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Réponse du PCF à Besancenot : "À ceux qui veulent une vraie politique de gauche"

Publie le dimanche 14 mai 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

En préambule ce rappel des circonstances :

Dans son édition datée du 28 avril, "Le Monde" publiait une tribune d’Olivier Besancenot intitulée : « Marie-George, Arlette, José ... si on causait ? », développant le point de vue de la direction de la LCR sur 2007. José Bové répondait à l’interpellation qui lui était ainsi adressée par une tribune que "Le Monde" publiait dans son édition du 10 mai.

Mais la tribune proposée au "Monde" par Patrice Cohen-Séat pour exprimer la position du Parti communiste français dans ce débat était dans le même temps refusée ... « compte tenu de l’afflux de propositions que nous recevons pour un espace limité ». Curieuse conception du débat. A moins que "Le Monde" n’ait fait le choix de ne pas donner la parole aux communistes ?

Parti communiste français

Paris, le 10 mai 2006.
(http://www.pcf.fr/?iddoc=5763&iddos=263)

***

À ceux qui veulent une vraie politique de gauche

Il y a danger. Les politiques libérales incessantes depuis trente ans font souffrir et désespèrent notre peuple. Le système politique craque, dégageant des relents de pourriture. À la poursuite d’une extrême droite menaçante, la droite devient très dangereuse. Elle bute sur la résistance populaire pour réaliser son plan ultralibéral. Si elle gagne les élections de 2007, ce sera l’aventure. Il faut la battre. Et battre du même coup les politiques libérales pour apporter de vraies réponses aux problèmes lancinants qui taraudent notre société : chômage, précarité, baisse du pouvoir d’achat populaire, démantèlement des systèmes de solidarité et de protection sociales, privatisations et casse des services publics, montée des replis sur soi et du communautarisme, etc.

Il y a urgence. Il faut faire gagner une gauche enfin décidée à mettre en oeuvre une politique antilibérale. Il faut pour ça une majorité parlementaire et un gouvernement qui ait le courage de faire les réformes qu’attendent les Françaises et les Français. C’est-à-dire qui s’attaque aux puissants intérêts des multinationales et de la finance ; qui s’en donne les moyens politiques, financiers et institutionnels ; qui mette le poids de la France en Europe et dans le monde au service d’un desserrement des « contraintes internationales » qui paralysent toutes les politiques de gauche.

Notre peuple peut arracher cette victoire historique au printemps 2007. Depuis vingt-cinq ans, il sort systématiquement les sortants pour marquer sa déception et sa colère. Et ça va grandissant : n’oublions jamais le 21 avril 2002. Mais quelque chose mûrit en lui. Au printemps 2005, il a envoyé dans les cordes les principaux responsables des politiques libérales. De droite, mais aussi de gauche. La majorité de l’électorat de gauche a voté « non » quand la majorité des partis supposés le représenter l’appelait à corps et à cris à voter « oui ». Au printemps 2006, il vient de faire plier le gouvernement et le MEDEF sur un point clé de leur projet politique : la précarisation. Et 1, et 2, et 3 : l’an prochain, il peut imposer en France une rupture décisive avec le libéralisme.

Celles et ceux qui veulent contribuer à cette victoire ont la responsabilité immense d’être au rendez-vous. Il faut qu’elles, ils, s’en donnent les moyens en se rassemblant, comme pour le 29 mai, afin d’élaborer un projet politique et le porter ensemble devant le suffrage universel. Il faudra donc des candidatures unitaires. Pour la présidentielle et pour les législatives. Pour 2007, pour 2008 (municipales et cantonales) et pour la suite. Pour gagner durablement, il faut mettre en place un rassemblement pour une alternative politique antilibérale. Elle est idéologiquement déjà majoritaire à gauche. Elle peut, elle doit le devenir politiquement.

Alors, oui, comme disait Olivier Besancenot il y a quelques jours, il faut se parler. Mais pourquoi seulement à quatre, dans un resto ? Les gens en ont assez de la politique de sommet, de couloirs et d’experts. Les débats, il faut les avoir publiquement, devant et avec les citoyennes et les citoyens, les salariés, les Français et étrangers vivant dans notre pays, toutes celles et tous ceux qui veulent se faire entendre, participer à la politique au lieu de la subir. Pourquoi ne pas organiser, plutôt qu’une « bouffe à quatre », de grands banquets populaires où tout le monde serait invité ? Où on parlerait de tout : programme, candidatures, rassemblement de toute la gauche au deuxième tour pour se donner toutes les chances de chasser la droite, etc. ?

Et pourquoi on n’y parlerait pas aussi des conditions pour participer ensemble à un gouvernement de gauche ? O. Besancenot dit en substance : rien avec le PS, c’est un préalable. Mais qu’est-ce qu’on veut ? Est-ce qu’on propose à notre peuple d’attendre que les forces antilibérales à gauche soient majoritaires à elles toutes seules pour espérer un changement de politique ? Il faudrait « sauter » 2007 où il n’y aurait que le choix entre ultralibéralisme et social libéralisme, avec au bout des conséquences pires qu’en 2002 ? Ce scénario catastrophe n’est pas fatal. Il est hors de question de refaire la « gauche plurielle » et de cautionner au gouvernement une politique libérale. Mais « rien avec le PS », c’est absurde et catastrophique. La seule vraie question est celle de la politique qui sera menée. Si elle est libérale : pas de participation au gouvernement. Si elle rompt franchement avec les politiques passées et permet de changer vraiment la vie de notre peuple, pourquoi ne pas aller nous battre jusqu’au gouvernement pour défendre nos idées et nos propositions ?

Et pour les candidatures, ne pourrait-on pas mettre nos petits ego dans la poche et voir simplement ce qui permettrait le meilleur résultat possible pour tout le monde dans ce rassemblement ? Actuellement, il y a 22 députés communistes. Si on se donnait l’objectif que toutes les forces antilibérales aient le maximum d’élus en présentant des candidatures unitaires dans tout le pays ? Pour la présidentielle, qui pourrit toute notre vie politique, il ne peut y avoir qu’une candidature. Personnellement, je pense que Marie-George Buffet serait une très bonne candidate. Elle en a - comme d’autres - les qualités personnelles : elles lui ont valu, comme ministre de la Jeunesse et des Sports, une réputation de détermination et de courage. Mais ce qui compte aussi, c’est qu’elle veut vraiment le rassemblement- elle l’a montré par exemple dans la campagne européenne en partageant son temps d’antenne avec d’autres - tout en étant adossée à une force militante nombreuse et organisée. La seconde est que, bien au-delà de la protestation et de la colère, le sens de sa candidature sera bien de faire gagner la gauche sur la base d’une politique antilibérale.

Tout ça, ce sont des propositions. Si on en « causait » toutes et tous ensemble ?

Par Patrice Cohen-Séat, membre du Comité exécutif national du PCF.

(http://www.humanite.fr/journal/2006-05-12/2006-05-12-829687)

Messages

  • je pense que tu voulais dire "il peut n’y avoir qu’une candidature", rassure moi, parceque sinon ton article est un tête à queue

    sc_marcos94

  • eh ! oui c’est à la fois tellement frustrant , inconcevable de voir le peu d’échos dans les médias quant aux diverses intervention du PCF ! serait-ce que finalement celui-ci effectue un vrai travail en profondeur de réflexion, de propositions qu’il inquiète ? ....!!!!
    où retrouve-t-on les propositions et l’appel de MGB ? je ne les ai trouvés dans aucun média national, alors que l’on nous rebat les oreilles avec les mille et une candidatures du ps dont on ne voit pas le bout d’un projet cohérent, antilibéral, prêt à aider les plus démunis, s’attaquant à la défense des services publics etc ....
    ne nous laissons pas griser par les lavages de cerveaux des médias télévisuels et autres...convainquons autour de nous que d’autres choix sont possibles...

    mouton noir de la baie du mt st michel !

  • BANQUETS POPULAIRES...

    Le texte est extrêmement clair et il n’y a rien à corriger.
    À la petite bouffe en cénacle fermé, nous proposons des banquets populaires où chacun peut venir et apporter à boire et à manger, échanger avec tous les autres, et finalement "becqueter" bien mieux... Surtout, çà permettrait au peuple de faire lui-même la politique, la concevoir, la mettre en oeuvre, en garder la maîtrise, en toute transparence...

    Il s’agit bien de débattre de tout, et non, de respecter un préalable qui voudrait qu’ "on ne parle pas de çà et de çà" (çà, étant la participation à un gouvernement de gauche). Le PS, lui, veut nous empêcher de parler de l’Europe future que nous souhaitons et des moyens de réaliser le projet anti-libéral... Olivier Besancenot, lui nous empêcherait de parler des conditions pour participer à un gouvernement...
    Mais si on tient compte des 2 on s’aperçoit qu’on ne peut plus parler de rien...
    Un projet pour n’aboutir à rien, ce n’est pas la peine.

    Les candidatures antilibérales communes aux législatives et aux cantonales, çà peut permettre aux uns et aux autres de gagner des positions nouvelles renforçant le rapport des forces contre le libéralisme.
    La candidature antilibérale au 1er tour présidentiel ne peut être qu’une, unique... Eh oui ! C’est çà le sens du texte. Et nous proposons, nous, qu’elle soit confiée à MGB. C’est pour nous, la meilleure candidate possible. Personnellement, José Bové m’est bien sympathique mais il ne m’a jamais donné de gages comme quoi il respecterait le mandat qui lui serait donné. Marie-Georges, elle, oui.
    Enfin, une candidature antilibérale unique, çà permettra incontestablement de peser sur les conditions dans lesquelles se déroulera le 2° tour : çà en modifie considérablement le profil et çà lui donne une autre dynamique qu’un "vote utile" ou qu’un vote "contre", dans lequel on voit bien que de Sarko en Ségolène, on cherche à nous engluer.

    Je soutiens tout à fait la position exposée par PCS dans cet article, et je note qu’une fois de plus "LE MONDE" a brillé dans la subjectivité de son "objectivité" !!!

    NOSE DE CHAMPAGNE