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Gauche : stop à l’hypocrisie

Publie le vendredi 12 mai 2006 par Open-Publishing
11 commentaires

Les appels aux « candidatures unitaires » se multiplient. Les tribunes appelant à un rassemblement du même type aussi. Il y a eu il a plusieurs mois déjà un appel aux candidatures unitaires. Un second vient d’être également lancé, et il semble signé par les mêmes personnes. Quelle en est l’utilité ? Les tribunes faisant part de l’exaspération des acteurs de la gauche antilibérale face à l’incapacité de celle-ci à se mettre en mouvement pour une telle dynamique n’ont jamais été aussi fréquentes : Raoul-Marc Jennar, Olivier Besancenot, José Bové, au minimum, y ont été de leur coup de gueule.

Mais au fond, qui est responsable de cette situation ? Eux-mêmes.

Depuis de nombreux mois déjà, le PCF, bien seul semble-t-il, fournit propositions (largement acceptées), méthode, et dispose, en la personne de sa secrétaire nationale, d’une candidate incarnant à la fois cette volonté de rupture, et l’image d’une femme capable de prendre des responsabilités d’Etat ; son bilan au Ministère de la Jeunesse n’est, soit dit en passant, critiqué par personne. Dans son interview à l’Humanité du 09 mai, elle développe sa vision de ce rassemblement. Cette démarche a été un invariant de l’action historique du PCF. Alors qu’aucune autre formation, qu’aucune autre personnalité n’est en mesure de faire des propositions comparables à celles du PCF et de Marie-George Buffet, ceux-là mêmes multiplient les déclarations, les pétitions, les appels... Alors que ce qu’ils réclament est proposé clairement par le PCF (comités antilibéraux en vue des élections par exemple), que la démarche de rassemblement qu’ils invoquent est celle adoptée par le PCF (un large rassemblement antilibéral visant à la majorité à gauche), ils continuent de feindre d’ignorer cet acteur central qu’est le PCF, dans une totale et lamentable hypocrisie.

Si leur objectif était réellement de rassembler largement, peut-être daigneraient-ils au moins répondre à l’appel lancé par Marie-George Buffet, y compris pour le discuter, le critiquer. Il n’en est rien, les déclarations outragées se succèdent au bal des menteurs. Ils savent bien qu’ils ne peuvent pas adopter une autre attitude que celle appelant au rassemblement, au risque de se décridibiliser. Mais ils refusent manifestement de s’engager réellement dans la création des conditions de celui-ci. Cette remarque n’est pas un postulat, c’est le constat que tout un chacun, doté d’un peu d’honnèteté intellectuelle, ferait sans mal.

Si effectivement leur objectif était le rassemblement, ils mettraient en débat leurs propositions de façon à ce que les différents acteurs s’en emparent et en discutent. Les forums ne remplissent malheureusement que partiellement cette fonction. Mais ils oseraient aussi faire des propositions concrètes quant aux candidatures et au moyen de les mettre en oeuvre. Le PCF s’est lancé déjà dans cette démarche, à l’occasion de son congrès, même si à titre personnel j’ai estimé que la manière était trop peu affirmée et autonome. Et alors que les « appels » en question reprennent pour l’essentiel ce que dit le PCF, à aucun moment ils ne reconnaissent cet emprunt et n’en tirent donc pas la conclusion logique, à savoir que c’est au PCF que revient de proposer le ou la candidate susceptible de conduire le rassemblement aux élections présidentielles.

Je n’ai jamais prétendu, contrairement à ce que certains ont voulu croire, que le PCF devait aller seul à l’échéance électorale. Je souhaite seulement que ce soit lui qui soit à l’initiative et à la tête de ce rassemblement. Et je précise une nouvelle fois que je n’en fais pas un a priori, mais que force est de constater qu’il est le seul à avoir l’objectif de gagner et de faire en sorte de se donner les moyens de gagner. On a toutefois du mal à penser que l’attitude des autres organisations et personnalités soit effectivement celle-ci, malgré tout ce qu’elle peuvent en dire. Malgré leurs désaccords de façade avec cette façon de voir, je reste profondément convaincu que la posture purement protestataire est suffisamment confortable pour dissuader ceux qui y sont engoncés depuis si longtemps en sortent aussi facilement.

Que nous reproche-t-on donc ? Justement, de sortir de la facilité des discours convenus, coupés du réel, et de mettre nos actes en accord avec nos idées, y compris en adaptant celles-ci de façon à mieux concevoir et réaliser ceux-là. Le PCF, effectivement, a une place à gauche qui le distingue singulièrement de la sociale-démocratie et du gauchisme. Contrairement à la première, il ne renonce pas à renverser l’ordre social ; contrairement au second, il ne se contente pas d’en rester à une protestation purement verbale et idéologique. Ces deux attitudes sont certes différentes, mais participent d’un égal renoncement, l’un à transformer le réel, l’autre à accepter que le réel n’est pas forcément l’idée que l’on s’en fait.

Il faut donc sortir du dialogue de sourd et des invocations quasi-mystiques. La gauche antilibérale a-t-elle réellement envie de se rassembler ? Le cas échéant, le fait-elle pour gagner ou simplement pour avoir bonne conscience ? En clair : ceux qui multiplient les appels sont-ils prêts, enfin, à poser leur stylo pour enfin passer à l’action ? Si oui, en toute honnèteté, que proposent-ils de mieux que ce que propose le PCF, en terme de contenu, d’organisation et de démarche électorale ? En toute honnèteté, qui mieux que Marie-George Buffet est le ou la plus à même de mener cette aventure ? Je suis dans l’impossibilité d’en voir d’autres.

On me dira qu’il s’agit d’une position partisane, visant au simple renforcement de mon parti, d’une démarche qui ne tient pas compte de la réalité, etc... Mais à aucun moment eux n’ont fait la démonstration, ni même n’ont apporté d’élément permettant d’affirmer que la démarche proposée par le PCF n’est pas la bonne, ni qu’une autre personnalité pourra être la personne présentée par le mouvement né de ce rassemblement. Leur critique actuelle est donc inopportune car eux-même se contentent d’une position d’observateur et non d’acteur.

Remarquons bien cependant que de nombreux militants communistes sont à peu près d’accord avec cette vision, mais que les impératifs stratégiques les ont dissuadé de traiter leurs alliés de la sorte ; le texte du Congrès, particulièrement timide sur ce point, en fait foi.

Mais notre démarche prouve que, justement, nous sommes vraiment déterminés à mettre tout en oeuvre pour rassembler et gagner. A gauche, malheureusement, tout le monde ne peut pas en dire autant.

Messages

  • Salut à tous,
    Un appel pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale en 2007 et 2008 est disponible sur http://www.alternativeunitaire2007.org/spip/ ( et plus précisément http://www.alternativeunitaire2007.org/spip/article.php3?id_article=1 ).

    Lisez le, signez le et faites le signer pour que les appareils politiques acceptent des candidatures unitaires.

    Babeuf

    • Je voudrais répondre très sereinement à Jonathan et à travers lui aux camarades du PC :

      Je n’ai aucune opposition particulière à une candidature de Marie Georges Buffet, mais avec les camarades de la gauche anti-libérale nous ne voulons en aucun cas "d’une femme capable de prendre en charge les responsabilités de l’état "

      Nous voulons tout d’abord nous mettre d’accord sur les décisions politiques à prendre dés le lendemain de l’élection et qui remettrons radicalement en cause la société capitaliste.

      Alors après seulement li serait temps de choisir celle ou celui qui aurait le plus de chance de convaincre une majorité de citoyens que nous ne voulons plus continuer à vivre dans cette société en décomposition

      J’espère retrouver mes camarades du PC qui tout au long de la campagne du référendum nous on répété avec je suis sur beaucoup de sincérité que jamais plus il n’accepterons de voter pour le PS.

      Fraternellement, et à bientôt dan les lutes et dans les urnes.

      Hasta La Victoria Siempré Raymond 30

    • Raymond ,
      si ce n’est pas un effort trop important pour toi , je te conseille de lire l’huma d’aujourd’hui , tu y trouveras l’article de Cohen Seat , qui t’apportera toute tranquillité sur l’ordre des priorités du PCF .
      A noter que cet article a été refusé par "le monde" , qui avait publié l’invitation d’olivier et la reponse de josé .
      claude de toulouse .

    • Vous voulez rire ? Qui détient VRAIMENT le pouvoir, en France, en Europe et dans le monde, croyez-vous ? les politiques ? Les élus du peuple ? Si vous répondez oui, bienvenue chez les bisounours !

      Admettons même un instant qu’une liste de la gauche antilibérale unifiée se présente, admettons même un instant qu’elle soit plébiscitée par une majoritée absolue dès le premier tour. Vous croyez que les véritables détenteurs du pouvoir financier et économique, que les institutions européennes, et que le si fameux "gardien de la démocratie " d’Outre-Atlantique vont les laissser modifier fondamentalement la société capitaliste du jour au lendemain ?

      Jusqu’ici Chavez tient le coup, et Moralès se débrouille bien. Mais l’Europe n’est pas l’Amérique du Sud. Pas la même histoire, pas la même mentalité, pas le même imaginaire.

      Le coup qu’ils ont fait à la Palestine, après la victoire du Hamas, dans l’hypothèse du scénario ci-dessus, vous allez le revivre en life. Coupure des crédits, sanctions économiques en tous genres, étranglement financier, ceci dans le meilleur des cas, peut-être même coup d’état et violences urbaines ou militaires, dans le pire.

      Bien. Cela dit, oui, il faut voter, et oui, à gauche, et oui, la victoire d’une gauche antilibérale serait au minimum un signal fort à l’Europe libérale, voire même un réveil pour ses peuples. Mais n’allez surtout pas imaginer que du jour au lendemain, la victoire d’une gauche vraiment de gauche vous apportera ipso facto des lendemains qui chantent. Ce sera un travail et une lutte quotidienne, pendant des mois et des années, et ça ne pourra se faire qu’au niveau de l’Europe entière ou pas du tout.

      (je ne vise pas à vous casser, là, juste à vous faire redescendre un peu sur terre. J’y crois, moi à cette victoire, mais sur le long terme, par un acharcnement quotidien, pas miraculeusement, suite à une élection de rêve). (Et aussi, je n’ai pas plus envie de vivre dans un totalitarisme de gauche que dans une dictature de droite, fut-elle molle).

      Absinthe

    • Malgrès son nom, je pense qu’Absinthe voit clairement les problèmes qui se posent et peuvent se poser dans le cas d’un processus purement électoral de candidature unitaire altermondialiste. Celles et ceux qui poussent à cette candidature ne s’en tiennet qu’à l’aspect formel : un programme à appliquer. Or, l’application d’un programme est chose difficile quand on a les puissances économiques dominantes contre soit. Si le terrain n’a pas été concrètement préparé avant c’est l’échec garanti ou la stagnation dans une situation impossible.

      L’Histoire montre que l’enthousiasme d’une victoire (encore qu’elle est improbable) ne suffit pas à changer les choses.

      Les parti politiques ne s’en tiennent eux aussi qu’à l’aspect formel, compliqué d’ailleurs par leurs intérêts de chapelle.

      La différence que j’ai avec Absinthe c’est que moi je n’irai pas voter même pour une candidature "altermondialiste", il y en a marre de se faire baiser par les discours politiciens et de se faire culpabiliser par ces mêmes bureaucrates qui nous baisent.

      Rémi la G.

    • C’est une grosse erreur de ne pas voter pour lagauche .c’est ainsi que ladroite en 2002 a pris le pouvoir et c’est ce qui nous attend encore .Il est très grave de voir sarko ***** prendre les rênes du pouvoir,ses partisans vont se précipiter aux urnes pour nous battre .Il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer.Lisez les commentaires de Montebourg et vous compren drez ce que sarko nous a fait et ce qu’ilnous prédit pour l’avenir .C’est un clone ****** !!!Votez en masse pour la gauche .c’est indispensable.

    • Désolé mais l’impuissance de la gauche, sa bureaucratisation, ses magouilles, son incapacité a être un moteur du changement éloigne de plus en plus de gens d’elle, sans pour cela les faire voter à droite... La droite va alors prendre le pouvoir ! Ben oui, mais à qui la faute. A qui la faute si la Gauche a perdu trois fois le pouvoir en 10 ans ?

      Il faut bien comprendre qu’il y a de plus en plus de gens qui en ont marre :

       d’être pris pour des cons quand ils ont voté à Gauche pour un gouvernement de Gauche qui gère le capitalisme,

       d’être systématqiuement culpabilisés s’ils ne vont pas voter pour ceux là même qui les trahissent.

      Désolé mais la mascarade a assez duré. Même si l’on vote à Gauche, à terme on aura la Droite. C’est ce qu’il c’est chaque fois passé. Alors que faire ? Voter quand même à Gauche ? Non mais ça va pas la tête !

      Rémi la G.

    • cher Remi ,

      je croyais naivement sans doute , que le terme "la gauche" etait obsolete !
      De qui parle t on quand on dit "la gauche" ?
      quels sont les points unifiants de ce que tu persiste à presenter comme la gauche ?
      l’electorat du parti communiste est il comparable sociologiquement à celui du PS ou à celui du MRG ? Au sein du PS avec une meme base electorale , quels sont les points communs entre melanchon et royale , ou entre montebourg et lang ?
      La LCR peut elle etre comparée au MDC de chevenement ?
      j’arrete , on pourrait jouer encore longtemps . Nous savons tous trés bien qu’il existe au moins trois gauches aujourd’hui : la "gauche social-democrate ou social-liberale " , la "gauche anti-liberale souhaitant aller au gouvernement pour y mener une politique correspondant aux interets du peuple (le pourra t elle ? )" , une "gauche anti-liberale qui considere qu’il ne sert à rien d’aller au pouvoir car elle ne pourra rien faire ."
      Alors les critiques que les gens font correspondent à une epoque , ou le terme de gauche , ne correspondait pas à une reconnaissance de ces differences , au contraire , le PCF gommait les differences qu’il connaissait en esperant peser une fois au pouvoir , deux experiences de participation à un gouvernement social-democrate , l’ont convaincu de l’inanité d’une telle demarche .Aujourd’hui il faut etre aveugle pour continuer de parler de la gauche .
      Les partis de gauche anti - liberaux voulant aller au pouvoir +les personnalites , assocs , les fondations , les collectifs , doivent s’unir sur un programme , designer un candidat commun pour la presidentielle , mener la campagne de façon totalement unitaire quel que soit le candidat , puis désigner des candidats uniques dans toutes les circonscriptions dés le premier tour .Plus le résultat du candidat(e) à la presidentielle sera elevé , meilleurs seront les résultats aux legislatives . Mais de toute façon sauf à etre en tete au premier tour de la presidentielle , la question du que feront nous pour le second tour si nous n’y sommes pas , se posera de toute façon . mais la reponse ne pesera pas du meme poids si nous pesons 12% ou si nous pesons 18% .
      claude de toulouse .

    • Mon cher Claude,

      J’appelle « Gauche » la mouvance issue de la « Gauche du passé », qui s’oppose à la Droite (on pourrait pareillement distinguer les courants chez elle) et qui n’a qu’une seule manière d’envisager le changement : les élections. Ce dernier point constituant le dénominateur commun. Je te précise tout de suite que c’est surtout les gens de « Gauche » qui parlent de la « Gauche ». Dis donc, si au second tour on a Ségolène et Nicolas, pour qui iras tu voter ? Tu t’abstiendras ? Certainement pas Tu iras pour Ségolène… Tu vois bien que la « Gauche » indifférenciée existe. Moi je ne te cache pas que je m’abstiendrai. … comme au premier tout d’ailleurs.

      Ne parlons plus du PS quoique face à la Droite et l’Extrême droite il restera le dernier recours électoralement, voir plus haut.

      Pour ce qui est de la Gauche antilibérale… la tienne, avec candidat commun et programme, elle n’envisage les choses que sur le plan électoral, autrement dit, elle n’est pas allé encore au pouvoir (comme le PS), mais elle souhaite y aller… Pour faire quoi ? Appliquer un programme ? Allons soyons sérieux, dans le contexte économique actuel quelles marges de manœuvre va-t-elle avoir ? Quasiment aucune, et les gens le savent. Conclusion, vous n’avez aucune chance d’être entendu. Votre obstination et détermination vous honore, mais elle est vaine. J’exagère ? Je prends date… On en rediscutera. Et encore je ne parle pas ici des magouilles parisiennes d’appareil qui vont certainement tout bloquer.

      Rémi la G.

    • bonjour Remi , Bien lu ton message ,

      Il est vrai que si au second tour , nous avions à choisir entre Segolene et Nicolas , je choisirais de voter SEGO , car la politique du pire n’a jamais fait partie ni de ma culture ni de mon experience , mais voter Segolene sur la base d’un premier tour ou le ou la candidat(e) de la gauche anti liberal , aurait atteint les 18% des voix , ne me poserait pas trop de problemes , car ce courant de gauche pourrait peser , avec ou sans participation gouvernementale , et les luttes sociales à venir pourraient s’appuyer sur un socle politique non negligeable , surtout si la campagne des legislatives se fait elle aussi de façon unitaire .
      Je sais que la voie des urnes ne t’inspire pas trop , mais meme ton schema de nouvelle organisation de la vie et de la société aurait tout à gagner du renforcement de" ma gauche "
      Qui par delà nos prises de becs frequentes , doit aussi etre quelque part , un peu la tienne .

      bonne journée à toi ,
      claude de Toulouse .

    • « bonne journée »… avec le temps qu’il fait ça va être dur…enfin on va faire ce que l’on peut.

      Bref !

      Tu vois à quoi on en est réduit, et c’est quasiment chaque fois la même chose. On ne choisit ni un candidat, ni même un programme, mais on fait le choix le moins pire. Ce truc là ne peut plus continuer longtemps.

      Pour ce qui est de la pression que peut faire une liste « antilibérale » avec un gouvernement social libéral, je ne suis pas aussi optimiste que ça, et ce n’est pas parce que la liste fera disons 18% que ça voudra dire que l’on a un mouvement social prêt à « casser » la logique libérale. De plus une fois au pouvoir, les sociaux libéraux n’ont rien à foutre de celles et ceux qui les soutiennent… Souviens toi de l’attitude crapuleuse de la Gauche en Midi Pyrénées à l’égard des « alternatifs ».

      Rémi la G.