Accueil > Actions ponctuelles dans l’audiovisuel

Actions ponctuelles dans l’audiovisuel

Publie le vendredi 8 août 2003 par Open-Publishing

in : http://www.humanite.fr/journal/2003-08-06/2003-08-06-376749


Actions ponctuelles dans l’audiovisuel

Ce début août est une période creuse pour les tournages mais pas pour
l’action.

Les intermittents de l’audiovisuel, pourtant montrés du doigt par
Aillagon et Chirac, ne construisent pas d’actions aussi
spectaculaires que dans le spectacle vivant. Et le mois d’août n’est
pas non plus la période la plus propice à un mouvement social dans le
secteur, selon des responsables syndicaux. Pour autant, la
mobilisation existe, et prend des formes variées.

" La mobilisation dans l’audiovisuel se concentre surtout lors des
journées d’action nationale, comme le 5 août ", explique Mohamed
Jabbad du SNRT-CGT (techniciens et réalisateurs permanents). La
logique prévaut : " En août, il y a beaucoup moins de tournages. Ils
reprendront en milieu de mois. Nous intervenons cependant sur les
tournages de téléfilms en cours. Voire sur des films de cinéma, comme
celui d’Agnès Jaoui, Comme une image. " " Nous débrayons, le temps
d’expliquer les enjeux ", raconte Mohamed Jabbad. Qui ajoute : " La
solidarité avec le spectacle vivant est concrète : plusieurs équipes
ont versé une journée de salaire au pot commun, pour soutenir les
grévistes d’Avignon, par exemple ". Et cette solidarité est
réciproque : Mercredi dernier, les intermittents ont bloqué tous
ensemble la diffusion du journal de 13 heures de France-Inter. Ils
ont aussi bloqué l’accès à la pyramide du Louvre, dimanche.

Ils s’essayent aussi, parfois, à des actions plus visibles du grand
public. " Nous avons tenté d’avoir un temps de parole de trois
minutes en direct sur France 2 ou France 3 pour raconter ce qui nous
arrive, nous expliquer. Le gouvernement et le MEDEF ont cette
possibilité, alors pourquoi pas nous ? " relève Jean-Philippe, chef
opérateur son et syndiqué au SNTR-CGT. Une délégation, composée de
représentants du SNTR, de la coordination des intermittents et du SFA-
CGT (syndicat des artistes) s’est rendue au siège de France
Télévision, voici une dizaine de jours. " Dans un premier temps, nous
avons été reçus par un membre de la rédaction du 13 heures de France
2. Qui nous a dit que notre demande était légitime, mais qu’il avait
des ordres ", raconte Jean Philippe. Selon lui, le directeur des
programmes de France 2 aurait téléphoné à la rédaction " pour la
première fois depuis trois ans ", pour interdire l’expression des
intermittents. Qui du coup, décident d’aller à sa rencontre. Tout en
démentant formellement cet ordre, " Christophe Baldelli nous a
baladés jusqu’à la fin du journal, à 13 h 35. Lorsque nous avons
évoqué la possibilité d’intervenir dans le journal de 20 heures, il a
délégué ", se souvient le syndicaliste. Olivier Mazerolles, directeur
de l’information de France 2, prend le relais et refuse " sous la
pression " de donner la parole aux intermittents. " Alors que nous
n’avions qu’une délégation de trois personnes ", s’indigne Jean-
Philippe. Plus tard, dans la journée, des intermittents ont manifesté
sur le parvis de France Télévision. Toujours en vain. " Je me pose
des questions sur l’information sur France Télévision. Pour moi, nous
sommes en train de glisser d’une télévision publique à une télévision
d’État. "

" Nous sommes les premiers à dire qu’il faut lutter contre les abus
dans l’audiovisuel, et notamment dans l’audiovisuel public. Parce que
nous sommes aussi les premières victimes desdits abus ", note Jean-
Philippe. " Mais autant lutter efficacement ! Pour le moment, la
politique, c’est de limiter le nombre d’intermittents en supprimant
des emplois. Alors que ces emplois correspondent à un besoin, et
qu’il faudrait au contraire les pérenniser. Quand Chirac dit, le 14
juillet dernier, qu’il va prendre des mesures, augmenter les
contrôles, nous approuvons. Mais qui va effecteur ces contrôles ? Sur
les patrons, sur les salariés, sur les deux ? Avec quels moyens ?
Pour le moment, nous avons la nette impression que les salariés sont
en ligne de mire, alors que les employeurs sont à l’origine des abus.
On nous taxe de privilégiés. Le système est classique : quand on veut
noyer son chien, on l’accuse d’avoir la rage... "

Caroline Constant