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L’air à paris devient irrespirable !

Publie le samedi 29 avril 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

éditorial de 24 h (journal suisse)

Le ton ordurier de la campagne électorale italienne vous a déplu ? Vous allez détester celui de la course à la présidence française. A Paris certes, les insultes restent confinées entre les murs lambrissés des ministères, mais les « connards »
(le mot qu’utiliserait Villepin pour qualifier les députés à l’Assemblée nationale) n’ont rien à envier aux « couillons » de Berlusconi. Surtout, la bassesse des manœuvres et des opportunismes donnent dans le copier-coller.

Et si à gauche l’on se contente pour l’heure de manier le machisme crasse pour déconsidérer l’hypothèse d’une candidature féminine, c’est à droite, dans les allées du pouvoir, que la guerre fait rage avec le plus d’intensité. L’affaire Clearstream, du nom de ce fonds luxembourgeois auquel des comptes occultes détenus par des personnalités politiques et économiques françaises sont faussement liés, devient une affaire d’Etat : selon le témoignage d’un ancien général des services de renseignements français, recueilli par Le Monde, le tandem Chirac-Villepin se serait servi de ce coup monté pour discréditer Nicolas Sarkozy, l’ennemi intime.

Ni les dénégations ampoulées du Premier ministre, ni le sec démenti du président, ni même le caractère douteux des accusations n’atténuent l’impact d’une affaire dont la gauche s’empare désormais avec gourmandise. La preuve que l’air est désormais irrespirable à la tête de l’Etat français, qui vit une fin de règne crépusculaire et pitoyable.

Messages

  • la liberté (journal suisse du dimanche)
    L’étau se resserre sur Villepin

    Affaire Clearstream · Impliqué à tort dans un réseau de comptes occultes, Sarkozy veut savoir qui a cherché à le mouiller.

    L’affaire Clearstream, du nom d’une société bancaire du Luxembourg, met le premier ministre Dominique de Villepin en grande difficulté. Un témoignage du général Philippe Rondot (« Le Monde » aujourd’hui) laisse à penser qu’il n’a pas été net dans un dossier qui apparaissait comme très compromettant, en 2004, pour celui qui allait devenir président de l’UMP, Nicolas Sarkozy.

    Il a été démontré que sa mise en cause, par une lettre adressée au juge Renaud Van Ruymbeck par un corbeau, était infondée. Ce corbeau désignait, sous des codes facilement déchiffrables, Nicolas Sarkozy comme détenteur de comptes bancaires occultes dans la société Clearstream, en lien avec la vente de frégates françaises à Taïwan.

    Deux hommes ont, semble-t-il, tenu un rôle trouble : Imad Lahoud, qualifié de « génie de l’informatique », et Jean-Louis Gergorin, proche de Dominique de Villepin. Le premier, qui a oeuvré dans le giron du renseignement extérieur (DGSE) et dans le consortium aéronautique EADS, a recopié en 2003 les listings des numéros de compte Clearstream chez un journaliste. Quant à Jean-Louis Gergorin, il aurait remis des listings compromettant au général Rondot et où figuraient des noms de politiques dont Nicolas Sarkozy. Les listings saisis par Lahoud ont-ils un lien avec ceux remis par Jean-Louis Gergorin ? Y a-t-il eu manipulation ?

    Toujours est-il que Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, aurait demandé au général Rondot, au début 2004, d’enquêter sur les noms des politiques potentiellement liés à l’affaire Clearstream. Il aurait cité celui de Nicolas Sarkozy. C’est ce qu’a affirmé dernièrement le général Rondot aux juges chargés d’enquêter sur le corbeau.
    Dans une interview au « Figaro », le premier ministre affirme avoir demandé au général Rondot d’enquêter sur des personnes mises en cause dans les listings, mais pas sur les politiques. Dans son témoignage, le général Rondot dit qu’au tout début de cette affaire en 2004, il avait fait part à Dominique de Villepin de ses doutes sur le sérieux des ces listings.

    Il y a donc là deux versions contradictoires. Il serait en effet tout sauf anodin que Villepin ait demandé d’enquêter sur Nicolas Sarkozy. A l’été 2004, le ministre de l’Intérieur d’alors, Dominique de Villepin, ordonne à la DST d’enquêter sur la lettre du corbeau et les listings. Il apparaît que les noms figurant dans ceux-ci sont farfelus. Point final ?
    Du tout : Sarkozy, qui a senti le souffle du boulet, veut connaître « à n’importe quel prix » la vérité sur le corbeau et sur le reste. Le témoignage du général Rondot vient fragiliser le premier ministre. I

  • "On a tort de médire systématiquement des fins de régime. Quand les institutions ne correspondent plus aux besoins qui les firent instituer (ou quand ces besoins ont disparu), elles deviennent moyens, outils, instruments de plaisir."

    Roger Vailland-Le Regard froid.

    "Nous devons devenir une démocratie adulte. Un gouvernement doit pouvoir travailler jusqu’au dernier jour d’un mandat", a déclaré le Premier ministre (Le Monde, mercredi 3 mai 2006).

    Certes, mais lorsque dans une démocratie la crédibilité toute entière d’un gouvernement est atteinte au point que toute politique est remise en cause, la question du pouvoir et de son exercice est posée et sa formulation est toute simple. Elle consiste à remettre le pouvoir institutionnel en jeu en acceptant une résolution démocratique de la crise politique, soit par la nomination d’un autre Premier ministre, soit par la dissolution de l’Assemblée, ces deux solutions pouvant être concomitantes.

    Il en est aussi une troisième, plus élégante, qui consiste à démissionner.

    Bien que tentante, la solution qui consisterait à faire front et à attendre que l’orage s’éloigne est loin d’être judicieuse dans la mesure où le Gouvernement étant un organe à responsabilité collective, il ne saurait servir d’écran de cinéma où s’agiteraient les acteurs d’un péplum mâtiné de film d’espionnage mêlant combat de gladiateurs et agent secret.

    Si l’on peut imaginer, voire souhaiter, que la Justice parvienne un jour à déterminer, entre autres, les raisons qui ont conduit le général Philippe Rondot a revenir comme il l’a fait dans le Figaro daté du mardi 2 mai 2006 sur sa déposition effectuée devant les magistrats chargés d’instruire sur l’Affaire Clearstream (« J’ai écrit un tel mensonge pour me mettre à l’abri »), si il est légitime que M. de Villepin et M. Sarkozy puissent vouloir se défaire d’un soupçon de machination à son encontre, pour le premier, et vouloir identifier le ou les auteurs et complices de cette même machination dont il est l’objet , pour le second, il n’en demeure pas moins que le cadre idéal pour traiter de ces graves questions est celui des tribunaux de la République et non celui de l’Exécutif.

    Aujourd’hui, le Président ne préside plus, le Gouvernement ne gouverne plus, le Parlement est tétanisé, et quant au Peuple, il a déjà signifié à quatre reprises (élections régionales, référendum, émeutes, eet CPE), ce qu’il pensait de la situation.

    Faut-il un cinquième signal ?

    Renaud Bouchard http://renaudbouchard.canalblog.com