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Quand le Parti Socialiste va là où il ne faudrait pas aller.

Publie le lundi 5 juin 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

de ichlo

Ce que je reprocherai aussi au Parti Socialiste dans la bonne fois de ses programmes, c’est qu’il vise une nouvelle répartition des gains et non pas une redistribution égalitaire des richesses. En lui se dessine une autre manière de contrôler le capitalisme, se mettre à la place d’autres gérants ; méprisant et condamnant presque ceux qui s’opposent plus fermement que lui au capitalisme.

Lorsque la droite est au pouvoir ce même capitalisme se vit de façon débridée. Il multiplie les profits, licencie à tours de bras, privatise les existences ainsi que les services censés les protéger tout en maintenant des niveaux de vie au plus bas.

Dans le rôle historique des socialistes on a constaté qu’au lieu de nous conduire vers la société plus égalitaire qui pourtant figure dans chacune de ses brochures on a droit à une perdition de son pouvoir de gouvernant abandonné à des rivalités internes propices à tous les déchirements. Ce fut presque un crime d’Etat que ce premier tour de 2002 au travers duquel on découvrit un Parti Socialiste même pas capable d’arriver soudé et uni devant la consultation électorale. Sans doute s’estimait-il alors suffisamment fort pour s’imposer le passage au second tour alors que son appareil ne fonctionnait déjà plus très bien à fortiori après avoir perdu avant cela les municipales dans bon nombre de régions pour les mêmes raisons. Et maintenant il faut encore entendre ce parti socialiste arraché de l’unification, au sens où l’on parlait de Parti Socialiste Unifié, marcher côtes à côtes autour d’une forme moderne d’Etat policier où le délinquant devient cause d’unanimité par la voix de Ségolène Royal toute de suite mise à bémol mais dont le programme de lutte contre la délinquance n’est pas si éloigné de celui des droitiers.

Faudra-t-il alors attendre que Madame Royal soit élue Présidente de la république pour enfin oser dénoncer les résurgences d’un Etat fasciste qui, pour des raisons économiques est resté le même depuis l’après guerre, poursuivant sa marche à travers l’entêtement colonial et atteignant l’insignifiante magnificence démocratique dans la guerre du pétrole par des administrations ultra droitières des cabinets Bush, Blair, Berlusconi et, à une moindre mesure, Jacques Chirac désengagé dans la guerre en Irak sûrement bien trop occupé à modeler la société française pour la préparer à accepter dans des choix ultérieurs ce que les sociétés américaines, britanniques et italiennes furent obligées de suivre comme raison d’Etat. Résonnent alors immédiatement les étincelles tchadiennes et ivoiriennes ainsi que le mur iranien dont on ne sait toujours pas quelle tournure prendra l’insolence dont font preuve les dirigeants d’obédience islamiste rigoriste de ce pays qui relèguent l’Europe à un système où règne le chantage en agissant par pots-de-vin.

Même les plus érudits plaisantent en disant qu’on ne peut pas prétendre que la troisième guerre mondiale a déjà ou n’a pas encore commencé puisque la seconde ne s’est jamais arrêtée, se poursuivant sous d’autres formes que la tournure nazie avait prise, notamment sur un rideau de fer brandit en fière aubaine à l’impérialisme capitaliste. Là où au cours de son histoire le Parti Socialiste croyait voire en lui s’additionner les aspirations d’une extrême gauche diversifiée il risque fort de constater qu’elle se détache de son électorat depuis que rentre dans les consciences cette première victoire contre l’ultralibéralisme construite autour du « non » au TCE.

Le deuxième point historique, certainement le plus crucial que le Parti Socialiste n’a pas intégré dans ses objectifs, consiste en l’unification du projet socialiste tel que le décrivait Marx et Engels au sens de communisme de l’humanité. Cette notion primordiale du dépassement du capitalisme inscrite dans l’avènement d’un marxisme planétaire pour une économie régulatrice des marchés renonçant aux démesures de l’intérêt, le Parti Socialiste est bien incapable de la réaliser pour la simple et bonne raison (nécessaire mais pas suffisante) qu’il n’a pas l’intention de la mettre au devant des changements de société qu’il présente dans une déviance historique déconcertante aux oreilles d’électeurs médusés...

C’est pourquoi le parti Socialiste restera toujours une formation jamais mûrie de la gauche et que sa tendance « centriste » est la bienvenue dès lors qu’il sent son électorat traduire une perte de vitesse et que la seule notion de « camarade » ne lui suffit plus.

Avant de vouloir parler de programmes que les endurcis en politique trouveront toujours trop allégés par rapport aux exigences idéologiques censées tracer les fondements d’une évolution historique plus saine et donc par conséquent moins ancrée dans les destructions que le capitalisme afflige au temps ; il s’agirait avant tout de se positionner clairement sur les mesures urgentes à prendre pour que nous n’ayons pas à connaître le pire. Pluies diluviennes d’un mode d’exploitation toujours plus sophistiqué, agencement de zones localisées où se joue le prolongement du vol des matières premières nécessaire à l’élaboration du capital économique fixé en rentabilité à la promotion des forces de frappe les mieux équipées, risques climatologiques liés aux dangers de combustion des déchets, sociétés post-industrielles portant en ses flancs toujours la même proportion de misère en excroissance lorsqu’on utilise la notion plus élargie de précarité ; tous ces fléaux que le capitalisme traduit et accentue chaque jour un peu plus, le Parti Socialiste paraît sérieusement limité en ce qui concerne d’éventuelles modifications à apporter à une telle évolution... Il pourra les modeler en fonction de l’image du pouvoir qu’il s’accorde et prétend diffuser à un instant donné mais pas aux yeux de l’histoire vis-à-vis de laquelle il garde des lacunes d’efficacité en matière d’avènement du socialisme marxiste plus apte à maîtriser les dérèglements économiques qu’un patronat licenciant à tours de bras. Toutes ses alliances (du PS) le prouvent et l’éloignement de son rôle historique avec puisqu’il reste en collusion avec le capitalisme qu’au départ il était censé combattre... Ainsi prise, la candidature socialiste aux présidentielles voulant éclore à l’Elysée ne serait qu’une solution d’attente supplémentaire au lieu de devenir pour la servir la réalisation sociale des mouvements communistes et affiliés. Ceci provient du parti pris qui dès le départ différencia politiquement sur un projet construit à l’origine en commun le système socialiste en traîne du capitalisme du but marxiste élaboré au fil des analyses. Devenu plus capitaliste que socialiste, il faut trouver une autre direction pour abandonner les deux régimes précédents.

Plus déconcertante encore et sujette à empoignade est la déclaration de Ségolène Royal à propos des « 35h » où en dame patronnesse elle explique de fort belle manière comment le PS a l’intention, par ses travers, de se coucher devant le patronat alors qu’il est question de le combattre et d’en limiter la toute puissance. Et les « 35h » étaient en soi une astuce judicieuse pour inciter le patronat à mettre la main à la pâte autrement que par les simples règles d’esclavagisme. Seulement celui-ci n’a pas tenu compte de la forces de loi dont aurait dû alors faire preuve l’équipe de Jospin. Hélas, à l’époque, celle-ci était certainement déjà trop occupée à se turlupiner dans les fissures des successions à convoiter. Elle a tort Madame Royal de rallier ainsi le camp du patronat sur le dos de Jospin qui aurait dû parvenir avec succès à donner une nouvelle conception de la répartition du temps de travail. Cette solution ne s’est pas imposée et permet au patronat d’affirmer qu’il n’acceptera aucune prise en charge collective du problème du chômage et que pour lui, seule importe la rentabilisation maximale de ses profits alors que partager le temps de travail, c’est aussi partager les profits. Alors au lieu de suivre ce « nouvel esprit du capitalisme », Ségolène Royal joue l’imposture et avance sa tête au PS en se présentant comme une « Bayrou 2 » et risque de faire un score encore plus minable que celui de Jospin au premier tour car ne nous y trompons pas mais aux yeux d’une certaine gauche, peu d’entre eux accepteront de sacrifier leur origine politique à un concept de plus en plus flou du socialisme qui ne signifie plus grand-chose dans l’horizon politique dès lors qu’il est aux mains du patronat, livré clé en main par des pouvoirs sociaux centristes consentants, assujettis au mêmes formes économiques d’exploitation capitaliste.

Alors merci Madame Royal, à double titre, le premier en garantissant la continuité des programmes du gouvernement actuel qui concerne l’allure répressive pour répondre à la délinquance dont Nicolas Sarkozy pourra se targuer d’avoir été l’instigateur mais dont la récupération socialiste est l’œuvre d’un charlatan et le deuxième vous fait grâce de taper à bâtons rompus sur les « 35h » que le patronat n’a jamais accepté de mener à bien alors que cette règle devait s’imposer d’elle-même alors que la polémique mise en réserve ne fait que renforcer la bulle que s’est construite cette classe sociale, vivant dans l’isolement de la sphère financière et refusant de participer à la lutte contre le chômage en gardant tous pouvoirs de licenciements et tous contrôles sur l’embauche. Ce genres de collusions avec la répression et les ogres du profit ne laissent rien augurer de bon au Parti Socialiste tel qu’il se dessine au travers de ses nouveaux programmes sortants de la bouche de ses leaders et ce premier tour - car il y aura bel et bien un premier tour « camarades socialistes » - risque fort de constituer l’occasion d’une chance à saisir !

Messages

  • je ne comprend pas que tout le monde s’étonne des déviances du PS alors que l’histoire nous prouve qu’il en a toujours été de même !!!
    le PS n’a jamais été à gauche !!!!!!

    • Le PS cigare aux lèvres et noeud papillon rôte en fin de banquet, une fille sur les genoux, il n’est plus sortable.

    • Il existe un plan B mais les grands de ce monde n’ont ni envie de se laisser dompter ni envie de s’en laisser compter.
      Même s’ils manifestent quelques signes de bonne volonté, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils abdiquent par la voix normale. Seule une volonté populaire peut faire renverser la situation.
      Donc en ce qui concerne l’aternativeunitaire, nous avons encore beaucoup de travail. Sur Paris, ce n’est pas encore l’effervescence. Mais il ne faut pas s’en laisser compter. Il se peut que dans la capitale, certains n’aient pas trop intérêt à ce qu’un troisième mouvement se développe.

      mncds

    • .. la sociale-démocratie a toujours été un ventre mou.

      A l’occasion se fit-elle entendre à l’avantage du "peuple d’en bas" dès lors que celui-ci était, en force, "épaulé", dans la "rue".

      Mais attention à ne pas confondre la structure PS, ses "édiles", ses fondements réels, avec la TOTALITE des membres et des électeurs de ce parti.

      Beaucoup trop d’entre eux, pour de bonnes ou mauvaises raisons, s’imaginent qu’être de gauche c’est , tout simplement, avoir du coeur, être gentil et, de temps en temps, faire le gros doigt ou froncer des sourcils à la face des possédants et autres potentats de la pire espèce qui, bien sûr, ... rigolent.

      Voir la subtilité de cette situation implique une stratégie à long terme : en même temps ferme... et souple.

    • Tout à fait d’accord avec votre analyse.

  • Juste une ou deux petites choses :

    1 - En 1982 sous le reigne de F.MITTERRAND les entreprises prenaient des SICAV et tout en dormant obtenaient un rapport entre 12 et 14 % ! Même les gens de gauche ne distribuent
    pas les richesses au contraire il permettent à ceux qui en ont de prospérer davantage.

    2 - Que peuvent bien faire de leurs RTT les salaries au SMIG ? Point besoins d’être Prof d’économie à la SORBONNE pour comprendre que les loisirs riment aussi avec pouvoir d’achat
    sinon le pauvre ouvrier en est contraint à tourner autour de la table de la cuisine....ou alors
    il fait du Black !

    Conclusion : Plus facile d’être de Gauche dans les dires que dans les actes en tous cas si
    LANG, DSK, AUBRY, et JOSPIN et FABIUS étaient de gauche ça se saurait !

    • Il ne faut pas oublier que nos chers députés ont l’air de l’etre à vie. Les élites du ps sont là depuis plus de 25 ans (royal, hollande, fabius étaient avec mitterand en 1981). Ces gens-la n’ont pour ainsi dire jamais travaillé. Quand lang se fait virer de blois, il se représente dans le nord. La notion de démocratie est sérieusement mise à mal dans notre pays, mais c’est normal, nous sommes en république, pas en démocratie !

      /Fred

    • En Oligarchie avec le fric comme signe de reconnaissance, "si t’en a pas t’es pas éligible", et les affrontements les plus sanglants entre PS et Droite se font autour d’affaires de fric et surtout pas de Société. Le pire c’est que c’est partout pareil en Europe : le PS espagnol par exemple, avait même presque réussi à faire oublier la dictature franquiste avec les rejetons de laquelle, dès la mort de Franco elle avait partagé les places pour créer "la Démocratie" avec un Roi désigné par Franco lui-même...
      PS et Droite, comme des chiens, se disputent ou se partagent les dépouilles de nos conquêtes sociales, sous l’oeil amusé de leurs maîtres, les capitalistes, on appelle ça le Libéralisme. JdesP