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Les Français affirment leur réflexion critique sur les média

Publie le dimanche 31 août 2003 par Open-Publishing

in : http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3236--332024-,00.html


Les Français affirment leur réflexion critique sur les médias

LE MONDE | 29.08.03 | 13h01

La 24e Université d’été de la communication, à Hourtin (Gironde), a
mis en valeur l’émergence de moyens d’information qui se veulent
"différents".

Hourtin (Gironde), de notre envoyée spéciale
La 24e Université d’été de la communication, à Hourtin (Gironde), qui
se terminait vendredi 29 août, a été l’occasion de s’interroger sur
la façon dont les Français estiment que la télévision, la radio et la
presse écrite ont rendu compte des événements majeurs de ces six
derniers mois.

Premier enseignement d’un sondage, les Français établissent une
hiérarchie assez nette des sujets, qui ne coïncide pas forcément avec
celle établie par les médias eux-mêmes. Selon ce sondage
BVA/Libération, effectué par téléphone du 21 au 23 août auprès d’un
échantillon représentatif de plus de 1 000 personnes, les actualités
les ayant le plus intéressés sont le naufrage du pétrolier Prestige
et ses conséquences (90 % se sont déclarés plutôt intéressés), la
canicule (89 %), les manifestations contre la réforme des retraites
(83 %) et les raisons de la guerre en Irak, y compris le différend
franco-américain (77 %). Peu d’entre eux se déclarent captivés, en
revanche, par l’évolution du conflit israélo-palestinien, les
affaires corses, l’affaire Patrice Alègre et le mouvement des
intermittents du spectacle.

Plus généralement, si les Français estiment que les médias les
"informent aujourd’hui mieux qu’il y a dix ans", ils leur reprochent
aussi de parler "tous des mêmes sujets au même moment" et d’être
"éloignés des préoccupations des gens comme -eux-" (61 %). Plus
grave, les médias sont taxés de complaisance, parce qu’ils "évitent
d’aborder les sujets qui pourraient gêner les gens influents", alors
qu’on leur reconnaît, en même temps, une plus grande liberté
d’expression et qu’on les crédite d’un bon niveau de
professionnalisme.

Désormais, l’émergence des médias grand public "différents" ou
alternatifs n’est plus un phénomène marginal, comme Hourtin a permis
de le constater pour la premère fois. Citons le projet indépendant de
journal L’Age de faire (100 000 exemplaires), qui veut "faire sauter
le verrou de la désinformation" en matière d’"écologie, de
citoyenneté et de solidarité". Mensuel de 8 pages, vendu 50 centimes
et sans publicité, il est distribué par un réseau de volontaires.
Autre exemple, celui de "radio ca", une station en ondes moyennes qui
traitera, à partir de la fin 2004, si le CSA lui accorde une
convention, de "la France économique d’en bas", c’est-à-dire des
"commerçants, artisans et micro-entrepreneurs" ; ou encore de la radio
"éthique" européenne pour les 7-12 ans, qui associera sur la bande AM
à partir de Noël 2003 Superloustic, Bayard Presse et la Croix-Rouge.

Ces projets font l’objet de modélisations économiques modestes mais
sérieuses, et s’appuient sur un décorticage attentif du travail des
journalistes des médias "traditionnels". Ainsi, la lettre Pénombre (2
000 exemplaires) ausculte l’usage "du nombre" et de "la statistique",
quand d’autres ont débattu, pendant l’Université d’été, du rapport
entre le "critique" et la promotion de produits culturels, ou se sont
interrogés sur l’incapacité à voir naître, dans les médias, un débat
sur la pédagogie quand on parle de l’école.

Florence Amalou

• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 30.08.03