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Aucun secteur n’est épargné par les plans sociaux

Publie le lundi 8 septembre 2003 par Open-Publishing

53,3 % des salariés inscrits dans une cellule de reclassement ont retrouvé un emploi, permanent ou temporaire, soit 7 % de moins que l’année précédente.

La crise économique a des répercussions directes sur l’emploi. Les annonces de plans sociaux ou de mises en redressement judiciaire se multiplient et touchent tant l’industrie (Daum) que les services (Air Littoral ou la Générale de santé). Le gouvernement, qui vient de congédier son "M. Plans sociaux" et de le remplacer par son prédécesseur, marqué à gauche, veut se montrer optimiste pour 2004. Mais la montée du chômage, qui pourrait atteindre 10 %, pousse les ménages à épargner plutôt qu’à consommer, ce qui aggrave la crise. Ces suppressions d’emplois interviennent dans un contexte qui rend encore plus difficiles les reclassements. Selon une étude officielle, en 2002, à peine un salarié sur deux passés par une cellule de reclassement a retrouvé un emploi.

Jusqu’où montera la vague des suppressions d’emplois qui s’est amplifiée au début du mois de septembre ? En quelques jours, la menace s’est précisée pour plusieurs milliers de salariés de grands groupes et de PME en butte à des difficultés financières ou engagées dans un processus de restructuration.

Avec 9,6 % de taux de chômage en juillet, le spectre des 10 % se rapproche. OAS_AD(’Middle’) ; Phénomène rarissime : la stagnation économique a entraîné une perte d’emplois nette au début de l’année. Et rien n’indique que le mouvement s’inverse, même si le ministre de l’économie Francis Mer a estimé, vendredi 5 septembre sur Europe 1, que le chômage devrait baisser au début de 2004.

Actuellement, le mouvement de défaillances d’entreprises, en hausse de 8 % au premier semestre avec près de 25 000 dépôts de bilan, s’accélère. Plusieurs sociétés viennent de se déclarer en cessation de paiements. Après Air Littoral (1 000 salariés), Daum (300 salariés), Futura France, la société qui commercialise en France les machines à coudre Singer dans un réseau de 700 personnes, puis le groupe de distribution Tati, avec ses 1 200 salariés, ont été contraintes au dépôt de bilan. En sursis pour quelques mois, elles ne devront leur survie qu’à des mesures drastiques.

Les décisions sont en revanche inéluctables après l’annonce de la fermeture de l’usine Comilog à Boulogne-sur-Mer qui emploie 350 personnes mais en fait travailler plus de 600 avec les activités portuaires. En Bretagne, la filière de la volaille, déjà très affectée, perd deux usines du groupe Gastronome à Trémorel (290 salariés) et Grandchamp (139). A La Poste, 479 suppressions d’emplois sur un effectif de 1 500 salariés ont été engagées dans la filiale de distribution de colis Tat Express. De son côté, Yoplait a présenté, mercredi 3 septembre, un plan de suppression de 315 postes. Enfin, la colère des 200 salariés de l’usine Flodor de Bapaume (Pas-de-Calais), dont la direction a déménagé une partie des installations durant les congés, ne peut que renforcer l’image d’une rentrée sociale dégradée.

Les difficultés économiques ne sont pas seules en cause. Les grands groupes invoquent la "compétitivité" pour justifier des restructurations et des fermetures de site dont les activités sont, pour partie, délocalisées dans les pays à moindre coût. Fin juillet, le projet de suppression de 1 300 emplois par la direction du fabricant de cigarettes Altadis a suscité de virulentes réactions à Lille, dont l’usine devrait être arrêtée. A Rennes, les 462 salariés de STMicroelectronics sont décidés à s’opposer à la fermeture, annoncée mercredi, pour avril 2004. Même un secteur comme la santé est concerné, avec la suppression de 229 postes à la Résidence du Parc, une clinique marseillaise.

A l’inverse des PME, les grands groupes assortissent leurs décisions de mesures de reclassement avec un nombre limité de licenciements. Mais la résistance reste vive dans les villes qui risquent de souffrir d’une perte de leur activité. Très mobilisés, les salariés de GIAT Industries continuent de refuser les 3 750 suppressions d’emplois ainsi que les nouvelles mesures de reconversion qui devaient être discutées ce vendredi.

Les intérimaires sont les premières victimes de ces décisions. Cet été, plusieurs centaines d’entre eux ont été "licenciés" dans l’automobile. Signe de la dégradation persistante, 15 000 postes ont été supprimés au premier trimestre, dont 3 000 dans l’industrie et 12 000 dans le tertiaire.

L’inquiétude des salariés peut être renforcée par le bilan que dresse la Dares, l’organisme d’études du ministère de l’emploi, des mesures de reconversions mises en œuvre après les plans sociaux de 2002. Dans une note publiée en août, elle relève que 53,3 % des salariés inscrits dans une cellule de reclassement ont retrouvé un emploi, permanent ou temporaire, soit 7 % de moins que l’année précédente. Si les hommes se recasent à près de 60 %, moins d’une femme sur quatre obtient un CDI et un tiers d’entre elles se retrouve à l’ANPE à la fin du processus.