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Petite histoire d’une candidature unique...en 1942

Publie le jeudi 22 juin 2006 par Open-Publishing
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En 1942 : la solution : un inconnu.

La gauche antilibérale peut-être victorieuse en 2007. La diversité des familles politiques qui compose ce mouvement peut-être la force qui lui permettra de vaincre, mais aussi la faiblesse qui la fera trébucher. A nous de faire pencher la dynamique du bon côté.
Il n’y aura de dynamique de la victoire, que si les trois familles de la gauche antilibérale arrivent à se réunir pour dépasser leurs divergences et se rassembler sur une plate forme commune dont la base a été acceptée par tous : la charte antilibérale des collectifs du 29 mai, adoptée à Paris le 13 mai 2006. Le défi qu’il faut relever maintenant est celui du rassemblement.

Communistes et socialistes antilibéraux ( la scission du congrès de Tours n’a plus beaucoup de pertinence. La question politique majeure n’est plus de savoir s’il faut adhérer à la III eme Internationale !) , Verts et alter mondialistes, les trois composantes de la gauche antilibérales, devraient s’inspirer du mouvement d’unification de la résistance de la zone Sud en 1942.
La zone Sud était alors dominée par 3 grands mouvements de résistance : Combat, Libération et Franc- Tireur. Chacun avait une organisation politique, une organisation militaire et un journal. Chaque mouvement correspondait à une sensibilité politique, avec un chef et une structure.

Cependant, tous avaient le même objectif : libérer le territoire français de l’occupation nazie et de leurs complices vichystes. L’unification, et particulièrement l’unification militaire s’avère être très vite une nécessité vitale pour parvenir à l’objectif.
Or le sort de l’armée secrète buta très vite sur le problème de la désignation de son chef. Le problème était d’autant plus délicat, que Frenay, le chef de Combat, l’une des trois composantes, voulait être chef unitaire de cette armée secrète. Ambition rejetée catégoriquement par les deux autres mouvements : Libération et Franc- Tireur.
Marcel Peck, responsable lyonnais de Combat, permit de faire avancer la désignation du candidat unique, quand il écarta définitivement la candidature de Frenay, celle de son propre mouvement, celle de son chef de file.
Ensuite la proposition du général Delestraint débloqua la situation, pour parvenir à l’unité. N’appartenant à aucune des trois organisations, il avait les qualités requises : désobéissance au régime de Vichy, foi patriotique et valeurs humanistes. Ces qualités lui permirent de devenir le chef incontestable, reconnu de tous, fédérant les forces des trois mouvements de résistance dans une seule structure militaire : l’armée secrète.
Nous ne sommes, heureusement pas dans une situation aussi dramatique qu’en hiver 1942. Mais le souvenir de cet épisode de l’histoire de la résistance et de la libération, devrait nous faire réfléchir.

Qu’est-ce que nous voulons ? Qu’est-ce que nous sommes prêts à faire pour y parvenir ? Qu’est-ce que nous pouvons concéder les uns envers les autres pour faire triompher notre cause ?

La gauche antilibérale doit « trouver son Delestraint », si elle veut pouvoir peser en 2007. L’histoire nous apprend aussi que l’acceptation et la reconnaissance de Delestraint ont permis de fédérer les énergies localement. La fusion des trois organisations militaires « par le haut », s’est accompagnée « par le bas », de la désignation dans chaque département d’un seul chef accepté par tous. Dans chaque département, il fallait désigner un seul responsable parmi 3 candidatures, des 3 mouvements de résistance. Ces choix se firent très rapidement, en quelques semaines. Cette rapidité prouvait la cohésion de la résistance, soucieuse d ‘unité pour parvenir à ses fins.
Cette petite histoire de notre grande histoire nous apprend une chose toute simple, toute bête, intemporelle : il suffit d’abord de le vouloir, ensuite de s’organiser pour faire triompher une cause juste.

Dernier détail, qui a son importance. Le général Delestraint a été arrêté en juin 1943. Déporté à Dachau, les S.S l’abattront d’une balle dans la nuque, quelques jours avant la libération du camp. Cet officier de 60 ans n’avait aucun intérêt à se lancer dans l’aventure clandestine de la Résistance. Il aurait pu choisir de vivre dans le confort d’une carrière militaire, sous l’autorité du maréchal Pétain. Il a choisi l’inconfort et les difficultés pour faire triompher une cause. Le général Delestraint est mort pour elle, mais la cause qu’il défendait a triomphé.
Sommes-nous prêts, les uns et les autres, sans aller jusqu’au sacrifice ultime ( nous n’en sommes heureusement pas là !), à nous délester de tout nos a priori, de nos « conforts intellectuels », pour tenter l’aventure unitaire ?

Marc de l’Isle sur la Sorgue.

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