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Les nonistes de gauche rêvent encore de se dire oui

Publie le samedi 27 mai 2006 par Open-Publishing

. Oui, pour aller ensemble à la présidentielle. Un an après leur victoire au référendum sur le traité constitutionnel européen (TCE), les forces antilibérales n’ont pas renoncé à se présenter sous une bannière commune et à transformer l’essai du référendum dans les urnes élyséennes. Depuis le 29 mai 2005, l’heure était plutôt à l’émiettement.

Toutefois, en ce printemps, comme pour fêter le premier anniversaire de leur victoire, les nonistes connaissent un retour de flamme unitaire. Suite à l’appel lancé le 10 mai par une cinquantaine de leurs figures, une structure de négociation collective existe enfin. Et le 13 mai, « la charte des collectifs du 29 avril » a donné une feuille de route au mouvement. Une réunion est prévue mardi à Paris avec les nonistes défendant cette démarche unitaire au sein de la LCR, du PCF, des Verts, du syndicat Sud, de la fondation Copernic et, à titre personnel, des adhérents d’Attac et de la mouvance altermondialiste.

Seront aussi présents des socialistes amis du sénateur Jean-Luc Mélenchon et, « en observateurs », des représentants des états-majors du PCF et de la LCR. « Leur présence, même sur un strapontin est signe que la porte n’est pas fermée », se réjouit Christian Picquet, artisan de cette ligne, mais minoritaire à la LCR. « Le processus est lancé. Il existe une structure pour clarifier certains points. Si une vraie dynamique militante se crée, ce projet unitaire a des chances d’aboutir », veut-il croire.

De son côté, José Bové, le leader paysan, explique qu’« après l’appel unitaire lancé le 10 mai, le préalable ­ on y participe si c’est notre candidat qui est choisi ­ a été levé. L’objectif est de dépasser les égoïsmes de partis et la logique des appareils pour se rapprocher de ce que souhaitent les gens : des candidatures unitaires et antilibérales. » Francine Bavay, représentante de l’aile gauche « antiproductiviste » des Verts se veut tout aussi optimiste : « Ce que les collectifs du 29 mai réclamaient vient de prendre corps. Cela ne fait que commencer. Et ce sera très long : il faut attendre de connaître le nom du candidat socialiste pour savoir si une candidature antilibérale rassemblée a un sens. »

Selon le porte-parole de la LCR, pas question de « voter la confiance ou le budget » d’un gouvernement sous influence sociale-libérale. Personne ne peut prétendre incarner le non "canal historique’’. Si on a gagné il y a un an, c’est parce qu’on était unitaires, radicaux et indépendants par rapport à la direction du PS.

Si rien n’est perdu pour une candidature unique, il reste un obstacle de taille : choisir qui serait le cas échéant le ou la meilleur(e) porte-parole. Porter le drapeau tout à la fois de la victoire du non et du mouvement anti-CPE à la prochaine présidentielle aiguise les convoitises. Même s’il est quasiment tabou d’aborder les questions de personnes dans une dynamique qui se veut collective. Bové n’exclut pas d’être « partie prenante » le moment venu pour mener campagne. Sont aussi sur les rangs Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, Clémentine Autain, adjointe (apparentée PCF) à la mairie de Paris ou le syndicaliste Claude Debons, animateur d’Alternative citoyenne.

A Attac, l’association altermondialiste dont les 30 000 militants revendiqués ont animé en grande partie la campagne du non, on observe avec intérêt les positions de chacun. « On n’est pas là pour faire de l’ingénierie politique. Ce n’est pas à nous de réunir Arlette, Besancenot et Marie-George, rappelle Bernard Cassen, son président d’honneur. Une chose est sûre : ceux qui croient que le non du 29 mai c’est terminé, se trompent lourdement. Une partie des classes moyennes a basculé dans ce rejet du libéralisme. Le mouvement anti-CPE a été une première réplique à ce tremblement de terre. Il y en aura d’autres, peut-être aux extrêmes. » Avec le rêve de faire surgir dans les urnes une gauche radicale capable d’influer vraiment sur le PS.
extrait libé