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La Charte Versus les candidatures unitaires

Publie le vendredi 7 juillet 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Remarques d’un citoyen un peu agacé par le dialogue de sourd. Je me permet de participer ici, à titre individuel, aux discussions au sein des collectifs du 29 mai sur l’appel du 11 mai 2006 pour des candidatures unitaires. Depuis le 11 mai, date de ce nouvel appel, le débat fait rage. Pourquoi ?

1. pour une phrase : "Si nous n’accédons pas au second tour de la présidentielle, nous nous mobiliserons pour battre la droite et l’extrême droite"

2. pour la désignation d’un candidat à la présidentielle

Le vers est dans le fruit.
VOTONS L’INTELLIGENCE !
SUPPRIMONS CETTE PHRASE !
BASTA !

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Depuis cet appel, je ne comprends pas ce qui se passe. Je veux ces candidatures unitaires COMME TOUT LE MOUVEMENT ANTI-LIBERAL, mais je ne comprends pas cette phrase, cela me perturbe régulièrement. Qu’est-ce qu’elle vient faire dans cet appel ? Je suis également déçu des opinions de Claude Debons à ce sujet et de la signature d’Yves Salesse en qui j’ai une énorme estime car il est de ceux qui rassemble.

Une question bête et naïve d’un puceau en stratégie politique : Est-ce que cette phrase vaut la peine de casser l’unité tant espérée depuis de nombreuses années ? Sommes-nous prêt à jouer avec le feu ? Sommes-nous prêt à décevoir ? Sommes nous prêt à laisser passer l’opportunité de voter enfin pour quelqu’un avec conviction ? Sommes nous sourds aux arguments de la LCR, du PCOF et de biens d’autres citoyens ? Et puis, franchement, sommes-nous si naïfs ?

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Je suis surpris de noter quelques ressemblances dans ce débat avec celui de l’année dernière sur le traité avec les partisans du OUI. Nous ne trouverons pas d’accord tant que cette phrase existe. Est-ce si difficile à comprendre ? Cette fois provenant de nos propres compagnons de luttes, on entend des arguments infantilisants, voir méprisants.

Comme ça pêle-mêle quelques mots qui se sont dits :
* le "pragmatisme" et le "principe de réalité" sont régulièrement mis en avant.
* les "fantasmes" de ceux qui voit le MAL partout, des gros paranoïacs en somme, des méfiances qui n’appartiennent qu’au monde des rêves. Prenons-nous des drogues hallucinogènes ?
* le "repli sur soi", la "peur", l’"immobilisme" . Ca ne vous rappelle rien ?
* la "posture de témoignage" : sous-entendu irresponsable, peureux, voire éternel adolescent.

En clair, d’un côté ceux qui ont raison et de l’autre ceux qui ont tort (en général de plus petite taille bien sûr). Le niveau ZERO du débat politique.

Il est aussi intéressant de noter que certains qui encourage cet appel, ne sont pas vraiment emballés par cette phrase. Ils nous proposent donc de passer outre. La politique du moins pire. On avance quand même, juste pour avancer. Même argument que pour les gens de gauche du oui qui nous disaient que le traité avait des défauts mais bon, il y avait aussi des qualités et surtout qu’il fallait avançer, pour ne pas rester à la traîne. (le vilain mouton noir tout fragile et peureux)

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l’appel du 11 mai dit : "Il y a urgence ! "
Je suis d’accord, ALORS POURQUOI PERDRE DU TEMPS ?!

Depuis, notre collectif du 29 mai a passé trois réunions c’est-à-dire 1 mois et demi à débattre sans trouver d’accord. Ceux qui était pour n’ont pas changer d’avis, ceux qui étaient contre non plus. Et après et ben on ressasse les mêmes idées. Pourquoi ? parce que c’est une phrase sans consistance qui nous détourne d’objectifs beaucoup plus fondamentaux, comme ceux soulevés par la charte.

Voilà donc nos petits collectifs du 29 mai transformés en groupes de réflexions de stratégies politiques, formant ainsi les astrologues de demain. Sortez vos boules de cristal, on va essayer de deviner qui va être au deuxième tour. C’est passionnant. Vous allez voir c’est mieux que le tiercé.

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VOTONS L’INTELLIGENCE ! SUPPRIMONS CETTE PHRASE ! BASTA !

Malheureusement, ce n’est pas l’avis de l’"alternative unitaire". Le collectif national d’initiative pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes réaffirme le mantien de cette phrase.

extraits du compte rendu de la réunion du 23 juin 2006 :

* Claude Debons : "Cela ne peut se faire qu’avec une démrache indépendante. Il ne saurait être question de la moinde négociation pour on ne sait quel désistement conditionnel ; si nous sommes éliminés du deuxième tour nous appelons à battre la droite."

*Jean Luc Gonneau Cacuts La Gauche :"Concernant la présidentielle, si nous ne parvenions pas au second tour, notre objectif sera de faire barrage à la droite. Ceci implique un désistement de notre part en faveur du candidat de gauche arrivé en tête, sans conditions ni négociations."

*Alain Faradji (militant LCR) :"Si nous n’y arrivons pas dès cette fois-ci [au second tour], alors, sans négociation ni illusions, nous devons appeler à battre la droite."

On ne peux donc pas espérer une remise en question à ce sujet. Nos élites de gauche ont décidées à notre place. L’unité ne peux se faire que dans leur cadre. C’est problèmatique, pas de feedback, pas d’ouvertures, pas de retours d’efforts, pas d’écoutes. Il me semble qu’une attitude raisonnable aurait été d’entendre les critiques, de peser le pour et le contre, et de modifier l’appel tout simplement pour accueillir les réticents. Est-ce vraiment si compliqué ? Les obstacles sont incompréhensibles pour le commun des mortels, enfin pour ceux qui n’ont pas encore été dégoûtés .

Bienvenue dans le jeu politique, tapez sur le buzzer pour répondre aux questions. Qui va être le plus fort ? Qui va être le plus « photo-papier-hygiénique » ? Qui rassemble qui ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’a dit Marie George Buffet hier en sortant de chez elle ? Qu’est-ce qu’a répondu Bové à Besancenot en se curant le nez ? Qu’en a pensé mon ami astrologue ? Et surtout qu’en ont pensé les journalistes de Libération ?

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ARGUMENTS CONTRE :

Le contexte : Deux jours avant la réunion du 13 mai autour de la charte, l’appel du 11 mai est lancé. La réunion du 13 mai est monopolisée par cet appel, alors qu’il était prévu de parler de la charte. Les collectifs sont confrontés à des choix décisifs : réduire le nombre de réunion du collectif pour permettre d’en créer un nouveau sur les candidatures. La charte est mise de côté, alors qu’elle n’a pas encore été vraiment diffusé, alors que les collectifs du 29 mai sont inconnus par la plupart de la population. Quel respect pour ce travail qui se veut démocratique ? Objectif voulu ou involontaire : un affaiblissement des collectifs.

De plus, la phrase portant sur le deuxième tour n’était pas présente dans le précédent appel pour des candidatures unitaires de Novembre 2005. Pourquoi ce changement ? C’est incompréhensible. Il est presque certain (à moi de sortir ma boule de cristal) que l’appel de Novembre 2005 aurait été signé par toutes les composantes du mouvement antilibéral. Il est intéressant de noter qu’à ce jour le nombre de signatures sur internet de l’appel de novembre 2005 receuille 6500 signatures tandis celui du 11 mai 2006, seulement 4500. Un signe à prendre en compte ?

Parler du second tour est anticipé, maladroit et ambigüe. Quels seront les forces politiques dans un an ? Pourquoi et surtout, qu’est-ce qui nous permet d’y répondre maintenant et d’engager le mouvement là-dessus ? Le jeu des pronostics est ouvert, et si c’est que la droite au deuxième tour ? On tire à pile ou face ou on prie. C’est bien un aveu de faiblesse, car on ne part pas gagnant, on n’imagine même pas gagner. On dit au PS de ne pas s’inquiéter on votera pour lui au deuxième tour. Alors pourquoi ne pas voter pour lui au premier tour pour être sûr qu’il passe. La stratégie du vote utile ou du moins pire a montré ses échecs. On nage en plein théâtre politique, avec ses coulisses, ses épisodes, ses conflits d’intérêts, ses alliances. La politique que l’on veut menée, celle qui est rassembleuse, ne se situe pas à ce niveau là. On veut se rapprocher de nos concitoyens de façon réelle et durable, ici on s’en éloigne.

On parle d’attirer les voix socialistes. Ils seront sûrement sensibles à ce « pragmatisme » affiché. S’il ait des voix qui peuvent faire la différence, c’est plutôt celle de l’abstention. Alors allons les chercher, plutôt que de s’obstiner vers les socialistes. On n’a tout a gagner à faire une vraie campagne de rupture, de la rendre crédible, de faire naître l’espoir chez les fatalistes et les cyniques.

De plus battre la droite, ça ne veut rien dire. C’est un argument vide. Chacun l’interprète comme il le veut. La politique se limite-elle à ce jeu de balancier ? Il y a des pressions pour redéfinir à chaque fois les contours des bords politiques (gauche de la gauche, la vraie gauche (la fausse gauche), la droite qui devient extrême droite). En général pour nous enfermer dans un choix purement consensuel de la "bien pensance". C’est un piège, un aspirateur de temps pour éviter de parler des vraies questions. Cela n’intéresse que peu de monde finalement, à part les joueurs de cette partie sans fin (débat typiquement interne au champ politique et médiatique)

Rappelons nous des arguments "leurres" (but : éviter des parler des questions de fond) contre nous lors de la campagne référendaire. Si on vote non, on est d’ailleurs toujours catalogué suivant les personnes, soit révolutionnaires bolchéviques, soit lepénistes, nationalistes. Jeu de ping pong avec les extrêmes politiques de manière à rendre inaudible et à couper court à toute réflexion. Degré 0. Le CPE , la même chose. Ne jouons pas sur ce terrain là, c’est un terrain glissant, à moins de faire une vraie analyse terme à terme.

Pour moi, la priorité reste la charte, sa popularisation. Sans ça, la campagne unitaire se construit sur du rien et ne trouvera pas l’adhésion que nous espérons tous. D’ailleurs les articles sur cette campagne tournent essentiellement autour de la candidature, presque rien sur les propositions, le rapport entre les propositions et les citoyens, sur les mécanismes de démocratie à inventer pour développer la charte.

Candidatures communes, si je ne me trompe pas, c’est une idée du Front populaire, plus récemment de Miterrand. Ce n’est finalement pas très nouveau. On ne peut rien inventer de nouveau dans le cadre de ce type d’élection. Question concrète de fond , la vraie question, si notre candidat passe, que fait-il ? comme Lula au brésil ? ce serait terrible. Est-ce qu’il démissionne, est-ce qu’un gouvernement provisoire, nouvelle constitution ? campagne nationale dans toutes les communes pour faire participer les gens, etc ... Où en est l’idée de démocratie participative ?

Cordialement,

jérôme
http://collectifnord91.lautre.net

Messages

  • L’INTELLIGENCE... OU LA FINASSERIE ?

    Les gens du peuple, qui n’en peuvent plus, veulent 2 choses :
     1. Qu’on batte la droite : et pour çà il faut un engagement clair pour le 2° tour, sans pour autant que ce soit une compromission ;
     2. Qu’on propose une alternative à gauche : c’est à dire une rupture avec le social-libéralisme qui sévit depuis 20 ans... D’où l’accord profond sur l’engagement de rupture d’avec le libéralisme tous azimuths, et un projet avec du contenu solide.

    C’est pourquoi la fameuse phrase qui fait couler tant d’encre est juste et ne peut pas être modifiée sans modifier radicalement le sens de l’appel de sorte qu’au lieu d’un appel pour le changement qui peut donner une dynamique au peuple de gauche, il le transformerait en appel d’une secte de plus, à la gauche de la gauche.
    Supprimez cette phrase et de nombreux militants convaincus du rassemblement antilibéral quitteront le soutien à cet appel.
    Et cessez de dire que la situation est identique à celle de la même époque en 2005 : c’est faux.

    En 2005 nous avons empêché la mise en place d’un carcan.
    En 2007, nous avons l’occasion de prendre le pouvoir !
    L’enjeu est démesurément autre !

    Seule la vie dynamique des Comités d’Union Populaire, ou Collectif d’Initiative Unitaire, permettra de dépasser les clivages doctrinaires, les trainements de savates de ceux qui signent des textes mais qui ne les mettent pas en pratique (quand ils ne sabotent pas, par derrière, les efforts sincères des militants)...

    Mais les progrès de la misère entrainent l’urgence du changement. Dans mon bassin d’emploi, pour 17000 salariés, 1650 emplois sont menacés dont 450 dans les semaines qui viennent immédiatement. La population est 21% plus pauvre que dans tout le reste du département. Le chômage endémique et l’aide sociale qui l’accompagne battent tous les records régionaux...
    L’insécurité sociale devient chaque jour plus insupportable. Devant cela, les agitateurs de petites phrases prennent de lourdes responsabilités !

    NOSE DE CHAMPAGNE

    • Qu’est-ce qu’ils veulent ces "ultras révolutionnaires" ?qu’on vote pour Sarko au 2eme tour ?Et UMP aux législatives ?
      Ou est-ce que l’on doit envoyer le maximun d’anti-libéraux à l’assemblée et tout faire pour que le candidat anti-libéral arrive en tête de la gauche aux présidentielle AVEC UN PROJET SOLIDE ?
      Jean Claude des Landes

    • Bon, je passe sur le "ultra révolutionnaire" et sur la "secte de plus", sinon on n’avance pas.

      Peut-être (regarder comme je suis un bon démocrate, j’utilise le conditionnelle), ce qui nous différencie c’est l’appréciation de la tactique politique. Et j’ose croire que c’est tout. Je ne crée pas de la divergence autre part entendons nous bien. nous sommes pour le changement et nous sommes d’accord sur le fond. point.

      Transformons-nous un instant en astrologue politique. Faisons tous les scénarios possibles. Ce que vous vous dîtes, il me semble, c’est que tout ce qui n’est pas la droite et ben c’est toujours mieux. Le PS n’est pas l’UMP, alors s’ils sont élus, leur politique nous laissera plus de libertés pour les luttes et notre mouvement pourra s’émanciper et la prochaine c’est promis, c’est la bonne !

      C’est un pari honnête.

      Seulement, deux choses me turlupinent : on se bat contre le libéralisme donc contre le PS, et on part vaincu en donnant notre poids, en donnant légitimité à un parti qui n’a plus rien de socialiste.

      Pourquoi rester ambigüe : battre la droite = donner des voix aux PS (attention, sil arrive aux deuxième tour). Pourquoi le dissimuler ?

      En tout cas, il est naturel d’en déduire à un petit jeu d’échanges de service, d’alliances. Nier cela, c’est vraiment mensonger. Après, soit on admet en appelant du haut des cimes de l’Olympe le "principe de réalité", que la politique c’est comme ça, pour l’instant on n’y peux rien mais on travaille à ce que ça change, soit on pense que c’est inenvisageable voir irrespectueux des luttes contestataires qui germent depuis 1994.

      Je ne trouve pas ça respectueux non plus de ne pas partir gagnant. Quel espoir on se donne ? Si on n’y croit pas, les autres n’y croiront pas non plus. Construisons cet optimisme, c’est nettement plus engageant que des oracles qui voient 6 ans en avance.

      Enfin voilà, de mon côté, je m’investis dans la charte, dans sa circulation et débat avec les gens. Bon courage dans vos activités.

      L’union est un combat, encore faut-il pouvoir en discuter sans balancer l’autre dans les orties.

      jérôme