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Italie : Silvio Berlusconi conteste les résultats

Publie le mercredi 12 avril 2006 par Open-Publishing

Italie. Refusant de reconnaître sa défaite face à Romano Prodi, le président du conseil Silvio Berlusconi exige de recompter les bulletins.

L’Union de Romano Prodi (centre-gauche) a revendiqué mardi 11 avril une victoire aux élections législatives du 9 et 10 avril, promettant de former un gouvernement "fort". Mais la Maison des Libertés (centre-droit) de Silvio Berlusconi a refusé de concéder la défaite, dénonçant de "nombreuses irrégularités" et exigeant de recompter les bulletins en raison du très faible écart séparant les deux coalitions.

Selon les résultats définitifs annoncés mardi par le ministère de l’Intérieur -qui devront être confirmés par la Cour de Cassation-L’Union de la gauche remporte la victoire à la Chambre des députés, mais avec seulement un petit dixième de point d’avance : 49,8% contre 49,7% à la Maison des Libertés. En vertu de la nouvelle loi électorale, le vainqueur bénéficie d’une "prime", et recueille 55% des sièges quelle que soit l’ampleur de son résultat. En conséquence, la coalition Prodi est certaine d’avoir au moins 340 sièges sur les 630 de la chambre basse du Parlement.

Au Sénat, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, la coalition Prodi s’est adjugée quatre des six sièges élus par les Italiens de l’étranger, ce qui lui permet d’obtenir la majorité requise avec 158 sièges contre 156 pour la coalition Berlusconi.

"Capables de gouverner"

"Nous sommes capables de gouverner pendant cinq ans, la loi l’autorise même si nous devrons travailler dur", a déclaré Romano Prodi aux journalistes présents à son arrivée à son siège de campagne dans le centre de Rome. Aux premières heures du jour, il avait déjà assuré ses partisans que son avance, bien que très courte, était suffisante pour former un gouvernement.

Rejetant les inquiétudes sur l’étroitesse des résultats, le leader de centre-gauche a affirmé que son gouvernement serait fort "politiquement et techniquement". Il a rejeté l’idée d’une Italie coupée en deux en soulignant qu’il y avait eu des majorités bien plus faibles par le passé.

L’ancien président de la Commission européenne a aussi souligné que son gouvernement mettrait l’Europe au centre de sa politique.

"C’est un résultat profondément européen, et comme je l’ai dit, l’Europe sera au centre de la politique de mon gouvernement", a-t-il expliqué, en promettant aussi "des relations constructives avec les Etats-Unis".

Il a également affirmé que son gouvernement serait celui de tous les Italiens, "même ceux qui n’ont pas voté pour nous". "Aujourd’hui, nous tournons une page", a-t-il lancé. "Nous laissons derrière nous l’aigreur d’une campagne électorale longue et difficile. Nous devons commencer immédiatement à réparer les déchirures qui se sont produites dans le pays".

Il a ajouté qu’il ne formerait pas de nouveau gouvernement avant que le Parlement ne désigne un nouveau président début mai. En Italie, le président donne au vainqueur le mandat de former un nouveau gouvernement. Or le mandat du président Carlo Azeglio Ciampi expire le mois prochain.

"Nombreuses irrégularités"

Dénonçant de "nombreuses irrégularités", Silvio Berlusconi a de son côté refusé de reconnaître sa défaite mardi tant que toutes les vérifications concernant le dépouillement et le décompte des bulletins de vote n’auraient pas été effectuées.

Il a par ailleurs proposé la formation d’une "grande coalition" rassemblant la droite et la gauche.

Dans sa première déclaration publique depuis la fermeture des bureaux de vote lundi, le chef de la coalition de la Maison des libertés (centre-droit) a dénoncé de "nombreuses irrégularités" dans le vote des Italiens de l’étranger et laissé entendre que le vote pourrait ne pas être valide. "Personne ne peut assurer avoir gagné", a-t-il dit, alors que son adversaire Romano Prodi, chef de la coalition de centre-gauche, s’est déjà déclaré vainqueur.

"Si après les vérifications, l’arithmétique devait encore donner raison au centre gauche, ce sera à eux de démontrer si et comment, avec une Italie divisée en deux, ils seront en mesure de gouverner vraiment le pays", a ajouté Silvio Berlusconi au cours d’une conférence de presse à Rome aux côtés des autres dirigeants de la Maison des Libertés.

"Nous n’hésiterons pas à reconnaître la victoire politique de nos adversaires, mais une fois que les nécessaire procédures légales de vérifications auront été accomplies", a-t-il déclaré.

En cas de match nul, "je pense que nous pourrions avoir besoin de suivre l’exemple d’un autre pays européen, l’Allemagne, pour voir si ce n’est pas un arguement pour unifier nos forces pour gouverner en accord", a-t-il dit.
Romano Prodi a rejeté cette proposition. "Nous avons été devant les électeurs avec une coalition précise et la loi électorale nous a attribué un nombre de députés à la chambre et au Sénat qui nous permet de gouverner", a-t-il souligné, cité par les agences de presse ANSA et Apcom.

Il a critiqué le refus de Silvio Berlusconi de reconnaître sa défaite. "C’est le Premier ministre. Le ministre de l’Intérieur est membre de son gouvernement, il voulait la loi électorale. Ce n’est pas le moment, il me semble, de se plaindre".
(AP)

http://permanent.nouvelobs.com/europe/20060412.OBS3791.html