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C’est avec l’objectif de l’emporter que nous partons.

Publie le mardi 20 juin 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

La crise politique n’épargne aucun domaine. Crise urbaine, crise de la représentation, fléau de la mondialisation libérale, ébranlement des valeurs, affaiblissement de la puissance publique, délégitimation du politique... La liste est longue. Or, avant de tenter d’apporter des réponses partielles à des questions qui ne le sont pas, il est utile, indispensable sans doute, de dire la société que nous voulons et le cadre dans lequel nous la pensons. Pour le modèle social, nous n’avons pas varié. Seule une organisation sociale fondée sur l’égalité, valeur centrale du triptyque républicain, peut dessiner une voie collective, mobilisatrice, contre le renoncement individuel qui est au cœur même du système idéologique libéral. Pour ce qui est du cadre, celui de la république a gardé sa pertinence et sa force propulsive, si l’on veut bien faire l’effort à la fois de revenir à ses fondamentaux et de la considérer inachevée notamment du point de vue social. Car enracinée par la souveraineté du peuple et la responsabilité citoyenne, la république sociale doit faire de chacun un acteur, un « producteur politique » dans l’espace de nation qui n’est rien d’autre que l’espace du politique dessiné par les siècles et que, probablement, seuls d’autres siècles transcenderont.

Aujourd’hui, aucun des dossiers brûlants auxquels nous sommes confrontés ne peut être envisagé avec exigence sans la grille de lecture républicaine. En affirmant une vraie citoyenneté liée à la nation comme cadre politique et non ethnique, nous réfutons les conceptions partielles, charitables, rabougries des droits civiques qui, de Sarkozy à Cohn-Bendit, font flores dans les discours tout en disant la nécessité de l’ouvrir, pleine et entière, aux résidents ; en luttant pour une citoyenneté qui gagnerait l’espace du travail, de la production, de la gestion, nous étendons la sphère des droits individuels ; en prônant l’appropriation ou la réappropriation des biens communs indispensables au développement de la communauté nationale nous dessinons les contours d’un développement durable et maîtrisé ; en maintenant une conception ferme et ouverte de la laïcité nous nous opposons à toutes les formes de communautarismes qui s’entraident dans la dissolution de l’espace et de l’esprit public.

L’expérience extraordinaire (au sens premier du terme) de la bataille en faveur du non de gauche au referendum sur le traité constitutionnel européen a montré, en vraie grandeur, la nature de l’attente populaire. Attente d’un ressaisissement du politique dans un antilibéralisme de principe et cela contre toutes les prévisions de toutes les « élites » dominantes. Ils sont pléthores aujourd’hui, à droite comme à gauche, qui veulent tourner la page. On sait pourquoi. Une réédition, même partielle, de pareille mésaventure, les renverrait bientôt à leurs chères études...

Notre rôle est là, précisément. Sans ralliement, sans bénéfice boutiquier en perspective, nous souhaitons continuer à nouer les liens de tous les courants de la gauche de transformation qui, on l’a bien vu le 29 mai dernier, gagne également dans toutes les formations de la gauche traditionnelle. Le néo-bonapartisme de la constitution de 1958, aggravé par Jospin, nous contraint, hélas, à œuvrer dans un système qui minore le choix politique au profit du choix providentiel (qu’il faut mettre aussi au féminin...). C’est un handicap. Il n’est pas insurmontable si chacun prend conscience du séisme qu’a constitué le résultat du 29 mai et si beaucoup changent de lunettes pour lire l’événement.

De ce point de vue, deux évènements viennent en mars de nous assurer dans nos choix.

Le mouvement contre le CPE tout d’abord qui, après les mouvements sociaux de 1995 et de 2003 et le résultat du référendum, confirme, dans la jeunesse et bien au-delà, un refus majoritaire du libéralisme en ce qu’il conteste, avec la précarisation du travail, le cœur même de ce système.
Les conclusions du congrès du Bourget du PCF ensuite, pour la volonté de cette formation -un des piliers de la bataille victorieuse du 29 mai- d’œuvrer à la mise en place de candidatures unitaires de la gauche antilibérale pour les prochaines échéances électorales. Ainsi, se trouve renforcée une direction qui, lors des dernières élections régionales et européennes, avait su lucidement, commencer à ouvrir le jeu politique.

Pour aller plus avant, il faut du calme et de la méthode.

Tout d’abord un programme. Ici, les progrès sont tangibles. Certes des divergences demeurent, mais, dès lors que l’on refuse un catalogue ultra-gauche de simple témoignage comme un simple accompagnement du libéralisme réputé moins amer pour les humbles, un chemin apparaît. À y regarder avec bonne volonté, les différences d’approches sont largement moins nettes ici que celles qui subsistent entre les formations de l’ancienne gauche plurielle. Le projet de Charte issue du mouvement du 29 mai l’atteste et son adoption lors des assises du 13 mai prochain apparaît comme un enjeu très fort.

Les candidatures ensuite. C’est d’un accord politique global dont nous avons besoin. Un accord qui concerne les trois échéances à venir : présidentielles, législatives et municipales. Nous ne pouvons décevoir. Nous ne pouvons succomber aux poisons du présidentialisme et de l’intérêt de chapelle. L’antidote ? Un ticket commun type campagne du référendum proposant la parole à toutes les sensibilités. C’est une condition et notre force. Le nom qui sera inscrit sur le porte-drapeau importe, certes, mais ce sont les choix politiques et la crédibilité qui devront, à la fin du processus, faire la différence.

Une position de principe pour continuer. Nous ne jouons pas en division d’honneur. C’est avec l’objectif de l’emporter que nous partons. Pour appliquer notre programme. Dans un cas moins favorable, nous devons annoncer la couleur dès maintenant et notre volonté finale de battre la droite si les conditions d’un véritable changement - incluant contenu gouvernemental et rapport de force vis-à-vis du parti socialiste - ne sont pas réunis. Toute autre attitude serait irresponsable et conduirait à l’auto- marginalisation.

Une méthode globale enfin. Celle qui a assuré la victoire du 29 mai nous paraît la meilleure. Il faut retrouver cet élan citoyen, cette confiance, ce rassemblement de tous, militants ou pas, ce pluralisme aussi et donc maintenir grande ouverte la porte à tous ces courants, militants, électeurs socialistes qui ont su faire le bon choix contre leur direction au printemps dernier et qui ont pesé si lourd dans le résultat final. Et qui, soyons-en sûr, ne pourrait se résoudre à faire campagne pour un(e) candidat(e) trop clairement social-libéral voir influencée par les idées de Tony Blair si ce choix s’avérait finalement celui de leur parti.

L’enjeu, on le voit, n’est pas mince et les républicains ont toute leur place dans la bataille qui s’annonce. Pour notre part, quelles que soient les diversités des parcours et des origines, en maintenant, contre vents et marées, l’idéal républicain dans le giron naturel de la gauche nous témoignons à la fois de la singularité de notre famille politique, de sa pertinence et de sa modernité. Tous les débats que nous avons menés, au cours des dernières campagnes, le rôle que nous avons su y occuper le prouvent : les idées républicaines font leur chemin et indiquent un cap pour peu qu’elles soient portées avec conviction et sans sectarisme.

Nous en sommes convaincus : le seul changement possible pour le pays est dans l’émergence d’une force autonome, traduisant en programme et en mouvement le sentiment majoritairement antilibéral de notre peuple. Ce rééquilibrage de toute la gauche en faveur d’un projet de rupture avec le libéralisme passe par l’unité de la gauche de transformation aux élections. Cette unité n’est pas gagnée, mais là est la place des républicains de gauche.

Messages

  • Je sais que cet élan unitaire part d’un bon sentiment mais que veut dire "gauche" aujourd’hui ?
    Parler des socialistes dans ce contexte me semble complètement hors de propos.
    Qui représentent-ils à part eux mêmes et leurs soit-disant opposants politiques. Ils essaient de jouer les gros bras, de manière totalement ridicule, à l’Assemblée, face à des gens aussi puants qu’eux... Ils proposent des alternatives différentes dans la forme mais semblables sur le fonds et se vantent d’être capables de changer les choses en profondeur...
    Je ne pense pas, et cela n’engage pas que moi, que le problême se règlera gràce à une pseudo unité de la gauche.
    Je pense que c’est le systême politique qu’il faut remettre en cause, dans son intégralité.
    On parle de démocratie mais à quoi cette notion correspond-elle ? Et surtout qui sert elle ?
    Voter pour décider si une loi, une idée, un concept est vraiment valable, pour notre société, nos enfants, notre environnement... Mais voter pour des gens qui ne prennent la parole que pour manipuler les foules et servir leurs propres intérêts ;qui ne nous représentent en rien...
    Je ne propose aucune solution je le sais à part peut-être une utopique révolution, d’ampleur internationale, qui nous permettrait de faire le "grand ménage" et de tout remettre à plat...
    En attendant, je souhaite me tromper sur les gens comme vous qui nous parlent d’unité, de programmes, d’élections, d’anti libéralisation et d’organisation politique...
    Je pense, et cette fois cela n’engage que moi, que les peuples ont besoin de respect, de savoir et de vérité. Je n’ai jamais reconnu ces valeurs derrière les paroles et propagandes de tous les partis que j’ai vu représentés jusqu’alors.. Je n’ai vu, depuis que je suis en âge de comprendre, que discours démagogiques, manipulateurs et sourires carnassiers.. Bien à vous.

    • Effectivement le terme de "gauche" rends mal à l’aise quand on y a trouvé et on y trouve des blairistes français, des Royal, des DSK, des Jospin, des Fabius....et de nombreux petits et grands malfaisants ....

      Il nous faut inventer d’autres mots (à nouveau ....) qui ne renvoient pas à une place sur un hémicycle ou à des idéaux dont se sont parfumés des bourreaux afin de perpétrer leurs crimes vêtus de blanc (ou de rouge).

      Et la meilleure façon est de le faire en se situant sur les contenus, sur des pratiques et des formes d’organisations donnant chair à nos engagements.

      Ainsi nous n’auront plus à nous poser sans cesse de questions sur la voussure des mots, leurs ressentis.
      Les choses parleront d’elles-mêmes.

      Ah ! Un petit détail sur le texte proposé.... L’idéal égalitaire, sans que soit mise sur même plan la question de l’organisation des pouvoirs dans une société, la question de la démocratie dans les principaux lieux de pouvoir dans la société c’est du pipeau.... Sans autogestion et de recherche de cet objectif (on appelle celà comme on veut, des Soviets aux Wikis, des conseils aux comités de base, des coopératives, etc), la question de l’égalité est vide de sens.

      Ce qui ne signifie nullement qu’il faille parler de tout celà à tort et à travers, à tout propos et hors de propos (comme le fut le mot autogestion a une époque) , mais ça va mieux en le disant...

      L’objectif est bien que les hommes et femmes se liberent de l’essentiel des systemes de domination oppressifs et exploiteurs, qu’ils aient maîtrise sur leur propre destin, individuel et collectif.
      Je fais là dans l’archaisme, mais ça va mieux en le disant.

      Quand je m’attaque, comme souvent, au fait que les droits des citoyens ne sont pas reconnus quand ceux-ci poussent la porte d’une entreprise, c’est pour mettre le doigt sur les énormes organisations anti-democratiques que sont les entreprises dans notre monde, plus puissantes que les fonctionements démocratiques qui leur sont exterieurs, qu’elles vident de tout sens et ploient à leurs interets.

      La citoyeneté dans l’entreprise c’est obligatoirement poser la question du pouvoir dans celle-ci. Que les entreprises soient privées ou d’état, elles sont structurées, essentiellement, comme des bureaucraties anti-democratiques pyramidales au service d’une nomenclatura bourgeoise. Elles sont des hierarchies intolerantes et despotiques... Travailler dans une entreprise, privée ou publique, est une bonne leçon de choses à cet égard.

      Poser la question de la citoyeneté dans l’entreprise est une bonne question, surtout si c’est fait en termes concrets (pitié pas d’histoires d’entreprises citoyennes ou autres billevesées)...

      La gauche c’est donc essentiellement celà, la question du pouvoir, non pour se l’accaparer, mais afin que les hommes et femmes maîtrisent le plus possibles leurs destins . Si ce n’est pas celà, on parle d’autre chose. La question de l’égalité renvoie à la maîtrise démocratique des fruits du travail (et à nouveau à la question du pouvoir et la question donc de l’exploitation capitaliste).

      Pousser à l’égalité c’est rapidement être confronté à une question de pouvoir.

      Copas