverser Chavez. La violence nous permettra de le renverser. Chavez doit mourir comme un chien. » Mauvaise compagnie, RSF !

L’autre correspondant de RSF est la politologue Maria José Perez, conseillère de l’opposition anti-chaviste. Elle lâchera à retardement sa nostalgie dans El Universal du 22 novembre 2002 : « Mon coeur vibre á la vue des militaires insurgés, de ces hommes vertueux qui défilent sous nos couleurs nationales ».

2) Sur RSF et la presse pauvre. Lisons le livre de Ménard : « Ces journalistes que l’on veut faire taire » (Albin Michel, mars 2001 ).

« ...pour défendre les journalistes dans le monde, nous avons besoin du soutien consensuel de la profession, tandis que la réflexion critique sur le métier de journaliste prête par définition à polémique. Comment, par exemple, organiser un débat sur la concentration de la presse et demander ensuite à Havas ou à Hachette de sponsoriser un événement ? » Et d’insister par cet aveu que l’hebdomadaire Marianne (5 au 11 mars 2001) qualifiait sarcastiquement de « formidable » et de « courageux » : « Nous avons décidé de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse en Bosnie et au Gabon et les ambiguïtés des médias algériens ou tunisiens... mais de ne pas nous occuper des dérives françaises. »

Quant à la liste fournie par RSF sur ses interventions dans dix pays riches, c’est de la poudre aux yeux, le minimum syndical. Aucun ne figure d’ailleurs aujourd’hui en première page de son site, lequel épingle huit pays pauvres. RSF « proteste » parfois contre les puissants, mais sans aucune action spectaculairement affichée et suivie et surtout pas contre le pays qui a tué le plus de journalistes dans le monde ces dernières années : les USA.

3) Sur les dollars US. Un article daté du 11 mars 2005 de Diana Barahona dans Northern California Media Guild révèle que RSF perçoit des fonds gouvernementaux américains via la NED (National Endowment for Democracy,) : « L’avocate des Droits de l’Homme, Eva Golinger, a découvert que plus de 20 millions de dollars ont été versés par la NED et USAID aux groupes d’opposition et médias privés du Venezuela, dont beaucoup avaient participé au coup-d’état. La NED a accordé à RSF prés de 40.000 dollars au mois de janvier 2005... » Un ancien agent de la CIA spécialisé dans l’Amérique latine, Philip Agee, a révélé dans une interview au journaliste Jonah Gindin (25 mars 2005) que la NED travaille avec la CIA. Au Nicaragua, contre les sandinistes, « la CIA et la NED ont mis en place un front civique appelé Via Civica ». Autre sponsor de RSF depuis 2002 : le Center For a Free Cuba, créé pour renverser le pouvoir cubain et dirigé par un agent de la CIA, Frank Calzon.

Texte sur le site de RSF le 8 juillet 2005 (il y figure encore) : « ... Les seules subventions que nous percevons en provenance des Etats-Unis sont celles des fondations Center for a Free Cuba et National Endowment for Democracy (NED). » Sur le même site, en cherchant bien, on trouve, en tout petit, parmi la liste des sponsors, un autre paravent de la CIA crée par le milliardaire et magnat de la presse George Soros : l’Open Society Institute, très active dans les travaux souterrains de reversements des gouvernements. Pourquoi RSF cache-t-elle ces sponsors-là aux lecteurs de Métro ?