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"Au 2e tour, il faudra une gauche unie » Marie-George Buffet

Publie le mercredi 21 juin 2006 par Open-Publishing
16 commentaires

Interview par Matthieu ECOIFFIER et Pascal VIROT paru dans le quotidien Libération du 17 juin 2006

Secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet répond à José Bové qui, mercredi, dans Libération, se disait disponible pour être candidat unique de la gauche de la gauche dans la course à l’Elysée, en 2007.

Selon José Bové, vous seriez disqualifiée en tant que chef de parti pour mener la campagne présidentielle au nom de la gauche du PS...

Je ne suis pas dans une course. Il n’y a pas de disqualifiés ou de vainqueurs. Nous sommes devant un défi immense : faire dérailler le bipartisme, ce système d’alternance qui consiste à n’agir qu’à la marge sans jamais changer la vie des gens. Une telle ambition nécessite une dynamique populaire énorme, et donc un travail de rassemblement sur les contenus. Du calme, donc, sur la course aux candidatures. Concernant le rôle des partis, on a bien vu que ces derniers ont joué un rôle déterminant lors de la campagne du référendum. Le potentiel humain du PCF, son enracinement dans les quartiers et les entreprises, ainsi que ses élus, ne sont pas un obstacle. Ce potentiel humain est au contraire une garantie pour que ce rassemblement s’inscrive durablement dans la vie politique.

Pourriez-vous être cette candidate en 2007 ?

On met la charrue avant les boeufs. Nous sommes en train de créer une dynamique avec la mise en place de centaines de collectifs d’union populaire. A plusieurs mois de la présidentielle, on nous assomme de sondages où on ne voit que Sarkozy et Royal. Comme si le scénario était écrit. Je refuse cette vision. Il faut mener le débat pour montrer aux hommes et aux femmes que la politique peut encore changer leur vie. Ne brûlons pas les étapes...

Que dites-vous à Olivier Besancenot qui refuse toute entente avec un PS qu’il décrit comme social-libéral ?

Olivier nous dit que parce que le PS est sur une ligne sociale-libérale, ça brûle et c’est dangereux ! On n’aurait plus que deux choix, protester ou n’être qu’un aiguillon du PS. Notre histoire a montré que c’était une impasse. Certes, il y a des options différentes à gauche, mais je n’ai pas envie de mettre de limites a priori. Comme nous l’avons fait pour le référendum, il faut rassembler une majorité d’électeurs sur une politique qui réponde à leurs attentes. J’ai un autre désaccord avec Olivier : au second tour, je le dis clairement, il faudra que toute la gauche se rassemble pour battre la droite, sans a priori, ni préalable.

Etes-vous prête à participer à une majorité de gauche, voire à un gouvernement ?

Un gouvernement dominé par le social-libéralisme mènerait la gauche dans le mur et permettrait à la droite de revenir triomphante en 2012. Pourquoi en serions-nous ? Mais si la gauche rompt avec le libéralisme, cela peut déboucher sur un gouvernement de toute la gauche. Je ne suis pas frileuse pour participer à un gouvernement qui réponde aux attentes du monde du travail.

Diriez-vous du projet socialiste pour 2007 qu’il est social-libéral ?

Il y a des points sur lesquels je suis d’accord. Comme la scolarité obligatoire dès 3 ans, l’idée d’un bouclier logement, etc. Mais si on ne veut pas retomber dans les errances de 1997-2002, la gauche doit se donner les moyens de tenir ses promesses. Je pense d’abord aux moyens financiers. Allons chercher l’argent là où il est en augmentant le taux d’imposition des plus aisés. Le financement de la protection sociale doit rester assis sur les cotisations salariales et patronales, de telle façon que ces dernières prennent en compte les revenus financiers. Je suis opposée à la fusion impôt sur le revenu-CSG, car elle conduirait à une fiscalisation de la sécurité sociale. Nous aurons besoin d’un pôle financier public à partir de la Caisse des dépôts, qui permette une politique de crédit pour de grands investissements respectueux du développement durable et créateur d’emploi. Il y a aussi des moyens démocratiques. Je pense qu’il faut aller vers une République sociale et démocratique. Il faut aussi accroître considérablement les pouvoirs des salariés et des élus dans la gestion des entreprises.

D’ici 2007, il sera aussi beaucoup question de sécurité. Comment allez-vous aborder ces problèmes ?

Il y a des violences et des incivilités au quotidien. Ce n’est pas qu’un sentiment. Mais il n’y a pas d’un côté les répressifs, qui auraient raison, et, de l’autre, les angéliques. Non. La politique sécuritaire de Sarkozy menée depuis quatre ans a échoué. Je maintiens qu’il faut deux volets : la prévention et la sanction. Il faut un plan de rattrapage énorme à l’école et de lutte contre les inégalités. Il faut aider les familles en détresse. Et quand cela est nécessaire, une sanction proportionnée, inséparable d’une politique de réinsertion dans la vie. Ensuite, il faut engager une réflexion sur les effectifs, les missions et la formation des fonctionnaires de police, particulièrement dans les endroits sujets aux tensions.

Quelles sont vos priorités pour lutter contre le chômage de masse ?

Il faut une nouvelle conception de l’emploi : à chaque individu doit correspondre un parcours professionnel sécurisé nous l’appelons sécurité d’emploi et de formation qui, à partir d’une allocation d’autonomie pour les jeunes, adaptée aux ressources de la famille, lui permette d’aller au bout de sa formation. Avec, ensuite, la garantie d’un contrat à durée indéterminée alternant périodes d’emploi et de formation. Hors période d’emploi, il doit bénéficier d’une formation sans perdre sur son revenu ou son déroulement de carrière. Tout cela n’est pas plus révolutionnaire que la création de la protection sociale à la Libération.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=381746

Messages

    • tu n’as rien compris.
      c’est les socialistes qui seront obligés de voter pour notre candidat anti libéral.

      mathieu

    • Résoudre le chômage sans réduire la durée du temps de travail d’une façon significative ( 35 heures pour tous, sans aucunes dérogations, sans périodes d’adaptation sans diminution des salaires, et sans cadeaux au patronat ) voici dans les propositions de Marie Georges une des propositions passe partout qui ont peut de chances d’enthousiasmer ceux qui attendent un vrais changement de société.

      Camarades du PC il faut vite que nous nous mettions au travail, pour qu’en semble nous puissions proposer aux travailleurs, qui n’en peuvent plus, un projet vraiment crédible.

      Tous ensemble pour gagner en 2007 Raymond LCR

    • On n’en est pas encore au second tour, préparons le premier et notamment le programme
      Dans les propositions de M_G ( ce ne sont encore que des propositions), je me suis particulièrement intéressé à la proposition de CDI à vie ; quand je m’apprétais à rentrer dans la vie salariée, (c’était il y a longtemps puisque je suis retraité, mais il y avait déjà de l’angoisse pour l’emploi), j’aurais souhaité quelque chose comme ça, mais je mets un bémol à la proposition de M G, il faudrait que le salaire garanti soit tout de même plus important quand on travaille que quand on se forme.
      Jeanmarc

    • moi aussi. Je ne voterai ni au premier tour, ni au second pour un représentant de la social démocratie. Je ne l’ai jamais fait et continuerai.

  • Les institutions nous enferment dans des cadres que nous n’avons pas choisis. Démocratiquement les electeurs détermineront le résultat du premier tour au terme duquel ne resteront que deux candidats. Si parmi eux figure celui de la gauche antilibérale tres bien. Dans le cas contraire nous serons obligés de choisir en sachant qu’il y aura un vainqueur. Aucun salarié de ce pays, surtout s’il est de gauche n’acceptera de laisser passer sarkozy. C’est mépriser ceux qu’on prétend défendre que d’éluder cette nécessité de devoir éliminer au second tour. La seule perspective crédible, celle qui tient le problème par les deux bouts, c’est d’etre suffisamment fort pour contraindrele PS à s’inscrire dans une politique réellement de rupture. D’ailleurs le meilleur cadeau qu’on puisse faire à Hollande ou à Sarkozy, c’est de se diviserEt ne faire ainsi qu’un tour de piste. Etre révolutionnaire ne consiste pas à répeter inlassablement des formules à l’emporte pièce mais à chercher les moyens d’infléchir réellement le cours des choses. C’est pourquoi, en dépit de critiques qu’on put faire à la direction du PCF, il semble qu’aujourd’hui n’existe pas d’alternative de gauche à la démarche qui est la sienne et qu’il partage avec les signataire de l’appel à des candidatures unitaires. En guise de conclusion, je laisse cette remarque de Trotzki :"Le sectaire veut toujours avoir son mouvement ouvrier à lui. Il pense qu’en répétant des formules magiques, il va obliger une classe toute entière à se grouper autour de lui" (On a l’impression qu’il connaissant A Laguiller)

    Joel

  • Dites-le bien aux militants du PS, si c’est un partisan du Oui à la constitution Giscard qui est au second tour, la campagne abstentionniste sera acharnée. Et cette campagne sera sans pitié si c’est Ségolène !

    Ségolène ne sera pas élue. On est plusieurs qui ferons TOUT pour ça !

    • le problême du PS pour moi c’est effectivement ce OUI à la constitution, qui risque de réaparaitre par la fenêtre du parlement, s’ils sont élus. je ne pourais pas voter pour un partisant du OUI, alors que j’ai dit NON, surtout pas ce texte là ! 10 fois NON ! que ça nous revienne en pleine gueulle et par l’entremise d’un parti de "gauche" c’est insuportable !
      je crois que je ferais parti aussi de ces abstentionistes, ou vote blanc.

      Hannah

  • ""Un gouvernement dominé par le social-libéralisme mènerait la gauche dans le mur et permettrait à la droite de revenir triomphante en 2012. Pourquoi en serions-nous ? ""

    Et bien , il l’a la reponse à son inquietude olivier besancenot !
    j’espere que la LCR va arreter de chipoter et s’engager vivement dans l’Union Populaire .

    claude de Toulouse .

    • En ce qui concerne Olivier Besancenot, c’est bien d’avoir des idées, mais c’est mieux de les mettre en pratique, dans l’espoir que ça tienne la route. Faut pas avoir peur. Rester dans l’utopie c’est s’affaiblir, se discréditer aux yeux de l’opinion publique. Et ça, ça pardonne pas.
      Alors tout le monde à gauche, et tirons le PS vers la gauche d’où elle n’aurait jamais du s’éloigner. Sa place est là et pas ailleurs, l’avenir le lui dira.

    • Le PS n’a JAMAIS été à gauche !

      En 1914, le PS (2° internationale) a voté les crédits de guerre et a saboté la grève internationale qui devait interdire la guerre. C’est pour ça qu’avait été fondé la 3° internationale !

      Et, en Allemagne, dès le début de la république de Weimar (1918), les "socialistes" ont assassiné Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht qui avaient organisé les désertions et insurrections de soldats contre la guerre !

      On se demande bien QUI a assassiné jaurès !

    • Ce que tu dis est tout à fait vrai , de là à critiquer le PS d’aujourd’hui avec des références historiques datant de 1914 , je trouve que c’est un peu décalé , non ?
      d’autant que le PS d’aujourd’hui trimballe un lot de positions tellement droitiéres , que l’on n’a pas à remonter si loin pour le descendre .
      Mais , passionné d’histoire , je ne vais pas te lapider !
      claude de toulouse .

  • que le parti socialiste s’engage à ne JAMAIS représenter ce texte du TCE par le parlement, qu’il soit présenté en l’état ou avec une modification de façade, et là je revois la question.
    il ne m’est pas possible que l’on me force la main par chantage, pour que je dise OUI à quelque chose dont vécéralement je suis opposé ! c’est de l’escroquerie ! j’ai dit NON !

    Hannah

    • Et moi aussi, j’ai dit non, contrairement à ce que Hollande préconisait : "Dire oui, après il sera toujours temps de modifier les articles qui ne conviennent pas. Durée d’attente : 15, 20 ans !"
      ça ressemblait trop à du foutage de gueule d’où mon NON !!!

    • > "Au 2e tour, il faudra une gauche unie » Marie-George Buffet

      J’ai 40 ans, 3 enfants et je gagne 1127 euros par mois comme chauffeur livreur. Je suis de gauche. Excusez-moi si j’ai des préoccupations terre à terre.

      Alors voilà, j’ai pas d’idées mais je sais une chose, c’est que pour embaucher, il faut peut-être commencer par remplacer tous les départs en retraite des fonctionnaires, commencer par ne pas supprimer de postes dans la fonction publique. Ensuite, pour faire des économies, il faut peut-être supprimer les réductions de cotisations patronales à la Sécurité Socilae, ce qui réprésente 21 milliards d’euros.

      Avec cet argent, plus de trou de la sécurité sociale, on pourrait même construire des hôpitaux, des crêches et des écoles.

      On n’arrête pas de nous chanter les mérites de l’iniative privée. OK. PLus d’argent public pour les écoles privées, ni pour les cliniques...Vive le privé

      Avec l’euro, tout est plus chère, le smic net à 1500 euros et rétablissement de l’échelle mobile des salaires, surtout avec l’inflation qui repart et les impôts locaux qui augmentent sans cesse.

      Les patrons font gueuler... et alors ! JE VOTE PAS POUR MON PATRON QUI M’EXPLOITE.

      Voilà je sais peut être pas bien parler, mais je sais compter, bien obligé pour survivre. Ca, je l’entends pasde la part de la gauche. Alors vous pourriez vous entendre sur la base de nos préoccupations quotidiennes et pas sur qui sera le prochain roi.

      Francis

  • J’ai un autre désaccord avec Olivier : au second tour, je le dis clairement, il faudra que toute la gauche se rassemble pour battre la droite, sans a priori, ni préalable.

    Il n’y a pas qu’avec Olivier ou la LCR qu’il y a problème là dessus... Qu’il y ait bataille contre la droite au second tour si il s’averait que le second tour oppose gauche liberale et droite , c’est fort possible, et celà peut être necessaire, même ça ne signifie pas une union de la gauche, un rassemblement de toute la gauche, quand on sait combien l’ambiguité même du terme coûterait cher à la vraie gauche.

    Dans l’hypothese d’un candidat de gauche liberal au second tour on ne se battra que contre la droite, pas pour des gens de droite dans le PS.

    Il n’y a aucun soutien positif à avoir envers un candidat libéral de la droite du PS au second tour dans l’hypothese considérée. Juste un choix très explicite d’écarter le plus à droite des candidats. La vie ne s’arrête pas à une élection. Une union avec les socio-liberaux serait 3 mois , 6 mois après, face à des mesures blairistes, face à une nouvelle agression TCIste, d’être pris pour complices et clowns par les travailleurs si on proteste.

    Combien de temps croyez-vous que ça durerait avant que les travailleurs nous regarde avec rancoeur ?

    Une union de la gauche est bien dans ce cadre une union avec des liberaux et une union en faveur des liberaux, amenant destruction, d’emblée et à l’avance, d’une alternative réelle à l’echec programmé du blairisme français (sans alternative, après les blairistes, se serait l’extreme droite ou une droite extreme pire que le sarkozisme actuel)...

    La bataille est donc pour la majorité sociale, pour les conquetes sociales, pour l’autogestion, contre le liberalisme, contre le capitalisme,

    Cette bataille sera egalement contre la droite et l’extreme-droite si celles-ci accedent au second tour, pas en faveur des liberaux attenteurs de la liberté et des droits sociaux, même si ils se pretendent de gauche (ils n’ont aucunement renié leurs positions sur le TCE, ils ont fait le dos rond c’est tout).

    Rassembler toute la gauche, pas bon exprimer ainsi....

    Et n’oublions pas , il y a une vie après les élections, les combats se menent sur la longueur, sur les questions essentielles, une union de la gauche excluante pour les interets de la majorité sociale n’est pas acceptable.

    Je choisis et choisirai les interets de la majorité sociale contre toute union prétendue de gauche qui serait floue là dessus.
    La gauche doit se définir par un contenu pas par une place dans un hémicycle. Et le contenu est excluant pour des socio-liberaux du PS . Il ne peut y avoir donc d’union avec des socios-liberaux, mais avec des militants du PS oui, entre autres.

    Maintenant, Marie-Georges, c’est un simple avis (que je sais largement partagé même par ceux qui pourraient me tomber dessus ici), chacun choisit.... Je pense qu’il faut s’exprimer differemment.

    Que vive l’alternative unitaire de gauche independante qui n’a d’autre objet que de servir les interets de la majorité sociale.

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