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Sarko Sego : Qui veut voler la présidentielle ?

Publie le samedi 6 mai 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Par Christine Bierre

Mais à quelle sauce les citoyens français seront-ils mangés au cours du prochain quinquennat ? Voilà la question brutale que tout le monde doit se poser, à voir la façon dont les médias des grandes puissances financières, en France et dans le monde anglo-américain, vendent, à coup de forcing publicitaire, les candidatures de Nicolas Sarkozy, à droite, et de Ségolène Royal, à gauche. Rien que le 6 avril, Ségolène a fait la couverture de Paris Match, du Point, de VSD et du Nouvel Observateur, après avoir été mise en orbite par le Financial Times, l’Economist, Time Magazine et le Guardian !

Sera-ce à la sauce dynamique, voire même sadique, du chantre de la rupture conservatrice, Nicolas Sarkozy ? Ou bien à la ritaline tranquillisante de Ségolène Royal ?

Comme Didier Hassoux le montre à merveille dans un article de Libération du 19 avril, en dehors du style de chaque personnage, les différences de contenu sont quasiment inexistantes. Leur réponse sur le travail sont caricaturalement identiques. « Nous devons rééquilibrer le rapport salarié-employeur en offrant la sécurité au salarié tout en donnant aux entreprises l’agilité dont elles ont besoin pour s’adapter aux évolutions de la conjoncture », déclare Ségolène Royal au Nouvel Observateur. « L’enjeu, c’est la simplification de notre contrat de travail (...) un contrat qui serait (...) plus souple pour l’employeur et plus protecteur pour le salarié », déclare par ailleurs Nicolas Sarkozy.

Chacun à sa manière semble vouloir rassurer un électorat en révolte de plus en plus ouverte contre ses élites : Nicolas Sarkozy en multipliant les références autoritaires, en frappant sur la table et en fonçant ; Ségolène en véritable robinet d’eau tiède qui materne ses ouailles avec la promesse d’une « démocratie citoyenne » à venir. Quelle mouche a bien pu piquer le peuple français, qui semble prendre plaisir à se laisser bercer par des contes de fée à l’Amélie Poulain et par de douces platitudes sur les « citoyens experts », le « désordre » qui règne dans la société et la nécessité d’établir un « ordre juste », une « sécurité durable » et une « égalité réelle » ?

Derrière ces deux styles différents, la constante est l’acceptation d’un ordre des choses prétendument immuable, celui de la mondialisation financière née de la mort du système de Bretton Woods, en 1971, et tant que les candidats n’oseront pas remettre cet ordre en question, quelles que soient leurs qualités par ailleurs, ils ne pourront que ses serviteurs. Or, c’est au nom de cet ordre que Nicolas Sarkozy prône la rupture avec le modèle social français ; c’est aussi à cet ordre immuable que pense Ségolène lorsqu’elle déclare, au Nouvel Observateur, que la France doit s’inscrire « dans le monde en s’adaptant, certes à cette nouvelle étape de la modernité mondialisée, mais sans subir je ne sais quelle fatalité sous prétexte de mondialisation ».

Le peuple français, qui a eu la lucidité de rejeter le Traité constitutionnel européen le 29 mai 2005 et le courage de se battre contre le CPE en 2006, se fera-t-il tromper, une fois de plus, par ces énièmes modèles des politiciens de l’ère de la globalisation financière ? Devenus, depuis le traité de Maastricht, les domestiques d’un ordre financier sur lequel ils n’exercent plus aucun contrôle, ils sont condamnés à gérer, avec plus ou moins de bon sens, un ordre de banquiers, de chômage et de précarité. C’est la raison pour laquelle Ségolène ne prétend pas « changer » le monde mais seulement « identifier des espaces d’espérance qui seront ensuite des points d’appui pour agir ». Sur le même ton résigné avec lequel Jospin avait dit aux employés licenciés par Michelin que désormais, l’homme politique ne peut plus tout faire, Ségolène déclare au Nouvel Observateur qu’il faut surtout qu’on « dise (aux Français), sans démagogie, sur quoi le politique est capable d’agir et sur quoi il ne peut pas peser ».

L’ombre de la synarchie financière

Les candidatures de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal sont l’exemple parfait de la façon dont les pouvoirs financiers « prennent des positions » auprès de leurs poulains sur la scène politico-médiatique. Dans la PME présidentielle de Ségolène Royal, composée plutôt de figures locales ou des conseillers de longue date de la candidate, une figure détonne : celle de Jacques Attali, ancienne éminence grise de François Mitterrand.

En effet, après son rôle de conseiller spécial de François Mitterrand, où il a côtoyé pendant plus de dix ans tous les grands de ce monde, Jacques Attali est aujourd’hui l’un des plus beaux « carnets d’adresses » des cercles de pouvoir en France. Plusieurs ouvrages parus ces derniers temps révèlent les relations étroites de Jacques Attali avec certains groupes financiers et les relations d’intérêt qui ont pu se nouer à l’abri du pouvoir.

Les ouvrages de Laurent Chemineau, L’incroyable histoire de Lazard Frères, et de Martine Orange, Ces messieurs de Lazard Frères, mettent en relief ses relations avec ce redoutable groupe de banquiers d’affaires. Maison très ancienne, fondée à la Nouvelle Orléans dans les années 1840 par deux familles alsaciennes, les Lazard et les Weill, son style l’a toujours distinguée des autres. C’est toujours dans l’ombre et dans les interstices du pouvoir que cette banque a aimé exercer ses talents. Banque de conseil et d’intermédiation, elle s’est insinuée auprès des politiciens, de droite comme de gauche, auprès des grandes banques et industries où, en échange de ses conseils, elle exige de siéger dans leurs comités d’administration. Intermédiaires entre secteur public et privé pour les privatisations ou les investissements infrastructurels, elle s’est introduite dans la haute administration. Ces relations croisées lui ont permis de tisser une véritable toile sur les élites françaises, aboutissant dans les années 90 à une véritable mise en coupe réglée des sociétés du CAC 40 et du système politique français.

Nationalisations de 1981 - « la divine surprise » pour Lazard ! Les deux livres révèlent le rôle décisif joué par Attali auprès de François Mitterrand, pour faire en sorte que la maison Lazard soit épargnée dans la nationalisation de trente-cinq grands établissements financiers opérée par la gauche au pouvoir ! Laurent Chemineau révèle dans son ouvrage l’amitié d’Attali avec Michel David-Weill, à la tête de la maison Lazard jusqu’en 2004, ainsi qu’avec Patrick Gerschell, petit-fils d’André Meyer qui dirigea la branche américaine. Martine Orange rapporte le lobbying mené par les banquiers auprès des dirigeants socialistes avant même que Mitterrand ne soit élu, afin d’éviter la nationalisation de leur banque. Jacques Attali, proche de Lazard, est sollicité à plusieurs reprises. Et voici ce que déclare Daniel Lebègue, alors conseiller technique à Matignon, sous Pierre Mauroy : « Jacques Attali savait qu’il était inutile de se battre pour Rothschild. C’était un nom trop symbolique. Politiquement indéfendable. Jamais le PC n’aurait accepté de le laisser hors du champ des nationalisations. Lazard, en revanche, personne ne connaissait en dehors des milieux d’affaires. Il s’est fixé comme objectif d’éviter sa nationalisation. C’était un de ses buts. Il l’a atteint. » Martine Orange souligne que bien que la banque n’ait rien donné à Attali en échange, « sa main » protectrice ne s’est jamais éloignée de lui : « Comme premier président de la BERD, il aura toutes les idées, l’expertise, les entrées des équipes de la maison pour l’aider dans sa mission. Par la suite, elle sera toujours prête à le soutenir pour le financement de ses fonds d’investissement de micro-crédits en Afrique (Planet finance, ndlr) ou de développement technologique (A&A, ndlr). »

Martine Orange souligne enfin comment Felix Rohatyn, l’ancien associé-gérant de Lazard à New York, a fortement investi dans le Parti démocrate, ajoutant qu’« en France, fidèle à sa stratégie de deux fers au feu, le boulevard Haussmann, lui, s’est préparé de longue date à la prochaine élection présidentielle. Il mise sur un duel Sarkozy-Strauss-Kahn au deuxième tour ». Avant de se mettre à la disposition de Ségolène, dans une interview à John Paul Lepers, et ailleurs, Jacques Attali avait déclaré être prêt à jouer les conseillers du prince auprès de Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, à droite, et de Strauss-Kahn, Fabius et Ségolène Royal, à gauche.

Tant que les citoyens ne mettront pas fin à cette corruption, telles des sauterelles, ces financiers, dont les Lazard ne sont qu’une variété un peu originale, iront jusqu’au bout dans le pillage de la substance productive des nations et des populations. Pour changer cela, il faut ne pas avoir trempé dans ces années « fric » du XXème siècle et être prêt à déployer un grand volontarisme pour changer le cours de choses. C’est le sens de la candidature de Jacques Cheminade.

Messages

  • D’accrod avec toute la dénonciation de ces pratiques courantes dans les "hautes sphères" politico-financière, mais attention avec le message final !

    Je cite Wikipedia :

    "Jacques Ceminade [...] Son mouvement, Solidarité et Progrès, est qualifié non pas de secte mais de "mouvement au comportement sectaire" (source prevensectes), caractérisé par le recrutement de jeunes (qui rompent souvent tout lien avec leur famille), la sollicitation de dons, la culpabilisation des personnes rencontrées. Ce mouvement, sous un discours anticapitaliste et altermondialiste, véhicule des idées d’extrême droite." :-(

    Je cite Prévensectes :

    "En France, Jacques Cheminade, dirigeant de Solidarité et Progrès et représentant de Lyndon Larouche, s’est présenté aux élections présidentielles en 1995. N’ayant pas obtenu les 500 signatures nécessaires, il n’a pu renouveler l’expérience en 2002. II a été, par ailleurs, déjà condamné à plusieurs reprises : en 1992 il a été condamné à 15 mois de prison avec sursis pour escroquerie (en janvier 1996 la 13ème chambre de la cour d’appel de Paris a allégé cette peine), en octobre 2004 le tribunal correctionnel de Lyon l’a condamné à 15000 Euros d’amende pour diffamation publique. Ce jugement a été confirmé en février 2005 par la cour d’appel de Lyon (Jacques Cheminade aurait prévu de se pourvoir en cassation)." :-(

    J’admets qu’une partie des propos de Cheminade me semblent corrects ; que le libéralisme actuel soit une sorte de néo-fascisme, c’est ce queoi-même j’affirme ; mais attention ! Les mouvements à penchant sectaires soignent particulièrement bien leur image et cherchent à sembler tenir un discours pertinent.

    http://le-ptit-gauchiste.over-blog.net

    • Ségolène : 10 000 fois oui

      elle n’a rien à voir avec Sarko, les médias ne font que suivre l’opinion car eux-même étaient sceptiques sur sa candidature, c’est l’opinion qui l’a crédibilisée, ce sont les gens sur le terrain, czeux quoi vivent et connaissent les problèmes

    • Merci pour cette mise au point salutaire sur l’opportuniste-gourou Cheminade.

      Comme quoi il ne faut jamais se fier à l’emballage.

      Flash 12

    • Ségoléne c’est une coquille vide !Pas de programme,admiration pour Blair c’est le vide sidéral.
      Pour le reste mis a part approuver la répression contre les militants anti-CPE,un nouvel ordre moral nada !
      Alors qu’elle veuille "séparer" ce que les politiques "peuvent faire" de ce qu’ils" ne peuvent pas" prouve qu’elle a déja renoncée à changer les choses,qu’elle refuse de s’appuyer sur le mouvement social en clair une sociale libérale bon teint !
      BEURK !
      Jean Claude des Landes

    • Ils nous offrent le choix entre

      NEO- CONS ET CONS-NEO .

      Quand à l’Amelie Poulain gargeons qu’elle aura le soutien de la presse embedded jusqu’aux elections puisqu’ils veulent que Sarko passe .

      Le gadget du P.S precipitera une majorité dans les bras de Sarkozy qui fait une sale politique mais qui fait de la politique face à notre Marie Chantal nationale dont la seule option politique expriméefut " Blair ce n’est pas mal" .

      Quand on voit l’état de ce dernier aux elections d’avant hier elle ne pourra même plus tenir cette bafouille .

    • Ce n’est pas parce qu’on est un p’tit gauchiste qu’on ne doit pas faire ses devoirs :

      1) "Qui veut tuer son chien l’accuse d’avoir la rage." Nicolas Miguet, un boursicoteur d’extrême droite à été condamné pour diffamation pour avoir assimilé Cheminade à une secte. Clara Gaymard-Lejeune tient, elle aussi, les mêmes propos que notre p’tit gauchiste... (Ensuite, le boss actuel de la MIVILUDES, proche de Prevensectes, est un certain Jean-Michel Roulet, toute une planète dans la nébuleuse du "cabinet noir" de Chirac, Villepin et consorts...) Si on veut trouver des gens qui "avancent masqué", c’est là qu’il faut chercher.

      2) Cheminade a été condamné par le garde des Sceaux Dominique Perben pour "lèse majesté", parce qu’un tract d’un de ses militants, candidat à l’élection cantonale de Lyon contre Perben lui-même, avait juxtaposé la "poignée de Montoire" (Hitler-Pétain) avec celle de Perben serrant la main au néo-conservateur John Ashcroft, un quasi membre du Ku Klux Klan, que même Bush n’a pas osé garder après sa réélection...

      Avant de répéter les ragots, if faut d’abord vérifier les faits. Ah, mais ça veut dire faire tout un travail de réflexion par soi-même...c’est trop fatiguant !

    • Comment peut on dire que les medias suivent l’opinion ?Moi je les vois suivre Miss Poitou partout ou elle les convoque !A quand un reportage sur Miss Poitou dans sa salle de bain ?

  • CELA FAIT DES MOIS QUE CELA DURE !!!

    Voilà des mois qu’on dénonce ici toutes les variantes du scénario du 21 avril, avec les personnalités interchangeables (plus moins ou moins plus, ceci ou cela), que le système essaie de mettre en place pour nous voler l’alternative et faire croire en l’alternance.

    Leur question : "Comment changer pour que çà reste pareil ?"

    La nôtre : Comment changer pour que çà change vraiement et durablement ?

    Qu’est-ce qu’on peut faire pour les empêcher de nous voler nos cris, nos espoirs, nos idéaux ?
    Discuter sur les personnes ? C’est là le piège !
    La solution c’est LE PRO-JET !!!
    Alors qu’on pousse un peu les feux du projet anti-libéral, et qu’on passe après à la désignation du/de la/des porte(s) - parole de ce projet face aux droites !!!

    Pour l’instant çà ronronne trop !

    NOSE DE CHAMPAGNE