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Italie : Une progression de la gauche de la gauche

Publie le vendredi 14 avril 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Gaël De Santis

Refondation communiste est la liste qui a le plus gagné en sièges au Parlement. La "sinistra radicale" doit maintenant trouver sa place au sein d’une coalition où elle est minoritaire.

Les élections italiennes n’ont pas seulement vu la victoire de la coalition de centre gauche de Romano Prodi. Les formations de la « sinistra radicale » (la gauche radicale) ont progressé. Le parti de la Refondation communiste (PRC) de Fausto Bertinotti "est la liste qui a le plus gagné en sièges au Parlement", notait hier le journal du PRC, Liberazione. Refondation, deuxième liste de gauche à la chambre et troisième parti au Sénat, a obtenu 41 députés et 27 sénateurs (contre 12 et 4 lors de la précédente législature). À la Chambre il passe de 5 % à 5,84 %, au Sénat de 5,1 % à 7,32 %. Le Parti des communistes italiens gagne 200 000 voix à la Chambre. Il double son nombre de députés (de 8 à 16) et gagne 0,5 point, à 2,32 %. La Fédération des Verts continue d’osciller autour de 2 %. Des résultats en progression qui font dire au responsable des affaires internationales et de la Gauche européenne de Refondation, Gennaro Migliore, que c’est "une victoire de la gauche alternative".

Après cinq ans de régime berlusconien, ces partis qui avaient fait de la défaite de la droite une priorité se félicitent de cette victoire, pour laquelle l’unité a été nécessaire puisque l’Union ne doit de gagner à la Chambre que de 25 000 voix. Pour le responsable international du Parti des communistes italiens (PDCI), Iacopo Venier, « l’Italie a repoussé les attaques de Berlusconi contre le système démocratique », c’est pour lui la confirmation de la « ligne politique juste » qu’a suivi son parti depuis sa naissance en 1998 « contre Berlusconi ». Le PDCI a été créé en 1998 par des militants de Refondation quand le PRC a fait tomber le gouvernement de Romano Prodi en quittant la coalition de gauche.

Reste à définir une stratégie

La gauche radicale fait pour l’instant l’analyse qu’elle a été déterminante dans cette victoire, d’autant plus que les modérés n’ont que très peu rogné sur l’électorat de Berlusconi. Pourtant toute la stratégie des deux poids lourds de la coalition, les Démocrates de gauche (DS, socialistes, ex-PCI) et la Marguerite (centristes) a consisté en une course au centre et à la modération. Après les mouvements sociaux d’ampleur qui ont secoué le pays, contre la participation italienne à la guerre en Irak en mars 2003, ou contre la modification de l’article 18 qui facilitait le licenciement en mars 2002, la victoire « n’aurait pu avoir lieu sans la dynamique des mouvements », explique Gennaro Migliore (PRC).

Reste maintenant à la gauche radicale à définir une stratégie pour les années à venir. Communistes italiens et Refondation ont négocié d’arrache-pied un programme qui prévoit le retrait des troupes en Irak, ou des mesures contre la précarité. Ils ne comptent pour autant que pour que pour un cinquième de la coalition, ce qui pourrait freiner le développement des mouvements sociaux. De plus, l’Unione n’ayant que deux sièges d’avance au Sénat, le risque est de voir les franges les plus modérées de la coalition en appeler à la discipline de coalition. L’ancien président du Conseil Massimo D’Alema (DS) réclamait hier dans une interview donnée à la Repubblica ses alliés à « un grand sens de la responsabilité ». Le leader centriste Francesco Rutelli appelait lui à la création d’un Parti démocrate regroupant toutes les forces modérées, pour marginaliser la gauche de la gauche.

Reconfigurer la gauche radicale.

Pour Gennaro Migliore la solution viendra des mouvements sociaux. Il reprend donc le mot d’ordre de la plus grosse fédération syndicale italienne, celle de la métallurgie, la FIOM, selon laquelle « il n’y a pas de gouvernement ami des mouvements » sociaux. Et de rappeler l’expérience de Naples où Refondation, tout en étant dans l’administration municipale de gauche, a mené bataille et obtenu, grâce à la mobilisation citoyenne, la remunicipalisation de l’eau, privatisée par le centre-gauche. Dans tous les cas, cette victoire de l’Unione appelle à une reconfiguration de la gauche radicale. Refondation communiste est engagé dans la création d’un « nouveau sujet politique » qui prendrait la forme d’une section italienne du Parti de la gauche européenne (PGE), qui tiendrait son premier congrès en juin. Certains candidats sur les listes de Refondation, comme Vladimir Luxuria, ou des syndicalistes de la FIOM se sont d’ores et déjà montrés intéressés. Le PDCI voudrait mettre fin à cette dispersion, par la création d’une confédération des forces de gauche.

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • une bonne nouvelle pour les partis progressistes !

    cependant une question pourquoi le PdCI a quitté le PRC en 1998 ?
    n’est il pas un frein pour la constitution d’un nouveau PCI fort ?

    nicoals

  • Et bien , c’est celà, construire un pôle de gauche, inflexible socialement, un pôle qui agglomere les révoltuionnaires, les alternatifs, les communistes, les verts de gauche, avec comme conditions des attitudes concrêtes d’opposition aux logiques ultra-liberales (pas de pactisation, pas de gouvernement avec des liberaux, refus du TCE et du traîté de Nice, solidarité européenne, etc), en faveur de l’extension de la démocratie et donc contre les grandes entreprises capitalistes despotiques, etc.

    Et vous n’auriez pas été plombés par l"alliance imposée avec le prodisme que je suis sûr que votre progerssion aurait été plus considérable encore...

    Car ce sont les travailleurs qui poussent en Europe et recherchent les voies de la contre-offensive, leur résistance crée un espace renforçant, du moins électoralement, les forces de gauche radicales, partout en Europe depuis plusieurs années.

    Bravo Refondation, il faut encore s’ouvrir, pousser les feux de la démocratisation des fonctionnements internes, mener le fer pour la démocratisation la plus large possible des organisations , syndicats, associations, coopératives, municipalités, où vos militants et sympatisants sont....

    La presence à vos côtés de gens comme Vladimir Luxuria prouvent que vous êtes dans ce bon chemin.

    Puissent LO, la LCR et le PCF, ainsi que des boutiques plus étroites entendre celà...
    Pour la gauche du NON , large, sociale, ça fait longtemps que l’affaire est prête.

    Copas

    • En tant que humble militant de base de Aubervilliers, hélas non, en France au niveau des organisations communistes (quelles soient du PCF ou du trotskysme, ou de l’"anarcho-syndicalisme" de la CGT (pour eux il n’y en a qu’une : celle de 1905 ! et de la clause de "l’abolition du salariat" dans sa Charte dite "charte d’amiens" (eN hommage, certes au maigre congrès de délégués de l’assemblée amiénoise de 1905 - quand se déclenchait la première révolution des Soviets, à "Pétrograd"" - les amiénois l’apprirent qu’en ...1906. mais surtout en l’honneur du mouvement communaliste du XIIème siècle, en Europe de l’Ouest, et dont Amiens, fût alors une des plus grandes cités.), nous en sommes très loin de la maturité d’une organisation de masse comme "Rifondazione". Nous sommes plus favorisés en France, par le fait que "spontanément" - les masses sont plus révoluitionnaires !!!
      C’est le hasard du "climat" d’ici - au sens plus lattitudinal du terme _ qui a sans doute produit cette aberration d’arriération locale du "French people"" quant à la rationalité économique la plus élémentaire "We shall never surrender"

    • Refondation est certes une belle organisation mais en parler comme d’une organisation de masse à la difference du PC français , de LO et de la LCR , est peut-être un peu (énormement ...) exagéré....

      Entre 5 et 7% des voix aux élections n’est pas l’indice, même indirect, d’une organisation de masse. Il faut être raisonnable là dessus....

      Par contre, effectivement il y a plus d’ouverture chez Refondation qu’en France.

      En France il y a trois organisations qui, pour des tas de raisons, peuvent encore penser se la jouer solo. Au delà des divergences politiques réelles existantes encore (qui souvent parcourent l’interieur de chacune des organisations d’ailleurs)...

      Je demeure persuadé qu’existe, partout en Europe, la place pour un courant puissant organisé, tirant les leçons des dictatures nomenklaturistes et menant la bataille pour l’extension de la démocratie, donc pour la supression du capitalisme, pour la défense des majorités sociales.

      Copas